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tion de leur espérance. La règle qu'ils s'imposent est instituée pour favoriser le triomphe des idées sur les choses; essayer de se conformer à cette règle, c'est déjà rendre hommage à ce qu'il y a de plus élevé dans la nature de l'homme; réussir dans cet essai, ce serait devenir égal aux êtres surnaturels; ce serait prouver ce que le monde nie depuis que le monde existe. Ce n'est point par des paroles, c'est par des actes qu'on décide les questions discutées et non résolues.

» La vie monacale est une exception; mais par là même, elle est la seule qui convienne à certains caractères poussés hors des limites du monde par un besoin de retraite impossible à satisfaire dans la société du grand nombre. Cette vie d'exception, rendue possible à force de prières, prouve sans réplique la toutepuissance de l'esprit. L'homme peut être heureux sans rien accorder aux appétits du corps; il ne peut l'être en leur cédant tout: voilà ce qu'on dit même dans le monde, quand on est raisonnable et un peu philosophe; mais nul ne pourrait croire à l'application possible de ces spéculations de la sagesse, si nous n'avions sous les yeux l'exemple des premiers chrétiens renouvelé par leurs rigides successeurs, les moines. Le moindre inconvénient des passions, c'est le mécontentement qu'elles laissent dans l'âme qui leur a demandé la félicité. Voilà ce que nous disent les moralistes sans nous le prouver, et ce que les moines nous prouvent sans nous le dire.

que

>>Je sais qu'en Espagne on abuse des vertus religieuses, qui deviennent un masque à l'usage des ambitieux, comme parmi nous on abuse des talens qui passent aujourd'hui pour sacrés, parce les sociétés même les plus impies ne peuvent subsister sans une ombre de religion : l'homme qui n'adore pas ne vit qu'à demi. Si donc, dans un moment de délire, il s'efforce d'humilier la divinité par ses blasphèmes, il déifie en même tems l'humanité par un genre de superstition qui survit à toute religion, parce que cette superstition est fondée sur l'orgueil et sur l'égoïsme : tant il est vrai que le culté des passions hérite de tout ce qu'on ôte au culte des sacrifices! »*

MARQUIS DE CUSTINE.

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Les monumens de l'Égypte, avec les sculptures et les peintures qu'ils renferment, se présentent sous un triple point de vue. On peut les considérer comme ouvrages d'art, comme documens historiques ou comme témoignages, pour confirmer ou réfuter les notions que nous fournissent sans les prouver, les Hébreux, les Grecs ou les Romains, ou finalement comme des moyens de déterminer l'état de la civilisation à l'époque de l'érection de ces monumens. Sous le premier rapport, il y a peu de chose à dire ; le caractère de l'art égyptien était véritablement stéréotypé, car il était sujet au contrôle de la caste sacerdotale, et toute déviation des formes établies était prohibée. Sous le point de vue historique, ces monumens présentent nécessairement de grandes lacunes, car tous les rois n'aimaient pas à bâtir; leur valeur historique est cependant considérable comme explication subsidiaire des documens écrits; et notamment le Pentateuque en reçoit des éclaircissemens qui dissipent merveilleusement l'obscurité de certains passages.

Quant à l'état de la civilisation, des découvertes récentes nous ont fourni les moyens de déterminer l'état social de l'ancienne Égypte ; nous avons des peintures de leur vie publique et de leurs mœurs domestiques; ces peuples nous ont légué tous les détails de leur manière de vivre depuis le conseil du roi jusqu'au berceau de l'enfant, non point décrit en termes vagues,、

mais leur pensée ayant pris corps par les formes de la peinture et de la sculpture, n'exigeant aucune étude préliminaire pour être comprises, ni une science bien profonde pour être interprétées.

Il y a peu de nations dont les formes extérieures de la civilisation aient aussi clairement révélé l'opinion intime sur laquelle elles étaient basées, comme les anciens Egyptiens. Il est impossible de contempler quelque grande collection de leurs antiquités, sans apercevoir que la pensée la plus influente, dans leurs opinions religieuses et sociales, était la croyance d'une continuation de l'être après la mort 1. Mais cette croyance était grossière et sensuelle: c'est pourquoi ils mettaient tant d'importance à la conservation des corps. L'ancienne Egypte comme la Chine moderne était spécialement gouvernée par le bâton. Les Musulmans qui connaissent bien son efficacité ont un proverbe favori : « Le >> bâton est descendu du ciel, c'est un bienfait de Dieu. » Les maîtres de l'Égypte, dans tous les siècles, se sont évertués à faire jouir les peuples de ce bienfait. Ammien Marcellin dit que, de son tems, on se faisait un point d'honneur de supporter la bastonnade pour éluder le paiement des impôts. La même chose a encore lieu de nos jours.

M. Wilkinson, qui a passé plusieurs années dans les tombeaux de Thèbes et de Memphis pour dessiner les peintures qu'ils renferment, nous a transmis de curieux détails sur les arts de l'époque la plus reculée. Ainsi, dans le tombeau de Thothmosis III, contemporain de Moïse, et probablement le Pharaon de l'Écriture, on voit un cordonnier armé de l'alène et du tranchet de la même forme que ceux dont nous nous servons, et faisant usage du tire-pied retenu par son orteil. Dans le même tableau, on voit un ébéniste incrustant un morceau de bois rouge dans une planche de sycomore jaune; à côté de lui est un petit coffre marqueté de bois de diverses couleurs. Un autre ouvrier prépare de la colle que son camarade applique à deux pièces de bois pour les réunir, et cette peinture a au moins 3,300 ans ! L'habileté des Egyptiens pour allier et travailler les métaux est suffisamment prouvée par les nombreuses pièces dont fourmillent les musées

1 Nous avons décrit dans le tome v des Annales, page 260, une peinture égyptienne qui atteste cette croyance.

TOME XVII. -N° gọ. 1838.

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de l'Europe. Ils avaient surtout le secret de donner aux lames de bronze un certain degré d'élasticité, comme on peut le voir dans le poignard du musée de Berlin, ce qui probablement dépendait de la manière de forger le métal, et dans les justes proportions de l'alliage. Certaines habitudes parmi les hommes de la même profession se retrouvent quelquefois dans des contrées très éloignées; et dans les tableaux en question, on voit souvent le scribe avec sa plume de roseau derrière l'oreille pendant qu'il parle à quelqu'un, comme nous le voyons tous les jours dans nos maisons de commerce.

Le soufflet, comme on l'emploie encore dans quelques provinces du Midi, était connu des Égyptiens. C'est un sac de cuir avec une douille, sur lequel un homme presse avec le pied; une ficelle qu'il tient à la main sert à relever la peau pour faire rentrer l'air. Dans la tombe d'Amunoph II, 1450 ans avant J.-C., on voit un Égyptien qui se sert d'un siphon pour vider un vase qu'on ne peut pas remuer. Il n'est pas improbable que cette invention soit due à la nécessité de laisser déposer l'eau bourbeuse du Nil.

D'après la fréquente répétition de banquets et de festins que l'on voit sur les monumens, il est évident que les Égyptiens étaient un peuple très sociable; ils n'ont rien négligé de ce qui pouvait provoquer ou augmenter la gaîté; la musique, les chansons, la danse et même des sauteurs. Des jeux de hasard occupaient le tems entre l'arrivée des conviés et le commencement de la fête. Les personnes de haut rang venaient en palanquin et en charriots, et escortées par une nombreuse suite; on voit même des coureurs, comme c'était encore la mode chez nous dans le dernier siècle. Dans la première pièce on trouvait de l'eau pour se laver les mains et les pieds; l'absence de gants et les sandales ouvertes rendaient cette pratique générale parmi les anciens. Dans quelques occasions on offrait des vêtemens aux convives, et négliger de s'en revêtir était manquer de respect au maître de la maison. Ceci explique une des paraboles de Jésus, qu'un convive fut ignominieusement expulsé parce qu'il n'était pas revêtu de l'habit de fête, circonstance qui a tant excité les clameurs des philosophes du xvIII, siècle, parce qu'ils ignoraient cette particularité des habits fournis aux convives par le maître du festin.

Ensuite on répandait des parfums précieux sur les invités, coutume que les Juifs avaient empruntée des Égyptiens, et qui se pratiquait encore en Palestine du tems de N. S. 1. Les reproches que le prophète Ambs adresse aux Juifs sur leur luxe de table ne sont que la description d'un banquet égyptien.

Une troupe de danseurs de profession se composait d'hommes et de femmes ; les hommes faisaient aussi des tours de force, des sauts périlleux, ou marchaient la tête en bas, etc. Parmi les jeux, on voit le jeu d'échecs et la mora des Italiens. Plusieurs des peintres égyptiens montrent beaucoup de talent pour la caricature. Il y a un tableau, au Museum britannique, où des dames, dans une réunion, sont représentées disputant sur la beauté de leurs boucles d'oreilles et l'arrangement des tresses de leurs chevelures avec une vivacité, un esprit de rivalité tout-à-fait caractéristiques. Dans une ou deux occasions l'artiste, peu galant, ā peint des dames que le plaisir de boire avait entraînées trop loin, et qui ne peuvent plus dissimuler leur indiscrétion.

Les dames jouaient à la balle; elles étaient assises sur le dos de celles qui avaient manqué, et lorsqu'une joueuse manquait à son tour, elle servait de siége à une nouvelle. Cette manière était connue des Grecques, qui appelaient les vaincues des ânes, parce qu'elles étaient obligées d'obéir à celles qui avaient gagné. Les escamoteurs se trouvent aussi dans les fêtes; le professeur Rosellini a publié une gravure dans laquelle on voit quatre coupes renversées, et sous une d'elles une balle est cachée par le charlatan, dont le coup d'œil rusé, et le regard plein d'intelligence malicieuse, le rendraient digne de figurer parmi les plus habiles de nos jours; on y voit même le niais qui se présente pour deviner sous quelle coupe est la balle. Il serait difficile de trouver dans nos tems modernes quelque coutume ou quelque amusement qui ne se retrouveraient pas chez les Égyptiens du tems des Pharaons. Ainsi on voit un singe, un petit chien ou une gazelle près de la maîtresse de la maison, tandis que les convives viennent la saluer à mesure qu'ils arrivent; les jouets d'enfant sont aussi variés que chez nous, même y compris les pousas; les

A S. Matl., XXVI, ver. 6, 7.

2 vi, 4, 6.

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