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tion diabolique », c'est, encore ici, forcer la note et trahir la vérité en la dépassant ce que l'Église réprouve, ce sont les pratiques abusives pouvant en effet aller jusqu'à l'intervention de Satan, ce ne sont pas les investigations prudentes dans une voie qui peut ouvrir à la science de nouveaux horizons.

IV.

LA THÉOLOGIE DES SCIENCES PHYSIQUES, CHIMIQUES ET MÉDICALES. APPRÉCIATION GÉNÉRALE.

Sur la portion de l'ouvrage de Jean-Baptiste Aubry qui a pour objet les sciences physiques et chimiques, puis les sciences médicales, nous ne nous étendrons pas longuement, afin d'éviter les redites.

Les qualités et les défauts précédemment signalés s'y rencontrent dans la même proportion. On y trouve des vues ingénieuses, hardies, neuves parfois.

A propos des forces, de l'équilibre et de ce que l'auteur appelle le firmament de la matière, il expose avec de plus amples développements cette idée que le firmamentum exprime non un lieu ni une chose, mais la force qui rend l'univers stable, et cette force ne serait autre que la loi de l'attraction universelle appliquée par Dieu à la matière en la créant.

Pour nous, qui avons soutenu, contre l'opinion la plus répandue, celle de la réalité de l'action à distance (1), cette vue de J.-B. Aubry n'est pas pour nous déplaire.

Sur la place que doivent occuper la physique et la chimie dans l'ensemble des connaissances humaines, et sur celle qui revient à la chimie relativement à la physique, et à la chimie organique relativement à l'inorganique,

(1) Cfr Newton et l'action à distance. REV. DES QUEST. SCIENT, janvier 1893.

sur l'unité de la matière et la classification des corps simples; sur les forces moléculaires et les forces vitales, il y a des aperçus qui peuvent sans doute prêter à la discussion, mais qui n'en sont pas moins sérieux et dignes d'être médités.

Seulement, le parti pris de faire toujours, en matière de connaissances humaines, tout rentrer bon gré mal gré dans la théologie, donne lieu, comme précédemment, à plus d'une conclusion forcée, à plus d'une assertion où la vérité, qui y serait contenue en principe, se perd dans l'exagération.

Il en est de même dans le chapitre consacré aux sciences médicales et pharmaceutiques, par lequel se clôt le volume. S'il est incontestable qu'une opposition systématique des sciences médicales à toute philosophie spiritualiste et à toute donnée chrétienne soit une situation fausse et préjudiciable à leur saine application, il n'en résulte pas cependant que les données premières de ces sciences découlent, d'une manière apparente, du dogme. L'auteur s'appuie notamment sur cette considération que la mort est contraire à la nature de l'homme », qu'elle est la punition du péché originel, ainsi que la maladie, et que par conséquent l'une et l'autre ne doivent pas être étudiées comme des phénomènes naturels, mais comme des exceptions.

N'y a-t-il pas, là encore, une confusion?

Assurément la mort et la maladie sont contraires à l'état dans lequel Dieu avait mis le premier homme et la première femme avant leur chute. Mais cet état était précisément un état surnaturel, et le châtiment du premier péché a consisté en ce que nos premiers parents perdirent, par le fait même, cet état surnaturalisé, pour retomber dans l'état de pure nature. En ces conditions, la médecine a-t-elle à tenir compte de l'état exceptionnel et malheureusement éphémère dans lequel Dieu avait créé les deux premiers êtres humains?

Ile SÉRIE. T. VII.

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Résumons-nous, ou de moins résumons les conclusions qui se dégagent des remarques et observations qui précèdent.

Que les sciences humaines se tiennent systématiquement éloignées de tout contact avec les vérités révélées, affectant de ne les pas connaître, quand encore elles n'affectent pas, qui pis est, de les combattre au nom des vérités spéciales qu'elles croient mettre au jour, il y a là assurément un état de choses regrettable et notoirement préjudiciable au progrès de ces sciences elles-mêmes. Et c'est par un sentiment de juste réaction contre cette tendance que le pieux et érudit missionnaire a conçu son livre, ou plutôt, comme il le dit lui-même, son plan pour l'édification d'une " Synthèse des connaissances humaines dans la théologie. Mais, ainsi qu'il arrive souvent, la réaction contre un abus vous entraîne dans l'abus en sens inverse : c'est l'histoire du pendule qui, écarté de sa position normale, la dépasse d'un écart presque égal au premier, dans le sens opposé.

La connaissance, accordons même une connaissance approfondie des vérités révélées est d'une grande utilité au savant sous le rapport que voici. Quand, par ses inductions, il arrive à une formule ou proposition scientifique contenant une opposition certaine et absolue à quelque dogme bien défini et dégagé de toute interprétation plus ou moins discutable, le savant chrétien est assuré par làmême qu'il a fait fausse route, et que la formule ou l'hypothèse auxquelles ses inductions l'ont conduit doivent être abandonnées. Autrement dit, et pour employer une figure assez expressive, les vérités révélées sont, pour les sciences humaines, comme des fanaux qui éclairent les précipices et les heurtoirs échelonnés le long de la route, dangers que, faute d'utiliser ces lumières, on risque fort de ne pas éviter. Ou bien encore si, sans contredire absolument quelque dogme précis, telle théorie scientifique nouvellement construite établit une opposition

tranchée avec l'esprit général de l'Écriture sainte ou de l'Église, le savant chrétien se tiendra sur la réserve, considérera provisoirement la nouvelle théorie comme douteuse, et cherchera si c'est réellement dans l'enseignement des livres sacrés ou dans leur interprétation que réside l'opposition. Et l'on peut assurer que cette circonspection et cette prudence ne seront jamais une entrave, mais bien plutôt un auxiliaire pour la vraie science, soucieuse de la vérité plutôt que d'un système.

Voilà, croyons-nous, où est la vraie thèse. Et tout ce qui, chez M. Aubry, est conçu sous ce point de vue, est irréprochable, ainsi que ce qu'il dit sur l'utile concours de la philosophie dans l'étude des sciences.

Malheureusement il ne s'en tient pas là, et veut, comme on l'a vu, chercher dans les dogmes révélés et dans les textes de la Bible l'inspiration première de toutes les sciences; il veut y voir les données primordiales de celles-ci, un peu à la façon dont les axiomes renferment implicitement tout l'ensemble des déductions mathématiques. Une telle prétention ne peut être, croyons-nous, d'aucune utilité pratique pour les connaissances de l'ordre naturel, et présente au contraire un double danger : danger pour la science et danger pour la foi.

Le danger pour la science réside en ce que les liens qui, dans le domaine du possible, rattacheraient aux vérités révélées à l'homme les vérités découvertes par lui, sont des liens imperceptibles, insaisissables à l'intelligence humaine et qui ne lui ont point été révélés. D'où il suit que le savant qui voudrait tirer, par voie de déduction, des données scientifiques de tel ou tel dogme, de tel ou tel texte de la Bible, risquerait le plus souvent de s'y tromper et d'aboutir à des conclusions notoirement fausses.

De là le danger pour la foi en solidarisant ainsi la science avec la révélation, on rendrait celle-ci responsable de toutes les bévues, de toutes les erreurs parmi

lesquelles la science humaine peut s'attarder et s'attarde souvent dans ses recherches; et, pour la grande masse des esprits, le dogme ou l'Écriture sainte en seraient discrédités.

C'est pour avoir voulu partir du même principe que celui préconisé par feu Jean-Baptiste Aubry, qu'un estimable savant, ancien élève de l'École Polytechnique, a inventé naguère un système cosmographique de haute fantaisie, où le soleil est réduit presque au rôle de satellite de la terre, où celle-ci et la lune sont seules à conserver leur dimensions, masses et distances respectives, où toutes les planètes sont ramenées à des distances et à des volumes insignifiants, où les étoiles fixes sont assimilées à des luminaires métalliques attachés à un vaste réseau sphérique tournant tout d'une pièce autour du couple formé par le soleil et la terre, etc.! Voilà à quelles absurdités en est venu de bonne foi un mathématicien de valeur, pour être parti de cette idée fausse qu'il devait trouver dans les textes sacrés la clef du véritable système astronomique.

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Rien de semblable assurément ne pourrait être relevé dans le plan du zélé missionnaire. Il a bien trop de bon sens pour cela. Il n'en est pas moins vrai que c'est en partant des mêmes principes que l'ancien polytechnicien (nous ne le nommerons pas) a abouti à une conception qui, malgré les calculs et formules mathématiques qui l'appuient, n'a et ne peut avoir aucune espèce de valeur.

Comme on l'a dit plus haut, de ce que Dieu, maître de la science, serait seul en état d'en exposer, d'une manière infaillible et certaine, les données fondamentales, il n'en résulte aucunement qu'il ait voulu le faire. Il paraît même certain qu'il ne l'a pas voulu. On a souvent cité à ce propos une parole que saint Augustin, je crois, opposait déjà aux chrétiens de son temps qui voulaient chercher des indications astronomiques dans l'Écriture sainte: "La Bible n'a pas été écrite pour enseigner aux hommes

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