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la politique européenne se dirigea par d'autres motifs, et Gênes fut donnée au roi de Sardaigne. On voulait attribuer aussi à ce prince le pays jusqu'au Mincio; mais d'autres prétentions s'y opposèrent, et le Tésin resta sa limite avec la Lombardie, ce qui laissa sa frontière sans défense. Victor-Emmanuel fut alors rétabli sur le trône de ses ancêtres, avec un accroissement de territoire considérable, acquis sans effusion de sang. Les emplois, les titres, les fonctions redevinrent ce qu'ils étaient avant la révolution, dont le roi ne voulut pas se souvenir; et l'Almanach royal de 1793 servit de règle à cette restauration.

Quelques-uns avaient proposé de donner à François d'Este, cousin et beau-frère de l'empereur d'Autriche, la couronne d'Italie, ou tout au moins le Piémont ; il avait même, dans cette intention, épousé la fille de Victor-Emmanuel; mais il n'eut pour sa part que le duché de Modène.

Ferdinand III revint en Toscane après quinze ans d'exil, et y rétablit toutes choses comme au temps de Pierre-Léopold. Pie VII rendit aussi vigueur aux lois, aux institutions abrogées, et rétablit, à l'instigation des puissances, l'ordre des jésuites ( 7 août). En un mot, tous les princes restaurés crurent devoir, en prétextant le bien de leurs sujets, ressusciter l'ancien ordre de choses; et ils s'accommodèrent en même temps des facilités que la Révolution avait apportées à l'exercice du pouvoir, en supprimant les entraves que les corps administratifs et les franchises traditionnelles opposaient au despotisme.

Les rois, réunis à Vienne en congrès pour reconstituer l'Europe, pensèrent, comme de raison, à rendre le trône de Naples aux Bourbons de Sicile. On prétend qu'Alexandre, dans un mouvement de générosité, répondit que maintenant qu'il s'agissait des peuples, on ne pouvait rendre la couronne à un roi bourreau; et que Caroline en fut tellement irritée qu'elle en mourut presque subitement. Mais Talleyrand se chargea de renverser Murat, et d'arracher le consentement d'Alexandre. Castlereagh, qui n'avait plus besoin de cet allié, passa du côté de ses ennemis ; tandis que Bentinck, resté près de lui, corrompait ses conseillers, et lui donnait à croire que la Russie, la Prusse, l'Angleterre, voulaient l'indépendance de l'Italie. Mais les yeux de

Murat se dessillèrent, quand il lui fut enjoint d'avoir à céder les Marches; il se prépara alors à combattre, et noua des intelligences avec Napoléon.

LES CENT-JOURS.

En effet, Napoléon pouvait déjà considérer sa chute comme un simple temps d'arrêt. Il était arrivé à l'île d'Elbe avec madame Létitia sa mère, et Pauline Borghèse sa sœur, accompagné de cinq cents soldats de sa garde et de quelques généraux (3 mai ). Les rois, qui en avaient eu tant de frayeur à Prague et sur le Rhin, semblaient l'avoir oublié, et l'avaient laissé se poster en vue de ses bataillons, et comme en vedette en face des rivages de France. Témoin de la violation des traités, il ne tarda pas à concevoir l'espérance que les fautes des Bourbons et celles des alliés le relèveraient de son abdication; aussi sa petite île devint-elle le foyer des intrigues les plus actives.

Personne en France, après vingt ans de vicissitudes si nombreuses, ne se souvenait plus de la famille royale. Elle rentrait dans le pays sans que sa restauration lui fût un titre de gloire, puisqu'elle ne lui avait coûté aucun danger. Les Bourbons étaient rétablis par les alliés, mais non pas en vertu du droit divin, car ils avaient déclaré que leur adoption dépendait du vœu national. En conséquence, le gouvernement provisoire improvisa une charte ( 31 mars ), qui devait être un pacte d'union entre l'ancienne dynastie et le pays renouvelé. Le sénat s'empressa de l'accepter; mais Louis XVIII ne voulut pas l'admettre comme émanant du sénat : il prétendit l'octroyer lui-même comme roi, et sans consulter les corps de l'État ( 6 avril ). Cette charte contenait certainement de bonnes dispositions; mais la forme de concession déplut à la France : c'était déclarer que tant d'années écoulées, tant d'événements, tant d'expériences, n'avaient pas fait faire un pas en avant.

La France était épuisée, mais comme un athlète qui a lutté

tout le jour, et qui, tout en demandant un moment de trêve, conserve le sentiment de ses forces. Il fallait donc user de ménagements avec elle, et respecter un passé glorieux, ainsi que l'avaient conseillé les alliés, Mais, avant l'entrée de Louis XVIII, Talleyrand et le comte d'Artois s'étaient hâtés de céder cinquante-deux places fortes, douze cents bouches à feu, avec les magasins militaires et les vaisseaux. La France perdait, en outre, sa marine qui se trouvait dans les ports d'Anvers, de Venise, de Gênes, ainsi qu'une foule de matelots. Elle se trouvait par là réduite à des forces inférieures à celles que Naples ou la Sardaigne se croient en état d'entretenir. Depuis Henri IV, elle n'avait pas cédé de territoire, et le vieux et pacifique cardinal de Fleury lui-même l'avait agrandie de la Lorraine; Louis XV lui avait acquis la Corse. Mais en ce moment elle se trouvait refoulée, après tant de conquêtes, dans ses limites de 1792, avec la seule adjonction d'Avignon et du comtat Venaissin, détachés des États du pape, qui encore protestait contre cet acte de violence. Bien plus, elle perdait son influence ; aussi le patriotisme, sentiment si vif chez les Français, en fut-il blessé au cœur, et la Restauration fut considérée comme un affront pour le pays.

Comme s'il n'eût pas suffi de la présence des étrangers, qui se pavanaient en vainqueurs au milieu des villes, on voyait des insensés abattre les monuments qu'on ne saurait effacer de l'histoire. On ressuscitait les anciens titres de noblesse, on parlait de remanier le concordat, de détruire le sénat, dont la chute de Napoléon avait été l'ouvrage, et de restituer les biens des émigrés. Louis XVIII se faisait voter trente-deux millions de liste civile, et la liberté de la presse se trouva bientôt menacée.

Les couleurs sous lesquelles le pays avait été victorieux furent remplacées par ce drapeau blanc qu'il avait répudié. Les vieux émigrés purent prétendre à tout; les soldats couverts de cicatrices se virent remplacés par des gardes du corps; des allures nobiliaires, aristocratiques, reparurent, avec l'espérance de recouvrer les priviléges, la dîme, et les biens nationaux. Napoléon, dont la liberté avait fait la grandeur, s'était rendu impopulaire en reconstruisant le despotisme et l'aristocratie.

Rien ne venait plus à propos pour lui rendre la faveur publique, qu'un gouvernement qui blessait le peuple dans ces mille choses auxquelles il tient tant. Enfin, les deuils publics, les services funèbres, les expiations dont Louis XVI et MarieAntoinette étaient l'objet, rappelaient, d'une manière pénible et insultante, une révolution que les Bourbons auraient dû, dans leur intérêt, s'efforcer de faire oublier. Ils affectaient de tout devoir aux étrangers, et rien à la nation. C'étaient eux qu'ils remerciaient, tandis qu'à chaque instant le sentiment national éclatait par de fréquents conflits avec les soldats alliés. Ainsi, tous les instincts patriotiques se montraient hostiles aux Bourbons. La dévotion, qui devint une mode de parti, ravivait les inimitiés religieuses; et Napoléon reprenait, avec sa glorieuse auréole, la mission de libérateur.

Pendant ce temps le congrès européen siégeait à Vienne (3 novembre). Les empereurs de Russie et d'Autriche, les rois de Prusse, de Bavière et de Wurtemberg, y figuraient en personne; lord Castlereagh y représentait l'Angleterre, et Talleyrand la France, qui n'y avait été admise qu'avec difficulté, et seulement pour prendre part aux discussions relatives à ses frontières.

Des fêtes, des carrousels, le jeu, les intrigues galantes, procuraient d'agréables passe-temps à une assemblée de qui dépendaient les destinées de l'Europe. La Russie, qui alors était toute-puissante sur l'opinion, et la Prusse, qui avait pris le rôle de libératrice des peuples, voulaient s'agrandir. La première obtint la Pologne, et la seconde la Saxe, concessions qui en entraînèrent beaucoup d'autres : elles tendaient toutes à rabaisser la France, comme dangereuse, et à l'entourer de voisins puissants. Gênes fut attribuée au Piémont, et la Belgique à la Hollande. Trois nouveaux cantons, le Valais, le territoire de Genève et Neufchâtel, procurèrent à la Suisse une

'Le prince de Ligne disait : Le congrès danse, mais ne marche pas. 2 ou plutôt une partie de la Saxe. Sur deux millions d'habitants que renfermait ce petit royaume, sept cent mille furent donnés à la Prusse, qui insista vainement pour obtenir Leipsick. (AM. R)

ligne militaire. Il fut décidé que les petites puissances n'auraient pas vote au congrès, ce qui était un acheminement à disposer aussi des grands États. Mais Talleyrand, qui s'était habitué à considérer les gouvernements comme des formes transitoires, et à les accepter en tant seulement qu'ils savent se maintenir, voyant les souverains disposés à faire tout par eux et pour eux, réussit à les rendre jaloux les uns des autres. Les petits princes d'Allemagne se plaignaient hautement de leur exclusion; Murat, s'apercevant qu'on songeait à le détrôner, prit les armes, et demanda à l'Autriche de lui donner le passage avec quatre-vingt mille hommes, pour aller combattre les Bourbons en France. Louis XVIII réunit en conséquence une armée nombreuse dans le Dauphiné (1815).

Il résultait de tout cela un mécontentement universel. Les souverains alliés, tout en affectant une confiance mutuelle, intriguaient en secret les uns contre les autres. L'Autriche, la France et l'Angleterre notamment, s'entendirent pour diminuer la prépondérance que les qualités personnelles d'Alexandre et les événements avaient attribuée à ce prince. Metternich et Talleyrand convinrent que l'on resterait sur le pied de guerre, dans la prévision de nouvelles hostilités. L'Angleterre encouragea l'ambition théâtrale de Murat, afin de se faire plus beau jeu au milieu de discordes nouvelles.

Bonaparte observait tout avec une secrète satisfaction: il espéra dès lors, et multiplia ses intelligences avec le continent. Les Italiens, morcelés, annulés, formèrent des conjurations, surtout dans l'armée; excités d'un côté par l'Autriche et par les Bourbons de Naples, qui cherchaient un prétexte pour renverser Murat; de l'autre, par la France, la Russie et la Prusse, pour troubler l'Autriche dans la possession de l'Italie. Déjà cette puissance la regardait comme sa conquête; Murat, au contraire, se flattait de conquérir cette couronne de fer que tous désirent et que nul ne sut garder; et Milan, Bologne, Alexandrie, où les carbonari avaient beaucoup d'affiliés, préparaient en secret son avénement comme roi indépendant.

Mais comment chasser les Autrichiens? L'armée italienne était dissoute, ou transférée en Hongrie; celle de Murat ne

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