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ensuite au cœur de la Saxe avec des forces considérables'.

Il parait que l'intention de Rodolphe était de s'opposer à cette jonction; mais, malgré ses efforts, elle se fit près de Mulsen, sur les bords de l'Elster. On ne s'accorde pas sur les motifs qui pouvaient porter Henri à prendre cette direction. Suivant quelques-uns, il voulait éviter toute espèce d'engagement avec les Saxons, se contenter de ravager leur pays, et ensuite se retirer. Mais il se trouva arrêté dans sa retraite par la profondeur de la rivière. D'autres historiens soutiennent qu'il s'était appuyé sur l'Elster pour forcer ses soldats à une lutte désespérée, ayant devant eux l'ennemi, et voyant la retraite coupée par une rivière profonde. Henri campa sur la rive. 1

Ayant appris le lendemain, au lever du soleil, l'arrivée des Saxons, il rangea ses troupes en bataille. L'ennemi approchait, épuisé d'une marche forcée, par des chemins presque impraticables. Un grand nombre de ses soldats, trop fatigués, étaient restés en arrière. En voyant les dispositions menaçantes de Henri, Rodolphe ne fut pas sans quelques inquiétudes; il n'avait pas encore toute son infanterie, la marche forcée

1 Bruno, pag. 148.

2 Chron. Petershus. Peut-être son projet était-il même d'envahir la Bohême et de la dévaster, ainsi que le dit la chronique.

ne permit pas de la tenir réunie, et les chevaux de sa cavalerie étaient épuisés; les cavaliers mirent donc pied à terre, se formèrent en bataille, et continuèrent néanmoins d'avancer. Dans cet intervalle, les évêques qui se trouvaient dans l'armée ordonnèrent à leurs clercs d'entonner le quatre-vingt-deuxième psaume. Pendant qu'on chantait, les Saxons s'approchèrent de l'ennemi jusqu'à se trouver en face. Les deux armées restèrent quelque temps dans cette position, séparées par un marais qui n'était pas guéable, nommé Grona, non loin de Mersebourg. De chaque côté on se provoquait au combat. Enfin les Saxons tournèrent le marais, l'ennemi les attendait de pied ferme, et le combat s'engagea. L'armée de Henri se battit avec un courage héroïque, et déjà on chantait victoire dans son camp; car les Saxons ayant tant soit peu reculé, on les croyait dans une déroute complète. Les évêques et les clercs de Henri avaient déjà entonné le Te Deum, quand on apporta au camp le cadavre de Rapotho, comte palatin de Bavière, et l'un des plus chauds partisans de Henri'. Ceux qui le portaient crièrent de loin à leurs compagnons : « Fuyez, fuyez; » et en effet le redoutable Otton de Nordheim arrivait

Ce Rapotho, seigneur d'Innthal, était un des princes les plus riches de son temps. On dit qu'en voyageant depuis la Bohême jusqu'à Rome, il pouvait toujours loger dans un de ses châteaux.

au pas de charge à la tête de son infanterie, refoulant devant lui ceux qui avaient mis les Saxons en fuite, les poursuivant à travers leur camp, et les culbutant dans la rivière, où un grand nombre perdirent la vie. Les Saxons, se croyant déjà sûrs de la victoire, voulurent piller le camp ennemi; mais Otton, consultant sa vieille expérience, les arrêta, dans la crainte que l'ennemi ne les attaquât par derrière. En effet, au bout de quelques instants, il trouva encore sur le champ de bataille Henri de Lacha', à la tête de forces redoutables ses gens chantaient le Kyrie Eleison. Il n'est pas difficile à Dieu, pensa Otton, de donner la victoire au plus petit nombre sur le plus grand, et puis, sans hésiter et se confiant au Très-Haut, il attaqua l'ennemi et le mit en fuite. Après l'avoir repoussé partie dans la rivière et partie au delà de 'Elster, le chef saxon s'écria : « Allez maintenant » au camp, et prenez tout ce qui appartient à l'ennemi, comme prix de votre valeur. On y trouva mille choses précieuses, de riches tentures, des coffres pleins d'ornements épiscopaux, de la vaisselle d'or et d'argent, une grande quantité d'argent monnayé, des chevaux de prix, des armes de toute espèce; en un mot, tout ce qu'avaient

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Le même qui plus tard a été nommé comte palatin du Rhin. Henricus de Laca, seu de Lacu, comes palatinus Rheni, quo titulo ipse in diplomate apud Tolnerum utitur.. Gerbert, p. 74.

apporté les archevêques de Trèves et de Cologne, avec quatorze autres prélats; tout ce qu'avaient au camp les ducs Frédéric de Staufen, Godefroi de Bouillon, porte-étendard du roi, Henri, comte palatin du Rhin, enfin d'autres princes et seigneurs de l'armée. Le butin fait à Erford devint également la proie des Saxons. La victoire était assurée, des acclamations et des chants de triomphe retentissaient de toutes parts, quand soudain on reçut la nouvelle désastreuse que Rodolphe était mortellement blessé. Voulant traverser un ruisseau, il fut frappé, disait-on, d'un coup de lance par le duc Godefroi de Bouillon, qui le cherchait depuis longtemps dans la mêlée. Il avait sa main droite coupée, et avait reçu dans le bas-ventre une blessure mortelle '. Ses amis le transportèrent dans la plaine: autour de lui se réunirent les évêques, qui lui donnèrent les onctions saintes. On raconte que quand on lui montra sa main coupée, il dit : « C'est celle-là, que j'ai levée jadis pour prêter » serment au roi Henri. » Puis, sentant sa fin prochaine, il souleva la tête et demanda d'une voix mourante: « A qui appartient la victoire?— » A vous, seigneur, à vous, » répondirent ceux qui l'entouraient. A ces mots, Rodolphe retombe sur sa couche en disant: « Maintenant j'accepte >> avec joie le sort que Dieu me destine. La mort » ne m'inquiète plus, puisque je la reçois au mi

« Ubi venter descendit ad ilia.

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>> lieu d'un triomphe. » Ainsi mourut Rodolphe, comme jadis était mort Épaminondas dans les plaines de Mantinée. Il y a de la grandeur à mourir en héros'. On ensevelit avec magnificence son corps dans le chœur du dôme de Mersebourg; une statue en bronze doré fut placée sur sa tombe*.

La bataille s'était donnée le 15 octobre.

La mort de Rodolphe causa un deuil général dans la Saxe. Un grand nombre de personnes firent de riches présents aux églises, aux monastères et aux pauvres, pour le repos de son âme. Il s'était attiré l'affection de tous par sa bonté, par son affabilité et sa bravoure. On le regardait comme le père et le sauveur de la Saxe

Presque tout ce récit est d'après Brunon dont nous avons collationné le récit avec celui des autres historiens. Suivant Abb. Ursperg, Rodolphe était encore vivant quand on le transporta à Mersebourg, et il aurait dit, en regar dant sa main : « Videte, hac ego juravi domino meo Henrico non nocere; sed jussio apostolici petitioque principum me fecit juramenti transgressionem. » Un bavard sacris tain de Mersebourg montre cette main au public dans une chapelle du Dôme. - L'auteur de la Chronique de Magdeb. ap. Meibom, t. 11, p. 316, dit : « Tantum abesse pœnitentia ductum fuisse Rudolphum, ut potius id unice doluerit, sibi ereptam occasionem vindicandi injurias adversus regem aut Ecclesiæ illatas quam Imperii ordinibus eorumdem potentatui. Rex Rudolphus, duobus acceptis vulneribus, dolebat magis, quam suum, populi casum, etc. Chron. Alb. Stadcus.

› Chron. Petersrus. On le voit encore. Ludewig reliquiæ, Mss. t. iv, p. 2. On prétend que le sceptre et la couronne de Rodolphe furent aussi déposés à Mersebourg. 3 Bertold Const., ann. 1080.

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