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à l'avantage des républicains. Mais la malheureuse journée de Stokach obligea Jourdan de battre en retraite, et il ne dut son salut qu'aux fautes de l'ennemi.

Pendant ce temps le général Kray opérait contre Schérer, dont les plans tournaient à mal, et qui se faisait battre à Magnano. Les républicains étaient donc aussi en retraite de ce côté.

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En France, l'opposition, enhardie par tous ces échecs, obtint que Sieyes, renommé pour la politique comme Bonaparte l'était pour la guerre, fût appelé au Directoire. Cependant le terrible Souvarow arrivait sur l'Italie. Caractère étrange, qui, connaissant le naturel des soldats russes, cachait beaucoup d'instruction sous des formes originales et extravagantes, en affectant l'enthousiasme de la religion et de l'obéissance aveugle à ses maîtres, il habituait ses soldats à ne croire rien impossible. On le croyait illuminé d'en haut: il parlait un langage emphatique, obscur, et s'agenouillait devant les popes en demandant leur bénédiction. Au milieu de l'hiver, il montait en chemise sur un cheval cosaque; on le voyait sortir tout nu de sa tente et pousser un cri de coq, pour réveiller l'armée, à la diane. En visitant les hôpitaux, il ordonnait du sel et de la rhubarbe pour ceux qu'il croyait réellement malades, et faisait administrer aux autres des coups de bâton, attendu que les soldats de Souvarow ne devaient pas être malades. A tout moment, il rendait gloire à Dieu et à ses maîtres de ses succès. Il disait des officiers autrichiens de l'armée d'Italie, qu'il venait remplacer : « Ce sont des femmelettes, des muguets, des poltrons. » Le républicain français Moreau, à qui Schérer céda le commandement de l'armée campée alors derrière l'Adda, aurait pu relever ses affaires, car les soldats avaient confiance en lui; mais il n'agit point à temps, et le fleuve fut franchi partout (avril). Des engagements meurtriers eurent lieu à Lecco,

à Verderio, à Cassano, et le pays fut mis à feu et à sang par les Cosaques. Moreau ne parvint qu'avec beaucoup de peine à couvrir Milan jusqu'au moment où les patriotes l'évacuèrent; et il se dirigea sur Gênes, d'où il pouvait regagner la France et donner la main à Macdonald, qui venait de Naples. Souvarow triomphait à Milan (29 avril), au lieu de le poursuivre. Milan, la république la mieux organisée de celles qu'on venait d'improviser, le foyer d'où la révolution s'était répandue en Italie, se trouvait livré à une armée avide de vengeance. Adieu fêtes, solennités, discours, journaux! des habitants, les uns s'enfuirent, d'autres se cachèrent; beaucoup se hâtèrent de mériter le pardon de leurs nouveaux maîtres. On releva les croix, les autels et les armoiries; les terres des jacobins furent saccagées, au cri de Vive la religion! vive François II! Ceux qui, grâce à la modération de leurs opinions, avaient cru pouvoir demeurer, furent envoyés prisonniers à Cattaro, à Sirmich; les persécutions publiques et domestiques commencèrent, et les haines, aigries par trois années d'humiliations, profitèrent d'une heure de triomphe pour s'assouvir.

Macdonald accourait de Naples, après avoir laissé de faibles garnisons dans Capoue, dans Gaëte et dans le fort Saint-Elme; il s'occupait chemin faisant de raviver l'esprit républicain, qui languissait en Toscane : le cri de Vive Ferdinand! s'y était fait entendre avec une fureur inaccoutumée, surtout dans Arezzo et dans Cortone. Ces deux villes osèrent résister, ce qui lui coûta un temps précieux, et lui fit manquer le moment de joindre Moreau, qui devait déboucher de la Rocchetta. Ce retard permit à Souvarow de se poster entre eux avec des forces considérables dans la plaine de Plaisance. Une bataille acharnée, qui dura trois jours, fut livrée sur la Trébia (juin), à la suite de laquelle Macdonald fit sa retraite sur Gênes par un autre chemin, et regagna la France.

Moreau ne pouvait agir énergiquement, lié par les ordres du Directoire, et obligé d'attendre Joubert qui commandait quarante mille hommes déterminés. Mais Alexandrie et Mantoue se rendirent (juillet). Kray et Souvarow firent leur jonction, et Joubert ne vit que la ressource de se réfugier dans l'Apennin: il fut tué

à Novi (15 août), dans la bataille la plus sanglante qui se fût encore livrée. Moreau, qui lui succéda, fut battu comme lui. Championnet était descendu avec plus de succès sur le Piémont par Cuneo; mais il essuya une défaite, et eut le sort de Joubert. Les Autrichiens s'emparèrent de Cuneo et de Tortone. Toutes les places fortes tombèrent avec une telle rapidité, que leurs commandants furent accusés de pusillanimité ou de corruption.

L'administration de Turin se réfugia à Pignerol, et tout fut bouleversé. Souvarow répandit l'effroi par ses manifestes; Bran dalucioni, à la tête de bandes ramassées dans le Canavais, e ,et qu'il appelait masses chrétiennes, alla piller et égorger les répu blicains, et arracher les arbres de liberté, qu'il remplaça par des croix. La garnison insuffisante de Turin, attaquée par Woukassowitch (juin), ne put tenir longtemps; et les Cosaques, les Pandours y commirent des atrocités. Les prisons se remplirent d'otages; le pays, que désolait la famine, fut inondé de papiermonnaie; et les alliés ne pensèrent à rien moins qu'à restituer le Piémont à Charles-Emmanuel.

Pendant la courte existence de la république parthénopéenne, Naples avait eu peu à s'en louer; car la nécessité des innovations, et plus encore les exigences de l'armée d'occupation, avaient pesé sur beaucoup de gens. Les Bourbons s'étaient enfuis honteusement, alors que leurs forces et leur trésor étaient encore intacts, en laissant un grand nombre de partisans fidèles au roi qui les abandonnait, et autour desquels se groupèrent peu à peu les mécontents. Les prêtres et les moines excitaient les populations contre les patriotes, et des actes atroces se com mettaient journellement. Pronio et Rodio, chefs de bandes dans les Abruzzes, ne cessaient de harceler les Français. Dans la terre de Labour, Michel Pezza, célèbre sous le nom de Fra Diavolo, et d'autres encore dans les provinces, se complaisan! au meurtre, allaient jusqu'à boire le sang et à manger la chair de leurs victimes; le roi appelait ces gens-là amis et géné raux. » L'insurrection était organisée dans les Calabres par le cardinal Ruffo, qui, maître de forces considérables, envahit ces contrées, et y exerça d'horribles ravages au nom de la SainteFoi. Pendant ce temps, les bâtiments anglais et napolitains fai

saient soulever le littoral; la flotte turco-russe, qui assiégeait Corfou, menaçait de se diriger sur l'Italie; Nelson inquiétait tantôt la Toscane, tantôt la Romagne; des troupes nombreuses étaient attendues de Sicile pour renforcer l'armée de la SainteFoi. Les communications entre l'Égypte et la France étaient interrompues; bâtiments et passagers étaient capturés par l'ennemi.

Force fut au gouvernement républicain de Naples de sortir enfin de l'inaction dans laquelle l'entretenaient sa confiance dans le bien qu'il croyait avoir fait, et son désir d'épargner le sang. La guerre civile éclata avec fureur sur tous les points; mais les patriotes avaient contre eux les déplorables nouvelles qui arrivaient de tous côtés. Du moment où le Directoire eut abandonné (mai) la république parthénopéenne à elle-même, les Napolitains crurent avoir acquis réellement la liberté, et ils confièrent le commandement suprême à Gabriel Manthoné. Cependant les partis fermentaient à l'intérieur; les chefs de bandes poursuivaient leurs succès; ils assaillirent Naples, dégarnie de troupes. On voulut, comme toujours, défendre la capitale, tandis qu'il eût mieux valu l'abandonner, et se retirer en colonne vers Capoue ou vers les montagnes on aurait épargné ainsi aux royalistes d'innombrables assassinats (15 juin). Le cardinal Ruffo y entra avec ses bandes, et les forts se rendirent à des conditions honorables, sous la promesse que tous ceux qui voudraient s'éloigner pourraient s'embarquer librement, et que ceux qui préféreraient rester ne seraient en rien inquiétés.

Déjà les patriotes étaient à bord, lorsque la reine Caroline, qui se révoltait à l'idée de traiter avec des sujets, et déclarait vouloir plutôt la mort, députa vers Nelson lady Hamilton. Séduit par ses caresses, l'amiral anglais viola honteusement la capitulation, et fit charger de chaînes quatre-vingt-quatre citoyens que lui livra Méjean, le commandant français des forts. C'était ainsi que l'Italie était traitée par les étrangers, qui l'avaient leurrée de promesses de liberté. Ruffo (je le dis à la décharge de ce prêtre sans mœurs et sans foi, et à l'éternelle honte de Nelson) ne voulut pas consentir à la violation du traité. En vain lady Hamilton pressa le cardinal de ses supplications passion

nées, en vain Nelson prétendit qu'une telle capitulation était une infamie: Ruffo tint ferme, et déclara que si l'armistice était violé, on ne devait plus compter sur le secours de son parti1. Ce trait odieux de l'amiral anglais servit d'exemple et d'encouragement aux bandits de la Sainte-Foi, dont on craignait de réprimer la férocité: on égorgea, on pilla; le couteau des assassins rivalisa avec la hache du bourreau; le cardinal Ruffo et Nelson se plongèrent dans le carnage; l'infâme Emma Leona leur paya en voluptés le sang qu'ils avaient versé. L'amiral Caracciolo, condamné à mort par une commission militaire à la dévotion de l'Anglais, fut pendu à une vergue de son vaisseau. Le roi arriva : ce fut pour établir des commissions de justice, abolir les priviléges de la cité, du royaume, de la noblesse, comme en pays conquis; tout ce qui avait été fait depuis le moment de sa fuite fut qualifié de

On peut voir en effet, dans une lettre de Nelson lui-même, que le cardinal Ruffo refusa de souscrire à la violation de la capitulation. Cet homme sanguinaire n'accepta pas l'infamie de l'acte dont l'amiral anglais prit sans scrupule la responsabilité. Lady Hamilton et son mari assistèrent, à bord du Foudroyant, à l'entrevue de Nelson avec le cardinal Ruffo, et leur servirent d'interprètes dans cette conférence orageuse.... « J'ai proposé au cardinal, écrit Nelson, de faire savoir aux Français et aux rebelles, en son nom et au mien, que l'armistice se trouvait rompu par le seul fait de la présence de la flotte britannique devant Naples...... Le cardinal a refusé de s'associer à cette déclaration; je l'ai signée seul, et je l'ai envoyée aux rebelles. Ce n'est qu'après l'avoir reçue qu'ils sont sortis de leurs forts, comme il convenait à des rebelles, et comme le feront, je l'espère, tous ceux qui trabiront leur roi et leur pays, pour être pendus ou traités selon le bon plaisir de leur souverain. »

L'amiral Caracciolo, que ni ses cheveux blancs ni ses glorieux services ne purent soustraire à la vengeance de l'amiral anglais, fut penda à la vergue de misaine de la frégate la Minerve, ainsi que Nelson l'avait prescrit. Le président de la commission militaire qui avait condamné rendit compte de l'exécution en ces termes, renvoyant à qui de droit la responsabilité de cet acte infâme : « Son Excellence l'amiral lord Nelson est prévenue que la sentence de Francisco Caracciolo a été exécutée de la façon qu'il avait ordonné. >> Article de la Revue Britannique sur les lettres et dépêches de Nelson, 1846. (AM. R.)

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