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de règles mathématiques, flagellait la Révolution dans son Cours de littérature, et il fallut lui imposer silence. Le mérite de Voltaire, comme poëte, fut mis en discussion; les questions littéraires furent traitées avec un intérêt tout nouveau dans le Mercure par Chateaubriand, Fontanes, Bonald. Ils avaient pour adversaire le journal des Débats, dont les feuilletons jouissaient d'une grande vogue. Marie-Joseph Chénier fit une satire contre les nouveaux saints. Il se moqua de ceux qui préféraient le Pange lingua à Horace, le Dies iræ à Ovide. Il professait le culte de Voltaire et le mépris des institutions anciennes ; il vanta beaucoup, dans un discours, les services rendus par la philosophie du dix-huitième siècle.

Mais la cause était gagnée dès qu'elle était mise en discussion.

MORT DE PAUL 1oг.

L'ANGLETERRE SOUMET L'IRLANDE.

PAIX D'AMIENS.

La guerre continuait à ensanglanter la Méditerranée, où les Anglais voulaient s'établir. Malte, qu'ils assiégèrent, fut prise le 5 septembre 1800; il en fut de même de Minorque, Plusieurs des Antilles françaises furent enlevées; les Hollandais perdirent Surinam, Curaçao, ainsi que tout ce qu'ils avaient dans l'Océanie, à l'exception de Java, et enfin le cap de Bonne-Espérance, le meilleur point de relâche dans ces parages. Les Turcs et les Russes se rendirent maîtres des îles Ioniennes, que ces gouver nements despotiques érigèrent en république (21 mars 1801). Cependant les alliés des Anglais avaient à souffrir eux-mêmes de leur arrogance, et l'empereur de Russie finit par en prendre

1 Discours sur les progrès des connaissances en Europe et de l'enseignement public en France, 1801.

On peut citer encore le Tableau de l'état et des progrès de la littérature française depuis 1789. Chénier le composa sur la demande de Napoléon; il en lut une analyse à une séance du conseil d'Etat, en présence de l'empereur, qui en fut satisfait. (AM. R, )

ombrage. N'ayant plus rien alors à redouter de la France, il reprit les projets de Catherine, qui avait proclamé la neutralité maritime en 1780 : c'est-à-dire que les bâtiments des puissances neutres pourraient naviguer librement de port à port, et sur les côtes des nations belligérantes; que les marchandises appartenant à des sujets de puissances ennemies seraient libres sur vaisseaux neutres, sauf le cas de contrebande; que libre le vaisseau, libre était la marchandise; que l'on considérerait uniquement comme port bloqué celui qui le serait en effet, attendu qu'une déclaration de blocus ne pouvait suffire. Ces principes répu gnaient à l'Angleterre, qui élevait des prétentions contraires, et entendait de plus assujettir aux droits de visite tous les na vires, ceux même qui étaient convoyés par des bâtiments de guerre. Le czar, irrité, fit saisir tout à coup les navires anglais dans les mers de la Russie, et détermina les Danois à occuper les rives du Weser et de l'Elbe, et les Prussiens, l'électorat de Hanovre.

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L'Angleterre soutenait que ses prétentions résultaient de droits incontestables, dont l'exercice modéré est indispensable aux intérêts les plus chers de l'empire britannique. Si Fox et Sheridan prouvaient au parlement ce que la libre navigation avait de légitime, Pitt répondait : Si nous avions abandonné le droit de visite, la France aurait relevé son commerce et sa marine; et il déclamait contre le principe jacobin des droits de l'homme, principe qui forcerait de renoncer à tous les avantages en vue desquels l'énergie anglaise s'était déployée depuis si longtemps et avec tant de profit.

Pitt l'emporta, et l'Angleterre répondit par une déclaration de guerre à la déclaration des droits maritimes que proposaient les puissances neutres. Prompte à agir, elle attaqua l'État le plus inoffensif, mais le plus exposé: Nelson partit de Yarmouth avec cinquante-deux voiles, et arriva dans le Sund, qui n'était pas suffisamment gardé; il bombarda Copenhague (2 avril), qui, malgré une défense intrépide, fut contrainte de capituler, à la condition que le roi renoncerait à la neutralité, qu'il ouvrirait ses ports aux Anglais, et qu'il leur permettrait d'appro visionner leur flotte en Danemark.

Ce résultat avait été amené par un événement d'une plus grande importance. Nous avons déjà parlé du caractère de Paul Ier, qui, chevaleresque, brutal, faible et violent, était extrême dans la haine comme dans l'amour. S'étant mis en tête d'abord de rétablir en France l'ancienne monarchie, il prit en haine les Français; et, croyant les anéantir, il envoya cent mille soldats en Italie, moins à une guerre qu'à un massacre. Puis, brouillé tout à coup avec l'Autriche, et principalement avec l'Angleterre parce que cette dernière puissance ne voulait pas lui restituer Malte, à laquelle il prétendait comme grand maître, il se prit d'une sorte de culte pour Bonaparte, et interdit tout commerce avec les Anglais : c'était vouloir réduire à la misère son empire, qui n'a d'autres richesses que les matières premières qu'il fournit à l'Angleterre. Il avait même combiné avec Bonaparte un vaste projet, qui était de rassembler en commun une puissante armée à Asdrabad, ville de Perse, pour marcher de là sur l'Inde. En cent vingt jours, les soldats vainqueurs des Alpes seraient arrivés du Danube à l'Indus, et, se réunissant aux Russes, et forçant l'empire d'Allemagne ainsi que la Turquie de les seconder, ils auraient frappé l'Angleterre au cœur.

L'interruption du commerce anglais avait mécontenté les boyards, et ils n'étaient pas moins offensés des bizarreries de Paul, qui venait alors de changer ses ministres, de maltraiter Souvarow, et qui se laissait emporter à des boutades que suivait fréquemment l'exil en Sibérie. Les grands tramèrent done un complot dans le but de le détrôner, et de lui substituer Alexandre son fils. Ce prince avait été élevé par un Génevois, le général la Harpe, dans les principes en vogue alors. Paul, qui le voyait de mauvais œil, comme tout ce qui avait plu à Catherine, l'ayant un jour appelé dans son cabinet avec son frère Constantin, leur fit jurer à tous deux, sur un crucifix, qu'ils n'entreprendraient rien contre sa vie. Il ne fut pas difficile dès lors à Pahlen et à Benigsen, chefs de la conspiration, de persuader à Alexandre que Paul voulait le reléguer en Sibérie. Ils obtinrent en conséquence son assentiment à leur projet, sous la réserve que les jours de son père seraient respectés. Les conjurés ayant

donc assailli Paul, et trouvant une résistance à laquelle ils ne s'attendaient pas, l'étranglèrent sans pitié. Les médecins firent l'autopsie de son cadavre, et déclarèrent que l'empereur était mort d'un mal subit.

Alexandre, qui avait alors vingt-quatre ans, s'évanouit lorsqu'on lui annonça que le meurtre était consommé, et s'écria: Ah! quelle page dans l'histoire! A quoi Pahlen répondit: Celles qui suivront feront oublier la première. Alexandre commença par révoquer toutes les mesures bizarres de Paul; il renvoya ses ministres, permit l'introduction des livres et des modes étrangères. Non-seulement il comprit dans l'amnistie les assassins de son père, mais il leur donna de grandes positions. Répudiant le système suivi précédemment, il rétablit les anciennes relations, abandonna la politique française, peu populaire en Russie, leva le séquestre mis sur les bâtiments, et renonça au principe que le pavillon couvre la marchandise.

Ainsi tomba la ligue du Nord; et l'Angleterre en conçut tant de joie, que la mort violente de Paul passa pour le résultat de ses machinations. Gouvernée par un grand ministre, ses dépenses annuelles s'élevaient à 1732 millions, quand le budget de la France n'était que de 600 millions; sa dette publique s'était accrue de 7 milliards 500 millions, par suite de la guerre qu'elle avait soutenue. Mais ses ressources en même temps s'étaient augmentées. La mort de Tippoo-Saïb lui avait assuré l'entière possession des Indes. Elle seule faisait le commerce du monde; elle avait doublé ses importations et les produits de l'impôt; elle avait une armée florissante et huit cent quatorze bâtiments de toute grandeur: personne ne pouvait donc lui disputer la suprématie maritime. Cependant, malgré cette supériorité, des symptômes révolutionnaires semblaient la placer sur le bord du précipice. L'un de ces périls lui vint de l'Irlande catholique, esclave d'un protestantisme intolérant.

La Capitulation de Limerick, accordée par Guillaume III aux catholiques irlandais en 1691, garantissait à ceux qui se soumettaient au nouveau gouvernement leurs biens et leurs priviléges antérieurs au règne de Charles II, et le libre exercice de leur culte, autant que le comportaient les lois du royaume.

Or ces lois étaient le comble de la tyrannie; les Irlandais faisaient entendre des plaintes dont il n'était point tenu compte. Pourtant l'Irlande n'avait point pris part au mouvement écossais de 1745; mais elle frémissait sous le joug; et aucune main puissante n'étant là pour contenir ces colères, les Enfants blancs 2 et les niveleurs se soulèvèrent contre les fermages exorbitants, et les dîmes exigées par le clergé protestant. Bien que sans expérience, ils s'organisèrent du mieux qu'ils purent, s'obligeant à garder le secret, et à faire chacun ce qui serait commandé par l'association. Ils expédiaient des ordres personnels, accompagnés de menaces, aux contrevenants; et il s'ensuivait des effets terribles, tels qu'assassinats, enlèvements de jeunes filles, incendies, dévastations des propriétés et des troupeaux, à l'égard de ceux qui se montraient trop exigeants envers leurs fermiers, ou qui donnaient de trop faibles salaires. Les maux que fait un peuple en révolution sont proportionnés à l'oppression qu'il a endurée 3; or ce n'étaient pas là des insurrection politiques, mais des

Une loi adjugeait les biens d'un catholique à celui de ses héritiers qui embrassait le protestantisme. Par cette loi, un misérable, en abjurant sa religion et ses devoirs, pouvait dépouiller, d'un jour à l'autre, sa famille entière.

On ne pouvait remplir d'emploi civil, ecclésiastique, militaire, sans prêter le serment du test, auquel un catholique ne pouvait se soumettre sans renier les points fondamentaux de sa croyance. Un avocat s'exposait à une amende de 500 livres sterling, s'il plaidait sans avoir prêté le serment du test. On ne pouvait voter dans les élections sans l'avoir prêté. Les prêtres catholiques furent bannis par une loi qui portait peine de mort contre ceux qui tenteraient de rentrer dans le royaume. Une loi défendit aux catholiques d'élever les enfants dans la religion de leurs pères. L'industrie irlandaise avait été systématiquement annihilée, au plus grand profit du commerce anglais.

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(AM. R.)

2 Les Enfants blancs ( while-boys), ainsi nommés parce qu'ils portaient une chemise par-dessus leurs habits. Cette sorte de jacquerie se recrutait surtout parmi les catholiques du sud. Dans le nord, on vit les paysans s'armer aussi, et former des bandes errantes sous le nom de Caurs de chêne ( hearts of oaks). (AM. R.)

3 Arthur Young, Anglais et protestant, qui voyageait en Irlande en

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