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tion ne tarda guère à se déclarer. Riego, qui se donnait des airs de maître à la tête de l'armée et des exaltés, fut destitué; Quiroga se rangea du côté du roi. Les clubs furent fermés, l'armée de Léon fut licenciée; mais des terres, des pensions furent assignées aux militaires pour les attacher au nouvel ordre de choses. Après avoir ainsi calmé les démagogues, on sévit contre les absolutistes, contre le clergé et la noblesse, que l'abolition des priviléges et la vente des biens ecclésiastiques avaient irrités. Ce fut au milieu de ces circonstances que la fièvre jaune se déclara à Barcelone, où les moines mendiants firent preuve d'un dévouement héroïque.

Ferdinand n'était porté ni par caractère ni par habitude à gouverner constitutionnellement aussi se livra-t-il bientôt à des actes illégaux. La confiance en lui diminuant de jour en jour, il fallut rappeler Riego, qui reprit le commandement au chant grossier de la Tragala; l'association des Comuneros jura de punir quiconque abuserait de l'autorité, fût-ce le roi luimême pouvoir de fait qui resta le plus fort, parce qu'il avait pris naissance dans l'armée.

L'exemple de l'Espagne devint contagieux; et, de même que naguère il y avait partout des Napoléons, on vit partout surgir des Quirogas et des Riegos.

En Portugal il n'existait point de vieille haine contre les nobles, parce que la noblesse n'y est pas née de la conquête, mais de la délivrance du pays, et que la mémoire des premiers rois y est restée chère aux populations. Mais les plus braves soldats avaient péri lors de la conquête du royaume par Philippe II; et, depuis l'avénement de la maison de Bragance, la noblesse, transformée en hiérarchie de cour, s'obtint par la brigue plus que par les services. Il ne se forma point de classe moyenne dans ce pays, car l'industrie ne réussit point chez un peuple moins porté au travail qu'attaché au souvenir de ses exploits aventureux.

Pombal, dans sa manie de réformes, ne créa rien de solide, et la dévote Marie défit l'œuvre du ministre philosophe. Tandis qu'ailleurs le peuple s'élevait, le gouvernement nobiliaire et l'oisiveté sociale s'immobilisèrent dans cette contrée; les rois y pouvaient tout, attendu que les Portugais s'étaient habitués, des

l'origine, à voir en eux la personnification de leur nationalité. Si le chef y était nul, il n'y avait rien à espérer, et c'est ce qui arriva. En 1807, don Juan s'enfuit au Brésil; et, tandis que la nation se soulevait de toute son antique énergie, il la livra aux Anglais. A la chute de Napoléon, don Juan refusa de revenir, et il érigea le Brésil en royaume (10 septembre 1815); puis, à la mort de sa mère Marie (16 mars 1816), il s'intitula roi du royaume uni du Portugal, du Brésil et des Algarves, sous le nom de Jean VI. Il maria l'une de ses filles à Ferdinand VII, une autre à l'infant d'Espagne don Carlos, et donna pour femme à don Pedro, son fils, Marie-Léopoldine d'Autriche; mais don Miguel, son autre fils, était le favori de la cour.

Le congrès de Vienne, qui négligea tant de choses importan tes, ne s'occupa point de cette extravagante union d'un petit royaume avec un immense et riche pays séparé de lui par une distance énorme. Ce dernier ne pouvait manquer d'acquérir de la consistance comme siége du gouvernement, tandis qu'en Portugal se propageaient les idées libérales, tant par le mécon tentement intérieur que par le contact de l'Espagne et la présence des Anglais. L'armée se formait à la discipline sous l'inflexible Beresford; mais sa sévérité hautaine aigrissait les Portugais, déjà irrités de se voir dépendants du Brésil, et de prodiguer leur argent au luxe effréné d'une cour insoucieuse et éloignée; de voir leurs ports rester déserts, et les Français profiter seuls de ceux du Brésil.

Une conspiration se forma dans l'armée, selon l'usage; et le colonel Sepulveda invita les soldats à se soulever (24 août 1820), « du droit qu'ont les hommes de lutter contre la misère. » En un jour la révolution fut faite, et aussitôt les constitutionnels entrèrent à Lisbonne en triomphe (1er octobre). Ce fut un mouvement populaire et unanime, exempt dès lors de réactions. La régence, qui gouvernait en l'absence du roi, consentit à la convocation des cortès, qui n'avaient rien de contraire à la monarchie. Mais bientôt le suffrage universel qui fut établi amena à l'assemblée des exaltés, des agitateurs, par qui la constitution se changea en une révolution plus que populaire ; et les cortès se trouvèrent ainsi séparées du peuple.

A l'annonce de ces événements, le Brésil s'ébranla à son tour, et la constitution fut proclamée à Bahia. Don Pedro persuada à son père de l'accepter (10 février 1821); et le roi, avec sa bonhomie, s'écria : « Pourquoi ne m'en a-t-on pas prévenu plus tôt? » Les nègres le portèrent en triomphe. Mais bientôt on lui inspira des doutes, des soupçons; et il prit le parti de fuir en Europe, laissant une régence difficile à don Pedro, qui bientôt se trouva amené à déclarer le Brésil empire indépendant.

Jean VI étant débarqué en Europe, jura la constitution (4 juillet), qui différait de celle d'Espagne en ce qu'elle établissait deux degrés d'élection, limitait à quarante jours la durée du vote suspensif du roi, et ne soumettait pas à sa sanction les résolutions émanées de la première assemblée constituante des cortès.

INSURRECTIONS DE NAPLES ET DU PIEMONT

L'imitation a sa bonne part dans les opinions et dans tous les événements de ce monde; c'est une infirmité humaine que l'on s'est ingénié à ennoblir, en disant que les mêmes circonstances font mûrir à un jour donné les mêmes semences sous des cieux différents.

L'insurrection de l'esprit libéral dans la péninsule ibérique produisit ses effets par toute l'Europe.

En Italie, la Lombardie et la Vénétie étaient soumises à l'Au triche; elle en avait formé un royaume divisé en deux gouvernements qu'elle administrait comme les provinces héréditaires, et traitait en pays de conquête, sans constitution, sans même retablir les anciens priviléges que la Révolution et l'empire français avaient abolis. Le reste de la Péninsule avait ses princes particuliers, les uns anciens, les autres nouveaux, quelques-uns temporaires; tous gouvernaient patriarcalement. Les gouvernements révolutionnaires ayant supprimé les anciennes representations, il ne restait que l'absolutisme, qui était nouveau en ce

pays. Tant de lignes de douanes sur un territoire morcelé empêchaient le commerce, et ces échanges qui procurent la richesse; les avantages accordés à la concurrence étrangère étaient pour les manufactures nationales une cause de langueur. Des lois discutées, des jugements publics et à plusieurs degrés, la sûreté des dettes nationales, la modération des impôts, la liberté de la pensée, étaient des besoins vivement sentis.

A Naples, Ferdinand IV s'intitulait Ferdinand fer, comme premier roi du royaume des Deux-Siciles; et le duc de Calabre, son héritier, avait été envoyé en Sicile comme son lieutenant. Le roi, remis sur le trône par la Sainte-Alliance, dans laquelle il était entré, ne venait pas, comme l'implacable Caroline, altéré de la soif du sang : il aurait plutôt désiré faire oublier le passé, détestant tout ce qui se rattachait aux dix années précédentes, jusqu'à éviter de passer dans les rues ouvertes par les Français. Les nouveaux codes avaient apporté peu de changements au commerce et à la procédure; le divorce fut aboli, et la puissance paternelle fortifiée. On introduisit dans le code pénal les crimes de lèsa-majesté divine, et quatre degrés dans la peine de mort, selon que le condamné était envoyé au supplice vêtu de jaune ou de noir, chaussé ou pieds nus; le jury fut aboli, et les juges de l'accusation devinrent en même temps les juges du procès. La noblesse y conservait tout le luxe de ses titres, mais qui n'entraînent point de priviléges; et il n'existait plus que le souvenir des anciens bras et siéges : ainsi le pouvoir royal s'y déployait dans une complète indépendance.

Un vaste pays, connu sous le nom de Tavolière de la Pouille, restait inculte, et offrait une libre pâture à de grands troupeaux sous la garde de pasteurs nomades et presque sauvages; ils y vivaient sans liens, sans famille, obéissant à leurs chefs plutôt qu'au gouvernement. Parmi eux s'étaient recrutés, pendant la révolution de 1799, ces bandes féroces qui prétendaient relever la foi par l'assassinat. Les Français avaient émancipé le Tavolière et distribué les terres à de petits propriétaires, qui par intérêt s'attachèrent aux étrangers. A la chute du système français, Ferdinand remit ces terres dans leur ancien état; de sorte que les expropriés formèrent un groupe de mé

contents, désireux de révolutions dans l'espoir de recouvrer ce qu'ils avaient perdu.

Lorsque le roi, réfugié en Sicile, demanda au parlement de cette île de gros subsides pour recouvrer ses États de terre ferme, il le trouva récalcitrant. Alors il fit ressource des biens communaux, et mit des droits très-lourds sur les contrats. Le parlement protesta, et les chefs de l'opposition furent arrêtés; mais la chance des armes ayant tourné contre lui, le roi, lorsqu'il revint dans l'île à la suite de sa malencontreuse expédition, subit les conditions qui lui furent imposées, et accepta, sous la pression de l'Angleterre, la constitution de 1812.

Aux termes de cette constitution, la représentation nationale se divisait en deux chambres. Le roi était inviolable et les ministres responsables; du reste, liberté entière pour les personnes, pour la presse, pour les opinions, et inamovibilité pour les juges. La loi électorale favorisait les petits propriétaires; les fonctionnaires, excepté les ministres, étaient exclus de la représentation nationale. L'organisation municipale fut largement assise.

Mais les barons, propriétaires de la plus grande partie du territoire, se rendirent presque les arbitres du pouvoir judiciaire, grâce à leur influence sur les magistrats; et, pour alléger leurs charges, ils refusèrent au roi des subsides dans les circonstances les plus urgentes. Devenu plus fort en 1815, le roi voulut recouvrer l'autorité illimitée. La Sicile n'était plus protégée par les Anglais, qui n'avaient plus d'intérêt à favoriser ses libertés. Les gouvernements étrangers disputaient aux peuples les institutions données ou promises; l'Autriche redoutait l'exemple d'une constitution en Italie. Ce fut au mois d'août 1816, époque fixée par le parlement sicilien pour le recouvrement de l'impôt, que l'on profita de cette circonstance pour en dégoûter le peuple; et, grâce à la connivence de l'ambassadeur anglais Castlereagh, la constitution sicilienne fut abrogée, sous prétexte que le roi n'y avait pas prêté serment. Le fait était vrai; mais il avait envoyé son fils, lieutenant du royaume, pour la jurer en son nom. Les prières et les protestations furent vaines : la prison et l'exil répondirent aux récalcitrants. Il resta pourtant concédé

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