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était entièrement noir, avec une tête de mort pour symbole, fit par lui-même une guerre héroïque, qui fut célébrée dans les chants des poëtes populaires. Il continua de combattre même après l'armistice, sema l'effroi sur son passage, et parvint enfin à s'embarquer pour l'Angleterre, d'où il revint pour mourir à Waterloo. Le major Schill sortit de Berlin aveo un corps de cavalerie légère, composé de jeunes gens hardis qui s'étaient liés dans des sociétés secrètes, et portaient à leur drapeau la cravate que la reine y avait attachée de ses mains. Il renversa l'écusson du royaume éphémère de Westphalie. Vivement poursuivi, il se réfugia à Stralsund; mais, n'y trouvant pas de bâtiment pour s'embarquer, il se défendit contre dix mille Danois et Hollan. dais, et périt en combattant (31 mai).

Le soulèvement était prêt à éclater sur d'autres points, et des généraux, des ministres de Napoléon y donnaient la main. Une flotte anglaise, forte de trente-sept vaisseaux de ligne et de vingt-huit frégates, débarqua, à l'île de Walcheren sur l'Escaut, trente-huit mille hommes, qui prirent Flessingue ( 14 octobre); mais ces troupes restèrent ensuite dans l'inaction, en attendant les soulèvements de l'Allemagne et de la Hollande, qui n'eurent pas lieu.

Hoffer, riche cabaretier tyrolien, d'une stature athlétique, chasseur intrépide, se mit à la tête de l'insurrection de son pays, au nom de la Vierge et de l'empereur d'Autriche. Il se rendit si redoutable, que deux régiments furent obligés de mettre bas les armes devant les carabines des brigands, qui chassèrent les Bavarois du Tyrol, et poursuivirent le cours de leurs victoires jusqu'au moment où elles furent interrompues par l'armistice de Znaïm. Alors Hoffer, se fiant à l'amnistie proclamée dans le Tyrol, et ayant d'ailleurs obtenu un saufconduit, descendit des montagnes; on lui fit son procès, et il fut fusillé (février 1810). De nombreuses exécutions de patriotes se firent en Allemagne, et onze officiers prussiens furent mis à mort d'une seule fois ; d'autres furent ensevelis dans les bagnes.

Lichtenstein, à qui le commandement de l'armée fut donné lorsque le prince Charles s'en fut démis, inclinait tout a fait pour la France, et il détermina François II à conclure la paix.

En conséquence, l'Autriche, bien qu'elle fût encore dans une position florissante, se résigna à perdre plus de sept cents lieues carrées qui furent réunies à la confédération du Rhin, avec trois millions et demi d'habitants, les mines abondantes de Salzbourg et soixante-quinze millions de florins, et donna son adhésion au système continental. Les murs de Vienne furent démolis. Une paix accompagnée de pareilles violences pouvait-elle durer?

SYSTÈME IMPÉRIAL.

Les Français, qui ont aimé successivement Louis XIV et Louis XV, Marat et Robespierre, se sont passionnés aussi pour Napoléon, qui leur coûta si cher, et qui les menait vers un abîme. Il n'y a point d'enthousiasme plus facile à concevoir que celui que Napoléon excita. Fils de ses œuvres, éclipsant de l'éclat de sa fortune les monarques héréditaires, représentant de la nation, il conserva l'empreinte populaire et celle de la liberté, même après qu'il eut renié l'une et l'autre. L'historien sincère et fidèle au culte de la liberté ne peut lui garder son admiration et son amour; mais il aurait tort de ne point excuser de pareils sentiments, quand il a besoin lui-même de toute sa raison pour s'en défendre.

On ne peut déduire un système général de la tactique de Napoléon, attendu que son art consistait à adapter les mouvements à la situation. L'ennemi croit l'atteindre lorsqu'il as

Rien ne justifie de pareils rapprochements. Louis XIV et Napoléon ont fait vibrer chez les Français de nobles sentiments: le sentiment de la nationalité et celui de la gloire; aussi la nation entière s'est-elle enthousiasmée pour eux. Quant à Marat, qui représentait des instincts tout opposés, il n'a trouvé de culte que dans la lie du peuple parisien, à une époque de perturbation et de délire : c'est une injure sans portée de prétendre que la France a aimé Robespierre et Marat. (Am. R.)

siége Mantoue, et il n'hésite pas à laisser cette place et à concentrer ses forces, pour marcher contre l'ennemi à Castiglione. Il se hasarde à Arcole dans une route entourée de marécages, et il annulle ainsi la supériorité numérique de l'ennemi. A Rivoli, l'infanterie allemande couvrait les hauteurs, tandis que l'artillerie et la cavalerie tenaient la plaine; il se jette entre elles, empêche leur jonction, et les culbute séparément. A Marengo et à Ulm, il prend ses adversaires à dos; à Austerlitz, il enfonce le centre de l'armée ennemie. Son but unique est la vietoire; ses moyens varient à l'infini.

La république avait, dans ses idées d'égalité, attribué une grande autorité aux généraux de division, en les rendant presque indépendants du général en chef, qui se trouvait ainsi gêné entre les ordres du comité et les prétentions des subalternes. C'est pour cela que les batailles générales furent rares, et les combats d'avant-garde fréquents. Napoléon, au contraire, concentrait tout en lui-même; c'est tout au plus s'il manifestait ses projets à Berthier au moment de les exécuter.

Il n'eut aucun changement essentiel à apporter dans la tactique établie par Frédéric II: seulement il en étendit l'application à des circonstances nouvelles; il mit en plus grand crédit l'ordre en colonne. Le carré, dont il avait appris l'importance en Égypte, devint de règle dans l'offensive aussi bien que dans la défensive; le feu successif par file fut adopté contre la cavalerie; les troupes furent exercées à aplanir, à creuser le terrain, à élever des fortifications. Le camp de Boulogne surtout, si inutile du reste, offrit un grand et continuel exercice, où les généraux apprirent, sous les yeux de l'empereur, la pratique des grandes évolutions.

Quand tous les vétérans eurent péri, Napoléon, n'ayant plus que des recrues, voulut y suppléer par un matériel.immense; alors ses trois cent mille hommes traînèrent quatorze cents pièces d'artillerie, c'est-à-dire près de cinq par mille hommes. Beaucoup d'officiers marquants désapprouvaient ce système, et disaient que les autres armes suffiraient à peine à garder l'artillerie : ce qui arriva dès le premier désastre. Quoi qu'il en soit, ces bouches à feu, auxquelles il donna une mobilité prodi

gieuse, dévoraient dans les batailles une masse énorme de ce qu'il appelait chair à canon.

Son grand mérite consistait encore dans l'attention personnelle qu'il apportait à toutes choses. Sans regarder aux sacrifices, il se procurait des espions et des plans; il poussait des reconnaissances en personne, et faisait engager de petites escarmouches, tandis que, posté sur une hauteur, il observait le pays et tous les mouvements. Il ne calculait jamais ce que pourrait coûter l'acquisition d'un point décisif; et, durant toute la bataille, il restait à regarder, aussi impassible que dans son cabinet, soigneux de ne jamais laisser apparaître sur son visage ni la joie ni l'inquiétude, et n'écoutant aucun avis. Ses proclamations, avant et après l'affaire, étaient une partie de sa tactique. La bataille gagnée, il expédiait rapidement les corps encore frais, ou ceux qui avaient le moins souffert, sur les traces de l'ennemi, pour compléter sa défaite.

De même que la tactique était sortie des guerres de Frédéric, des campagnes de Napoléon naquit la grande stratégie; et c'est en méditant sur ses vastes plans que les écrivains ont posé les éléments de cette science nouvelle.

Admirable pour créer, réunir, vivifier les moyens proportionnés à l'entreprise; prompt à s'assurer toujours l'initiative, à pénétrer les projets de l'ennemi et à les déjouer, sans lui laisser le temps de la réflexion; sachant employer les masses, tirer parti d'un petit avantage pour en obtenir de plus grands, inspirer aux autres sa ténacité et sa confiance, il semblait avoir enchaîné la victoire à son char.

Habile à la préparer par les intrigues de cabinet, il comprit que ce moyen devait en Allemagne marcher de pair avec les batailles. Il excellait surtout à exciter parmi les siens l'émulation, qui tient lieu de pratique ; à inspirer au soldat la conviction de sa supériorité sur tout ennemi, de manière à regarder la victoire comme article de foi et la foi est un admirable principe d'action.

Il fut bien servi en outre par le caractère de ses ennemis. Les Autrichiens sont braves, mais sans émulation, et enchaînés par une stratégie de cabinet, dont il avait fait maintes fois l'ex

périence; il sait donc qu'en s'y prenant de telle ou telle sorte, il est assuré de les battre. Chez les Prussiens il trouve non seulement le système de Frédéric, mais encore ses hommes : vieillards qui ne sauraient tenir contre la vivacité héroïque des soldats que la Révolution a formés 1. Les guerres en Asie ont exercé les Russes, et l'enthousiasme de l'obéissance les rend plus redoutables; c'est pour cela que Napoléon caresse Alexandre. Les généraux ennemis étaient ou soumis à des despotes, ou garrottés par les ordres de cabinets éloignés, ou entravés par la présence des princes; les plus distingués n'étaient habiles que dans l'art de résister et de battre en retraite. Les guerres de la Révolution avaient préparé à Napoléon des armées admirables, dont chaque soldat était un homme, et valait, pensait, opérait comme tel; aussi en vit-on sortir des généraux du plus haut mérite, capables de commander une armée, à plus forte raison d'exécuter les grands desseins du chef, et, au besoin, de les modifier sur le terrain.

Que n'aurait-il pas pu faire avec de pareils instruments? En établissant l'égalité au dedans, la Révolution avait senti qu'il lui fallait se faire respecter au dehors, et pour cela s'enfermer dans les limites naturelles, et proclamer que personne n'avait le droit de s'immiscer dans l'administration intérieure des autres pays. Bientôt elle fut entraînée hors de ces limites; elle avouait toutefois la nécessité d'y rentrer, et la convention ainsi que le Directoire suivirent une politique rationnelle : ils firent la paix quand elle fut utile, répandirent les germes démocratiques là où ils trouvèrent un fonds propre à le faire fructifier. Le gouvernement ne se découragea pas à la suite des désastres de 1799, et poussa les conquêtes de la France jusqu'à ses frontières na

'M. Cantu ne manque point une occasion de faire un mérite à la Révolution (qu'il a cependant assez maltraitée en beaucoup de points) d'avoir formé les généraux et les soldats de Napoléon, comme si ce dernier n'était point capable de les avoir formés lui-même. 11 bérita sans nul doute des éléments vigoureux que la Révolution lui transmit, mais il les perfectionna beaucoup. Quant aux vétérans des premières guerres, il en dut rester pen à Napoléon après les campagnes désastreuses d'Égypte et de Saint-Domingue. (AM. R.)

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