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>> l'autre une attente de trois ans pour qu'un guer>> rier soit fait moine? On trouve assez de moines, » de prêtres, de laïcs craignant Dieu; mais, dans >> tout l'Occident, à peine trouve-t-on un prince >> qui craint et aime Dieu. Si nous avons tant tardé >> à vous écrire, c'est que nous avons espéré que >> votre charité chrétienne percerait suffisamment >> votre cœur et vous montrerait toute la douleur » que j'éprouve en voyant un bon prince enlevé à » l'Église sa mère '. »

Un nouveau synode ayant été convoqué à Rome, pour le mois de février 10792, Rodolphe et Henri ne manquèrent pas d'y envoyer des députés.

On traita d'abord, en présence de Bérenger, la question de l'Eucharistie. Brunon, depuis évêque de Segni, et Albéric, moine du Mont-Cassin, la soutinrent contre Bérenger. Mais avant le troisième jour du concile, Bérenger avoua qu'il s'était trompé. Il demanda pardon au concile, et l'obtint, en faisant une profession de foi dont voici les termes : « Moi, Bérenger, je crois de cœur et confesse >> de bouche que le pain et le vin qu'on met sur >> l'autel sont changés substantiellement par le >> mystère de l'oraison sacrée et les paroles de notre » Rédempteur, en la chair vraie, propre et vivi>> fiante, et au sang de notre Seigneur Jésus-Christ,

1 Epist., VI, 17.

2 C'est le 6 concile de Grégoire. Il s'y trouvait cent cinquante évêques.

» et qu'après la consécration, c'est son véritable » corps, qui est né de la Vierge, qui a été offert » sur la croix pour le salut du monde, et qui est >> assis à la droite du Père, et le vrai sang de Jésus >> Christ qui a coulé de son côté : non-seulement >> en signe et par la vertu du sacrement, mais en » propriété de nature et vérité de substance, » comme il est contenu dans cet écrit que j'ai lu » et que vous avez entendu. Je crois ainsi et je » n'enseignerai plus rien de contraire à cette foi. >> Ainsi Dieu me soit en aide et ses saints Evan» giles'. »

Après le concile, Grégoire renvoya Bérenger avec des lettres de sauf-conduit, par lesquelles il menaçait d'anathème tous ceux qui lui feraient injure en sa personne, en ses biens, ou qui l'appelleraient hérétique, et pour le protéger il envoya avec lui un clerc de sa maison, nommé Foulques*.

Labb., Concil., t. x, p. 378, 379.

* « Gregorius servus servorum Dei omnibus beato Petro fidelibus salutem et apostolicam benedictionem. Notum vobis omnibus facimus nos anathema fecisse ex auctoritate Dei omnipotentis Patris et Filii et Spiritus sancti, et beatorum apostolorum Petri et Pauli, omnibus qui injuriam aliquam facere præsumpserint Berengario Romanæ Ecclesiæ filio, vel in persona, vel in omni possessione sua, vel qui eum vócarit hæreticum: quem post multas, quas apud nos quantas voluimus, fecit moras, domum suam remittimus et cum eo fidelem nostrum Fulconem nomine. » (Labb., Concil., t. x, p. 410.) On retrouve ici le même Gré goire, il pardonne à ceux qui donnent des signes de repen tir, et les protége. Mais souvent les faits démontrent qu'il a été trop indulgent. (Note du trad.)

Mais Bérenger n'était pas sincère; à peine fut-il revenu en France, qu'il publia un écrit contre la profession de foi qu'il venait de faire.

Quand on eut réglé fes affaires de l'Église, les envoyés de Rodolphe se levèrent au milieu de l'assemblée et portèrent contre Henri de graves accusations; ils exposèrent les dévastations horribles des provinces, la ruine des églises en Sonabe; ils dirent qu'on ne respectait plus ni les lieux saints, ni le sexe, ni aucune condition; qu'on méprisait les prêtres, qu'on retenait les archevêques et les évêques captifs, qu'on mettait à leur place des hommes obscurs et indignes, et qu'on faisait un honteux trafic de ce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes *.

En entendant ce récit, un grand nombre d'évêques du concile étaient d'avis qu'il ne fallait pas tolérer plus longtemps de pareils désordres, que la longanimité dégénérait en négligence, et que le glaive apostolique devait enfin être tiré contre le tyran. Mais le pape ne jugea pas encore à propos de prononcer une dernière sentence, et il remit toujours la décision à une diète générale des prin

* Legati regis Rudolphi super Henricum proclamaverunt quod nulli loco nullique personæ parcens, regionem transalpinam contereret et conculcaret, neminem debi tus honor vel reverentia tueretur, et céu vilia mancipia non modo sacerdotes, sed etiam episcopi et archiepiscopi caperentur, vinculisque manciparentur, partimque jam trucidarentur Paul Bernr., c. x1, p. 932. (Note du trad.)

ces de l'Empire. Les envoyés des deux rois jurèrent, au nom de leur maître, d'accorder aux légats du saint Siege un libre passage pour se rendre à cette diète, et de se soumettre à la décision aussitôt qu'elle aurait été ratifiée par le souverain pontife. Grégoire remit l'examen, approfondi de cette affaire au prochain concile fixé à la Pentecôte.

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Avec les envoyés des deux rois, partirent également pour l'Allemagne deux légats apostoliques; c'étaient Pierre Damien, évêque d'Albano, et Altmann, évêque de Padoue 3, pour informer Henri de la volonté du pontife et convenir avec lui du jour de la diète. Mais ce prince avait seulement voulu gagner du temps; dans la Saxe, la décision de Grégoire rencontra une vive opposition et excita un mécontentement général. Bien des gens ne pouvaient comprendre pourquoi le pape avait changé de dispositions à l'égard de Rodolphe et de sa cause; c'est la conclusion qu'ils tiraient

Paul Bernr., c. c. Bertold. Const., ann. 1079. Gerb., p.68. 2. Voyez les formules dans Coleti, Coll., x1, p. 630, et dans Labb., t. x, p. 379.

Paul Bernr.-Bertold. Const, ann. 1079, l'appelle Ulrich. Annal, Saxon.

Nam qui prius Henricum omnibus suis adjutoribus apostolica severitate excommunicaverat, eique regnandi potestatem potenter interdixerat, et omnes qui ei fidelitatem jurassent, a juramenti nodis apostolica auctoritate absolverat et electionem novi regis consensu suo confirmaverat, nunc per litteras mandavit, ut concilio facto rex uterque convocatus audiatur, et quem justitia regnare per

des lettres que Grégoire avait adressées, après un long délai, à ses légats en Saxe, au mois de février de cette année. A leurs yeux, la plus grande faute du pontife était de placer l'ancien roi sur le même pied que le nouveau, après avoir permis et même conseillé l'élection de celui-ci; d'exiger que Rodolphe se présente à un tribunal avec son rival pour y faire juger la justice de son élection, ce qui laissait supposer que le bon droit pouvait être du côté de Henri. Les Saxons pouvaient demander aussi ce qu'on allait examiner, puisque tout était clair et évident. Henri n'avait rempli aucun de ses engagements, il avait méprisé tout ce que le pape lui avait ordonné. On avait fait tout ce qu'on avait prescrit pour l'élection d'un 'nouveau roi; et après que cette élection est faite, 'on veut la soumettre à une enquête préalable. Ainsi s'évanouirent toutes les espérances qu'on avait fondées sur celui qui est la pierre fondamentale de l'Eglise, et qui paraissait tellement immuable, qu'on croyait que le ciel s'arrêterait et que la terre deviendrait mobile comme les astres, plutôt que le Siége de saint Pierre changeât de résolutions 2.

miserit, altero deposito tutus in regno confirmetur. Bruno, p. 139.

1 Epist., Iv. p. 194; J. Mscr., 23-24. Bruno, p. 139.

* Non, on n'avait pas fait tout ce qui avait été prescrit, puisqu'on avait choisi un roi sans attendre l'arrivée du pape, comme celui-ci l'avait ordonné, après l'absolution à Canosse. (Note du trad.)

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