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comment va le ciel, mais pour leur apprendre comment on

va au ciel. »

On pourrait,

pour répondre d'une manière analogue à la thèse de l'abbé Jean-Baptiste Aubry, qui veut chercher dans la Bible des renseignements non seulement astronomiques, mais encore sur toutes les sciences dont l'objet est sur la terre, paraphraser ainsi la parole de saint Augustin:

« L'Écriture sainte n'a pas pour objet d'enseigner aux hommes comment vont le ciel et la terre, mais bien de leur apprendre comment on va de la terre au ciel. »

C. DE KIRWAN.

L'HOMME DE GÉNIE

SELON LOMBROSO

Lombroso vient de donner la sixième édition italienne de son Uomo di Genio. On se rappelle l'effet de stupeur que produisit ce livre, lorsque, faisant pendant à l'Uomo delinquente, qui avait prétendu renouveler toutes les notions sur l'homme criminel, il vint révéler au monde ce qu'est l'homme de génie.

Disons-le en toute franchise, jamais nous n'avons compris cette émotion. Car nous ne trouvons pas, comme beaucoup d'autres, dans l'ouvrage de Lombroso, une thèse nouvelle, un système insoupçonné. Nous n'y pouvons voir que l'expression, paradoxale, sans aucun doute, et outrée, l'expression fausse même, d'une vérité sur laquelle tout le monde s'est trouvé et se trouve d'accord.

Notre affirmation est de nature, peut-être, à soulever bien des clameurs, autant de la part des lombrosiens que de ceux qui répudient ces idées. Les uns seront scandalisés en nous voyant refuser de rejeter en bloc un système qui semble l'expression quintessentielle du matérialisme; les autres s'indigneront de nous voir attenter à la gloire de novateur dont ils ceignent avec enthousiasme le front du Maître.

Et cependant, c'est notre conviction le système de Lombroso a beaucoup de vrai, et cette somme de vérité a été admise et exprimée bien avant lui; mais il a poussé

les idées à l'extrême; entraîné par son habituel systématisme, il est allé non seulement au paradoxe, mais à l'exagération évidente.

De plus, il a essayé de donner à ces idées une forme scientifique, et en cela il a été bien malheureux.

Tout d'abord, comme nous le disions, il a poussé trop loin ses conclusions, par exemple lorsqu'il a cru pouvoir définir le génie une psychose dégénérative du groupe épileptique.

Mais ce que nous lui reprochons surtout, c'est la faiblesse de l'argumentation dont il cherche à étayer son système. Positiviste, et se glorifiant de l'être, il aurait dû s'appuyer sur la constation des faits et en déduire la théorie; mais les idées préconçues lui ont mis un prisme devant les yeux, et les choses et les faits ont changé d'apparence, prodigieusement exagérés d'une part, réduits à des proportions minimes de l'autre, se présentant trop souvent sous un angle qui n'est pas celui de la réalité. Lombroso est un à-prioriste inconscient qui, de la meilleure foi du monde, peut-être, voit les faits non tels qu'ils sout, mais tels que le système les exige.

:

Le but qu'il s'est proposé a du grand, c'est incontestable. Étudier de plus près cette chose admirable qu'est le génie, en rechercher les conditions physiologiques, les analyser, pour synthétiser ensuite ces éléments en une loi il y avait là de quoi tenter un esprit audacieux. Mais on éprouve une impression pénible à voir le savant descendre des hauteurs sereines de la science, pour laisser percer à tout propos et souvent hors de tout propos les mesquines haines du sectaire. Et vraiment il ne le fait pas toujours sans quelque ridicule! Le jésuite, entre autres, tourmente singulièrement le sémite professeur; et les traits qu'il décoche à cet obsédant ennemi, qu'il voit làmême où il ne se trouve pas, lui fournissent l'occasion de manquer étrangement son but. C'est ainsi que, emporté par une belle indignation contre la déprimante influence.

des fils de S. Ignace, il gémit de les voir arrêter le développement intellectuel dès avant 1460: « Que l'on voie par exemple, le Piémont, où certainement l'éducation militaire et l'éducation JÉSUITIQUE... retardèrent pendant longtemps l'efflorescence des beaux-arts, surtout de la musique; et jusqu'en 1460, en peinture les célébrités sont rares et étrangères: Bono, Bondiforte; mais après Bondiforte, que l'on fit venir de Milan, viennent immédiatement Sodoma, Martini, » etc. (1).- Lombroso a-t-il oublié que S. Ignace fonda la Compagnie de Jésus en 1534?

"

Ce n'est pas la seule preuve que donne l'auteur de la sûreté de son érudition; - et Dieu sait s'il aime à en faire étalage! Nous ne perdrons pas notre temps à relever toutes les bévues de cette nature dont le livre fourmille. Cette abondance d'erreurs de détail vient entamer singulièrement la confiance que devaient donner au lecteur les premières lignes de la préface à cette édition. Faisant fi, selon son habitude, de toute fausse modestie, Lombroso commence par dire son non sum sicut caeteri homines. « Il arrive souvent, dit-il, aux auteurs, d'être repentants et tristes de leur œuvre à peine achevée; le plaisir de la recherche, de la création est évanoui; restent les doutes, les remords pour les erreurs, et pour les fautes qui n'y manquent jamais. Cette fois, je puis dire le contraire. Je sens avoir fait une œuvre, sinon complète, au moins plus voisine de la perfection que, avec mes pauvres forces, je ne pouvais l'espérer. Ce qui m'aide beaucoup, c'est que cette édition est, non seulement la sixième, mais, en y ajoutant les éditions étrangères, la quatorzième. Les dernières, grâce aux critiques des pays les plus cultivés de l'Europe, sont demeurées pures des erreurs dont les premières abondaient (2).,

"

Nous ne partageons nullement l'optimisme de Lom

(1) P. 196.

(2) Préface, p. VII.

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"

broso, car nous estimons, pour les avoir rencontrées, qu'il est resté, dans cette sixième ou quatorzième édition, nombre d'erreurs fort remarquables. On peut apprendre, non sans surprise, dans ce savant travail, que Cornélius a Lapide eut, dans sa jeunesse, le crâne brisé, et que c'est pour cette raison qu'il s'appelle « A Lapide (1). Dans leur naïveté, les historiens, jusqu'ici, avaient cru que ce nom était une forme latine du nom patronymique du savant scripturiste, qui s'appelait « van den Steen » (De la Pierre). L'histoire sera reconnaissante à Lombroso de sa découverte inespérée. D'autre part, il applique à Albert le Grand la petite aventure arrivée, en réalité, au même a Lapide admis en présence du pape (2); celui-ci, trompé par la petite stature du religieux qu'il croyait agenouillé, alors qu'il était debout, lui dit Surge a Lapide. Ici cependant, nous devons rendre hommage aux bonnes intentions de l'auteur. Convaincu que l'amour du jeu de mot est un signe de folie, il n'a pas voulu consacrer, par son autorité, l'irrévérence de ceux qui osent prétendre que le pape, en cette circonstance, se soit permis un calembour. Mais ceci n'est que vétilles. Le savant auteur s'est permis des fautes plus graves; nous allons le voir.

Lombroso veut établir que ce paradoxe qui confond le génie avec la névrose, quelque cruel et douloureux qu'il soit, ne manque pas cependant d'un fondement solide (3) ».

Ce qu'il fera tout d'abord, ce sera de montrer dans le génie ces caractères qui, le plus souvent, bien que pas toujours, accompagnent les dégénérations (4)

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A-t-il fait cet exposé avec la rigueur scientifique que

(1) P. 9.

(2) P. 8. (3) P. 6.

(4) Ibid.

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