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important sujet d'étude pour l'auteur de l'Uomo di Genio, par le parfait équilibre des facultés intellectuelles et morales.

Plateau (Gand) tient également une place importante parmi les initiateurs.

Le grand Milne-Edwards était né à Bruges.

Van Helmont (Bruxelles, 1644) mérite mention parmi les plus puissants promoteurs d'idées nouvelles.

Nous ne citons pas Schwann, le fondateur de la théorie cellulaire, car, bien que sa vie scientifique appartienne à la Belgique, il n'est pas né dans notre pays.

La géologie reste reconnaissante à d'Omalius d'Halloy, un des fondateurs de cette science, aussi bien qu'à André Dumont qui, à 21 ans, traçait de main de maître la méthode qui permet de reconnaître l'âge des terrains soulevés, et ce avec une netteté et une précision qui provoquent l'admiration.

Schmerling, le premier, eut l'intuition de toute l'importance que présente l'étude des cavernes et des ossements y renfermés, et malgré les dérisions de ses contemporains, il consacra à cette étude son temps, sa fortune et sa santé. Il sut tirer de ces recherches, avec la plus grande précision, des conclusions fort importantes.

Des savants comme Ortelius, Hondius, Arnold Mylius, Pierre Montanus, Michel Coignet, Jean Stadius, Adrien Romain, Quételet, François Aiguillon, Jacques Durand, Dodoens, de Lobel, de l'Écluse, Van den Spiegel, Van Steerbeek ne feraient pas mauvaise figure au milieu de ceux que Lombroso range parmi les génies. Mais, nous l'avons dit, nous voulons être plus sévère que lui, et ne prendre que les grands parmi les grands.

Les sciences spéculatives également comptent en Belgique plusieurs de leurs chefs. Nous n'aurions pas nommé Cornelius a Lapide, si Lombroso ne le nommait. Mais on ne s'est pas lassé encore d'admirer un Henricus Gandavensis (Henri Goethals) et un Lessius.

Jetons encore un regard sur les hommes qui ont joué dans l'histoire un rôle considérable. Nous pouvons nommer un Charles-Quint, le bourgeois de Gand», comme il se plaisait à s'appeler, pour ne prendre qu'un nom parmi ceux dont l'éclat fait pâlir tous les autres; car on pourrait ajouter la série des grands hommes de guerre qui ont vu le jour en Belgique, depuis Clovis et Charles Martel, jusqu'à Godefroid de Bouillon et Tilly. Puis encore, nous trouverons des politiques puissants, comme des Jacques d'Artevelde, qui ne craignent pas la comparaison avec des Colà di Rienzi, cités par Lombroso parmi les génies. Cette rapide énumération nous semble bien suffisante à démolir la téméraire affirmation de Lombroso, que les pays de rase plaine, la Belgique, par exemple, manquent de génies». Mais la démonstration devient bien plus frappante si l'on observe la distribution topographique du génie au sein même de la Belgique. Notre pays n'est pas tout entier de rase plaine ; il a sa région de collines. Or une chose nous a vivement frappé : nous avions recueilli les noms rapportés plus haut, sans aucune idée préconçue par rapport à la distribution entre la région de plaine et la région de collines; et nous avons observé que précisément l'immense majorité des hommes de génie que nous avons nommés appartient à la << rase plaine L'on conviendra ". que la Belgique donne à Lombroso le démenti le plus net. C'est la protestation des réalités contre les théories préconçues.

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La conviction sera entière si l'on observe que cette région de rase plaine », si féconde en génies, a environ cinquante lieues de long sur quinze de large un territoire grand à peine comme la Toscane.

Conclurons-nous de tout cela que, contrairement à ce que pense Lombroso, la plaine soit plus favorable au génie, que ne l'est la colline? Non : nous en tirons seulement cette conclusion que, ici encore, Lombroso a fort mal observé les faits, et affirmé comme expérimentale

ment établi ce qui ne l'était que dans son esprit fertile en illusions scientifiques.

La troisième partie de l'Uomo di Genio parle du génie dans les fous.

La question est importante, et l'on peut s'attendre à voir l'auteur rassembler toutes les forces de son génie pour la traiter dignement.

Eh bien, nous croyons devoir protester de notre loyauté avant d'aborder ce sujet, car on sera tenté de croire que nous prêtons trop généreusement à Lombroso des... quel mot employer? disons des choses qu'il n'a point dites. Mais son livre est là, document incontestable.

Le chapitre I de cette partie a pour titre : Exemples de fous de génie poétique, humoristique, artistique, etc.

- Mais un grand adjuvant pour la théorie selon laquelle le génie est une psychose, est offert par l'exaltation de l'intelligence, par la vraie génialité temporaire qui s'observe chez les fous. Ainsi (1)...

Choisissons quelques-uns de ces traits de vraie génialité. Le choix n'est pas difficile: Lombroso nous en présente un riche bouquet, nous n'avons qu'à y fourrager au hasard de la main.

"Un fou, soigné par Verga, avait rêvé dans et par son délire, avec beaucoup d'esprit, si pas avec vérité, l'étymologie de senavra, de sen-avrà; un médecin, fils d'un grand homme, frappé de folie, inventait avec beaucoup d'esprit, et je ne dirai pas, pour l'honneur des armes, avec justesse, que farmacia (pharmacie) dérive de far-marci (faire pourris), et medico de ocidem. - Ocidem, lu à rebours, donne medico; mais qu'est-ce que cet ocidem? Ocidem? occidem?? occidam??? - Comprenne qui

(1) P. 275.

le pourra, sans oublier que nous avons ici un trait de vraie génialité !!

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» Il n'y a pas beaucoup d'années, j'ai entendu un pauvre revendeur d'éponges deviner et reprendre l'idée cardinale du cercle de la vie en ces termes : Nous ne mourons pas; lorsque l'âme est usée, elle va se fondre et se changer en effet, mon père enterra un jour un mulet mort; eh bien, depuis lors il naquit en cet endroit des champignons en grand nombre, et les pommes de terre, - d'ordinaire fort petites, eurent le double! » Voilà un esprit vulgaire, illuminé par le feu (l'estro) maniaque, qui surprend des conclusions auxquelles arrive à peine une partie de nos plus grands penseurs!

" M. G., négociant, mélancolique, qu'un de ses compagnons appelle un jour du titre de comte, répond : « Et quoi, comte! Des comptes, j'en ai tant fait! mais c'étaient des comptes d'argent. Je ne suis pas comte du tout!

» S. G., maniaque, demandait à una utre de quelle religion il était, et l'autre lui disant appartenir à la catholique. (alla cattolica) : « Quoi! répondit-il, vous appartenez à la religion d'un si petit endroit! (Cattolica est un petit village proche de Rimini.) Moi, je suis de Fano, et je m'en vante! Cher lecteur, ne l'oubliez pas Lombroso vous cite des traits de vraie génialité!!

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« V., voleur, et puis fou, durant la promenade qui lui était accordée, s'était mis à fuir. Rejoint, et admonesté parce qu'il trahissait la confiance à lui accordée, il répondit : « Je n'ai voulu qu'essayer la rapidité de mes "jambes.

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Nous nous arrêterons, n'est-ce pas ? Non que la matière manque, car le répertoire publié par Lombroso en ces pages de son livre est loin d'être épuisé, mais parce que de telles inepties, dignes à peine de figurer aux mots de la fin d'un journal de troisième ordre, et données ici comme traits de génie, finissent par agacer les nerfs.

Après cela, il énumère des œuvres sérieuses de fous,

des œuvres qui dénotent un vrai talent. Et qu'est-ce que cela prouve? Que des hommes de talent peuvent devenir fous, comme le poète dont il donne l'admirable pièce à la page 313. L'auteur de ce morceau ne fit plus de vers après sa guérison; mais il en avait fait avant sa maladie, et il devint fou, dit Lombroso lui-même, par suite d'excès de travaux intellectuels.

Que la folie puisse être l'occasion, pour certains esprits, de manifester leur vigueur dans un élan qu'ils n'auraient pas eu sans leur triste infirmité, c'est fort possible. Pour le moment, nous voulons seulement montrer quelle est la valeur des faits sur lesquels Lombroso édifie son système, et ce que vaut sa critique.

Nous avons examiné quelques-uns des caractères que Lombroso croit pouvoir assigner au génie, et nous avons trouvé bien des points faibles à ce substratum expérimental. Venons à la conclusion, à la définition que l'auteur donne du génie.

La fréquence et la multiplicité des délires, des caractères dégénératifs, de la perte de l'affectivité, la dérivation et plus encore la descendance des alcooliques, des imbécilles, des épileptiques, mais surtout le caractère spécial du feu (estro) montrent que le génie est une psychose dégénérative du groupe épileptique; ce qui est confirmé par la fréquence de la génialité temporaire parmi les fous, et par le groupe nouveau de mattoïdes dont la maladie a toutes les apparences géniales (1). »

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Cette conclusion est-elle admissible?

Faisons remarquer tout d'abord qu'à ce sujet nous n'avons pas à entreprendre la défense du spiritualisme. Celuici n'est atteint en aucune manière par la théorie lombrosienne.

(1) P. 646.

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