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formaient des îlots bordés de plaines, où vivaient les représentants des faunes méridionales ou tempérées. Ainsi peut s'expliquer le mélange des animaux du nord et du midi signalé souvent par les explorateurs dans certains gisements quaternaires.

Les premières trouvailles relatives à l'industrie de l'homme quaternaire furent l'œuvre de naturalistes, principalement de géologues, qui appliquèrent à ces études nouvelles les méthodes usitées en histoire naturelle.

En géologie, les zones successives se distinguent par les fossiles qu'elles renferment. On pensa, non sans raison, que le quaternaire devait rentrer dans la règle commune. Mais on fit une première infraction à la méthode scientifique en assimilant les produits de l'industrie humaine à des fossiles, et en leur appliquant les mêmes lois.

C'est ainsi que les naturalistes introduisirent la doctrine de l'évolution dans le domaine de l'archéologie. Ils posèrent en principe que les industries humaines avaient dû commencer par des formes extrêmement simples, qui allèrent ensuite en se compliquant, en se perfectionnant suivant des lois générales. C'est en vertu de ce principe qu'on crut reconnaître les premiers essais de taille du silex par l'homme dans les éclats naturels des gisements tertiaires d'Olta, de Puy-Courny, de Thenay ou de Mesvin. C'est pour la même raison que M. de Mortillet annonçait qu'à l'époque de l'éléphant antique, l'homme ne connaissait qu'un seul outil, bon pour tout faire, la pointe chelléenne (instrument taillé par éclats sur les deux faces), à laquelle venait s'ajouter un peu plus tard la pointe moustérienne (instrument taillé sur une seule face). Celle-ci finissait par régner seule et par caractériser un niveau stratigraphique et une époque archéologique, l'époque moustérienne.

Mais on sait que l'étude des faits n'a pas confirmé la théorie. Ce classement stratigraphique des types chelléens et moustériens, je parle des silex taillés,

trouve

sans doute son application sur quelques points; mais, sur d'autres, il est complètement renversé. Notre éminent confrère, M. d'Acy, a démontré que, dans les gisements paléolithiques les plus anciens de l'époque de l'éléphant antique, on trouve déjà les deux types fréquemment associés. Dans telle station on ne rencontre que du chelléen, dans telle autre que du moustérien, sans que la stratigraphie ni la faune permettent de les attribuer à des âges différents.

Après l'extinction de l'éléphant antique pendant la deuxième phase glaciaire et au début de l'âge du renne, le mélange des deux industries persiste. On a signalé dans un certain nombre de cavernes, à la base des dépôts ossifères, des instruments chelléens et moustériens avec la faune du mammouth et des animaux du nord. C'est la continuation de l'industrie précédente avec une faune différente. C'est une époque nouvelle, à laquelle il convient de conserver le nom d'époque moustérienne que lui a donné M. de Mortillet et que l'usage a consacré. C'est à cette époque qu'appartiennent, par exemple, les alluvions. des environs de Mons (Belgique), où les silex taillés du type moustérien paraissent plus abondants à la base et ceux du type chelléens dominent à un niveau supérieur.

Les paléoethnologues, c'est le nom que se donnent les archéologues versés spécialement dans l'étude des industries préhistoriques, prétendent distinguer des phases diverses dans le moustérien. Si un gisement renferme à la fois des types chelléens et des types moustériens, c'est, disent-ils, qu'il appartient à une époque de transition, d'autant plus ancienne que les types chelléens sont plus nombreux. Ainsi le veut la loi d'évolution. Dans le vrai moustérien, il ne doit plus y avoir de chelléen. Mais ce sont là des vues théoriques que les faits contredisent. On a cherché également à tirer un élément de classification des os travaillés par l'homme, associés à l'outillage en pierre. Nul à l'époque chelléenne, le travail

de l'os n'aurait commencé à se développer qu'à la fin du moustérien. Mais la conservation des ossements dépend des milieux où ils se trouvent, en sorte que l'homme peut être parfaitement étranger à leur abondance plus ou moins grande. Telle grotte (Germolles, Saône-et-Loire), dont l'outillage en silex se rapproche beaucoup du chelléen, renferme plus d'os travaillés que telle autre (Soyons, Ardèche), où règne seulement le type moustérien.

Pour bien asseoir une classification archéologique et lui attribuer une portée générale, il faudrait présenter à l'appui de nombreuses coupes stratigraphiques, suffisamment étendues, relevées en des points éloignés, et montrer leur parfaite concordance. C'est ainsi qu'on procède en géologie.

Mais les paléoethnologues ne peuvent fournir aucune coupe remplissant ces conditions. On ne relève soit dans les grottes, soit même dans les alluvions, que des lambeaux de coupes, précieux sans doute pour fournir les éléments d'une stratigraphie locale, mais dont on ne saurait tirer des conclusions générales sans s'exposer à de nombreuses causes d'erreur.

Les gisements chelléens (avec faune chelléenne) sont relativement rares. On en a signalé en France dans les alluvions des bassins de la Seine, de la Somme, du Rhône; dans les alluvions et dans quelques grottes du sud de l'Angleterre (Wookey; Long Hole); à Taubach (Allemagne). Ils manquent jusqu'à présent dans le nord de la France et en Belgique. Les gisements moustériens (avec faune moustérienne) sont plus nombreux. On les signale dans toute l'Europe occidentale. Quant aux silex taillés des types chelléens et moustériens, ils sont répandus partout, non seulement en Europe, mais en Asie, en Égypte, dans l'Amérique du Nord. Ils représentent les époques les plus diverses. Il n'y a que les faunes associées ou des considérations stratigraphiques qui puissent permettre de les

dater. Quand ces éléments d'appréciation manquent, on doit s'abstenir.

L'apparition, dans l'Europe occidentale, des animaux arctiques est un trait distinctif de la fin des temps quaternaires, désignée depuis longtemps sous le nom d'âge du renne. Les progrès de la paléontologie ont même permis, avons-nous vu, d'établir, au moyen de la faune, plusieurs subdivisions dans le quaternaire supérieur.

Examinons si l'industrie humaine fournit les bases d'une classification concordante avec celle-là. Dans les grottes pyrénéennes, M. Piette a reconnu plusieurs niveaux archéologiques. Sans parler d'une assise moustérienne, dont il reste parfois des traces, l'âge du renne commence par une zone solutréenne, caractérisée par des pointes de lances ou de flèches taillées en forme de feuilles de laurier, et par de premiers et très remarquables essais de sculpture en ronde bosse. L'ivoire est très employé. L'éléphant, le rhinocéros, les grands félins, les hyènes, le renne sont représentés dans la faune. Le climat n'est pas encore très froid. Au niveau supérieur, le travail de la pierre dégénère, et celui de l'os et de la corne atteint une grande perfection. Un froid sec règne dans la région. On voit arriver le saïga, le glouton, la chouette des neiges. C'est l'époque magdalénienne de M. de Mortillet. M. Piette y distingue plusieurs phases. Pendant la plus ancienne, les artistes des cavernes sculptent sur os ou sur bois de renne en demi-relief. Plus tard, ils gravent, sur les mêmes matières, des figures dont ils découpent les contours. Vers la fin de l'âge du renne, l'art de la gravure atteint son plus beau développement. Puis il se produit un changement de climat. La température se réchauffe. L'humidité succède à la sécheresse. Le renne. devient rare. Il est remplacé peu à peu par le cerf. Les tribus humaines continuent à vivre à peu près dans les mêmes conditions. Elles n'ont pas perdu les traditions.

des âges précédents. Mais leurs industries et notamment l'art de la gravure entrent en décadence.

Je ne veux pas faire ici l'histoire de l'art dans les cavernes. Je me contenterai de rappeler que les artistes de l'époque magdalénienne du midi de la France avaient des émules dans des régions bien éloignées des Pyrénées, de la Garonne et du Périgord. Des os gravés de cet âge ont été découverts en Provence, dans l'est de la France, à Solutré, en Suisse, en Belgique et dans le sud de l'Angleterre, dans des gisements de l'âge du renne. Mais il ne faudrait pas prétendre assimiler ces gisements, assise par assise, à ceux du midi de la France. Rien n'autorise à établir un parallélisme aussi complet.

L'industrie solutréenne, si bien caractérisée par l'abondance de ses belles têtes de lances et de flèches finement taillées, est répandue aussi sur la même ère géographique. Mais elle n'occupe pas partout la même position stratigraphique par rapport au magdalénien. A Laugerie-Basse (Dordogne), on a vu une assise solutréenne interrompre le gisement magdalénien. A la grotte de Bize (Aude), en pleine assise magdalénienne, on a recueilli une magnifique tête de lance du plus pur type solutréen. A Saint-Martind'Excideuil (Dordogne), à Marsoulas (Haute-Garonne), de nombreux types solutréens étaient mêlés à des instruments en os et en bois de renne, de style magdalénien. A Brassempouy (Landes), à la grotte de la Chèvre (Mayenne), le solutréen était à la surface et le magdalénien au-dessous.

A Solutré (Saône-et-Loire), la stratigraphie, restée longtemps incertaine, est très nette maintenant. Mes dernières fouilles ont mis en relief les faits suivants : Le solutréen typique occupe la zone supérieure. On a trouvé à ce niveau quelques essais de sculpture en ronde bosse et un fragment de gravure sur os. Le renne est très abondant. Mais on ne rencontre plus les espèces de la faune septentrionale, qui caractérise l'assise inférieure.

Cette assise inférieure, je l'ai considérée longtemps

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