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au renne. Il y a donc bien, dans cette région, une zone indécise où, à la fin des temps quaternaires, le renne ne paraît plus qu'accidentellement.

Malheureusement, ni à Gourdan ni au Mas-d'Azil, les assises de transition qui nous occupent ne reposent en stratification régulière sur le magdalénien. Elles forment des amas isolés. Leur âge ne peut donc pas être fixé stratigraphiquement. Mais leurs caractères archéologiques ne permettent pas, à mon avis, de les séparer du magdalénien, dont elles forment la terminaison.

A l'époque où nous voici arrivés, la plupart des traits qui constitueront plus tard l'industrie néolithique existent déjà. On ne les trouve pas réunis, au complet, dans les mêmes stations. Ils sont encore dispersés. Mais un moment viendra où ils formeront le lot commun de toutes les populations européennes. Quand la civilisation néolithique bat son plein, la poterie, les instruments en pierre polie sont d'un usage général. Les armes et les outils en silex affectent les formes les plus variées. La taille du silex atteint une grande perfection. Les pointes de flèches à pédoncule, à ailerons, à tranchant transversal sont connues à peu près partout. On pratique partout l'élevage d'un certain nombre d'animaux domestiques : le chien, le bœuf, le mouton, la chèvre, le porc. Pour une cause encore inexpliquée, le cheval, si apprécié pour l'alimentation à l'époque précédente, cesse à peu près d'être utilisé. On cultive le blé et l'orge. Nous avons vu apparaître déjà dans les assises magdaléniennes une céréale qui ressemblait au blé. On y a signalé aussi tous les types auxquels appartiennent nos animaux domestiques: le mouton (Spy ; Engis; Menton); la chèvre (Pont-à-Lesse; Goyet; la grotte du Docteur; Menton); le cochon (Engis; Menton); le chien (Engis; Pont-à-Lesse; Goyet; La Naulette). On croit avoir rencontré l'âne dans plusieurs gisements (Sargels; Reilhac; Rochebertier; Solutré). Le boeuf et le

cheval sont partout. Parmi les oiseaux, on cite le pigeon (Aurignac; Furfooz); le coq (Lherm; Gourdan; La Madeleine; Engis, etc.); le canard (Bruniquel; Gourdan); le cygne (Furfooz); l'oie (Furfooz).

Enfin, l'étude des races humaines a démontré qu'à l'époque paléolithique existaient déjà les trois principaux types entre lesquels se répartissent les races humaines : les dolichocéphales (types de Néanderthal et de CroMagnon); les mésaticéphales (type de Furfooz); les brachycéphales (type de la Truchère et de Grenelle). Dans la nécropole de Solutré, ils sont représentés tous les trois. Or tous ces types se retrouvent à l'époque néolithique. Les dolichocéphales dominent au commencement, ce qui ne doit pas surprendre : c'était la race supérieure, qui avait si brillamment développé son industrie dans les stations magdaléniennes du midi de la France. Plus tard, sur certains points, les brachycéphales finissent par l'emporter. Des croisements se produisent. On voit même se dessiner un type brachycéphale caractéristique des temps nouveaux. Mais est-ce à dire que ce nouveau type, ce brachycéphale néolithique, soit d'origine étrangère? Nous n'en savons rien. Nous ignorons comment les races humaines prennent naissance. Nous ne pouvons nous permettre aucune conjecture sur l'origine indigène ou étrangère de tel ou tel type, excepté quand il s'agit des populations modernes et que l'histoire vient éclairer le problème.

L'époque néolithique paraît donc faire suite sous beaucoup de rapports à l'âge du renne. Mais il faut tenir compte cependant des différences. Il y a d'abord le changement du climat européen, qui apporta certainement de grandes perturbations dans les conditions d'existence des tribus humaines. La faune se transforme. A la flore de la steppe a succédé une végétation forestière. Les animaux de la steppe émigrent, et avec eux le renne, si longtemps utilisé pour les besoins de l'homme. Faut-il attribuer à

ces changements la décadence, incontestable sous certains rapports, qui frappe les descendants des tribus de l'âge du renne? C'est possible; c'est même probable. Mais cette décadence n'est pas complète. Elle ne porte pas sur toutes les manifestations de l'activité humaine. Elle atteignit surtout l'art décoratif, qui dégénéra complètement. Mais les industries utiles continuèrent à se développer comme par le passé. Rien n'autorise à croire le contraire. Sur un point, on perfectionnait la taille du silex; sur un autre, l'art de la poterie. Le groupe des animaux domestiques s'enrichissait ici d'une espèce, là d'une autre. Ailleurs, on fabriquait la première hachette polie, dont la patrie est encore à chercher. Enfin l'usage d'enterrer les morts dans les grottes n'est pas abandonné.

On a opposé à cette manière de voir la théorie de l'hiatus, qui florissait naguère. Elle supposait une solution de continuité absolue entre le néolithique et le paléolithique. Les germes de civilisation de l'âge du renne étaient stériles. Ils ne se développèrent pas. A l'aurore des temps nouveaux, l'Éuropéen retombe dans la sauvagerie. Son état nous est révélé par certains kjoekken-moeddinger. Il ne sait plus tailler la pierre avec habileté, ni utiliser l'os avec art. Il n'y a pas d'autre animal domestique que le chien, et encore. La poterie est à peine employée. Puis peu à peu tout cela se perfectionne, et l'on arrive à la belle civilisation des dolmens qui est l'apogée de la civilisation néolithique.

La théorie de l'hiatus présentait une autre variante plus radicale. Au début de la période actuelle, malgré l'heureux changement qui s'est produit dans le climat, l'Europe se dépeuple. Puis, au bout d'un temps plus ou moins long, de nouvelles populations venues de l'Orient reprennent possession de nos contrées désertes. Elles y apportent une civilisation toute faite, complète, sans aucun lien avec celles qui l'avaient précédée en Europe, et dont l'enfance s'est passée sur quelque autre point du globe.

Ces deux hypothèses ne sont démontrables ni l'une ni

l'autre. Le point de départ de la civilisation néolithique ne doit être cherché ni aussi bas que le voudrait la première, ni aussi loin que le prétend la seconde. Elle commence avec l'héritage des temps quaternaires, qui n'est point un capital à dédaigner. Il n'y a ni lacune, ni hiatus. au sens absolu.

Mais il y a des lacunes locales. Lorsque j'étudiais, il y a une trentaine d'années, les gisements archéologiques des berges de la Saône, je constatai ce qui suit. A la base, au niveau de l'étiage, affleurent les marnes bleues du quaternaire supérieur; puis, par-dessus, quatre mètres cinquante d'alluvions modernes. Les deux premiers mètres sont à peu près stériles, au point de vue archéologique. Voilà la lacune. A partir de deux mètres au-dessous de la surface, on observe des stations offrant les caractères de l'époque néolithique ou de l'époque de bronze; puis, à un mètre, les stations gallo-romaines. La lacune entre le quaternaire et le néolithique est donc représentée, dans la vallée de la Saône, par deux mètres cinquante d'alluvions, dont la formation suppose un temps considérable, plusieurs milliers d'années probablement. Mais il faut remarquer que les stations néolithiques des bords de la Saône tiennent de près à celles de l'âge du bronze. Elles sont de la fin du néolithique ou du commencement de l'ère des métaux dans la vallée de la Saône, et ne remontent probablement pas plus haut que le xvi° siècle avant Jésus-Christ.

Dans les berges de la Seine, la lacune n'est pas aussi complète. A Villeneuve-Saint-Georges, la berge a trois ou quatre mètres de hauteur. MM. Roujon et de Mortillet ont vu des ossements, des fragments de poterie et des silex disséminés à tous les niveaux. Cependant M. Roujon a constaté qu'au-dessous de trois mètres les traces de l'industrie humaine deviennent très rares. Les débris néolithiques s'observent surtout entre un et trois mètres de profondeur.

Il est regrettable que les alluvions modernes de nos

rivières n'aient pas été l'objet d'explorations plus suivies. Si des lacunes existent sur quelques points, on trouverait probablement ailleurs des éléments propres à les combler. Les grottes fournissent des données aussi incomplètes. Leur remplissage s'est formé d'une façon intermittente. Tantôt le néolithique y repose directement sur le quaternaire; tantôt il en est séparé par des zones épaisses et stériles ou par des planchers de stalagmites. Quant à la stratigraphie des zones néolithiques elles-mêmes, elle reste encore à faire. Avec des éléments aussi insuffisants, tous les essais de classification pèchent par la base. Ils n'ont qu'une valeur provisoire et conventionnelle, bonne tout au plus pour mettre un ordre quelconque dans les collections. Fidèles à leur doctrine, les évolutionnistes forment des groupes allant des types les plus simples aux types les plus parfaits; des armes taillées par éclats aux hachettes polies; des kjoekken-moeddinger avec leur industrie rudimentaire, aux habitations lacustres et aux dolmens. Mais nous ne savons pas si ces groupes artificiels correspondent à la réalité. Les mêmes types peuvent appartenir à des âges différents. S'il y a des kjoekken-moeddinger datant de l'époque néolithique, il y en a d'autres de l'âge du bronze. Il y a des palafittes de l'âge du fer et même de l'époque carlovingienne. Le tranchet taillé par éclats est de tous les temps. Les Égyptiens en faisaient encore usage pour armer leurs flèches. En Algérie, à la station de CielOuvert, près d'Oran, on a recueilli de la poterie et des hachettes polies avec les ossements d'une espèce éteinte, l'antilope Maupasi. Dans les alluvions quaternaires de Palikao (Algérie), la poterie est associée aux types chelléens et moustériens. On se souvient du débat soulevé entre M. de Mortillet et les archéologues italiens à propos de la station néolithique de Breonio, où se trouvent des types franchement solutréens. M. de Mortillet, confiant dans son principe qu'à chaque époque correspondent des formes particulières, eut beaucoup de peine à reconnaître qu'ils

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