Sayfadaki görseller
PDF
ePub

DU

PAPE GRÉGOIRE VII.

GREGOIRE VII ET SON SIÈCLE.

CHAPITRE VII.

1075.

Efforts de Henri pour se procurer des alliés. —Concile de Rome.→→→ Douleur de Grégoire à la vue de la situation de l'Église. — Le pontife met tout en œuvre pour faire exécuter les canons concernant l'investiture, la simonie et le concubinage. — Démêlés de l'église de Bamberg. — Nouvelle guerre de Saxe. - Bataille de Hohenbourg et ses suites. Orgueil de Henri. — Trois évêques à Milan. Dissensions des Saxons.-Le roi persiste dans sa haine contre eux. - Expédition de Bohême. Réunion de l'armée royale à Gerstungen. Soumission des Saxons. · Perfidie de Henri. Investitures scandaleuses de Bamberg, de Fulde et de Lorsch. Intrigues de Guibert de Ravenne. -Complot de Cencius. Mort d'Annon de Cologne.

Vratislas, roi de Bohême, fut invité, vers la même époque, à joindre ses armes à celles de l'empereur. La perspective de la Misnie, dont l'investiture devait récompenser son zèle, dé

T. II.

1

cida ce prince à faire ses préparatifs de guerre. Les envoyés de Henri pénétrèrent jusque chez les Luticiens, pour soulever ce peuple contre les Saxons, leurs mortels ennemis; mais en vain leur promit-on tout le pays qu'ils enlèveraient à ces derniers, ils demeurèrent sourds aux prières et aux promesses de l'empereur. Des secours furent également demandés à Swen III, roi de Danemark, et même à Philippe, roi de France, à Guillaume d'Angleterre, et à Guillaume, duc de Poitiers, son parent'.

Les Saxons ne soupçonnaient en aucune manière l'enthousiasme qui avait rallié autour du monarque les princes allemands; et bien que quelques-uns de leurs nobles vinssent souvent présenter leurs hommages et faire leur cour à l'empereur, celui-ci parvint toujours à les tromper par un accueil gracieux, par des fêtes splendides et la manière agréable dont il les congédiait. Il paraît même que Henri réussit à en gagner plusieurs, notamment les guerriers expérimentés 2.

[blocks in formation]

C'est du moins ce que fait entendre la partialité de Bruno et de l'annaliste saxon. Il n'y a qu'un Saxon qui ait pu dire que le roi trompait les Saxons qui venaient à sa cour, par un serment artificieux et en les contraignant par des menaces à le servir; qu'il corrompait les serfs pour en faire les assassins de leurs seigneurs, et qu'il les ecueillait ensuite dans son armée; enfin qu'il envoyait du poison aux évêques opposants en leur faisant accroire que c'étaient de sûrs spécifiques contre les maladies,

Voyant qu'en Allemagne l'attention publique était concentrée dans les affaires de la Saxe, qu'il n'était pas probable qu'on portât un regard attentif sur Rome; présumant que les membres du clergé, harcelés par la question du célibat, abandonneraient volontiers un privilége pour en conserver un autre, que du moins ils ne s'inquiéteraient pas beaucoup des atteintes nouvelles qui pouvaient leur être portées, puisque le célibat occupait seul toutes leurs pensées, le pape résolut de faire un dernier pas pour arriver au but constant de ses efforts. Il convoqua à Rome un grand concile pour le mois de février 1075. Afin de rendre cette assemblée la plus auguste et la plus importante qui eût été tenue depuis longtemps, il y avait invité, dès la fin de l'année précédente, les évêques d'un grand nombre de provinces. De l'Allemagne il cita, pour répondre aux accusations portées contre eux, les évêques Hermann de Bamberg, Guarnier (Werner) de Strasbourg, Henri de Spire et Sigefroi de Mayence: en cas d'hésitation de leur part, l'empereur devait les forcer à venir à Rome pour y rendre compte de leur conduite et des moyens par lesquels ils avaient été élevés à l'épiscopat '. La même injonction fut faite, entre autres, à l'évêque Adalbert de Würzbourg, Emeric d'Augsbourg, Othon de Constance, Liémar, arche

Grég., Epist. 11, 30.

3

vêque de Brême', ainsi qu'aux prélats et aux abbés des provinces les plus éloignées de la Grande-Bretagne2, et à beaucoup d'évêques français et lombards, notamment à ceux de Toul, de Poitiers 3, de Pavie, de Modène et de Turin. Pour connaître à fond l'état des églises en Occident, le pape avait eu soin, dès le commencement de cette année, d'envoyer, en qualité de légats inquisiteurs, Gepison, abbé de Saint-Boniface, et Maurus, abbé de Saint-Sabas, munis d'une lettre apostolique adressée à tous les fidèles et chargés d'instructions spéciales pour diverses églises particulières.

[ocr errors]

Une lettre adressée par Grégoire à Hugues, abbé de Cluny 5, nous dépeint la vive anxiété et la profonde douleur auxquelles l'âme du pontife était livrée à la vue du triste état de la chrétienté à cette époque : « Je voudrais pouvoir vous faire » comprendre toute l'étendue des tribulations » dont je suis assailli, des travaux sans cesse re>> naissants qui m'accablent et m'écrasent sous » leur poids de jour en jour plus pesant. Maintes » fois j'ai demandé au divin Sauveur de vouloir > m'enlever de ce monde, ou de permettre que je » devinsse utile à notre mère commune. Une in

>>

[blocks in formation]

» dicible douleur, une tristesse extrême s'empa» rent de mon âme à la vue de l'église d'Orient que

l'esprit des ténèbres a séparée de la foi catholique. Quand je tourne mes regards à l'occident, » au midi, au septentrion, j'y découvre à peine quelques évêques qui soient entrés dans l'épi» scopat par des voies canoniques, qui vivent en évêques, qui gouvernent leur troupeau dans un esprit de charité, et non avec l'orgueil despotique » des puissants de la terre. Parmi les princes sé» culiers, je n'en connais aucun qui préfère la gloire de Dieu à la sienne propre et la justice à » l'intérêt. Pour ceux au milieu desquels je vis, » les Romains, les Lombards et les Normands, je leur reproche souvent qu'ils sont pires que » des Juifs et des païens. Lorsqu'enfin je reviens » à moi-même, je me trouve tellement accablé

[ocr errors]

du poids de ma conduite, que je ne vois pres.. » que plus d'espoir de salut, si ce n'est dans la » seule miséricorde de Jésus-Christ. Car si je » n'avais l'espérance d'une vie meilleure, et la » perspective d'être utile à l'Église, Dieu le sait, je » ne demeurerais plus à Rome, où je suis comme > enchaîné depuis vingt ans. C'est ainsi que, partagé entre la douleur qui chaque jour se re>> nouvelle pour moi, et un espoir, hélas! trop » lointain, je suis assailli par mille tempêtes, et » ma vie n'est plus qu'une agonie continuelle. »

Ce fut au milieu de ces tristes préoccupations

« ÖncekiDevam »