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nière ville, Robert arriva devant les murs de Rome la tête de son armée. Grégoire le vit approcher avec joie; les Romains furent saisis d'épouvante, car ils avaient épousé le parti de Henri, et déclaré Grégoire déposé. Ils se voyaient, après le départ de Henri, à la discrétion d'un vainqueur courroucé ajoutons-y que la marche de Robert avait répandu la terreur dans la ville. On ferma donc les portes à l'ennemi, et l'on se prépara à la défense. Robert campa devant la porte Latine; il envoya demander aux Romains l'entrée de la ville, mais en vain. Bientôt les partisans de Grégoire et ceux de l'empereur furent aux prises; on parvint à ouvrir la porte Flamine à Robert' et à ses guerriers irrītes. La multitude se porta à sa rencontre pour s'opposer à son passage, des scènes effroyables en furent la suite 2. Comme Robert était entré dans Rome vers la nuit, la ville entière devint la proie du fer et du feu 3. Dans l'armée du Normand se trouvait un nombre considérable de Sarrasins, dont la fureur n'avait pas de bornes. Des femmes et des religieuses furent sacrifiées à leurs brutales passions, lorsqu'ils avaient égorgé leurs pères ou

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'Sigon. Il paraîtrait que le feu fut mis à l'instigation du consul romain Censius, et que Robert aurait profité de ce moment pour entrer dans la ville. Leo Ostiens., III, 52, . Gaufr. Malaterra, Hist. Sic., III, 37.

3 Bertold dit : « Totam urbem Gregorio papæ rebellem, penitus exspoliavit et majorem ejus partem igni consumpsit.

leurs époux. Une mort prompte était regardée comme un bienfait. On vit ces barbares couper les doigts à de jeunes et intéressantes vierges, pour s'emparer plus promptement de leurs bagues. Bientôt le feu se manifesta sur trois points différents de la cité, et en peu d'heures les palais les plus somptueux n'offrirent plus qu'un monceau de cendres'. Le pape eut bien de la peine à sauver, par ses gardes, de l'incendie et du pillage une partie des églises 2. Celles de SaintSylvestre et de Saint-Laurent, ainsi que les basiliques situées dans le quartier de Latran, jusqu'au Colysée, devinrent la proie des flammes, sans qu'on pût rien sauver de ce qu'elles renfermaient Robert délivra le château Saint-Ange, et ramena le pape au palais du Latran. Les retranche ments que Henri avait construits au-. tour du château Saint-Ange furent comblés. Le conquérant paraissait comme un lion, comme un glorieux triomphateur, dans la capitale du monde chrétien. Il exerça pendant trois jours entiers un pouvoir discrétionnaire, et réduisit en esclavage un grand nombre de Romains qui avaient trahi le pape. Mais l'indignation fit prendre une seconde

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Landulp., Hist. Mediol., 1v, 3.

Leo Ostiens., 111, 52.

3 Pandulph. Pisan. Gaufred. Malaterra.

* Cardin. Aragon. : « Fortissimus leo; gloriosus trium

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fois les armes au peuple; le sang coula de nouveau; Robert sortit enfin de la ville avec ses troupes indisciplinées.

Grégoire convoqua un synode, mais il fut peu nombreux'. Néanmoins il renouvela l'anathème contre Henri, contre Guibert et tout son parti, et chargea ses légats de faire connaître la sentence dans toute l'Allemagne, et de proclamer la supériorité de la puissance spirituelle sur le pouvoir séculier 2.

Le pape avait appris à mépriser les Romains; il prit le parti d'abandonner cette ville vénale3, ainsi que l'appelle un écrivain contemporain'. D'ailleurs, comme il avait appelé les Normands, les habitants de Rome lui attribuaient tout le mal qu'ils avaient souffert, et étaient irrités contre

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Sigon. dit qu'il n'avait pas été tenu « propter infrequentiam episcoporum. » Bertold, a Dominus autem papa, collecta synodo, iterum sententiam anathematis in Guibertum hæresiarcham et Henricum et omnes eorum fautores promulgavit : quod et in festo sancti Joannis Baptistæ præterito jam dudum Romæ fecit, cum Henricus adhuc ibi moraretur. Hanc sententiam legati sedis apostolicæ, videlicet Petrus, Albanensis episcopus, in Francia; Otto, Ostiensis Episcopus, in terra Teutonicorum usque quoque divulgaverunt. » Labb., t. x, p. 402. C'est le 10 du pontificat de Grégoire.

2 Bertold. Const., ann. 1084.

Depuis Jugurtha.

^ Cardin. Aragon. Malaterra, 111, 38. Celui-ci dit encore que Robert avait reconduit le pape au Latran avec ses cardinaux et ses évêques; mais presque toutes les autres autorités contredisent cette assertion.

lui. Accompagné de Robert, il se rendit au MontCassin, près de son ami Didier', et de là à Salerne, place fortifiéc.

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L'empereur se hâtait de traverser la haute Italie, pour se rendre au plus tôt en Allemagne. Son parti avait grossi d'une manière extraordinaire 2, celui du pape était opprimé et persécuté presque partout. Le soutien de ce dernier était la comtesse Mathilde 3, aussi toutes les hostilités de la haute Italie étaient dirigées contre elle. Quiconque était pour Mathilde était aussi pour Grégoire. Toujours en armes, elle veillait avec un soin merveilleux à la défense de ses places de la Lombardie et de la Toscane, qui étaient exposées à la fureur des troupes impériales. Quoiqu'elle eût déjà envoyé à Rome, avant l'arrivée de Henri, un corps nombreux de troupes, cette héroïne du moyen âge ne résista pas moins avec un courage et une audace que l'antique Rome n'eût pas désavoués. Il semblait que son inébranlable attachement à Grégoire lui avait donné quelque chose de son caractère et de sa grandeur d'âme. Ses forces se trouvaient divisées et par conséquent affaiblies. Une révolte dans la Ligurie l'avait forcée d'y envoyer des troupes; mais celles qui lui restaient,

Chron. Cass., 111, 53.

2 Domnizo dit:

Lepra Guibertina succreverat horrida : nigra Hiac lepra mundus fere non locus extitit ullus. 3 Domnizo, ibid.

elle sut les diriger avec une habileté qu'on aurait cherchée en vain dans des généraux renom. més. C'est ce que prouve le récit qui va suivre '.

Henri avait sommé les évêques et les margraves de l'Italie supérieure de rassembler au plus vite une armée, sous prétexte de retourner à Rome 2, mais dans le but réel de tirer de Mathilde une

éclatante vengeance 3. La comtesse ne fut point dupe de ses ruses. Elle réunit les troupes dispersées dans les cantonnements et résolut d'af fronter la tempête, quoique avec des forces bien inférieures, parce que, dans une telle cause, elle comptait sur le secours de Dieu. Le pieux Anselme donna sa bénédiction à la petite armée courageuse, et dès lors la comtesse se crut forte et invincible. Les Impériaux étaient commandés par le margrave Obert. Dans leurs rangs, on comptait une foule de seigneurs, ainsi que les évêques Eberard de Parme et Gandolphe de Reggio. Leur nombre était tellement considérable, qu'on croyait pouvoir renverser tous les obstacles. Dans les premiers jours de juillet, les troupes de Henri entrèrent dans le territoire de Modène; mais la forteresse de Sorbara les arrêta par une

'Domnizo. Fiorentini. Bertold. Const., et Auctor Vitæ sancti Anselmi, in Murat., Act. Ss., t. ix, p. 479.

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2 Muratori, Hist. d'Italie, vi, p. 453.

3 Fiorentini.

«Con tanta speranza di superarli, quanta le suggeriva la viva fede degli ajuti divini. »

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