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Napoléon occupé de blason, de cérémonies, de corbeille nuptiale; mais les bons Viennois se soulevèrent presque en voyant partir la jeune princesse.

Il put alors prendre rang parmi les vieilles dynasties. Lorsque Marie-Louise fut arrivée, l'ancienne noblesse, qui s'était tenue éloignée de la cour, y reparut; les grandes dignités furent rétablies, et les habits à la française remplacèrent les uniformes. La naissance d'un fils (1811), qui reçut le titre de roi de Rome, parut à Napoléon avoir consolidé sa dynastie; et ceux de ses proches qui visaient à l'hérédité impériale en éprouvèrent un nouveau mécontentement.

Il croyait briser la résistance en doublant l'oppression. Ce fut alors qu'il fit rédiger le code pénal, comme instrument de police politique, comme un moyen de tenir en bride les nobles, les prêtres, les écrivains, et les malfaiteurs. L'exposition des motifs respire, avec un mépris continuel de l'humanité, la persuasion que la société ne saurait être maîtrisée que par la force. Tout dans ce code est disposé pour assurer la sécurité du souverain, mais non pour protéger la vie du citoyen. La terreur avait familiarisé les Français avec le sang ; et de là vient qu'on y voit prodiguées la peine de mort, la marque, la confiscation, cette peine qui frappe le condamné dans sa postérité. La puissance de la police y est sans limites; une foule de délits sont déclarés attentats contre la sûreté publique; la délation y est commandée; le jury n'est appelé à prononcer que sur les crimes contre les personnes. Puis viennent les cours spéciales, les arrestations arbitraires, les prisons d'État, où pouvait être détenu, sans jugement et sur un simple avis du conseil privé de l'empereur, quiconque était réputé dangereux. Il suffisait même d'un ordre du ministre pour faire bannir ou réléguer dans une province tel ou tel citoyen, les femmes elles-mêmes, pour une parole, pour l'expression d'un vou. Le sénat cassa le verdict du jury de Bruxelles (1812), et remit en accusation le maire d'Anvers, qui avait été absous légalement.

CONFLIT RELIGIEUX.

Napoléon était maître des corps: pouvait-il laisser libres les pensées et les croyances? Les rois étaient à ses genoux pou vait-il permettre que les prêtres demeurassent debout? D'abord il voulut que l'antique séparation du peuple juif cédât à sa volonté. Il convoqua en conséquence le grand sanhedrin à Paris, pour qu'il eût à mettre d'accord les pratiques israélites avec les coutumes du pays. Il y fut établi que la loi hébraïque contenait des dispositions religieuses et des dispositions politiques; que les premières sont absolues; que les autres, destinées à régir Israël dans la Palestine, ne sauraient être applicables depuis la dispersion de la nation. En conséquence, la polygamie, inusitée en Occident, fut interdite; l'acte civil du mariage dut précéder la cérémonie religieuse. Quant au divorce et à la répudiation, il fut décidé que les juifs se conformeraient aux lois civiles; qu'ils pourraient se marier avec des chrétiennes ; qu'ils devraient regarder comme frère quiconque croit en un Dieu créateur; que tout Israélite reconnu citoyen par la loi se soumettrait au code civil pour les contrats et pour les prêts d'argent ; qu'une fois appelé au service militaire, il se trouvait dispensé des observances religieuses inconciliables avec ce service; que les Israélites exerceraient de préférence les professions mécaniques et libérales; qu'ils acquerraient des biens-fonds, comme moyen de s'attacher à la patrie et d'y obtenir la considération générale.

Fils de la Révolution, Bonaparte avait montré en Égypte beaucoup de respect pour l'islamisme; puis il avait reconstitué nonseulement le catholicisme par le concordat, mais encore la suprématie papale, en recevant la couronne de ses mains. En cela son but avait été d'opposer une légitimation aux révoltes de la Vendée, de réunir en lui les droits de la Révolution à ceux de la con sécration, et de se fortifier contre les rois hérétiques qu'il voulait

combattre. Mais ce qu'il avait pris pour une simple formalité parut autre chose au public, qui ne se contente pas de tirer d'un principe les seules conséquences qu'il plaît au chef d'admettre. On vit donc bientôt naître des pensées qui ne s'accordaient plus avec celles du conquérant; et lorsqu'il entreprit de comprimer un pouvoir que lui-même avait relevé, cette tentative parut de sa part une usurpation. Peu de jours après le concordat, Napoléon publia plusieurs articles organiques, qu'il présenta en même temps au corps législatif. Mais le pape ne les avait pas reconnus : il se plaignit même de cette fraude en plein consistoire (24 mai 1802); puis il protesta contre cette tyrannie que l'on imposait au pontife de jurer, lors de sa consécration, de n'attenter en rien aux libertés de l'Église gallicane. On avait fait espérer à Pie VII que s'il venait couronner Bonaparte, il en obtiendrait l'abolition; mais il n'en fut rien. Bientôt même l'édifice catholique fut bouleversé en Allemagne par la destruction des principautés ecclésiastiques, et par la nouvelle répartition qui fut faite des peuples, sans nul souci de leur religion.

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Pie VII ne pouvait endurer de si graves innovations sans se plaindre et sans protester; mais Napoléon croyait avoir acquis, en consentant à ne pas l'anéantir, le droit de s'en faire un instrument, et il pensait que les foudres de Rome se mettraient à sa disposition pour frapper ses ennemis. Il avait pu voir, dans .es conférences de Tilsit, que la religion ne gênait en rien l'empereur Alexandre: pourquoi aurait-elle été pour lui une entrave? En conséquence, sous le prétexte habituel de sécurité contre les Anglais, il occupa Ancône et la Marche; créa Talleyrand prince de Bénévent, Bernadotte prince de Ponte-Corvo; enjoignit au pape de fermer Civita-Vecchia aux marchandises britanniques, de livrer Lucien, qui s'était réfugié sur son territoire, et de prononcer le divorce de Jérôme. Les papes avaient défendu la sainteté du mariage contre les rois du passé : comment n'auraient-ils pas agi de même à l'égard de ces parvenus

Cette protestation, présentée le 19 août 1803 par le cardinal Caprara, se trouve dans la Vie de Léon XII, par Artaud, c. 39.

qui, une fois princes, voulaient échanger leurs femmes plébéiennes contre des princesses?

Napoléon exigeait en outre qu'un tiers des cardinaux fût français, avec vote au conclave, dans la pensée peut-être de faire élever le cardinal Fesch, son oncle, au pontificat. C'eût été de la part de Pie VII une sorte d'abdication; il s'y refusa done. Il s'abstint aussi d'applaudir, selon le style d'alors, aux violences exercées dans ses États, Napoléon traitait cette résistance d'ingratitude, et s'irritait contre ce pouvoir moral que les baïonnettes ne pouvaient atteindre : Quelle est l'insolence de ces prétres! disait-il. Ils se réservent dans le partage de l'autorité l'action sur l'intelligence, sur la partie la plus noble de l'homme ; et ils prétendent me réduire à n'agir que sur le corps, A eux l'âme, à moi le cadavre!

Mais il ne ménageait pas non plus ce cadavre, quand il voulait contraindre le pape, comme prince, d'entrer dans une ligue offensive et défensive, et d'épouser ses inimitiés, Pie VII répondait qu'étant le père de tous, il ne pouvait se déclarer l'ennemi d'aucun. Alors Napoléon prétexta la nécessité de n'avoir rien qui rompît la communication entre ses royaumes d'Italie et de Naples. Le général Miollis, qui ne devait que passer à Rome pour cheminer vers Naples, occupa le château Saint-Ange (2 février 1809), pour prévenir un prétendu soulèvement des Transtévérins, et il en pointa l'artillerie contre le palais Quirinal. Il enjoignit alors aux cardinaux des royaumes de Naples et d'Italie de se rendre dans leurs pays; il s'empara des bureaux de la poste, et viola le secret des lettres; il fit arrêter à son gré toute personne suspecte; il congédia les soldats pontificaux, et, portant le trouble jusque dans le palais du pape, il y pénétra à l'aide de la ruse et de la force. Pie VII s'en plaiguit à Napoléon, qui, en réponse, déclara les provinces d'Urbin, d'Ancône, de Macerata et de Camerino réunies au royaume d'l talie, avec ordre aux natifs de ces territoires de quitter immédiatement Rome pour rentrer dans leur patrie, et aux évêques de prêter serment de fidélité à leur nouveau souverain. Puis, maître de Vienne à ce moment, il prononça à Schoenbrunn la réunion à l'empire français des États pontificaux (17 mai), qui avaient été

donnés au saint-siége, disait-il, par Charlemagne, son auguste prédécesseur, à titre de fief, mais sans que Rome cessât de faire partie de son empire. Ainsi il trouvait que le moment était venu de reprendre ce don, et de séparer de nouveau la croix du glaive. L'exécution du décret fut confiée à Murat, qui déjà aspirait à régner sur l'Italie entière, ou du moins sur la moitié de la Péninsule. Des soldats pénétrèrent, de nuit, à main armée dans le Quirinal, sous les ordres du général Radet. Le pape ne tomba pas en silence comme les autres princes, et en applaudissant à sa propre chute : le cardinal Pacca afficha dans Rome une proclamation contre l'usurpation; Pie VII se plaignit de la violence qui lui était faite, et de ce que Napoléon avait mis en oubli les services qu'il lui avait rendus; il excommunia les usurpateurs, et se laissa emmener prisonnier à Savone.

L'État pontifical forma deux départements français, celui de Rome et celui du Trasimène. La ville éternelle devint la seconde ville de l'empire; et le prince héréditaire prit bientôt le titre de roi de Rome. En ce qui concerne les matières ecclésiastiques, les papes devaient jurer, à leur avénement, de ne rien entreprendre contre les libertés de l'Église gallicane, qui furent étendues à toutes les églises catholiques de l'empire; ils devaient jouir de deux millions de revenu en immeubles exempts de charges; les dépenses du sacré collége et de la Propagande devaient être à la charge de l'empire; mais l'un et l'autre, ainsi que la daterie, les archives et tout le reste, devaient être transférés à Paris, où des millions étaient destinés à élever un nouveau Vatican. Napoléon aurait pu créer un patriarche en France, attendu que l'empire comprenait les cinq sixièmes de l'Europe chrétienne; mais il préféra un pape placé à Paris, dans la pensée que son influence s'en accroîtrait sur l'Espagne, l'Italie, la confédération du Rhin et la Pologne. Des missions en Amérique et en Asie devaient répandre au loin la gloire et le pouvoir de la France, la religion devenir l'instrument de sa politique, les conciles de Paris représenter la chrétienté : l'intention de Napoléon était d'être, comme les souverains de la Prusse, de la Russie et de l'Angleterre, le chef de la religion, autant que le catholicisme pouvait s'y plier.

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