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ses marches stratégiques des victoires qui ne lui coûtaient que des pertes légères. Quarante-quatre mille Autrichiens étaient prisonniers; il renvoya sur parole cinquante-trois officiers supérieurs, après les avoir gagnés par des louanges et des distinctions.

Mais déjà les Russes s'avançaient rapidement. Alexandre arriva à Berlin pour déterminer le roi de Prusse à se déclarer; il importait donc beaucoup à Napoléon d'atterrer sans retard ses ennemis. En conséquence il marcha droit sur Vienne, où il entra en maître, et data ses décrets du palais impérial de Schonbrunn. S'étant emparé par surprise du pont du Danube, il passa en Moravie, décidé à livrer une grande bataille. Il en avait besoin pour tranquilliser Paris, où déja se manifestait quelque disposition à détacher la cause de Napoléon de la cause nationale. En outre, le danger était toujours imminent du côté de la mer. La flotte française et espagnole, composée de trentetrois vaisseaux, ayant rencontré à Trafalgar celle des Anglais, qui en comptait vingt-sept, avait été écrasée; mais l'Angleterre avait payé de la vie de Nelson ce succès, comparable à celui d'Aboukir.

Une victoire était donc indispensable à Napoléon. Les alliés s'étaient concentrés; ils avaient derrière eux d'autres Russes qui s'avançaient, et la Prusse qui hésitait encore. Ils ne pouvaient soupçonner que Napoléon voulût s'écarter de sa base d'opérations, pour s'aventurer dans un pays dangereux. Il eut l'art d'entretenir chez eux cette confiance; puis il engagea a Austerlitz (2 décembre) une bataille qui démontra ce que peut l'andace du génie, avec des forces inférieures. Le carnage fut horrible les Russes et les Autrichiens y perdirent quarante mille hommes, tués ou blessés; neuf généraux et huit cents officiers restèrent prisonniers.

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« Soldats, dit Napoléon, je suis content de vous ! Vous avez « à la journée d'Austerlitz justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité vous avez décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d'Autriche, a été en moins de quatre heures coupée ou dispersée. Ce qui a échappé à votre fer s'est

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noyé dans les lacs. Quarante drapeaux, les étendards de la « garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt - généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat << de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, « et en nombre supérieur, n'a pu résister à votre choc, et désor• mais vous n'avez plus de rivaux à redouter...>>

Mais une bataille ne décidait pas du sort de la guerre, alors que des forces innombrables restaient encore aux alliés. Cependant si les Russes brûlaient de prendre leur revanche, les Autrichiens étaient plongés dans un tel découragement, que le parti de la paix l'emporta. Une entrevue fut ménagée entre François II et Napoléon, qui aimait ces conférences royales; et l'empereur d'Autriche y fut amené à conclure une paix séparée.

Alexandre, blessé de se voir abandonné des Autrichiens qu'il était venu secourir, évacua leur territoire. Napoléon put alors traiter sans façon ses ennemis déclarés ou douteux; il obligea la Prusse à faire de nouvelles concessions de territoire et à occuper le Hanovre, en la faisant mentir à l'Angleterre, avec qui elle négociait alors.

Talleyrand traita de la paix à Presbourg avec Lichtenstein et Giulay, tous deux portés pour la France. Napoléon put donc disposer des différents pays comme il l'entendait « pour assurer la paix. » Talleyrand lui avait représenté qu'il fallait laisser subsister l'Autriche, pour maintenir par sa masse l'équilibre de l'Europe; lui enlever le territoire vénitien, le Tyrol, la Souabe, pour l'éloigner de la Suisse, et l'empêcher de fomenter éternellement des guerres en Italie, mais en lui donnant pour dédommagement la vallée du Danube, fleuve autrichien, avec la Moldavie, la Valachie, la Bessarabie et la Bulgarie septentrionale. La composition de cet empire eût été ainsi plus homogène, et aurait procuré à Napoléon le titre de civilisateur; cette grande mesure eût réellement affermi la paix. Mais, fidèle à son système d'affaiblir les États, il ne voulut ni se concilier le vaincu, ni le détruire il ne fit ainsi que créer des mécontentements, et se condamner lui-même à combattre sans cesse ceux qu'il ne pourrait vaincre toujours. Voilà pourquoi les

différentes paix qu'il conclut ne furent que des moments de repos, et comme des étapes pour son armée.

L'Autriche céda donc au royaume d'Italie Venise, avec la Dalmatie et l'Albanie; à la Bavière, le Tyrol, la principauté d'Eichstadt, l'évêché de Passau et la ville d'Augsbourg; au Wurtemberg, à Baden, à la Bavière, ses possessions héréditaires en Souabe, dans le Brisgau et dans l'Ortenau; en tout, cent trente-trois milles géographiques carrés, avec un million sept cent mille habitants et quatorze millions de revenu. Elle reconnut en outre la constitution suisse, ainsi que les électeurs de Bavière et de Wurtemberg en qualité de rois. Enfin François II fut obligé de payer cent quarante millions pour les frais de la guerre, c'est-à-dire autant qu'il avait reçu de Pitt en subsides.

Ce n'était qu'une demi-paix, puisque la Russie n'y prenait aucune part; on ne pouvait d'ailleurs espérer que l'Autriche, qui perdait ses barrières du Tyrol et de Venise, ainsi que les États méridionaux de l'Allemagne les plus voisins de la France, dût se résigner à cet abaissement. Ces changements de domination relâchaient en outre les liens réciproques entre les peuples et les rois, et irritaient les premiers, en blessant leur nationalité '.

« Une de mes plus grandes pensées avait été l'agglomération, la concentration des mêmes peuples géographiques, qu'ont dissous, morcelés les révolutions et la politique. Ainsi, l'on compte en Europe, bien qu'épars, plus de trente millions de Français; quinze millions d'Espagnols, quinze d'Italiens, trente millions d'Allemands. J'eusse voula faire de chacun de ces peuples un seul et même corps de nation. C'est avec un tel cortége qu'il eût été beau de s'avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles! Je me sentais digne de cette gloire. » Mém. de Sainte-Hélène.

CONFÉDÉRATION DU RHIN. QUATRIÈME COALITION.

BATAILLE D'IÉNA. — ROYAUME de naples.

La paix de Presbourg avait affranchi la péninsule italique de la domination étrangère. Le royaume d'Italie, accru d'un territoire considérable et des côtes de l'Adriatique, avec augmentation de vingt-cinq millions de revenu, embrassait vingt-huit mille lieues carrées, peuplées de six millions sept cent mille habitants. On avait applaudi à Naples au retour du roi Ferdinand comme à un symbole de paix; mais il ne sut point pardonner. Conservant la peur quand les périls avaient cessé, il continua de poursuivre les opinions; les exécutions, les bannissements ne s'arrêtèrent pas. Les soldats de la Sainte Foi n'avaient pas déposé les armes ; ils parcouraient par grosses bandes les Abruzzes, combattant et pillant. Les guerres précédentes avaient épuisé le trésor, et le roi avait recours à des expédients déplorables. Cependant l'implacable Caroline ne se donnait point de repos; et à peine l'Angleterre eut-elle rompu de nouveau avec la France, qu'elle renoua ses trames avec Londres, en dépit de la neutralité promise à Napoléon. Bientôt les Russes et les Monténégrins débarquèrent, et le Russe Lacy prit le commandement de l'armée napolitaine (2 septembre 1805), pour se porter dans l'Italie supérieure, et donner la main aux Autrichiens, prêts à descendre des Alpes.

Mais les destinées de l'Italie se décidaient en Allemagne. La bataille d'Austerlitz terrifia la cour de Naples; elle se vit abandonnée par les Anglais et les Russes. Napoléon déclara que les Bourbons de Naples avaient cessé de régner, et il exhala tout son courroux contre la reine Caroline, qu'il traita de moderne Athalie. Celle-ci recruta de nouvelles bandes, et Fra Diavolo, Nunziante, Rodio, Sciarpa, reprirent leurs armes, aussi redoutables aux amis qu'aux ennemis de leur maître. Mais à peine eut-on appris que Masséna s'avançait sur le royaume

(janvier 1806), que Ferdinand s'enfuit à Palerme, en laissant l'ordre à la régence de ne rendre les forteresses à aucune condition, c'est-à-dire qu'il commandait l'héroïsme en prenant la fuite. A peine le drapeau français eut-il paru, que l'on s'empressa de capituler. Mais les Anglais occupèrent Capri; Gaete résista; et les bandes, excitées par Caroline, continuèrent leur guerre de montagne. Joseph Bonaparte, qui avait bien administré le royaume et maintenu la discipline, fut créé roi de Naples (31 mars 1806). Napoléon déclara que cette couronne serait toujours séparée de celles de France et d'Italie; et il disait en l'instituant: Les peuples de Naples et de Sicile sout tombés en notre pouvoir par droit de conquête, et comme formant partie du grand empire. Ainsi donc il éloignait le moment longtemps espéré de l'unité italienne, et il élevait une prétention qui n'avait de base que son assertion.

Bientôt le roi Joseph organisa le royaume à la française: ily institua des ministères et un conseil d'État. Le taroliere fut affermé; les vingt-trois taxes indirectes furent abolies, et remplacées sans exemption, mais sans cadastre, par l'impôt foncier les juridictions féodales et les priviléges des pobles furent supprimés, mais non leurs titres; les fideicommis aunulés, et beaucoup de couvents fermés. On organisa l'instruction publique; les jeux et les prostituées furent soumis à des règlements, dans l'intérêt du fisc; une route s'ouvrit, conduisant de la rue de Tolède à Capo di Monte, et toutes les rues de Naples furent éclairées. Le code Napoléon devint la loi du pays; et, bien qu'il y fût introduit sans le jury, avec des commissions spéciales et des tribunaux d'exception, il en résulta une amélioration notable dans la jurisprudence et dans la distribution de la justice, de même que l'administration y gagna en force et en simplicité.

Mais la couronne de Naples était une couronne d'épines : la guerre se déchaînait sur tous les points. Gaëte se rendit; mais partout où se trouvait une montagne ou un buisson, surgissaient des bandits. Les prisons étaient pleines; à chaque instant on fusillait, on pendait, et les exécutions arbitraires n'étaient pas seulement le fait des militaires. Des conjurations fréquentes se

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