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de me confier M. Krauss, M. Gorz et M. Zeiss. Je fais grâce au lecteur des résultats purement scientifiques de cette étude je parle aux amateurs, je l'ai dit. Tous constituent un très réel progrès sur nos bons Ross et nos Dallmeyer d'autrefois. Voilà un premier point. En voici un second le progrès très réel, très mesurable et très sensible, est cependant bien inférieur encore aux désirs, bien inférieur surtout aux promesses des circulaires et des catalogues. Ne vous fiez point trop à ces instantanées par ciel couvert, vous courriez à des déceptions cruelles. D'abord, parce qu'il y a ciel couvert et ciel couvert, du degré 1 au degré 12, comme comptent les météorologistes. Ensuite, parce que même l'objectif idéal ne fera jamais rien sans une belle et vivante lumière.

Quant à la valeur relative des anastigmats Zeiss, Krauss, etc., et du double anastigmat de Goerz, il est évident à toute première comparaison que les anastigmats simples l'emportent considérablement, toujours au point de vue de l'amateur.

Enfin, si l'on me demandait la différence entre les anastigmats construits par Zeiss lui-même et ceux que construisent ses licenciés Krauss, Ross, Voigtlander, etc., j'aurais peine à en signaler une importante. Personnellement cependant, je me suis décidé pour un Zeiss d'Iéna.

En somme, à l'heure actuelle, l'amateur délicat aura sous la main, pour toute la besogne courante, un anastigmat de Zeiss ; pour les reproductions de monuments, de cartes, de gravures, etc., un grand angle de Steinheil, toujours le meilleur jusqu'ici; et il attendra encore avant de se fixer sur le choix d'un téléobjectif.

Les téléobjectifs ne sont autre chose que la combinaison dans un même barillet d'un objectif ordinaire et d'une lunette d'approche. Le résultat est de donner, même à des distances considérables, une image relativement grande d'un objet l'image ordinaire vue à travers une jumelle de théâtre. L'avantage est incontestable en cer

tains cas particuliers; mais voici des conséquences qui l'atténuent considérablement. L'angle, du coup, est énormément réduit; le tirage de la chambre est notablement allongé, et le barillet du téléobjectif prend lui-même des dimensions effrayantes. Miethe, Steinheil, Dallmeyer, Zeiss lui-même, qui ont construit des téléobjectifs rivalisant d'ailleurs, n'ont pas su échapper à ces inconvénients. Le téléobjectif de Zeiss mesure 13 centimètres de longueur, en dehors de la chambre. J'ai oublié de mesurer celui du Dr Miethe, mais il allait certainement au-delà. L'amateur ne se résignera point à se charger d'outils aussi encombrants; sans compter qu'il veut aller vite et que les longs foyers retardent nécessairement la rapidité du système.

Il y avait par centaines des obturateurs exposés de tout nom, de toute forme et de tout genre. Là non plus l'idéal n'est encore atteint. Les diaphragmes iris ont fait disparaître les Greamston qui satisfaisaient dans la plupart des circonstances et qui n'avaient pas de complication exagérée. Restent les cent autres, parmi lesquels les obturateurs Belot et, depuis quelque temps, les Thorton Pickard, avec leur rideau fendu, semblent vouloir tenir la corde.

Beaucoup de photographies étaient étalées un peu dans toutes les sections; à ce point de vue la section belge avait la palme. Il y avait là des œuvres d'amateur vraiment merveilleuses de facture technique et d'art. Tous les papiers du monde : parmi les plus beaux, le Eastman, le velours d'Artigue et le Lamy. Trop négligé, le simple papier salé viré au chloroplatinite, qui, pourtant, donne à l'amateur toute une palette de tonalités superbes. Il est vrai qu'il exige les forts clichés d'autrefois, quand l'albuminé seul régnait en maître.

(La fin prochainement).

Victor VAN TRICHT, S. J.

SOMNOLENCE ET SOMMEIL,

L'important et difficile problème du sommeil préoccupe depuis longtemps les philosophes et les savants: il n'est pas encore résolu. Sans doute, ses obscurités tiennent en grande partie à notre ignorance du fonctionnement encéphalique et ne sont pas près de se dissiper. Mais n'y a-t-il pas une cause moins élevée, plus prochaine, à tant d'infructueux efforts? Pourquoi les vaillants et innombrables travaux des chercheurs n'ont-ils pas donné la raison du sommeil ? Pourquoi n'ont-ils pas même réussi à projeter quelques lueurs sur ce mystérieux phénomène ? Parce qu'ils ont en général méconnu la nature du problème et usé de méthodes défectueuses. Les philosophes, puis les savants se sont attribué le monopole de son étude et, par leur procédé exclusif, ont faussé la question et nécessairement abouti à des résultats négatifs.

Le sommeil ne saurait être revendiqué d'une manière absolue ni par la philosophie ni par la physiologie: il appartient à la psycho-physiologie. Qu'on en fasse avec certains idéalistes le repos de l'esprit ou avec les matérialistes le repos du corps, qu'on le considère comme une maladie mentale ou qu'on le réduise simplement à une anémie cérébrale, peu importe: on est forcé de reconnaître que cet état physiologique non seulement n'est pas étranger à l'âme, mais qu'il intéresse directement l'esprit. A bien dire, il participe à la fois de l'esprit et du corps, il relève du composé humain, il est mixte; et, comme tous

les phénomènes psycho-sensibles, il s'impose à l'étude combinée de la science et de la philosophie.

Voilà la vérité qui a été jusqu'ici gravement méconnue, et qu'il faut décidément admettre sous peine d'errer à l'aventure dans un idéalisme trompeur ou dans un matérialisme aveugle. Dieu nous garde de médire des psychologues; mais n'ont-ils pas accaparé naguère le problème du repos morphéique et entravé sa solution par cet exclusivisme inconcevable? La plupart semblent s'inspirer de la fameuse définition de M. de Bonald: «L'homme est une intelligence servie par des organes », et attribuent à l'âme le rôle prépondérant, on dirait presque le seul rôle dans le sommeil. Jouffroy (1) prétend que l'âme, souveraine dans son activité, donne congé aux organes et provoque entre elle et le corps une scission, une sorte de dissociation qui laisse à chacun un repos nécessaire. De nos jours, Albert Lemoine, dans une monographie intéressante (2), n'hésite pas à caractériser ainsi le sommeil : « C'est le repos de l'esprit par distraction et éparpillement. » Le côté somatique de la question est négligé et tenu comme secondaire. N'est-ce pas faire la partie belle aux savants et les engager à s'emparer d'un problème physiologique du plus haut intérêt? Il se sont bien gardés de résister à la tentation.

« De toutes les questions qui présentent une grande importance, une grande généralité, écrit le Dr Lasègue, le sommeil est une des plus mal étudiées. Jusqu'ici les psychologues seuls ont entrepris la tâche de nous renseigner sur le sommeil. Mais, dès le principe, leurs efforts sont frappés de stérilité: ils n'ont en effet à leur disposition que la conscience comme instrument d'étude, que les faits de conscience comme point de départ de leurs raisonnements. Or, dans le cas qui nous occupe, la perception de

(1) Du Sommeil. MÉLANGES PHILOSOPHIQUES, 1833.

(2) Du Sommeil, p. 34.

II SÉRIE. T. VII.

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soi-même est absente, et l'homme qui dort n'assiste que rétrospectivement et par un effort de mémoire (d'ailleurs souvent stérile) aux phénomènes de conscience qui se sont produits pendant le sommeil, en sorte que les procédés ordinaires du philosophe, qui consistent à descendre dans l'intimité du moi et, par une analyse patiente, à en classer les différentes modalités, ne sauraient être utilisés. Le sommeil échappe donc aux investigations des psychologues et ne peut leur apparaître que comme la prélibation de la mort. Pour faire cette étude, il faut être médecin, c'est-à-dire savoir s'appuyer à la fois sur les faits de conscience et sur les faits d'observation (1). »

Il y a du vrai dans cette page du savant professeur ; mais, quelque flatteuse qu'elle soit pour nous, nous ne pouvons y souscrire sans réserve, ou, mieux encore, sans outrecuidance. S'il faut être médecin pour étudier le sommeil, il ne faut plus l'être, semble-t-il, pour l'expliquer; car nos savants, et en particulier le professeur Lasègue, ont été absolument au-dessous de leur tâche et n'ont pu arriver à une conclusion acceptable. La cause de leur insuccès est évidente : ils cherchent exclusivement dans la physiologie la raison des faits psycho-sensibles. Ils affirment bien qu'il faut s'appuyer à la fois sur l'observation externe et sur la conscience, mais ils négligent absolument l'introspection et réservent toute leur attention au fonctionnement cérébral. Les faits de conscience leur échappent ou sont mal analysés. Quoi d'étonnant? Le sens philosophique peut-il appartenir à ceux qui refusent de voir l'âme dans les manifestations psychiques et qui s'obstinent à ne connaître et à n'admettre partout que la matière ?

En face de ces deux camps bien tranchés, des philosophes qui se cantonnent dans leur moi et des savants qui s'abandonnent au matérialisme, comment le problème

(1) Leçon sur le sommeil, 1881. ÉTUDES MÉDICALES, t. I, p. 429.

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