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» A leur tête, Henri, qu'on appelle roi, s'est » élevé contre votre Église, de concert avec plu»sieurs évêques ultramontains et italiens, s'effor»çant de la subjuguer en me précipitant du trône » pontifical. Votre autorité a résisté à son orgueil,

et votre pouvoir l'a abattu; confus et humilié, > il est venu en Lombardie, me demander l'abso»lution de son excommunication. En le voyant » ainsi repentant, en écoutant ses promesses réi» térées plusieurs fois de tenir une autre conduite » et de se corriger, je lui ai rendu la communion sans le rétablir dans l'autorité royale, dont je » l'avais déclaré déchu dans le synode romain. Quant à la fidélité dont j'avais absous, dans le » même concile, ceux qui la lui avaient jurée, je n'ai point ordonné qu'elle lui fût gardée. Et j'en ai agi ainsi, soit parce que je devais pronon»cer ensuite entre lui et les évêques ou seigneurs » au delà des monts, qui, obéissant à votre Église, ⚫ s'étaient déclarés contre lui; soit parce que je » devais régler la paix entre eux et lui, suivant le » serment que Henri lui-même avait fait par deux évêques d'en observer les conditions.

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» Mais les évêques et les seigneurs ultramon\» tains, apprenant qu'il ne tenait pas ce qu'il avait promis, et désespérant en quelque sorte de sa » correction, élurent, sans mon conseil, vous en » êtes témoins, le duc Rodolphe pour leur roi. » Ce prince se hâta de m'envoyer un ambassadeur

» pour me déclarer qu'il avait été forcé de prendre le gouvernement du royaume, mais qu'il » était prêt à m'obéir en tout; et en effet, il m'a » toujours depuis tenu le même langage, pro» mettant même de me donner pour otages de sa fidélité son fils et celui de son ami le duc » Berthold.

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» Cependant Henri commença à me prier de » l'aider contre Rodolphe ', et je lui répondis que je le ferais volontiers, après avoir entendu les » deux parties et reconnu de quel côté se trouve » le bon droit. Henri, croyant pouvoir vaincre par › ses propres forces, méprisa ma réponse. Néan» moins, quand il vit qu'il ne pouvait faire ce qu'il espérait, il envoya à Rome deux de ses partisans, l'évêque Thierry de Verdun et l'évêque Bernard » d'Osnabruc, qui me prièrent, de sa part, de lui » faire justice 2: ce que demandaient aussi les » députés de Rodolphe. Enfin, d'après l'inspira» tion divine, j'ordonnai, dans le concile, qu'on tiendrait une conférence au delà des monts, afin » de rétablir la paix et de décider de quel côté » était la justice. Car, pour moi, vous m'en êtes témoins, vous mes pères et mes maîtres, je n'ai été disposé jusqu'à ce jour qu'à favoriser le parti le plus juste, et comme j'ai pensé que l'au

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Comparez avec ce passage la lettre que Grégoire adressa à Rodolphe et qui se trouve dans Bruno, page 147. 2 Bertold. Const.^

>>tre parti ne voudrait pas que cette assemblée >> eût lieu, puisqu'elle devait chercher la justice, » j'ai frappé d'anathème toute personne qui s'y >> opposerait, roi, duc, ou seigneur.

» Mais Henri n'a pas craint avec ses fauteurs le » péril de la désobéissance, qui est un crime d'idolatrie; en s'opposant à cette conférence, il a > encouru l'excommunication et s'est chargé lui» même de l'anathème; il est cause de la mort » d'une multitude de chrétiens, du pillage d'un › grand nombre d'églises et de la désolation du

royaume teutonique tout entier. C'est pourquoi, > confiant dans la miséricorde de Dieu et de sa » mère la Vierge Marie, et usant de votre autorité, j'excommunie Henri, qu'on appelle roi, et tous » ses partisans, et le privant de nouveau des > royaumes d'Allemagne et d'Italie, par l'autorité » de Dieu et par la vôtre, je lui ôte la puissance » et la dignité royale; je défends à tout chrétien » de lui obéir comme à un roi, et je délie de leur » serment de fidélité tous ceux qui lui en ont » prêté ou qui lui en prêteront. Que désormais » Henri n'ait aucune force dans la guerre, et ne » gagne de sa vie aucune victoire.

» Afin que Rodolphe, que les Allemands ont » élu pour qu'il soit votre fidèle défenseur, puisse » gouverner et défendre le royaume, j'accorde à » tous ceux qui lui sont dévoués l'absolution de » leurs péchés et votre bénédiction salutaire en

» cette vie et dans l'autre. De même que Henri est justement dépouillé de sa dignité royale à cause » de son orgueil, de sa désobéissance et de sa >> mauvaise foi, de même la puissance et l'autorité royale sont accordées à Rodolphe, pour son hu » milité, sa soumission et sa droiture.

>> Faites donc maintenant connaître à tout le >> monde, puissants princes de l'Eglise, que, si >> vous pouvez lier et délier dans le ciel, vous pou>> vez aussi sur la terre retirer ou accorder à cha>> cun selon son mérite, les empires, les royaumes, » les principautés, les duchés, les marquisats, >> les comtés et les biens de tous les hommes. Car » vous avez souvent ôté aux méchants et aux indignes et donné aux bons les patriarcats, les primaties, les archevêchés et les évêchés. Si >> vous jugez des choses spirituelles, que doit>> on croire de votre pouvoir sur les choses >> temporelles ? Et si vous jugez les anges qui >> dominent sur tous les princes superbes, que >> ne pouvez-vous pas sur leurs esclaves? Que

les rois et les princes du siècle apprennent >> donc maintenant quelle est votre grandeur et >> votre puissance; qu'ils craignent de mépriser >> les ordres de votre Église, et que votre justice » s'exerce si promptement sur Henri, que tous >> sachent qu'il ne sera pas renversé par un hasard, >> mais par votre puissance. Dieu veuille le confon>> dre pour l'amener à une pénitence salutaire et

» pour sauver son âme au jour du Seigneur 1.

Etait-il jamais sorti de Rome, était-il jamais parvenu en Allemagne une pareille sentence? Et ceux qui autrefois étaient entourés de nombreux soldats et qui de la superbe Rome voulaient dominer sur tout l'univers, auraient-ils pu commander ainsi à la Germanie? Un moine le fit, un moine dont l'esprit était plus puissant que ne le sont souvent des millions de bras dont disposé un monarque victorieux! Oui, un prêtre, n'ayant pour armes que sa parole, mais animé d'une irrésistible force d'âme, avait obtenu ce qu'avant et après lui des milliers de mortels avaient désiré et cherché en vain, le pouvoir de subjuguer les volontés humaines!

Quand le concile fut terminé, Grégoire congédia les envoyés de Rodolphe, et envoya, dit-on, une couronne d'or portant cette inscription :

Petra dedit Petro, Petrus diadema Rudolpho3.

Labb., Concil., t. x, p. 383,

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Les auteurs ne s'accordent pas sur l'époque à laquelle cette couronne fut envoyée, et il en est de même de l'inscription. Albert. Stad., ann. 1076; Sigeb. Gembl., ann. 1077; Otto Frising., de Gest. Frid., c. vit; Chron. Hirsaug., ann. 1077, placent cet envoi immédiatement après l'élection de Rodolphe, quoique le cours des événements s'oppose à cette date. L'inscription varie également; elle est tantôt comme dans le texte, tantôt ainsi : Roma dedit Petro, etc., ou encore Petra dedit Romam Petro, tibi papa coronam. D'autres écrivains ne parlent même pas de cette couronne; tels sont Bruno, Annal. Saxon., Bertold Const., Marian. Scotus, Abbas Ursperg, Auctor Vita Henr. IV. Domnizo in Vita Mathild., Pandulph. Pisan. Otton

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