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groupes, l'un affecté aux questions de principes et à l'affirmation de l'unité de la matière, l'autre aux forces moléculaires et aux forces vitales.

L'ouvrage se clôt par un chapitre, le seizième, sur la Théologie des sciences médicales.

A première vue, les objections se présentent nombreuses, non pas, certes, contre les intentions et l'élévation d'esprit du pieux auteur, mais contre le principe même de son système; ainsi, il est difficile de consentir à prendre la révélation non pas seulement comme règle négative et comme préservatif de la science humaine, mais encore et principalement comme règle positive, comme source de données premières des connaissances profanes. Ce n'est que justice d'ailleurs de reconnaître l'existence d'une très grande part de vérités dans les développements exposés à l'appui de cette contestable prétention.

Si les conclusions dépassent parfois les prémisses, si les applications de pensées bonnes en soi sont souvent excessives ou forcées, on ne rencontre pas moins à chaque instant, dans ce livre, des vues élevées servies par une érudition scientifique des plus étendues et des plus variées, et empreintes d'un esprit philosophique où l'on sent l'influence de Joseph de Maistre et du Père Gratry, dont l'autorité est du reste souvent invoquée. Toutes les fois que l'auteur reste sur le seul terrain de la philosophie des sciences sans aborder celui de la théologie, il nous paraît inattaquable. Parfois même ses emprunts à la théologie, si on les considère à titre auxiliaire seulement, et non comme règle positive, ouvrent des aperçus fort dignes d'attention. Qu'on en juge par ce passage extrait d'un paragraphe sur la Philosophie des sciences mathématiques (1):

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(1) Ce passage est compris dans le chapitre Théologie des sciences exactes; mais il fait partie d'une subdivision intitulée : Philosophie des mathématiques. On peut voir par là que l'auteur fait parfois confusion entre ce qui est du domaine de la théologie et ce qui est du domaine de la philosophie.

« Dieu est un, mais infini. Ces deux notions sont les deux premiers éléments de ces sciences. Déjà, dans la Trinité, voici le nombre qui apparaît dans cette représentation mystérieuse de la quantité trois, la première que nous exprimions par le mot plusieurs, et qui forme à proprement parler une collection. Les créatures possibles dont les types sont en Dieu sont en nombre indéfini : autre notion qui, de l'infini, nous fait descendre par cette transition vers le fini des nombres. Enfin les créatures réalisées sont en nombre fini et déterminé, réalisant ainsi, par leur existence, l'arithmétique éternelle qui est en Dieu. »

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L'auteur se plaint beaucoup qu'on ait rendu les mathématiques arides, stériles, étroites, desséchantes pour l'esprit, pour en avoir éliminé toute notion, tout esprit philosophique, et théologique, faut-il ajouter pour rendre toute sa pensée, alors qu'elles sont par ellemêmes si belles, si nobles, si philosophiques, si rapprochées de Dieu, comme en témoignent les écrits de Kepler, de Newton, de Leibnitz et de tant d'autres. Il va jus qu'à estimer que « les nombres et les lois mathématiques sont partout dans l'ordre spirituel comme nous les voyons dans l'ordre matériel ".

Sans apprécier ce jugement, nous croyons que l'aute ur va un peu loin quand il voit dans l'amour de Dieu, d'après l'Écriture, toutes les dimensions géométriques : quae sit latitudo et longitudo, et sublimitas et profundum (Ephes., III, 18). Ici la largeur, la longueur, la profondeur, sont des expressions bien plutôt métaphoriques que géométriques au sens exact de ce mot. N'est-ce pas également pousser les choses à l'extrême que de considérer les opérations philosophiques, l'analyse, la synthèse, comme étant en elles-mêmes des opérations mathématiques ?

Quant à voir, dans les lois invariables de la mesure, de la quantité, du nombre et de l'espace, la propre analogie des êtres créés et finis avec le créateur infini, la mesure de leur participation à l'être de Dieu, et dans

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les mathématiques la mesure de la forme et des proportions suivant lesquelles est réalisée cette participation finie à l'être de Dieu infini, c'est là assurément une très belle pensée et très vraie; mais elle est étrangère à la science mathématique prise en elle-même c'est une application de la théologie, ou mieux de la théodicée, à l'objet de cette science.

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Dans la Théologie des sciences cosmographiques », relevons, d'après Mgr Bertrand, évêque de Tulle, une très belle explication de la Terre centre du monde ». Ici la théorie géocentrique est toute d'ordre moral. Notre terre où le Verbe de Dieu s'est fait homme, où il est constamment représenté par l'Église et où il réside luimême dans le sacrement de l'Eucharistie, notre terre est par là-même le centre théologique de tous les mondes. Devant cette humble planète qui, si modeste soit-elle par le volume, a reçu l'empreinte des pieds de Jésus-Christ, a fourni la matière de sa chair, a nourri son corps, et qui produit encore la matière de l'Eucharistie et des autres sacrements, devant elle tous les soleils pâlissent et les étoiles ne paraissent plus que de modestes satellites. Ces astres forment l'armée du roi; mais c'est la terre qui porte sa couronne. »

Cette considération serait bonne à opposer aux esprits sincères, mais troublés par ces savants qui, mesurant la dignité et la valeur des êtres à leur masse et à leur volume, estiment notre globe un atome insignifiant dans l'ensemble de l'univers, et l'homme, l'homoncule comme ils disent, moins que rien.

III.

LA THÉOLOGIE DES SCIENCES NATURELLES ».

De plus importantes réserves seront à faire dans la partie de l'ouvrage où l'auteur s'occupe des sciences naturelles.

Par exemple, dire, en géologie, que les masses minérales solides forment comme la charpente ou plutôt le squelette du globe », ce peut être une élégante figure littéraire, et il n'est pas interdit de l'employer au sens métaphorique; ce n'est pas, scientifiquement, une expression heureuse, puisqu'il est reconnu aujourd'hui que les chaînes et les massifs de montagnes, loin d'être des éléments primordiaux de la structure de la terre, sont, au contraire, les produits de dislocations accomplies aux dépens de l'horizontalité primitive des couches stratifiées (1).

Soutenir la théorie des jours-époques dans l'œuvre de l'hexameron, et surtout prétendre que « nier les joursépoques, c'est aller même contre la Bible», c'est beaucoup se hasarder. Rien n'est, plus que cette théorie, battu en brèche par l'exégèse la plus nouvelle en même temps que la plus orthodoxe. Même les exégètes qui refusent, avec raison croyons-nous, de ne voir dans l'hexaméron tout entier qu'un tableau allégorique, font bon marché des jours périodes et reconnaissent volontiers que le yôm mosaïque n'a pas d'autre signification que celle de jour dans le sens littéral et ordinaire. Cela ne crée d'ailleurs aucune difficulté à l'interprétation, attendu que Moïse, dans son récit, n'a aucunement prétendu tracer un historique cosmogonique et géologique de la formation du monde, mais seulement exposer le dogme de la création ex nihilo, indiquer l'ordre de cette création, et consacrer l'institution divine de la semaine. Les jours peuvent bien être des jours de 24 heures, mais leur portée est seulement symbolique et non limitative de durée.

Un reproche plus grave à adresser au pieux auteur est d'avoir employé 26 pages à soutenir, et en s'appuyant sur l'autorité de la Genèse et sur celle de saint Pierre, la théorie neptunienne de la formation du globe, théorie depuis longtemps abandonnée par tous les géologues

(1) Cfr A. de Lapparent, Traité de géologie, et L'Age des formes topographiques (Rev. des quest. scCIENT., octobre 1894, p. 432).

dignes de ce nom. Ce n'est pas parce que M. Aubry cite à son appui l'opinion du bon abbé Choyer que son système acquerra une grande force probante; cette partie des écrits. par ailleurs estimables du digne ecclésiastique n'a jamais été prise au sérieux par aucun géologue de profession. Soutenir de telles idées en prétendant les faire sortir du texte des saintes Écritures, c'est compromettre inutilement celles-ci, tout en prêtant à rire à nos ennemis.

Ces critiques, trop fondées, malheureusement, doivent néanmoins faire place à l'éloge pour certains détails, certaines réflexions sensées, certaines vues ingénieuses où se retrouve, entremêlé à des opinions plus que contestables, le mérite très réel de l'auteur. L'idée que le firmamentum de la Genèse représente, non pas un lieu ou une chose, mais bien une force, la force qui rend stable la matière créée et l'empêche de se désorganiser et de se disperser, cette idée, qui peut prêter à discussion, ne manque pas d'originalité. Les pages où ce même auteur refait en le paraphrasant le récit de l'œuvre créatrice, paraissent irréprochables au point de vue d'une saine exégèse.

Sur la zoologie, la biologie et le transformisme, nous trouvons également, de la part de l'auteur, à côté de considérations fondées et solides, des vues que nous devons combattre.

Parmi ces dernières, il n'est pas possible de ne pas relever cette opinion, qu'il faut « demander à la révélation ce qu'elle fournit sur l'ordre et la classification des êtres, attendu que la révélation, en tant que telle, ne nous fournit absolument rien pour nos classifications scientifiques. S'il est hors de conteste que Dieu, qui a créé le monde, peut seul décrire, en parfaite connaissance de cause, la constitution intime et la classification des êtres, il est infiniment moins certain que, tout en le pouvant, il ait voulu le faire. Par conséquent rien ne prouve que, même pour le naturaliste chrétien, ce soit

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