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il se retira avec les siens au château Saint-Ange; car les Romains n'étaient plus si ardents à défendre la ville.

Dans cette cruelle situation, Grégoire se souvint de Robert Guiscard. Pour gagner du temps, et pour donner à Robert celui d'arriver, il entra dans les négociations suivantes, qui furent approuvées par tous les princes, excepté par Gisulphe de Salerne : il proposa de tenir, au milieu de novembre, un synode où l'on prononcerait définitivement sur les affaires de l'Eglise et de l'Empire, sur celles des Romains et du roi. Henri promit par serment de n'empêcher personne de se rendre à ce concile et d'accorder un libre passage à tous les évêques. Sur cela, le pape convoqua immédiatement l'assemblée 2.

Le roi, après avoir concerté d'autres mesures que l'on ne sut que plus tard, retourna dans la haute Italie avec Guibert, qu'il laissa à Ravenne. Les assiégeants souffrirent horriblement pendant tout l'été des maladies, causées par des chaleurs excessives. De quatre cents hommes qui composaient

'La plupart des auteurs la nomment Castrum Crescentii, Domus Theodorici.

2 Bertold. Const., ann. 1083.

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• Voici comment s'exprime l'Annaliste saxon : « Æstas adeo fervida fuit, ut piscium copiosa multitudo in aquis periret. Magnus puerorum et senum interitus fuit morbo dissenterico. » Au moyen âge, les bouleversements de la nature avaient un grand poids, et faisaient beaucoup d'impression sur l'esprit du peuple.

T. II.

la garnison du mont Palatin, il en resta à peine trente; au nombre des morts se trouvait Ulrich de Cosheim. Cette poignée de soldats, se sentant trop faible pour résister aux attaques des Romains, sortit secrètement du fort, qui fut rasé aus sitôt. On disait que c'était l'épée de saint Pierre qui les avait frappés.

Henri ne montra pas les dispositions pacifiques auxquelles on devait s'attendre. Il fit arrêter les envoyés des princes allemands et les évêques qui se rendaient à Rome pour assister au concile. Un grand nombre de clercs et de moines furent maltraités; Hugues de Lyon, Anselme de Lucques, Rainald de Côme et plusieurs autres prélats et abbés ne purent passer 2. Cette violation de la foi jurée fit murmurer hautement le peuple de Rome. Grégoire, malgré ces obstacles, ouvrit le synode au temps indiqué; on s'entretint pendant trois jours entiers sur le malheur des temps, sur le triste état de l'Eglise et sur les moyens d'y re médier. Le synode n'était pas nombreux ; car, à la nouvelle de l'odieuse tyrannie de Henri, la plus grande partie des princes et des évêques s'en étaient retournés chez eux. Aucun évêque allemand ne put y assister, il y eut seulement quel

Bertold. Const., ann. 1083. Chron. Abb, Ursperg.
Bertold. Const., ann. 1083.

› C'est le 9o de son pontificat.

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ques évêques de la France, de la Pouille et de la Campanie.

Plus l'horizon se montrait couvert de nuages, plus la parole de Grégoire fut énergique, touchante et persuasive. Le troisième jour, le pape se leva au milieu de l'assemblée comme animé d'une puissance surnaturelle; il parla de la foi, de la morale chrétienne, du courage et de la constance nécessaire dans la persécution présente, avec une éloquence si vive et si entraînante, qu'il arracha des larmes à tous les assistants', comme si son esprit avait été averti que c'était la dernière fois qu'il élevait la voix pour défendre une cause si juste et si sacrée. En voyant Henri violer de nouveau ses serments, il céda à peine aux prières des évêques pour ne pas renouveler contre lui l'excommunication. Il la prononça, néanmoins, contre tous ceux qui avaient empêché les évêques et les envoyés de se rendre au concile, ou qui les avaient faits prisonniers d'après les ordres du roi 2.

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Quand au sein de la prospérité un homme se montre grand, noble, élevé, le monde l'honore, le vénère, l'admire, et si ce bonheur se sou

Coleti, Coll. Conc., t. x1, p. 676, et Labb., t. x, p. 402. « De robore animique constantia ad præsentem pressuram necessaria,ore non humano sed angelico patenter edisserens, die tertia totum fere conventum in gemitus et lacrymas compulit. >>

Fiorentini, d'après Bertold.

tient dans toute sa carrière jusqu'au moment de sa mort, son nom est transmis à la postérité. Quand même son ouvrage n'est point achevé, quand même il est surpris par la mort au milieu de ses opérations, nous regardons sa car rière comme remplie, parce que notre imagination supplée à ce qui lui restait encore à faire. Mais quand un homme jeté au milieu du tumulte et d'un monde plein de désordres, quand exposé aux vicissitudes de la bonne et de la mauvaise for tune, il résiste avec fermeté, et que, fort de sa conscience, animé par sa foi et ses convictions il reste calme et de sang-froid, souffre avec rési gnation, s'appuie sur l'ancre que Dieu a placée dans son cœur, lorsque tout l'univers est soulevé contre lui, un tel homme devient la merveille de son siècle '.

Peu après la clôture du synode, Grégoire ap prit quelque chose qui lui causa une vive peine. Au printemps précédent, les Romains avaient secrètement juré au roi d'obliger le pontife à le cou ronner, sinon, d'élire un autre pape à sa place auquel on imposerait cette obligation comme con

Justum et tenacem propositi virum,
Non civium ardor prava jubentium,
Non vultus instantis tyranni

Mente quatit solida.

Si fractus illabatur orbis

Impavidum ferient ruinæ. Hor., Od. 111, 3.

dition de son choix. Grégoire ignorait complétement cette promesse, qui lui fut communiquée par quelques habitants de la ville. On lui fit observer, toutefois, que leur serment n'allait pas jusqu'à obliger le pape à couronner solennellement Henri par l'onction royale, mais seulement à lui donner la couronne. Le pontife trouva moyen de prévenir les suites de cet engagement imprudent. Il se déclara prêt à donner la couronne aussitôt que le monarque donnerait satisfaction; que même, en cas de refus de sa part, il voulait remplir la promesse faite par ses sujets, en lui donnant par une fenêtre du château SaintAnge une couronne suspendue à un fil. Les Romains députèrent vers Henri, et lui laissèrent le choix entre les deux propositions; mais Henri ayant refusé l'une et l'autre, ils se déclarèrent déliés de leur serment. A partir de ce jour, la population de Rome devint plus fidèle au pontife, et lui promit son appui et ses conseils chaque fois qu'il en aurait besoin '.

Henri, outré de cet affront, chercha à employer tour à tour la terreur, la corruption et les promesses pour diminuer le nombre des partisans de Grégoire, et il réussit à en ébranler un grand nombre, parmi lesquels plusieurs évêques. Les prélats, en effet, n'avaient que l'alternative ou de continuer à vivre sous l'oppression jusqu'à la fin de Bertold. Const, ann. 1083.

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