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cipation en Amérique que parce qu'elle peut produire, à l'aide des machines, ce que les autres n'obtiennent qu'à force de bras, et parce qu'elle a besoin de trouver dans les colonies un débouché à l'excédant de sa population, bien certaine que la ruine des colonies rivales n'en fera que prospérer davantage celles qu'elle possède en Asie. Mais si l'esclavage dans les Antilles est une institution civile, il est dans l'Orient une institution religieuse inhérente à la société; et son abolition n'atteindrait pas là seulement un petit nombre de colons, mais cent cinquante millions de naturels.

On songea aussi, dans le congrès de Vienne, à délivrer la Méditerranée des pirateries des croiseurs barbaresques.

L'Afrique septentrionale tend à devenir de plus en plus un appendice de l'Europe. Placée entre la Méditerranée, l'Atlantique et le désert, elle touche presque à l'Espagne ; à l'est du cap Bon, elle a la Sicile en vue; le cap Rouge s'avance vers la Sardaigne. Les Maures qui l'habitent n'ayant jamais cessé de courir sur les bâtiments européens et d'infester les côtes de la Méditerranée, les Espagnols dirigèrent souvent contre eux des expé ditions, et les chevaliers de Malte, ceux de Saint-Étienne, et d'autres encore, se proposèrent pour but de les réprimer.

On comptait à Alger, en 1622, trente-cinq mille chrétiens, et, en outre, deux mille familles de Maures chassés d'Espagne, et six mille renégats, c'est-à-dire qu'ils formaient les trois quarts de la population de cette ville. Sa marine se composait, en 1588, de trente-cinq galères, dont quatorze seulement appartenaient à Alger, vingt à des renégats européens '.

Ces États, connus sous le nom de Barbaresques, violaient toutes les lois des nations : ils ne respectaient le pavillon d'aucune puissance, et donnaient la chasse aux bâtiments qui parcouraient la Méditerranée, pour enlever les hommes et les femmes; ils n'étaient rendus que moyennant une grosse rançon, faute de quoi on les réduisait en esclavage. L'Europe sẽ résigna longtemps à payer un tribut à ces barbares, pour leur faire respecter tel ou tel pavillon. De temps à autre, quelque

Afrique illustrée, par Cramage.

puissance leur faisait la guerre, pour les châtier plutôt que pour les anéantir.

En 1806, les Anglais proposèrent au dey d'Alger de leur céder cette régence contre une pension annuelle de onze mille livres sterling: c'était en vue de s'en faire un appui pour Malte; mais le dey n'écouta pas ces propositions. Le blocus continental accrut l'audace des Barbaresques. La paix étant venue, l'Angleterre fut chargée par le congrès de Vienne de négocier l'abolition de l'esclavage des chrétiens. Elle s'en acquitta mesquinement, et négocia des rachats, au nom de Naples et de la Sardaigne. Résolue enfin à s'affranchir de ce honteux tribut, elle envoya Jord Exmouth dans ces parages, pour exiger la délivrance des chrétiens sans rançon, et mettre un terme aux entreprises des corsaires barbaresques. A son apparition, Tunis et Tripoli effrayées s'engagèrent à respecter le pavillon chrétien. El-Hussein, dey d'Alger, temporisa, sous prétexte de soumettre le cas à la décision du Grand-Seigneur; mais à peine l'amiral eut-il repris la mer, que les prisonniers furent en butte à de nouvelles cruautés. Lord Exmouth revint alors, et bombarda Alger, qui, après avoir vuincendier sa flotte, se résigna à traiter (septembre 1816), abolit l'esclavage des chrétiens, et rendit les Européens capturés par ses corsaires. Il se trouvait à Alger mille esclaves chrétiens, et quarante-neuf mille dans tous les États barbaresques.

L'Europe inscrivit ce triomphe dans les fastes de la SainteAlliance; mais ce ne fut qu'un succès éphémère, car ses décrets n'empêchèrent pas la piraterie de continuer, jusqu'au moment où l'insulte, poussée à l'excès, amena la prise d'Alger par les Français.

Le Maroc, qui a des côtes très-étendues et des relations faciles avec l'intérieur, redoutait peu les menaces des puissances ; aussi les insultait-il audacieusement, et les traités de l'Europe avec cet empire étaient autant d'humiliations. Venise lui payait cent mille livres par an. L'Autriche n'ayant pas voulu continuer à subir ce tribut, les Marocains prirent un de ses bâti ments. L'escadre qu'elle envoya alors sur ses côtes y croisa quelque temps sans résultat ayant enfin perdu beaucoup

d'hommes sans recueillir autre chose que des insultes, le gouvernement autrichien se décida à transiger, et obtint, moyennant un présent, la restitution du bâtiment capturé.

Cependant la question d'Alger entraîne à sa suite celle du Maroc, et l'Europe porte maintenant son attention sur la solution d'un litige qui n'importe pas tant à la politique qu'à l'humanité.

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C'est le propre de toutes les réactions de pousser les espérances bien plus loin que les faits ne peuvent aller. Après avoir subi l'influence de la Révolution jusqu'à se servir de ses principes et de ses instruments pour abattre celui qui l'avait terrassée, on se flatta de remettre le monde dans l'état où il était avant. Mais il y a des ruines que le temps fait, et que nul ne peut relever. Malheur à qui s'obstine à recrépir le vieil édifice, au lieu de profiter des débris pour en construire un nouveau!

Le pape fut remis en possession de ses États, moins Avignon: mais la religion avait éprouvé de tels ébranlements, qu'il fallait du temps, de la longanimité et de la prudence, pour la ramener dans les cœurs, non moins que dans l'ordre social. Cependant le pontife, comme pour protester contre le passé, rétablit, par un de ses premiers actes, la compagnie de Jésus : il secondait en cela le vœu des princes, comme l'avait fait un de ses prédécesseurs lorsqu'il l'avait abolie, et il chargeait ainsi de toutes les vieilles haines une société qui n'avait ni la force ni l'intelligence d'autrefois. Il rétablit dans Rome les académies de la religion catholique, et nomma de nouveaux cardinaux. Il diminua l'impôt foncier de quatre cent mille écus, abolit les servitudes et les réserves, et, en dépit des frayeurs des rois, il accorda l'hospitalité à la famille Bonaparte.

Bien qu'il eût été déclaré, en 1814, que « le pouvoir spirituel recouvrerait tous ses droits, et la position qu'avait brisée

la conquête française,» il n'en fut rien. Cependant les persécutions que le pontife avait endurées lui avaient concilié certains adversaires, notamment les Anglais, qui s'étaient trouvés un moment faire cause commune avec lui. Ce furent eux qui l'appuyèrent lorsqu'il revendiqua les chefs-d'œuvre d'art enlevés à Paris, et qui dépensèrent deux cent mille francs pour les faire transporter et replacer à Rome; ils lui rendirent aussi (don encore plus précieux ) grand nombre de ses sujets qui gémissaient dans les bagnes d'Alger. Enfin, ils consentirent à accréditer un ministre près la cour de Rome (mars 1818). Plus tard, le roi George écrivit une lettre pleine de déférence au cardinal Gonsalvi, ministre d'État. Quand elle arriva, ce prélat venait de mourir; mais Léon XII en prit occasion pour mettre sous les yeux de l'Angleterre les sentiments de la cour et de l'Église romaine. Bientôt après parut une déclaration des évêques catholiques, et de leurs coadjuteurs en Angleterre, sur les bases de la véritable foi et les limites de l'obéissance due au pontife, dans laquelle ils repoussaient les calomnies répandues contre le saint-siége (1826). Elle était accompagnée d'une Adresse des catholiques anglais à leurs compatriotes, où ils se plaignaient que, dans un pays de si grande liberté, des exceptions rigoureuses atteignissent les catholiques; qu'ils fussent passibles de peines très-graves pour professer leur foi, et exclus, comme pairs ou comme citoyens, de la chambre, du conseil privé, du ministère, des emplois, des chaires universitaires, des bénéfices, qui pourtant avaient été institués par les catholiques; qu'ils ne pussent assigner aucun fonds ou aucune rente au service de leur propre église ou d'écoles catholiques; enfin qu'on les condamnât, du berceau à la tombe, à la calomnie, à l'insulte, au douleureux sentiment de leur infériorité.

Le pêle-mêle impolitique de nations, effectué par le congrès de Vienne, mit le pape en relation avec d'autres pays non catholiques; la tolérance y gagna de part et d'autre. Ainsi Rome s'entendit avec la Russie pour qu'il y eût en Pologne huit évêques et un archevêque siégeant à Varsovie. Les débats furent longs quant aux Pays-Bas; l'on arriva à conclure un concordat

(1827); mais le roi, calviniste fervent, n'en continuait pas moins de tracasser les catholiques. Jamais il ne nomma, quoiqu'il s'y fût engagé, les deux évêques d'Amsterdam et de Boisle-Duc, et il contraignit la jeunesse catholique à étudier dans le lycée philosophique protestant. Nous en verrons plus tard les conséquences.

L'Église avait perdu ses possessions en Allemagne. Il y avait, sous le gouvernement des princes protestants qui en avaient hérité, un million et demi de catholiques, pour lesquels ils proposérent un concordat (1819). Ils étaient disposés à s'en passer en cas de refus; aussi leurs propositions furent telles, que Rome ne crut pas devoir y accéder; mais on en viat plus tard à des conventions particulières. La bulle Provida solersque ( 1817) posa les bases du traité du 9 février 1822 pour le Wurtemberg, le grand-duché de Bade, la Hesse-Électorale, le grand-duché de Hesse-Darmstadt, le duché de Nassau, la ville libre de Francfort; puis une autre bulle (Ad dominici gregis custodiam, 15 avril 1827) réunit ces six pays en une seule province ecclésiastique, dite du Haut-Rhin, avec un archevêque et quatre évêques. Le ministre de Prusse Hardenberg s'entendit en personne avec le cardinal Gonsalvi (1821) pour supprimer les évêchés d'Aix-la-Chapelle et de Corbie, ainsi que les abbayes de Neuenzell et Oliva; pour que la dignité métropolitaine fût rendue à Cologne, et accordée à Posen; enfin, pour que le droit d'élire les évêques fût maintenu aux chapitres, sauf confirmation de Rome. En conséquence, il dut y avoir, dans ce royaume, deux métropolitains, deux chapitres, six évêques suffragants, avee deux cent mille thalers. Cette dotation devait être affectée sur les biens de l'État; mais jamais elle n'a été garantie par ce gouvernement.

Les difficultés ne furent pas moindres du côté des puissances catholiques; et pour les surmonter il fallut toute la prudence, toute l'adresse de Gonsalvi, qui se plia même à des condescendances que les catholiques zélés ne purent lui pardonner.

Quand Ferdinand prit le titre de roi des Deux-Siciles, le pape protesta, au nom de ses anciens droits sur ce royaume : le roi, en retour, ne lui reconnut d'autre suprématie que celle de

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