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commande le système nerveux, mais elles sont dues aussi en partie aux occupations journalières du sujet, et à la somme de dépenses organiques qu'elles produisent. Il est incontestable qu'on dort d'autant plus profondément qu'on a été plus épuisé par le travail de la veille. La somnolence paraît être en raison inverse de la fatigue. Les gens du monde sont beaucoup plus rêveurs que les ouvriers. Celui qui a peiné tout le jour en maniant la pelle, la truelle ou le rabot tombe naturellement le soir dans un sommeil profond, caractérisé par une insensibilité absolue et l'absence de rêves; au contraire, l'oisif, qui mène une vie calme et reposée, ne jouit pas la nuit d'un sommeil plein et est particulièrement sujet à la somnolence.

Toutefois la règle que nous indiquons est loin d'être absolue, la nature du repos restant toujours subordonnée à certaines conditions inéluctables. Ainsi le sommeil n'est garanti que par l'apathie, la disparition de l'activité sensible, l'absence totale d'émotion. L'agitation des sens est un obstacle sérieux au sommeil plein. Toutes les passions ont la même influence: elles éloignent le repos de notre couche et nous livrent à un sommeil anxieux, coupé de rêves incohérents et d'atroces cauchemars.

La rapidité des rêves est d'observation vulgaire et nous fait juger de celle de la somnolence. Les dormeurs les plus "songeurs savent bien que leurs rêves sont fugaces, éphémères, et qu'ils n'accaparent pas à eux seuls la durée d'une longue nuit. « La multiplicité des tableaux que le rêveur perçoit et la variété des scènes qu'il imagine pourraient induire en erreur sur la durée du rêve; mais l'expérience apprend que ce rêve, malgré toutes ses complications, a la rapidité de l'éclair. Entre la longue durée que nous supposons au songe et sa durée effective, à peine mesurable tant elle est fugitive, il y a une disproportion énorme, éclatante, qui prouve nettement que le sommeil ne se résume pas dans le rêve et qu'il

comprend des périodes d'inertie et d'inconscience absolues. Citons quelques exemples caractéristiques.

» Le comte de Ségur se trouve en prison sous la Terreur. Il s'endort au moment où sonnent les premiers coups de minuit. Mille scènes horribles se succèdent dans son rêve, qui réclameraient au moins cinq à six heures entières pour se dérouler dans la réalité. Un bruit le réveille en sursaut: c'est la sentinelle qu'on vient relever, et il constate que son long rêve avait tout juste duré quelques fractions de minute.

» Le docteur Tissié a eu la bonne chance de pouvoir lui-même mesurer très exactement un de ses rêves: un long voyage qu'il faisait en songe et qui lui avait laissé l'impression d'une durée de trois mois avait à peine duré cinq à six secondes (1).

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Maury, qui a fait une étude spéciale du sommeil, a raconté aussi un de ses rêves. C'était pendant la Révolution. Accusé d'un crime quelconque, il était poursuivi, arrêté, emprisonné, jugé et condamné à mort. Il assista aux douloureux préparatifs de son exécution, fut traîné jusqu'à l'échafaud, monta sur la plate-forme, plaça sa tête dans la lunette et... se réveilla guillotiné la flèche de son lit venait de se détacher et de lui tomber sur le cou. En une seconde s'étaient déroulées en imagination des scènes qui eussent exigé dans la réalité plusieurs jours.

Ces faits, et beaucoup d'autres qu'il est inutile de rappeler, démontrent l'extrême rapidité des rêves et ne permettent pas d'admettre leur pleine continuité pendant le sommeil.

Comment se partage la nuit du dormeur? C'est ce qu'il est impossible de dire d'une manière générale, les variations individuelles étant très grandes. Mais on peut affirmer que constamment la somnolence et le sommeil plein se succèdent l'un à l'autre. Chez certains, le sommeil

(1) Dr Surbled, Le Sommeil, 1893, p. 16.

accapare à lui seul toute la nuit, précédé et suivi seulement d'une courte somnolence; chez la plupart, les périodes de somnolence et de sommeil plein alternent en nombre variable, de sorte qu'on peut traduire exactement leur repos morphéique de la façon suivante :

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Somnolence Sommeil plein Somnolence - Som-Somnolence Sommeil plein

meil plein
lence Réveil.

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Somno

La veille est toujours reliée au sommeil plein par la somnolence qui leur sert de trait d'union ou plutôt de transition naturelle et nécessaire. On ne passe pas brusquement de la pleine conscience de la veille à l'inconscience absolue du sommeil, et entre ces deux états opposés la somnolence apparaît comme intermédiaire.

Tels sont les faits que l'observation enseigne. La clinique en fournit d'autres corrélatifs. Le sommeil provoqué par les anesthésiques (éther, chloroforme) présente avec le naturel des analogies frappantes qu'il est bon de rappeler ici. Les gens qu'on soumet aux inhalations du chloroforme pour des opérations chirurgicales n'arrivent jamais au sommeil plein, à l'insensibilité absolue, sans présenter une phase d'excitation préalable, plus ou moins longue, qui accuse des rêves étranges, incohérents, tumultueux. Assurément de tels rêves ne sont pas semblables aux rêves normaux, et le sommeil anesthésique ne saurait être confondu avec le sommeil ordinaire; mais il y a là une indication en faveur de notre thèse, qu'il nous a paru bon de relever. On en signalerait facilement d'autres du même genre dans l'intoxication par l'opium, par le haschich, par l'alcool et surtout dans l'hypnose; mais il faut se borner et conclure cette étude.

Il y a deux phases dans le repos morphéique. L'une, traversée par les rêves, constitue la somnolence. L'autre, caractérisée par l'inconscience, est le sommeil proprement dit ou sommeil plein. Ces deux phases nous paraissent faciles à distinguer, mais elles sont loin d'être connues

dans leurs conditions psycho-physiologiques et dans leur fond même, nous n'hésitons pas à le reconnaître. La somnolence, en particulier, qui participe à la fois de la conscience et de l'inconscience, intriguera longtemps les chercheurs, et le monde mystérieux des rêves n'est pas près de nous livrer ses secrets. Toutefois le sommeil, si longtemps fermé à la science, commence à nous révéler sa nature; et l'avenir, en multipliant les efforts, les moyens d'étude et les découvertes, nous réserve les plus lumineux aperçus sur ce capital problème de l'âme vivante.

Dr SURBLED.

PROJET D'ÉTUDE

DES

BASSINS HOUILLERS BELGES (1)

Les chroniques nous rapportent qu'il y eut autrefois près de Liége, dans une forge assise au bord de la chaussée, un maréchal-ferrant du nom de Hullos. Il était un jour occupé à son travail, quand il fut salué fort amicalement. par un vieillard à la barbe blanche, aux cheveux blancs, et vêtu d'une robe de même couleur.

"

Bon ouvrage, maître artisan, dit-il, et bon gain! Noble vieillard, reprit Hullos, quel gain voulez-vous que je fasse mon triste métier me procure à peine mon pain; le plus beau de mon bénéfice passe à l'achat du charbon de bois. Mon ami, reprit l'inconnu, si vous voulez gagner davantage, allez près de la montagne des Moines. Là, vous trouverez à fleur de terre une pierre très noire, prenez-en et en usez comme de charbon, elle vous. rendra bon office pour la forge. A ces mots, l'inconnu disparut (2).

(1) Mémoire présenté au Congrès scientifique international des catholiques réuni à Bruxelles, du 3 au 8 septembre 1894.

(2) Beaucoup d'historiens et de chroniqueurs rapportent ce fait; qu'il nous suffise d'en citer un qui a le mérite de l'antiquité :

66

Hoc quoque tempore (sous Albert de Cuyck, prince-évêque de Liége, de 1194 à 1200), nigra terra ad usum fabrorum et communem focum struendum iuxta Leodium miro modo inventa est. Nam quidam senex, canitie et barba 10

Ile SERIE. T. VII.

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