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>> rons un roi pour nous défendre et pour venger >> toutes nos injures. »

Ces négociations devinrent funestes à Henri; car d'un côté il exaspéra de nouveau le peuple, et de l'autre il perdit beaucoup dans l'opinion de ses propres partisans. En effet, pendant que l'assemblée était encore réunie, une foule de gens déclarérent hautement que les prétentions de leurs seigneurs étaient injustes et celles des Saxons équitables. Ils n'étaient plus si ardents pour la guerre; c'est ce qui fit dire aux Saxons que ceite conférence valait pour eux plus que trois victoires. On se sépara, après avoir conclu une trève de sept jours'.

Quelque menaçant que fût l'orage du côté de l'Allemagne, Henri ne s'en inquiéta pas beaucoup. Au mois de mars, il se mit en marche pour l'Italie ; son armée était nombreuse 2; une foule d'évêques, de princes, de comtes le suivirent, entre autres Liemar, archevêque de Brême3, qui jouissait d'une grande faveur près du monarque. Quiconque refusait de reconnaître son autorité éprouvait la force de ses armes. Henri passa les fêtes de Pâques à Véronne. En se portant plus en avant,

'Bruno, p. 152. Annal. Saxon., ann. 1081.

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Marian. Scot., ann. 1081. Chron. Hirsaug., eod. ann. 3 Albert Stad., p. 247.

Sigon., de Regno Ital., ann. 1081.

Berthold Const., ann. 1081.

il rencontra sa parente Mathilde', qui essaya de l'arrêter; mais en vain: ses troupes furent culbutées, ses domaines, ses forteresses, ses châteaux horriblement dévastés 2. Cependant rien ne put ébranler son héroïque courage. Henri marcha sur Florence; comme il en trouva les portes fermées, il en fit le siége3.

Déjà depuis longtemps Mathilde, attentive aux projets de Henri, avait envoyé des messagers au pape pour lui faire savoir que des troupes attendaient ce prince à Ravenne et ailleurs. Grégoire ne se laissa point effrayer; il tint son concile ordinaire à Rome, et pour montrer au monde qu'il ne craignait pas ce roi qu'il avait vu naguère à ses pieds, il renouvela contre lui et contre ses adhérents l'excommunication. Les cardinaux, les évêques et les abbés lui demandèrent si l'on pouvait vendre les biens ecclésiastiques, pour avoir de quoi s'opposer à Guibert de Ravenne, qui marchait sur Rome avec Henri. Le pontife leur prouva par l'histoire ecclésiastique qu'il n'était pas permis d'aliéner les biens de l'Église, pour en faire un usage profane. Dans ces jours où tous les partisans du pontife tremblaient pour leurs biens et pour leur

'Domnizo, Vita Mathild.

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Auct. Vita Anselmi Lucens., § 18. Auctor Apolog. Henrici IV, p. 219.

Sigon., de Regno Ital.

• Fiorentini.

Coleti, Coll. conc., t. x11, p. €67.

vie, Grégoire ne montrait aucune inquiétude. Ce fut vers ce temps qu'il écrivit à Hermann, évêque de Metz: « Si vous êtes disposé à braver les travaux >>> et les dangers pour la défense de la vérité, nous » devons l'attribuer sans aucun doute à une faveur spéciale du Ciel. Car sa grâce et sa clémence >> divines ne permettent pas que ses élus se per» dent entièrement, qu'ils soient ébranlés et tout » à fait abattus; après les avoir éprouvés au temps >> des persécutions, il les rend plus forts par le >> malheur. Car de même que la fuite d'un lâche » augmente la terreur de ceux qui sont lâches » comme lui, de même la résistance d'une âme >> forte enflamme le courage des guerriers valeu>> reux. Quiconque, dans la lutte pour la foi du >> Christ, se plaît à se trouver au premier rang >> des combattants, méritera aussi d'être le plus >> digne aux yeux de Dieu, arbitre de la vic>>toire1. ».

Cependant la ville de Florence faisait une héroïque résistance, mais elle fut obligée d'ouvrir ses portes au mois d'août 2. D'autres cités, comme Padoue et Crémone, furent emportées plus facile

▸ Epist., vni, 21. Cette lettre est-elle bien de cette année? Du moins elle parle très-clairement de la situation et des dispositions de Grégoire. « Sicut inter ignavos alium quo turpius alio fugiat timor exanimat, ita etiam inter strenuos alium quo fortius alio agat, quo ardentius prorumpat, virile pectus inflammat.»

D'autres prétendent que le siége se prolongea jusqu'au 21 juillet. Villani dit que la ville capitula le 12 avril.

ment. A la prière de Milon, évêque de Padoue et parent de Henri, celui-ci confirma les priviléges de cette ville, et lui accorda l'usage du Caroccio qu'on appela du nom de sa femme, Berthe. Crémone, qui avait obtenu la même faveur, donna au Caroccio le nom de Berthacciola 1.

L'empereur leva son camp et se dirigea vers Rome quelques jours avant la Pentecôte. Grégoire avait dans la ville des troupes de Mathilde et d'autres princes romains; il résolut de les employer à sa défense. L'empereur arriva devant les murs de Rome la veille de la Pentecôte, avec l'antipape Guibert. Ses troupes campaient dans les prairies de Néron devant le fort Saint-Pierre *. Elles y restèrent peudant deux ans, exposées à des revers et à des souffrances inouïes que les Romains leur firent éprouver par leurs sorties et leurs attaques. Dans ce long espace de temps, on fit des efforts héroïques, mais sans rien avancer pour la prise de la ville. Les Allemands furent obligés d'entendre maintes insultes et maints défis de la part de ces fiers Romains".

Leurs armes furent plus heureuses dans les domaines de la comtesse Mathilde. Presque toutes

1

Sigon., ann. 1081. Voy. sur le Caroccio, Sismondi, Hist. des répub. ital.,et Dufresne, Glossar Manual.sub Caroccium. 2 Chron. Hirsaug., ann.1081. Sigon., ib. Annal. Saxon,, ib. Albert Stad., ann. 1081. Marian. Scot.

* Muratori, Hist. d'Ital

» même dans l'Evangile: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bátirai mon Église ; je te donne le pou» voir de lier et de délier dans le ciel et sur la terre. >> Dans ce passage, est-il fait une exception en fa>> veur des rois? Ne font-ils pas partie du trou» peau confié à saint Pierre? Je le demande, quel » est celui qui voudrait chercher à se soustraire à >> cette puissance de lier et de délier accordée au >> Prince des apôtres, si ce n'est le malheureux » qui, se refusant à porter le joug du Seigneur, se >> soumet à la domination de Satan? Mais il ne >> sert à rien de se soustraire au pouvoir accordé » à Pierre, pour se procurer une malheureuse » liberté, car plus on s'y soustrait, plus on se >> prépare une condamnation terrible au jour du >> jugement'. Cette disposition de la volonté divine,

Il y a saus doute des exagérations dans cette lettre, mais le fond est vrai. Grégoire cherche à prouver qu'il avait le droit d'excommunier l'empereur, ce droit lui était con testé par les partisans de Henri. Les preuves que Grégoire apporte sont rigoureuses; et elles lui suffisaient, puisque, d'après la législation de l'époque, l'anathème entrainait la déposition. Un roi excommunié était, au bout d'un certain temps, un roi détrôné. Grégoire expose dès le commencement de sa lettre le droit que lui donnait la conduite de Henri. « Quod autem postulasti te quasi nostris scriptis javari ac præmuniri contra illorum insaniam, qui nefando ore garriunt auctoritatem sanctæ et apostolicæ sedis non potuisse regem Henricum, hominem christianæ legis contemptorem, ecclesiarum videlicet et imperii destructorem, atque hæreticorum auctorem et consentaneum, excommunicare, nec quemquam a sacramento fidelitatis ejus absolvere, non adeo necessarium nobis videtur, cujus

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