Sayfadaki görseller
PDF
ePub

la lutte, ou de se déclarer en faveur de Henri, ou du moins de garder la neutralité, afin de pouvoir jouir de leurs bénéfices. Quiconque restait fidèle à l'Eglise de Rome, trouvait auprés de Mathilde, seule, un abri assuré; aussi une foule de prélats et d'autres amis du pontife s'étaient réfugiés dans ses Etats'.

Le roi se promettait beaucoup de cette disposition des esprits, et se présenta pour la quatrième fois devant la ville de Rome, bien résolu de ne plus reculer avant de l'avoir prise. Déjà plusieurs édifices de la ville avaient été fortement endommagés. Guibert n'avait surtout rien épargné pendant son séjour à Tibur; le pays ressemblait à un vaste désert. Henri se rendit au monastère de Farfe, où il manda l'abbé du Mont - Cassin, sans toutefois lui faire connaître le but de cette sommation. L'abbé en fut effrayé, et comme il ne savait quel titre donner au prince, il refusa de comparaître. Henri lui écrivit une seconde lettre pleine de menaces; mais l'abbé répondit avec beaucoup de circonspection et dans des termes les plus mesurés, se disculpant de son refus par le peu de sûreté des chemins. Dans une troisième lettre encore plus

Fiorentini, Domnizo.

Rescripsit ei pro salutatione debitæ fidelitatis obsequium ideo, quia nullam fidelitatem ei se debere putabat. Chron. Cassin., apud Muratori, Scr., rer. Ital. t. iv, p. 466.

menaçante, le monarque lui donna le choix ou de venir sur-le-champ, ou de voir son monastère dé vasté. Didier, ne sachant quoi faire, s'adressa à Grégoire pour lui demander conseil; mais, déjà avant le premier siége de Rome, le pontife lui, ayait fait connaître suffisamment la conduite qu'il devait tenir ', Il lui avait écrit alors : « Vous n'i» gnorez pas, mon cher frère, que si l'amour » de la justice et l'honneur de l'Eglise ne nous » retenaient pas, et que nous voulussions nous. » conformer à la volonté perverse et aux inten» tions perfides du roi et des archevêques, nous » en aurions reçu des honneurs tels que n'en ont jamais reçu nos prédécesseurs, ni du roi ni de » l'archevêque. Mais comme nous méprisons ses » menaces et sa colère, que nous sommes tout prêts à aller au-devant de la mort, s'il en est besoin, plutôt que de consentir à son impiété » et d'abandonner la justice, nous vous enga»geons et nous vous exhortons à nous demeurer » fidèle comme il convient, afin que l'honneur » de l'Eglise, qui compte beaucoup sur vous, conserve sa force et son éclat. >>

2

[ocr errors]

L'abbé n'avait pas besoin d'autres instructions; aussi Grégoire ne fit-il aucune réponse à Didier. Celui-ci, néanmoins, se trouvait dans un embarras extrême. D'un côté il avait à craindre

Epist., 1x, 11.

les anathèmes du pontife, et de l'autre la captivité, l'aliénation, la perte ou la destruction de son monastère. Enfin, il se mit en route après en avoir informé Grégoire et après lui avoir recommandé son couvent. Didier se rendit à Albano pour négocier avec Jourdan, prince de Capoue. Il avait déclaré expressément à ses moines qu'il ne souillerait jamais l'honneur de l'Eglise, dût-il être exposé à perdre la vie. Il rencontra en chemin un grand nombre d'évêques et d'autres personnes distinguées, même le chancelier du roi; mais'il ne voulut ni leur donner le baiser de paix, ni prier avec eux, ni manger ou boire à leur table '. Il resta une semaine entière à Albano sans comparaître devant le roi, qui lui fit des menaces, et lui ordonna enfin de lui jurer fidélité et obéissance, et de recevoir de sa main l'investiture de F'abbaye 2. Mais Didier s'y refusa obstinément, et la colère du prince fut telle, que les instantes prières de Jourdan purent seules le préserver de mauvais traitements. Par l'entremise de Jourdan, Didier fut présenté au roi à qui il promit de faire tout ce qu'il pourrait, sans compromettre les règles de son ordre. Le monarque lui ordonna de recevoir de lui l'investiture de son abbaye; le moine lui répliqua qu'il la recevrait aussitôt que

Il songeait probablement à la sentence:

Os, orare, vale, communio, mensa negatur. 2 Homo ipsius per manus deveniret.

le roi serait couronné empereur, ou qu'il se démettrait de son abbaye'. L'abbé y resta encore quelque temps, mais il eut presque tous les jours des discussions avec les évêques du parti de Henri sur les droits du saint Siége. Didier eut même une contestation sur le décret de Nicolas II, concernant l'élection des papes, avec Otton, évêque d'Ostie, que Henri retenait encore captif2. Ce prélat soutenait qu'un pape ne pouvait être élu sans le consentement de l'empereur, et que s'il était élu sans ce consentement, il serait digne de l'anathème au lieu de la papauté. Didier prétendait au contraire que ni pape, ni évêque, ni cardinal, n'avaient le droit de faire un pareil décret; car l'Eglise romaine n'est pas une vile esclave, elle n'est soumise à personne, et elle est au-dessus de tous. Et par conséquent, il est impossible de prouver que quelqu'un ait le droit de disposer du siége apostolique. Si le pape Nicolas a rendu un tel

L'abbé cherchait à se tirer d'embarras par cette réponse évasive.

• Ce dialogue est fort curieux; l'évêque d'Ostie veut prouver que, d'après le décret de Nicolas, le consentement de l'empereur est nécessaire pour l'élection du pape; Didier nie le fait et dit : « Neque papam, neque episcopum aliquem, neque archidiaconum, neque cardinalem, sed nec ullum hominem hoc juste facere potuisse. Apostolica enim sedes domina nostra est, non ancilla, nec alicui subdita, sed omnibus est prælata, et ideo nulla ratione posse constare, ut eam aliquis, quasi famulam, vendat. Quod si hoc a Nicolao papa factum est, injuste procul dubio et stultissime factum est, nec pro humana stultitia potest, aut debet

décret, il l'a fait injustement et sans raison; la faute d'un homme ne doit pas faire perdre à l'Église sa dignité, et nous ne consentirons pas que le roi des Allemands établisse le pape des Romains. Guibert de Ravenne se mêla également de la discussion. Enfin Didier ayant obtenu de Henri une bulle d'or qui confirmait les possessions de son monastère, il s'en retourna au Mont-Cassin', qui demeura désormais sous la protection du roi,

On raconte que vers le même temps le prince Jourdan de Capoue reçut de Henri l'investiture de sa principauté, moyennant une forte somme d'argent qu'il lui paya 2.

Ces empiétements du roi et les dispositions des Romains, qui désiraient mettre fin à leurs maux par la reddition de la place, déterminèrent Robert Guiscard à prendre une part plus active aux événements. Pour gagner le peuple remuant de Rome, il y envoya, dit-on, trente mille florins d'or 3. Malamittere suam dignitatem Ecclesia, nec unquam debet a nobis hoc aliquatenus consentiri, nec, Deo volente, amplius fiet, ut rex Alemanorum papam constituat Romanorum. Cum ad hæc iratus episcopus dixit: Quod si hæc ultramontani audirent, omnes simul adunati unum fierent; Desiderius respondit : Certe si non solum hi, sed etiam totus mundus contra hæc in unum congregaretur, nunquam nos ab hac sententia excludere posset. Potest quidem impèrator ad tempus, si tamen permiserit Deus, prævalere, et vim ecclesiasticæ justitiæ inferre, nostrum tamen consensum ad hoc nunquam poterit inclinare. »

1 Chron. Cassin., 1. 111, c. 50.

2 Ibid.

3 Muratori, Hist. d'Italie.

« ÖncekiDevam »