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la Bible qui doive poser le premier principe de toute classification des êtres organisés, le critérium par lequel on les distinguera par genres, par espèces, etc. »

Plus loin, l'auteur se prononce contre le transformisme, ce qui est incontestablement son droit. Après avoir indiqué l'enchaînement des êtres rangés par catégories contiguës en une classification naturelle, il affirme qu'on ne pourra jamais montrer, entre ces catégories continues, un lien de parenté, qu'il n'existe là qu'un rapport d'affinité. Cette assertion sera-t-elle toujours corroborée par les faits? C'est le secret de l'avenir. En tout cas, elle est pleinement en harmonie avec l'état actuel des connaissances. Il est juste d'ailleurs de faire observer que, tout opposé qu'il soit aux théories évolutionnistes, notre auteur reconnaît hautement les grands progrès qu'elles auront fait faire aux sciences physiologiques, quand la question sera vidée, par les recherches auxquelles elles auront donné lieu ». Quand la question sera vidée! Mais le sera-t-elle jamais?

Exposant ensuite la thèse transformiste d'après Haeckel, bien qu'il ne le nomme pas, thèse appuyée à son point de départ sur la génération spontanée, pour aboutir à la formation animale de l'homme tout entier par voie purement évolutive, le zélé missionnaire la condamne en toute raison et n'a pas de peine à en démontrer la fausseté. Il va même un peu loin, ce semble, en observant que cette thèse n'est hérétique qu'en ce qui concerne la formation de l'homme. Mais d'abord il y a ici une importante distinction que l'auteur n'a point faite : l'homme est à la fois corps et âme. Admettre la formation évolutive de l'homme ainsi compris, du composé humain en un mot, est assurément une opinion hérétique; mais admettre l'intervention de l'évolution dans la formation du corps seulement du premier homme, est-ce aussi aux yeux de notre théologien une hérésie? Il ne le dit point.

Laissons de côté le transformisme étendu à l'homme.

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Considérée en dehors de ce point, cette thèse n'est donc point hérétique. Mais, ajoute J.-B. Aubry, elle est évidemment téméraire, les principes qu'elle pose conduisent à l'hérésie; elle est d'ailleurs, dit-il un peu plus bas, considérée par tous les théologiens comme allant directement contre la révélation biblique », assertion qui, dans cette généralité, est notoirement inexacte, car on pourrait citer nombre de prêtres et même de religieux, très orthodoxes, qui sont explicitement transformistes, non point, il est vrai, à la façon de Haeckel. Des savants de haute valeur, dont plusieurs sont d'ailleurs catholiques, sont également partisans de l'idée, du principe transformiste. Il est donc rationnellement «téméraire» de dire que toutes théories transformistes doivent être repoussées non seulement à cause des arguments qu'elles opposeraient à la foi catholique, mais aussi à cause de leur absurdité scientifique bien prouvée »!

Visiblement l'auteur n'a pas su faire la distinction essentielle entre transformisme haeckélien et cette même thèse dépouillée de ses superfétations matérialistes. Ce qui semblerait le prouver, c'est le soin extrême qu'il met à combattre la génération spontanée, point de départ, comme on le sait, du système d'Haeckel, mais dûment enterrée depuis les fameuses expériences de M. Pasteur, corroborées par celles d'un grand nombre d'autres savants; s'attarder à combattre cette chimère, n'est-ce pas un peu s'en prendre à des moulins à vent?

C'est comme à regret que nous formulons ces critiques; elles nous paraissent nécessaires; mais la place qu'elles tiennent nous prive d'insister sur d'autres parties d'un très réel mérite dans le même ouvrage, et notamment dans les pages qui nous occupent en ce moment. Il ya, entre autres, sur l'origine et le principe de la vie organique, sur la génération, sur l'importance et le rôle de la végétation dans l'atmosphère, des pages empreintes d'une science et d'une philosophie du meilleur aloi.

Dans le chapitre sur l'anthropologie et l'homme préhistorique, il faudrait pouvoir citer tout entières les pages relatives à l'influence du physique sur le moral chez l'homme. On y trouve aussi, en d'autres points, des assertions absolument vraies en principe, telles que celles-ci :

« Il faut considérer les dogmes de l'Église non pas comme des entraves gênantes pour la science, mais comme des jalons sûrs et précieux pour guider nos recherches. En prenant le mot guider dans le sens de empêcher de s'égarer», il n'y a rien à redire à cette formule.

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De même pour cette autre Toutes les fois qu'il y a contradiction (nous ajouterions: certaine, évidente, irréductible) entre un dogme de foi et une proposition scientifique, il n'est pas besoin d'autre examen pour affirmer à priori que cette proposition est fausse.»

Très exacte également cette parole de Cauchy : « Le savant doit rejeter sans hésiter toute hypothèse qui serait en contradiction avec les vérités révélées. »

Mais si vrais, si indiscutables que soient, pour tout catholique, de tels principes, encore faut-il les appliquer avec prudence et discernement. Comme le dit l'auteur lui-même dans son chapitre sur la Géologie de la Bible: - Pesons bien notre foi, et ne faisons dire à la révélation que ce qu'elle dit. »

Or il est permis de craindre que le zélé missionnaire n'ait, plus d'une fois, très inconsciemment à coup sûr, fait dire à la révélation plus qu'elle ne dit.

Par exemple, quand il semble considérer la chronologie biblique comme un dogme, ne va-t-il pas plus loin que l'Église elle-même ? Sans doute, il est contraire à l'esprit comme à l'ensemble du contexte des saintes Écritures d'admettre les chiffres fantastiques, se dénombrant par centaines de milliers de siècles, que certaine école attribue à l'âge de l'humanité. Et c'est bien dans le but de

combattre la véracité de la Bible que cette fantasmagorie chronologique a été inventée. Il n'en est pas moins vrai que l'Église n'a jamais rien défini quant à la durée des temps écoulés depuis la création d'Adam. Et comme, en plus, les différentes recensions de la Bible sont en désaccord entre elles dans d'assez fortes proportions sur cette question, nous ne croyons pas qu'il soit licite de considérer comme un dogme la durée de six ou sept mille ans qu'on peut attribuer à l'âge de l'humanité d'après la Genèse.

L'hypothèse d'un homme préadamique, nous entendons d'un être intelligent et doué de raison, ayant existé et entièrement disparu avant la création d'Adam, est une hypothèse très hasardée et, croyons-nous, peu sérieuse. Est-il nécessaire toutefois de la condamner comme contraire à la révélation? Nous ne le croyons pas, attendu que la révélation est muette sur ce point. Le digne abbé Aubry va donc encore trop loin quand, à propos de cette hypothèse, il s'écrie: « C'est ce qui ne s'est pas rencontré dans le monde avant Adam; et la science ne prouvera pas le contraire, puisque la foi, qui est supérieure à la science, le dit. "

Où et quand la foi dit-elle cela? On ne sache pas qu'elle y ait jamais fait allusion. De même, elle ne nous apprend rien sur l'habitation ou la non-habitation des astres. Devra-t-on donc soutenir, au nom de la foi, qu'il n'existe pas et qu'il ne peut exister d'êtres intelligents sur des planètes autres que sur la terre? Ce serait pourtant tout aussi rationnel que de repousser, au nom de cette même foi, la possibilité d'un homme préadamique.

Il y a cependant de beaux passages dans le livre que nous apprécions. D'excellentes choses y sont dites sur la physiologie et son rang dans les sciences naturelles dont elle occupe le sommet; elle forme ainsi la transition entre elles et la philosophie, par la psychologie son point de départ. L'auteur voudrait qu'on terminât la physiolo

gie par deux importants chapitres, dont l'avant-dernier aurait pour objet la théorie de la loi organique, et le dernier, le rapport de l'organisme avec l'intelligence. Sur celui-là, l'auteur, point exclusif et d'esprit large, estime que les écrivains matérialistes, à la condition que l'on rejette leurs conclusions, sont excellents à consulter, ayant à ce sujet des observations saisissantes de profondeur, de pénétration et de justesse, lesquelles font d'ailleurs la séduction de leurs théories.

Un peu plus loin, on rencontre cette observation très judicieuse, à savoir que les explications physiologiques de la vie organique appuyées sur des expériences et des découvertes si nombreuses, ne sont matérialistes que parce qu'on les prend dans un sens exclusif. Elles sont fausses, non point par elles-mêmes, mais en tant qu'incomplètes, parce que l'on considère les phénomènes organiques comme les causes premières de la vie, tandis qu'ils n'en sont que les causes secondes ou les conditions essentielles.

Quand on aura pénétré le secret du fluide magnétique, on aura élucidé autant qu'il est possible le mystère de la vie; car ce fluide« est aux confins qui séparent le monde matériel du monde spirituel et comme à cheval sur la croupe qui sépare les deux versants de la vie. » Très bien mais n'est-il pas hasardeux de considérer comme diaboliques, sans aucune distinction, tous les effets extraordinaires ou inexpliqués que l'on observe dans l'état hypnotique? Que d'inconnues encore à dégager dans les conditions de l'action des organes sur l'esprit et réciproquement! Qu'il y ait dans la pratique de l'hypnotisme de réels dangers, et qu'il faille, en cette matière, user d'une extrême circonspection et d'une prudence consommée, c'est sur quoi tous les catholiques sont d'accord. Mais englober tous les phénomènes hypnotiques, avec le mesmérisme, dans une réprobation commune et absolue, prononcer qu'ils sont tous dus à une interven

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