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quelques écrivains, de la famille de Guibert '. Son directeur, le pieux Anselme de Lucques, défendait la cause du pontife avec toute la force de son éloquence. Outre Milan et Ravenne, c'était à Lucques que se réunissaient les plus violents ennemis de Grégoire, surtout depuis que les habitants de cette ville eurent vu la vive opposition qu'on mettait ailleurs aux décrets du pape. Anselme lui-même souffrait des persécutions sans nombre, parce qu'il voulait dompter cet esprit d'orgueil 2; mais plus on opposait d'obstacles, plus on faisait d'efforts pour les renverser; et la résistance devint telle, que les efforts d'Anselme et de Mathilde ne produisirent plus aucun effet. Grégoire, avec ses profondes convictions, ne connaissait pas d'obstacles. Pour cette raison, il avait confirmé pour le clergé de Lucques deux canons importants, l'un de Favien, l'autre d'Etienne, papes, et les mit dans une lettre, qu'il adressa au clergé et au peuple, en les priant de rompre toute communication avec les récalcitrants 3, et de chasser de leur territoire tous les prêtres criminels. Par suite de cette mesure, il se forma plusieurs conjurations, principalement contre Mathilde; mais elles

Guibert, dit-on, était issu de l'illustre famille des Guiberti, qui descendaient de Sigefroi de Lucques, un des ancêtres de Mathilde. Domnizo, l. 1, c. 1. Fiorentini et surtout Maravigli heroiche memorab di Mathilda del march. Pozzo, p. 163.

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échouérent toujours contre la fermeté des honnêtes habitants '.

Le bonheur de Henri en Allemagne releva le courage de ses partisans en Italie. Après la déposition des deux archevêques de Milan et de Ravenne, la conflagration semblait devenir générale. Des évêques et des clercs se levèrent en masse et cherchèrent à rendre ridicule aux yeux du peuple l'anathème prononcé par Grégoire : les partis se réunirent, et n'attendirent, pour commencer une attaque ouverte, que le moment où ils auraient un chef autour duquel ils pussent se réunir. Ce chef fut donné par le conciliabule de Brixen le burin de l'histoire se refuse à tracer tous les malheurs et tous les désordres que causa ce schisme 2. Guibert et le cardinal Hugues le Blanc furent les deux pivots autour desquels tournaient tous les partis; le dernier surtout inspirait une grande confiance et s'attachait de nombreux partisans. Des synodes particuliers, comme celui que tint Anselme à Saint-Genèse, non loin de Lucques, furent impuissants contre une telle effervescence. Les mesures les plus justes et les plus modérées

• Fiorentini.

2 Idem.

On peut souvent juger, d'après les insultes que prodiguent les adversaires, quel est celui dans le parti contraire qui montre le plus d'activité, y exerce la plus grande influence et nuit le plus à ses ennemis. Cette observation se fait sentir en lisant les paroles de Baronius sur Hugues, ann. 1080, no xxш.

ne servirent qu'à aigrir les esprits déjà exaspérés. Bientôt toute la Lombardie prit les armes, pour bumilier le pieux défenseur de Grégoire, et pour renverser la puissance de Mathilde. Près de trente évêques et un grand nombre de seigneurs se présentèrent en ennemis déclarés à la tête de leurs troupes, et firent de fréquentes incursions dans les domaines de Mathilde. Toute l'Italie attendait avec anxiété l'issue de ces sortes d'hostilités.

Grégoire seul voyait arriver l'orage avec calme, sans négliger pourtant aucune précaution recommandée par la prudence. Voyant au nord une tempête terrible et menaçante, il chercha dans le midi protection et appui. Robert Guiscard, quoique tout-puissant dans la basse Italie, ne sentait pas moins qu'une réconciliation avec le pape favoriserait singulièrement les plans qu'il méditait sur l'empire d'Occident; d'un autre côté, plusieurs cités étaient en révolte ouverte contre lui. Ces considérations, et beaucoup d'autres encore, le disposèrent à faire la paix avec Grégoire. Le pape étant allé au commencement de juin à Aquin, accompagné du prince de Capoue', Robert s'y rendit, se jeta aux pieds du pape et lui demanda pardon. Le pontife le releva, et quand les personnes de leur suite se furent éloignées, ils eurent

'Cardin. Arag. Guillaume de la Pouille dit qu'ils 'se réunirent à Bénévent.

ensemble une longue conférence. Grégoire fit apporter ensuite le livre des Evangiles, sur lequel Robert jura au pape foi et hommage' en ces ter mes : « Moi, Robert, par la grâce de Dieu et de saint >> Pierre, duc de Pouille, de Calabre et de Sicile, » je serai dès à présent fidèle à la sainte Eglise ro>> maine, au siége apostolique et à vous, Grégoire, >> mon seigneur et pape universel. Je ne contribue» rai jamais, par mon conseil ou par mes actions, » à vous faire perdre la vie ou un membre, ou à » vous réduire en captivité. Je ne divulguerai ja>> mais des secrets que vous me confierez, s'il pent »'en résulter des inconvénients pour vous. J'aiderai » de toutes mes forces l'Eglise romaine et vous à >> conserver, à acquérir et défendre les droits de »saint Pierre et ses domaines contre tous les >> hommes, excepté la portion de la Marche de » Firmano, Salerne et Amalphi, dont la propriété » est encore indécise, et je vous prêterai mon se>> cours pour que vous teniez en sécurité et hono»rablement le pontificat romain. Je ne chercherai »`ni à envahir ni à acquérir les terres de saint » Pierre, que vous possédez maintenant ou que » vous posséderez, lorsque je saurai qu'elles vous » appartiennent, et je ne les mettrai pas à contri>>bution sans votre permission ou sans celle de » vos légitimes successeurs, excepté les terres que » vous ou eux m'accorderez. Je paierai avec exactiFidelitatem et homagium.

» tude le tribut des terres de saint Pierre que je » possède ou que je posséderai, et, ainsi qu'il a » été convenu, l'Église romaine le recevra chaque >> année. Je vous remettrai, avec leurs biens, toutes » les églises qui sont sous ma domination, et je » les défendrai par fidélité à l'Église romaine. Et, >> si vous ou vos successeurs venez à mourir avant » moi, je ferai en sorte, d'après l'avis des cardi>>naux, des clercs romains et des laïques, que » le pape soit élu et ordonné suivant les règles » de l'Église. Je serai fidèle à ce serment prêté » à l'Église romaine, à vous et à vos successeurs » légitimes, qui, si je ne m'en rends pas indi» gne, confirmeront l'investiture que vous m'ac>> cordez. >>

Par un autre acte, il s'obligeait, lui et ses successeurs, à une redevance de douze deniers pour chaque paire de boeufs qui se trouverait dans ses États.

Grégoire, de son côté, lui donna en fief, en lui présentant un étendard, toutes les terres que ses prédécesseurs Nicolas et Alexandre lui avaient accordées, la Calabre et la Pouille. « Quant à celles, » dit-il, que vous retenez injustement, comme Sa» lerne, Amalphi et une partie de la Marche de » Firmano, je les tolère avec résignation dans la >> ferme confiance en Dieu et en votre bonté, que » ce sera pour vous un motif de vous conduire » envers Dieu et envers saint Pierre de telle sorte

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