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Est-ce histoire ou légende? Nous l'apprendrons peutêtre un jour de quelque docte chercheur plus heureux que ceux (1) dont cette question a déjà occupé les veilles.

Pour nous, sans vouloir que l'usage de la houille ait fait partie des enseignements primordiaux, nous trouvons plus simple d'admettre qu'il date du moment où des hommes vinrent se fixer aux places d'affleurement des veines du précieux minéral.

Il ne fallait pas aux peuples primitifs plus de sagacité pour utiliser la houille que pour exploiter le silex et extraire le métal du rocher. N'est-ce pas afin de mettre les lèvres béantes des veines de la houille à la portée de l'homme que le Créateur déchira, par de merveilleux bouleversements, les entrailles du globe?

Quoi qu'il en soit de ces présomptions, la première observation historique nous reporte vers l'an 1200 (2).

L'antiquité de cette date ne donne cependant pas à l'Europe la palme de la première découverte : l'ExtrêmeOrient la lui a ravie, comme bien d'autres. Marco Paolo (3), en abordant en Chine, y trouva l'usage de la houille déjà bien ancien. Il y a plus de deux mille ans que cet usage

venerandus, alba veste indutus, fertur transisse per vicum denominatum Cochè, et dixisse cuidam fabro conquerenti quod laborando nullum aut parvum lucrum faceret : « Amice, perge ad vicinum montem Monachorum » et invenies nigras venas terrae patentes, quae terra est utilissima ad >> igniendum ferrum, » et hoc dicto disparuit.

Qui gesta Fontificum Leodiensium scripserunt autores praeci pui, ad seriem rerum et temporum collocati,... industria R. D. Joannis Chapeauilli.... Leodii, Christ. Ouwrex jun., 1613, t. II, p. 191. Ex libro Aegidii a Leodio Aureae Vallis religiosi, c. xcv.

(1) Ed. Grar. Histoire de la recherche, de la découverte et de l'exploi tation de la houille dans le Hainaut français, dans la Flandre française et dans l'Artois, t. III, pp. 9 et suiv.

(2) Ferd. Henaux. La Houillerie du Pays de Liége, p. 35. Nous disons « observation historique », parce que les faits plus anciens que rapporte cet auteur nous semblent peu judicieusement établis au point de vue critique. Ainsi, par exemple, l'existence pure et simple d'un temple de Vulcain sur la butte de St-Gilles, à Liége (p. 31), ne suffit pas pour nous prouver la connaissance de l'usage de la houille. Nous oserions encore moins la prouver par ce texte de Tacite (p. 33): totos dies juxta focum atque ignem agunt (De Germania, C. 17). (Otto Vogel).

(5) Eisenindustrie in China, Prometheus, 1892, no 141, pp. 581 et suiv.

y est connu et, détail curieux, plus de mille ans que les Chinois donnent au charbon la forme de briquettes.

En Europe, l'exploitation industrielle du précieux minéral commença vraisemblablement en Belgique, et à Liége (1). Les autres centres furent créés à mesure que la renommée allait racontant les merveilles que la houille opérait parmi les féaux sujets des princes-évêques.

Si du côté industriel la Belgique a conquis le droit d'aînesse, il n'en est pas ainsi pour l'étude scientifique de ses gisements houillers.

Les principaux bassins d'Allemagne, d'Angleterre, d'Autriche et de France furent étudiés à fond dans des ouvrages spéciaux avant que la Belgique n'en eût produit.

La modestie ne doit cependant pas faire taire la vérité. Si la mort ne nous avait pas enlevé le Dr Sauveur et, il y a quelques années, l'abbé Coemans; si d'autre part les grâces captivantes de la rose n'étaient pas venues distraire M. F. Crépin, le savant directeur du Jardin botanique de l'État, nous serions en possession de travaux capables de soutenir tout parallèle.

Au point de vue stratigraphique cependant, le plus important pour l'industriel, nous possédons plusieurs mémoires (2) dont les données principales sont consciencieusement résumées dans les cartes minières dressées par les ingénieurs de l'Administration des mines du royaume (3).

(1) Ed. Grar. Op. cit.

(2) Citons particulièrement :

1. Pour le bassin de Liége: Dumont (1831), MM. Briart et Cornet (1863), L. Jacques (1868), M. de Macar (1875 à 1877), Malherbe (1876 à 1889), MM. Lohest (1890), et plusieurs notes de M. A. Firket.

II. Pour le bassin de Namur : X. Stainier (1894).

III. Pour le bassin de Charleroi : Eug. Bidaut (1843).

IV. Pour le bassin du Centre: De Cuyper (1870), Gendebien (1876).

V. Pour le bassin du Couchant de Mons: V. Bouhy (1855), M. G. Arnould (1877).

2. Carte générale des mines

(3) Ministère des Travaux publics. 1. Extrait de la carte générale des mines (Bassin houiller de Liége). de Belgique (Bassin houiller de Charleroi). mines (Bassin houiller de Mons).

3. Carte générale des

Il faut y ajouter un récent mémoire de M. Alph. Briart (1), l'un des plus éminents vétérans de la géologie en Belgique. On y voit comment le bassin du Centre n'est qu'une seule formation déchirée en deux combles par une importante poussée. Cette faille aurait eu comme effet de relever le comble-nord assez pour en faire affleurer les veines inférieures, et de plisser les couches du comble-sud en contact avec la faille, tout en leur laissant leur pendage primitif.

Si la stratigraphie générale des bassins houillers belges est assez connue, il faut convenir qu'il reste encore bien des questions de détail à élucider. Il est peu de charbonnages qui n'aient à résoudre des problèmes pour la solution desquels l'état de nos connaissances est de tout point trop précaire.

Quant à la paléontologie de l'horizon houiller, il n'y a guère que quelques jalons de placés. M. Stainier, professeur agrégé à l'Institut agricole de l'État, s'est réservé l'étude de la partie zoologique. On lui doit déjà des découvertes de grand intérêt consignées dans deux mémoires (2) qui résument en plus les travaux de ses devanciers.

La paléobotanique houillère est encore dans l'attente d'une étude générale. Dans un travail plus spécial, nous comptons exposer prochainement les résultats dûs en particulier à Sauveur et à Coemans, à MM. Crépin, Firket et aux autres qui ont traité ce sujet. Puis nous nous mettrons à faire connaître les nombreux matériaux déjà recueillis par nous.

Pour le moment, qu'il nous soit permis de présenter au Congrès notre plan de campagne. C'est sans aucun doute peu de chose. Mais cet exposé, fait devant

(1) Alph. Briart. Étude sur la structure du bassin houiller du Hainaut dans le district du Centre. ANN. DE LA SOC. GÉOL. DE BELG., t. XXI, pp. 125-149, avec 2 planches.

(2) Stainier. Matériaux pour la faune du houiller de Belgique. ANN. DE LA SOC. Géol. de BelG., t. XIX, pp. 333-359, et t. XX, pp. 45-58.

tant d'hommes qui ont blanchi au service de la science, nous vaudra peut-être de leur indulgence quelque bon conseil et dans tous les cas un bienveillant encouragement.

Le marin qui se prépare à voyager en explorateur étudie les expéditions faites avant la sienne, fait choix d'un bâtiment, l'arme selon les règles de l'expérience, examine les cartes pour y tracer sa route en prévoyant les écueils.

Pour nous, voilà tantôt cinq ans que, pour suppléer à notre inexpérience, nous pratiquons le conseil du poète :

« Versate diu quid ferre recusent,
Quid valeant humeri... (1) » ̧

Afin de n'avoir pas à revenir sur nos pas, nous avons, pour chercher notre route et en étudier les détours, profité des avis de conseillers bienveillants et expérimentés.

La science pure et la science appliquée voudraient chacune voir résoudre une question qui leur tient fort au

au cœur.

La géologie se trouve toujours en face d'une profonde obscurité quand il s'agit d'expliquer le mode de formation des lits de houille intercalés dans les sédiments de cet horizon. L'ingénieur, et surtout l'exploitant, voudraient être renseignés à fond sur la synonymie des couches et posséder une boussole moins folle pour s'orienter dans leurs recherches.

Aider à l'éclaircissement de ces deux problèmes, ajouter de nouveaux jalons aux jalons déjà fixés, fournir de faits précis et nombreux l'arsenal géologique, voilà le but que nous nous sommes proposé et que nous tâcherons d'atteindre pour faire progresser la science.

Quiconque s'est occupé de travaux de ce genre doit être surpris de la facilité avec laquelle beaucoup d'au

(1) Horace. Art poétique, vv. 39 et 40.

teurs, armés d'observations restreintes en nombre et en étendue, passent à des conclusions étonnamment vastes. Est-ce l'intuition géniale qui les pousse? Ce n'est pas toujours le cas. Car leurs conclusions sont ou devraient être, en bonne logique, tempérées par des peut-être, en tel nombre et de telle gravité que ces conclusions y perdraient le meilleur de leur valeur. Ce qui est plus vraisemblable, c'est que le savant obéit parfois, lui aussi, à la précipitation qui caractérise le temps présent. Ainsi le nautonier de l'âge de fer s'abandonnait aux vents avant d'en connaître ni la force, ni la direction (1).

Frappé de cette idée, et conseillé d'ailleurs par M. de Lapparent, l'éminent professeur des Facultés catholiques de Paris, nous avons cherché à trouver une méthode appropriée au sujet et qui permit une marche assurée vers un but nettement connu et précisé.

Prendre en bloc toute la formation houillère en Belgique serait s'engager à plaisir dans un labyrinthe inextricable. C'est donc la méthode monographique qui devait avoir les préférences.

Mais encore la méthode monographique pouvait-elle se pratiquer de différentes façons. Ne faudrait-il pas borner l'étude à la délimitation d'un bassin ou d'un charbonnage, ou plutôt ne serait-il pas préférable de choisir un niveau et de le poursuivre minutieusement du levant au couchant?

Un examen attentif fait voir à l'évidence que le premier de ces deux plans d'étude est presque impraticable. Ces délimitations de charbonnages et même de bassins sont si arbitraires ou si peu connues, et les travaux y sont faits à des niveaux si peu concordants, qu'il faudrait pouvoir compter sur les années d'un patriarche pour oser s'engager dans cette voie.

Force nous fut donc d'en venir au second procédé, afin

(1) « Vela dabant ventis, nec adhuc bene noverat illos
Navita... » (Ovide, Métamorphoses, I, vv. 133 et 134.)

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