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comme moustérienne. C'était aussi l'opinion de feu l'abbé Ducrost. L'outillage en silex y est en effet franchement moustérien. Les types chelléens n'y sont pas rares. On n'y trouve pas une seule pointe solutréenne. Mais la faune n'est pas moustérienne. C'est le gisement de l'antilope saïga, de la chouette des neiges, de l'Arctomys primigenia, qui appartiennent à l'horizon magdalénien. Pour compléter la ressemblance, on a recueilli, à ce niveau, de nombreux os travaillés, des pendeloques en ivoire et en os, des flèches en bois de renne, des bâtons de commandement perforés mais non gravés, des grains de collier en pierres dures, polies et percées, etc. Il n'y a plus à en douter: c'est une assise magdalénienne, et elle s'engage incontestablement sous la zone solutréenne. Je signalerai en passant la grande analogie qui existe entre cette zone magdalénienne et le deuxième niveau ossifère de la grotte de Spy (Belgique).

On ne saurait donc trop le répéter les caractères archéologiques, industriels, ne peuvent pas servirà classer chronologiquement un gisement, si l'on est privé des autres caractères fournis par la faune et par la stratigraphie. La stratigraphie doit avoir le dernier mot.

L'enchevêtrement irrégulier des assises solutréennes et magdaléniennes, le facies moustérien de quelques gisements magdaléniens, prouvent que la théorie de l'évolution continue, allant du moustérien au magdalénien, en passant par le solutréen, n'est pas soutenable.

Parmi les nombreuses tribus qui peuplaient l'Europe occidentale pendant l'âge du renne, les unes taillaient leurs outils en silex suivant les vieux types chelléens et moustériens; les autres avaient adopté le nouveau style solutréen; d'autres pratiquaient l'art de la sculpture et faisaient un emploi abondant de l'os et de la corne. Ces tribus, comme toutes les peuplades de chasseurs, devaient être nomades. Dans leurs longs déplacements du sud au nord, de l'est à l'ouest, elles occupaient, les unes après les autres, les mêmes lieux de campement, et la stratigraphie a conservé

la trace de leurs passages successifs. Si, dans les Pyrénées, les mêmes populations magdaléniennes sont restées maîtresses de leurs positions jusqu'à la fin de l'âge du renne, cela tient sans doute à leur genre de vie. M. Piette pense qu'elles élevaient le renne à l'état domestique. Ces pasteurs de rennes pouvaient mener une vie plus sédentaire que les

chasseurs solutréens.

En résumé, la fin de l'âge du renne nous fait assister à un très intéressant spectacle. Nous voyons des populations adonnées encore à une vie très simple et très primitive, réaliser cependant des progrès qui sont un acheminement non équivoque vers un état de civilisation plus élevée. Des rites funéraires apparaissent dans un grand nombre de stations (Furfooz, Spy, Solutré, Menton, Cro-Magnon, Laugerie-Basse, etc.). L'art de tailler le silex a acquis une perfection qui ne sera pas dépassée. Certaines pointes de lances ou de flèches solutréennes peuvent rivaliser avec les plus belles armes en silex de l'époque de la pierre polie ou du bronze. Les types les plus divers se trouvent parfois réunis. En se perpétuant à travers les âges, l'industrie du silex s'est enrichie et n'a perdu aucune des formes anciennes. On trouve encore la pointe chelléenne à Solutré, la pointe moustérienne à Reilhac (Lot). Mais dans ces deux stations on voit apparaître la pointe à pédoncule. La pointe à cran, qui est un acheminement vers la flèche à ailerons, est connue depuis la base du magdalénien et se trouve encore à Reilhac. Le tranchet, fréquent à l'époque néolithique, se trouve avec le renne à Gourdan et à Sargels (Aveyron). L'ambre commence à se montrer à Aurensan (Hautes-Pyrénées). On sait polir et percer les pierres les plus dures, la fluorine, la serpentine, la saussurite, le schiste, le jais, pour fabriquer des grains de collier ou des pendeloques; on emploie au même usage l'os, l'ivoire, les coquillages, les dents d'animaux. On façonne des galets en forme de godets et de petits

lle SÉRIE. T. VII.

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mortiers (La Madeleine, les Eyzies, Gorge-d'Enfer, Marsoulas, le Pont-du-Gard); on sait obtenir, au moyen du polissage, des facettes planes sur des galets ou sur des fragments de roches dures (Solutré, Reilhac, le Pont-duGard). On employait le grès pour polir à Solutré, à Bruniquel, à Engis. Les archéologues français sont peu disposés à admettre que la poterie fût connue à l'âge du renne, quoiqu'elle ait été signalée dans plusieurs gisements quaternaires (Saint-Moré, Solutré, Vergisson, Bize, Nabrigas, Le Chaffaud); mais elle ne s'y montre qu'en fragments petits et rares, qui inspirent des doutes. En Belgique, la question est plus avancée et paraît même résolue dans le sens de l'affirmative, grâce aux trouvailles de MM. Dupont, Fraipont et Braconier (Furfooz, PetitModave, Engis). Nous avons dit que les troglodytes pyrénéens avaient peut-être domestiqué le renne et même le cheval. M. Piette a montré des os gravés où les têtes de ces animaux paraissent garnies de liens. Une tête de renne de la grotte d'Arudy (Basses-Pyrénées) est figurée avec un véritable bridon. M. Toussaint avait soutenu antérieurement que le cheval était domestiqué à Solutré. Enfin tout le monde connaît les magnifiques séries de sculptures et de gravures extraites des gisements de cette époque, surtout dans le midi de la France. On gravait et on sculptait la pierre, l'os, la corne et l'ivoire. Les principaux motifs de décoration sont empruntés à la faune. Mais on remarque aussi de nombreux exemples d'ornementation géométrique, où figurent la dent de loup, le losange, les rinceaux, les palmettes, les torsades, les treillis, les rosaces, les feuilles disposées symétriquement, etc. Ce n'est pas de l'art enfantin; c'est de l'art très étudié, très cherché. Et encore est-il permis de penser que nous ne connaissons qu'une faible partie des productions de nos artistes quaternaires. Ils ont pu exercer leur talent sur d'autres matières périssables que le temps a détruites. Dans la grotte d'Arcysur-Eure (Yonne), on a recueilli, au milieu d'une assise

magdalénienne, une pendeloque en bois de conifère, figurant un bupreste. Peut-être la peinture ne leur était-elle pas inconnue. Les matières colorantes rouges à base d'oxyde de fer se rencontrent parfois très abondamment dans les stations magdaléniennes. A la grotte de la Chèvre (Mayenne), M. l'abbé Maillard a trouvé des traces de peinture rouge sur des lamelles de dent d'éléphant. On a recueilli des galets peints en rouge dans plusieurs grottes (Menton, La Tourasse [Haute-Garonne], le Masd'Azil (Ariége). La matière colorante était parfois déposée dans des valves de coquillages (Bruniquel, le Mas-d'Azil). Au Mas-d'Azil, M. Piette a recueilli un grand nombre de galets peints, dans des assises un peu plus récentes que le magdalénien proprement dit, qu'il désigne sous le nom d'assises de transition et qu'il rattache à la base du néolithique.

Ces assises, dites de transition, ont été observées par M. Piette dans les grottes de Gourdan (Haute-Garonne) et du Mas-d'Azil (Ariége). Leurs principaux caractères sont les suivants: Le renne y manque. La faune quaternaire est remplacée par la faune actuelle, cerf élaphe, boeuf, cheval, porc, etc. On y trouve des fragments de poteries grossières, pourvues d'anses mamelonnées, percées de trous de suspension; des flèches en silex à tranchant transversal, dites tranchets; des hameçons plats, perforés, en bois de cervidés; des galets décorés de points, de lignes, de chevrons, de croix, de cercles peints en rouge; des graines de céréales qui ressemblent à du blé.

Ces caractères font penser à l'époque néolithique. Mais aucun d'eux n'est absolument étranger cependant au magdalénien. Nous avons vu que, dans un grand nombre de stations magdaléniennes, on a cru rencontrer des fragments de poteries. Les vases à anses mamelonnées du Mas-d'Azil rappellent le vase de Furfooz (Belgique). A Gourdan, au fond de la caverne, du côté droit, M. Piette

a observé un petit amas isolé, où le renne se trouvait mêlé à quelques tessons de poterie noire et à des grains de collier en argile. De semblables grains de collier en argile ont été rencontrés en grand nombre dans les assises magdaléniennes de Gourdan.

Les hameçons plats perforés ont été recueillis dans les grottes de Reilhac, de Lortet (Hautes-Pyrénées), d'Alliat (Ariége), dans des assises où le renne existe encore, mais où il est rare. Ces gisements représentent certainement la fin du quaternaire.

Un galet colorié, à bandes parallèles, a été trouvé au Maz-d'Azil, en pleine assise magdalénienne. J'ai cité plus haut d'autres exemples semblables, se rapportant au magdalénien.

M. de Lapouge a nommé le tranchet parmi les silex taillés de la grotte de Sargels (Aveyron), avec le renne.

Un os sculpté de la grotte des Espelugues (Lourdes) paraît représenter un épi de blé. Il provient d'un gisement magdalénien.

Les assises de transition ont fourni quelques os décorés d'ornements géométriques qui rappellent le style magdalénien.

En un mot, ces assises se rattachent étroitement au magdalénien par la plupart de leurs caractères. Si le renne y manque au Mas-d'Azil et à Gourdan, il se trouve dans des gisements analogues à Reilhac, à Lortet, à Alliat, à Sargels, etc. Il faut remarquer d'ailleurs que, dans les Pyrénées, nous sommes sur l'extrême limite de l'habitat du renne, et qu'à la fin de l'époque magdalénienne il a pu disparaître là un peu plus tôt qu'ailleurs. Si nous franchissons la frontière espagnole, nous rencontrons, à peu de distance, des stations où le renne n'existe pas, mais qui se rattachent incontestablement, par leur industrie, soit au magdalénien, soit à nos stations de transition (Altomira, Seriña). On a trouvé dans une de ces stations (Seriña) un andouiller que M. Harlé a cru devoir attribuer

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