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fut contrainte de rassembler ses troupes à Mantoue; car toutes les forces de la Lombardie étaient campées à la Volta dans le Mantouan '. Le jour de la bataille de Mersebourg, les deux armées en étaient venues également aux mains dans l'Italie. L'armée lombarde, commandée par le fils de l'empereur Henri 2, mit en fuite les troupes de la comtesse Mathilde, et renversa, ainsi le premier obstacle qui eût pu arrêter la marche du monar que. Cette défaite ne contribua pas peu à affaiblir le courage des partisans du pontife; car on pou vait bien voir quel était le plan de Henri, puisqu'il ne permettait à personne de faire le voyage d'Italie, avant qu'il eût juré solennellement de n'avoir aucun rapport avec le pape.

La plus brillante perspective s'offrait dans ce moment à l'empereur pour briser la puissance du siége pontifical par l'abaissement de Grégoire; car à aucune autre époque le pape ne s'était yu entouré d'ennemis aussi nombreux et aussi puissants. Par sa réconciliation et son alliance avec le normand Robert, le pontife devint naturellement

Bertold. Const., ann. 1080. Muratori, Hist. d'Italie, Fiorentini.

La Vie de Grégoire, qui se trouve dans Muratori, Coll, Scr. Ital., t. III, p. 1, cite ce fait. Cardin. Aragon. Plu sieurs auteurs mettent en donte la présence de ce fils. Fiorentini dit que peut-être c'est celui qui, suivant Dom. nizo, mourut au siége de Montebello : « Eche la felicita di questo successo diede occasione, che'l rescendesse in Italia in persona.

l'ennemi de l'empereur grec, qui devint par là même l'ami de Henri. Vers la fin de l'année, Alexis Comnene avait précipité du trône Nicéphore Botanitès, et l'avait enfermé dans un monastère. Au milieu des désastres sous lesquels gémissait l'empire d'Orient, le règne d'Alexis fut un événement heureux. Mais bientôt de nouveaux ennemis, les Turcs Seldschoukes, commencèrent å ébranler le vieil édifice de sa puissance, tandis que du fond de l'Italie il se voyait menacé par l'épée victorieuse des conquérants normands. Il chercha donc à gagner Henri par des présents et de l'or, pour qu'il occupât Robert dans la Péninsule'. Il en résulta que ce dernier se vit obligé de songer à sa propre défense, plutôt qu'à celle de l'Église.

Du côté de l'Angleterre, il y avait bien plus à craindre qu'à espérer. Il est vrai, dans le courant de l'année, Grégoire avait adressé à Guillaume le Conquérant plusieurs lettres vigoureuses et suppliantes à la fois, pour lui rappeler l'appui qu'il lui avait prêté, en dépit de bien des gens, pour le faire arriver au trône; il attendait maintenant de lui une juste reconnaissance comme d'un prince digne d'être le modèle de tous les autres 2. Le pontife avait, en outre, adressé à la reine

Krause, Histoire de l'Europe moderne, 4 vol., 1re partie, p. 226 à 228.

2

Epist, VII, 23. Cette lettre est d'autant plus remar

d'Angleterre des paroles pleines dé bienveillance; mais l'ancien refroidissement resta toujours, et une autre lettre prouve que Grégoire devait se contenter de pouvoir maintenir Guillaume dans les limites qu'il avait observées jusque-là *.

Le pape ne pouvait non plus compter sur la France; il s'arrêta, il est vrai, dans sa lutte avec

quable qu'elle montre les relations précédentes entre Grégoire et Guillaume. « Notum esse tibi credo, priusquam ad pontificale culmen ascenderem, quanto semper te sinceræ dilectionis affectu amavi, qualem etiam me tuis negotiis, et quam efficacem exhibui: insuper ut ad regale fastigium cresceres quanto studio elaboravi; qual pro re a quibusdam fratribus magnam pene infamiam pertuli, submurmurantibus quod ad tanta homicidia perpetranda tanto fervore meam operam impendissem. Deus vero in mea conscientia testis erat quam recto id animo feceram, sperans per gratiam Dei, et non inaniter confidens de virtutibus bonis, quæ in te erant, quia quanto ad sublimiora proficeres, tanto te apud Deum et sanctam ecclesiam, ex bono meliorem exhiberes... Nunc igitur, cum et matrem tuam nimium tribulari conspicias, et inevitabilis nos succurrendi necessitas urgeat, talem te volo et multum pro honore tuo et salute in vera caritate moneo, ut omnem obedientiam præbeas, et sicut... gemma principum esse meruisti, ita regula justitiæ et obedientiæ forma cunctis terræ principibus esse merearis. »

* Epist., VII, 25, 26. Il exhorte la reine à la pratique de toutes les vertus. « L'or, dit-il, les pierres précieuses, et tout ce que le monde estime le plus, sont moins à désirer pour vous qu'une vie chaste, que l'aumône, que l'amour de Dieu et du prochain.» Il écrit également (Epist., VII, 27) à Robert leur fils, héritier présomptif du trône. Il lui recommande de se rendre digne de la gloire de son père, de ne point l'offenser, et de ne pas contrister sa mère. On voit que Grégoire était le précepteur universel des rois. (Note du trad.)

Philippe I, lorsqu'il vit le peu d'effet de ses foudres apostoliques dans ce royaume; il se montra même, dans une lettre qu'il écrivit au roi, disposé à une réconciliation, pourvu que ce prince voulût se montrer zélé et obéissant dans les choses spirituelles. Mais Philippe resta toujours froid, et il était beaucoup trop occupé ailleurs pour se mêler efficacement de la querelle entre le pape et l'empereur *.

Cependant les nouvelles de l'Allemagne devinrent de jour en jour plus alarmantes. Grégoire savait déjà que l'intention de Henri était de marcher sur l'Italie après avoir terminé avec son rival; il apprit tout à coup que l'empereur allait mettre ce projet à exécution.

Au milieu de ces dangers, Grégoire resta calme; il ne savait point craindre; la force de son esprit était trop grande, la conviction de la justice de sa cause était trop profondément gravée dans son âme, pour se laisser abattre ou se laisser décourager par le cours fortuit des événements humains. Si son regard était attristé par l'esprit dominant de son siècle de fer, quelques lueurs au milieu de ce sombre ciel étaient suffisantes pour le rassurer, pour le ranimer et lui donner de nouvelles espérances, de telle sorte qu'il cher

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Epist., v, 20. -Philippe I n'était point hostile à Grégoire. Il ne prit point de part au schisme. (Note du trad.)

chait à consoler les autres sur le malheur des temps. En jetant un regard sur les siècles passés, sur le temps des apôtres, sur leurs malheurs et leurs souffrances, il trouvait d'abondantes consolations pour lui-même et pour ses amis'. Sa situation lui paraissait la conséquence nécessaire des passions et des fautes des hommes*. C'est dans ce sens qu'il écrivit, vers la fin de cette année, à tous les fidèles de l'Allemagne, leur disant « Que l'espérance de chacun soit forte » et inébranlable; la main toute-puissante de >> celui qui exalte les humbles a la même force » pour abattre l'orgueil des superbes; car, sans >> aucun doute, avec l'aide de Dieu, la rage des en» nemis tournera à leur honte, et la sainte Église » recouvrera la paix si longtemps désirée 2. »

Ce fut ainsi que commença l'année 1081. Henri invita tous ses fidèles sujets à l'accompagner dans son expédition en Italie". Les amis du pontife lui conseillèrent alors de prendre en considération

4 Voy. Epist., VIII, 4.

Quod dudum sancta Ecclesia fluctuum procellarumque mole concutitur, quodque tyrannicæ percussionis hactenus rabiem patitur, non nisi peccatis nostris exigentibus evenire credendum est. Nam judicia quidem Dei verissime omnia justa sunt.

Epist., vin, 9.-Si on veut voir quelle force peuvent donner à un homme la piété et la confiance en Dieu, on n'a qu'à lire attentivement les lettres qu'on vient de produire. (Note du trad.)

Les principales autorités commencent ainsi cette année.

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