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de juin un corps considérable entra dans la Franconie, répandant partout la dévastation pour ven ger les anciennes injures qu'ils avaient reçues. D'un autre côté, on était convenu avec les Souabes de tenir une diète, et elle eut lieu à Bamberg Les Souabes et les Saxons y parurent seuls. On délibéra sur la situation du royaume, et, vu les conjonctures, on élut, le 19 août, pour roi, le comte Hermann de Luxembourg (Lutzelbourg). Hermann était un guerrier intrépide, un seigneur noble, riche et puissant 2. Il était issu d'une ancienne famille, fils de Giselberg, comte de Luxembourg, et gendre d'Otton, comte d'Orlamond, par Adélaïde, première femme de Henri II de Brabant. Le seul malheur de sa vie est d'avoir été roi; car il n'était pas fait pour l'être dans des temps aussi orageux. La discorde éclata immédiatement après son élection, et les princes du parti opposé n'oublièrent rien pour la fomenter. Ils invitèrent Otton de Nordheim à une conférence, et le déterminé rent à s'opposer à cette élection. Sans s'engager par des promesses formelles, Otton mit néanmoins de l'hésitation dans sa conduite, et une foule de seigneurs s'attachèrent à lui. C'est ainsi que se passa tout l'été, et l'indécision d'Otton causa de

Bruno, p. 152.

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Annal. Saxon., ann. 1082. Albert Stradens : « Cui cum suis in partibus nemo bellicis in rebus atque divitiis posset æquiparari.» Chron. Hirsaug., ann. 1082.

grands malheurs. Au mois de novembre, il fut encore une fois appelé à une conférence secrète, où il se montra ouvertement dévoué aux ennemis de Hermann. Mais une chute de cheval en rase campagne et la fracture d'une jambe le portèrent 1 à de sérieuses réflexions sur la démarche qu'il venait de faire, et dès ce moment il se dévoua à Hermann'. L'élection de ce dernier s'était faite surtout par l'entremise de Welf; car depuis le combat de Hochstat, dans lequel il avait fait sentir d'une manière si éclatante à Frédéric, ligué avec le comte palatin Cunon de Vohbourg, la vigueur de l'épée des Souabes, son ardeur s'était tellement accrue, qu'il résolut d'aller avec Hermann attaquer Henri au cœur même de l'Italie ?. Hermann avait également soutenu dans les plaines de Hochstat sa vieille réputation de guerrier expérimenté, et s'était montré par là digne de la couronne qu'il reçut avec l'onction sainte aux fêtes de Noël, à Goslar, et des mains de l'archevêque de Mayence 3.

Le temps s'obscurcit de plus en plus, on prévoyait de gros orages et de nouvelles hostilités qui allaient amener de grands malheurs, et rouvrir les plaies qui étaient à peine fermées. L'ordre qui

Les hommes crédules de ce temps disaient que cet accident lui arriva « misericordia Dei faciente, ne tot pro patria labores in ultimis temporibus perderet.

2 Bruno, p. 152.

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Bertold. Const., ann. 1081. Annal. Saxon., ann. 1082.

était rétabli fut troublé de nouveau. Quiconque portait sur le monde un regard sérieux, ne trouvait que trop justes les plaintes que Grégoire faisait sur son siècle de fer. Partout où l'on arrêtait les yeux, soit en Allemagne, soit en Italie, on ne rencontrait que des préparatifs de guerre et tous les maux inséparables de ce terrible fléau. Les mœurs surtout se ressentaient de cet état de choses; les âmes pacifiques cherchaient le repos et échangeaient volontiers le théâtre orageux et sanglant du monde contre la méditation des choses divines dans les cloitres. Ainsi, quelques années auparavant, Berthold, prêtre de Constance, fuyant cette anarchie, avait cherché un asile dans le monastère de Saint-Blaise, et là, anachorète pieux et humble, et livré à la contemplation des vérités célestes, il mit à profit l'expérience qu'il avait aequise dans le monde pour composer la chronique qui fit passer à la postérité un nom qui aurait été, certes, sans cela, enseveli dans un profond oubli '. D'un autre côté, Hermann, comte de Zahringen, fils de Berthold ler, mort en 1077, un des seigneurs les plus puissants et les plus riches, se

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'Bertold est un des meilleurs chroniqueurs; il est témoin oculaire et met beaucoup de soins et d'exactitude à son bistoire. Trithemius dit de lui : « Vir devotus, in Scripturis sanctis studiosus et eruditus, atque in disciplina secularium doctrinarum sufficienter instructus, ingenio clarus, et comptus eloquio. Son histoire embrasse les années 1053 à 1100,

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démit de sa dignité, renonça aux honneurs du monde, et, revêtu d'un habit de pèlerin, se rendit au cloître de Cluny pour y prier et servir Dieu! Pendant longtemps inconnu de tous, il garda un troupeau, tandis que son épouse Judith, dans son affliction profonde, s'efforçait de gagner le ciel par des aumônes et d'autres bonnes œuvres '. Les mo nastères furent donc recherchés plus que jamais, on se vit obligé de les agrandir. Celui de Hirsau renfermait plus de cent cinquante religieux 2. Les âmes pieuses, ou bien les hommes qui avaient mené au milieu du monde une vie licencieuse, cherchaient à assurer leur salut éternel en fondant de nouvelles églises ou de nouveaux monastères. Des pères affligés de la mort de leurs enfants trouvaient leur consolation à consacrer leurs châteaux au service de Dieu, et à les laisser à des moines ou à des religieuses; d'autres, en relevant ces asiles pieux de leurs ruines, croyaient pouvoir réparer les sacriléges profanations dont ils s'étaient rendus coupables dans la guerre, eux et leurs guerriers. De là vient le grand nombre de

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* Chron. Hirsaug., ann. 1982. « Custos porcorum ejusdem cœnobii pro amore Christi factus est. » On ajoute mêmes Usque ad mortem incognitus pastor porcorum permansit.» « Præter fratres Barbatos et Donatos, quorum ingens etiam fuit numerus,inter quos erant Latomi, Fabri, Liguarii Ferrariique et magistri procul dubio in omni scientia architecturæ peritissimi. On peut lire dans la Chronique de Hirsau tout ce que fit l'abbé Guillaume pour un couvent.

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couyents qu'on voyait dans la Bavière, dans la Souabe 2 et dans d'autres pays. On est singulièrement surpris quand on voit chez des hommes aussi grossiers, aussi durs, aussi barbares, autant de foi et de piété, autant de délicatesse et d'humilité devant le Très-Haut. Il est impossible de ne pas reconnaître ici l'esprit sublime de la vraie chevalerie; l'enthousiasme qui, quelques années plus tard, poussa des légions de pèlerins vers Jerusalem, n'offre qu'un tableau en grand de ce qui se manifestait maintenant dans un cadre plus étroit et pour ainsi dire en miniature.

Si Henri eût été en Allemagne, bien des affaires auraient pris une autre tournure. Mais toutes ses pensées tendaient à s'emparer de Rome et à humilier le pape. Dans cette vue, il chercha à faire une alliance avec Robert Guiscard, pour exécuter plus facilement son dessein "; mais Robert était trop occupé de la conquête de l'empire d'Orient, pour prêter une oreille attentive aux propositions de Henri. Le monarque allemand

Voy. sur leurs noms et leur établissement, Zschocke, Histoire de Bavière, t. 1, p. 327.

Voy. Pfister, Histoire de la Souabe; t. u, p. 159. Il cite plusieurs exemples curieux de ces fondations pieuses par les princes et les autres grands du pays. Ils le fai

saient, dit-il, pour obtenir la réussite de leurs entreprises, pour expier leurs péchés ou restituer le bien mal acquis, pour le salut de leurs âmes et pour le repos des trépassés. »

Muratori dit : « Par l'offre de donner son fils en mariage à la fille de Robert. »

. Muratori, Hist. d'Italie, 6° partie, p. 439.

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