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cette théorie n'a rien d'inadmissible; peut-être fait-elle ressortir, au contraire, d'une manière plus frappante que toute autre, la réalité, l'efficacité et la sagesse de l'agent premier, de la cause première, du Dieu-Providence en un mot, bien loin de conduire aux conséquences négatives que l'école matérialiste s'efforce d'en tirer.

Nous ne nous arrêterons pas à la Preuve par le contingent et le nécessaire, non plus qu'à la Preuve par les degrés d'être. Assurément, nous ne saurions en méconnaître l'importance, laquelle ne le cède en rien aux précédentes; mais, écrivant dans une revue exclusivement scientifique, nous devons, en analysant un ouvrage de la nature de celui qui nous occupe, insister principalement sur les côtés par lesquels il se rattache aux sciences proprement dites. Ces côtés-là, nous allons les retrouver d'une manière très marquée dans la Preuve par la cause finale.

"L'intelligence a tout ordonné „, avait dit Anaxagore (1); il faut complèter sa pensée en ajoutant: " en vue d'une fin déterminée. „ Et notre auteur démontre cette vérité avec un grand luxe de faits empruntés aux sciences physiques et naturelles, dans le monde inorganique d'abord, puis dans le monde organique, ensuite dans le monde de la vie, et enfin dans le monde humain.

Trois constructions merveilleuses dans le monde inorganique: l'édifice cristallin, dépendant lui-même de l'édifice moléculaire, lequel repose sur l'édifice atomique.

Car chaque corps, simple ou composé, a son mode de cristallisation, et se brise en une multitude de cristaux de plus en plus petits mais de forme toujours semblable.

On définit la cristallisation : " l'arrangement qu'une substance affecte quand ses parties, d'abord libres des liens de la cohésion, les reprennent avec ordre, suivant les lois qui leur sont propres (2) „. Or, pourquoi, en se cristallisant, ces particules prennent-elles des formes si diverses? Qui a tracé à ces particules les lois géométriques qu'elles suivent si docilement ? Quel est l'habile architecte qui a conçu ces merveilleux édifices qu'on appelle les cristaux, et qui préside à leur exécution? Nous sommes, dit Jouffret, en face d'une œuvre d'intelligence qui ne peut relever ni du hasard, ni des énergies brutales de la matière. Le hasard ne fera jamais le moindre cristal. Le nombre des molécules qui entrent dans sa construction et l'arrangement que

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(1) “ Οἱ δὲ νέος πάντα διεκόσμησε, η Fragm., 12.

(2) Fabre, Chimie, 2e année. Introduction.

ces molécules doivent prendre s'y opposent formellement (1) „. En effet, un de ces cristaux, gros seulement comme une tête d'épingle, soit un cube d'un millimètre de côté, contiendrait un nombre de molécules égal à 102', autrement dit à l'unité suivie de 21 zéros, soit un sextillion. Ces molécules, en quantité si difficile à concevoir, comment feront-elles pour prendre la forme constitutive du cristal qui les contient, en présence du nombre de leurs arrangements possibles, nombre bien autrement formidable que le leur propre? Livrées à elles-mêmes, elles prendraient le premier arrangement venu, si l'on peut appeler arrangement un pêle-mêle informe, sans aucun ordre (2). Il faut donc qu'une puissance intelligente et supérieure ait communiqué aux particules matérielles le pouvoir de se disposer en d'aussi merveilleux édifices, un tel pouvoir ne pouvant provenir de la matière elle-même.

Tout corps cristallin, dit M. de Lapparent (3), emporte une infinité de points homologues, c'est-à-dire caractérisés par une égale distribution de la matière autour de chacun d'eux. Et le R. P. Villard ajoute avec une logique inéluctable: " Cet ordre appelle donc un ordonnateur qui est premier ou second. S'il est premier, nous avons Dieu; s'il n'est que second, il révèle Dieu sans lequel il n'existerait pas (4).

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Si merveilleux que soit l'édifice cristallin celui dont il dépend," l'édifice moléculaire ne le lui cède en rien. On sait que les substances matérielles se partagent en deux grandes catégories: 1o les corps simples, qui ne présentent jamais qu'une seule nature de matière aux plus puissants moyens d'analyse; 2o les corps composés, dont l'analyse chimique sait extraire

(1) Jouffret, Théorie de l'énergie.

(2) Le nombre des arrangements de six objets en ligne droite, soit six personnes devant une table, est donné par la formule 1×2×3×4×5×6 =720. Or, les atomes et les molécules ne se groupent pas seulement en ligne droite, mais suivant les trois dimensions, autrement dit dans l'espace. On peut pressentir par là le nombre inimaginable d'arrangements possibles que les molécules de chaque cristal délaissent pour prendre celui-là seul qui convient à leur nature. Comment un tel choix serait-il l'effet du hasard? - Jouffret remarque que, pour compter le nombre de molécules, en supposant qu'on en détachât par la pensée un million par seconde, il ne faudrait pas moins de deux cent cinquante millions d'années. “ L'être qui aurait commencé cette tâche quand notre système solaire n'était qu'une informe nébuleuse, ne serait pas encore au bout.,,

(3) Cours de minéralogie. (4) P. 231.

plusieurs substances de nature différente; et, selon que les corps simples concourant à leur formation sont au nombre de deux, de trois, de quatre, les composés sont binaires, ternaires, quaternaires, etc.

Or, à l'époque de la nébuleuse primitive, dont la température dépassait le point de dissociation des composés les plus réfractaires, il n'y avait encore que des corps simples groupés dans un ordre réglé par leurs densités respectives, leurs quantités et leur mouvement. A mesure que, par le refroidissement graduel de la nébuleuse, le point de dissociation de chaque nature de composés cessait d'être dépassé, ce composé se formait par la combinaison de ses éléments en présence. On se demande alors qui a conçu et décrété ces étonnants effets, assuré leur constante exécution; d'où vient que les éléments simples, pouvant se mélanger en toutes proportions, ne se combinent que par quantités nettement déterminées; comment, par exemple, une partie d'hydrogène et huit parties d'oxygène donnent toujours de l'eau, et ainsi pour tous les corps composés; comment surtout leur extrême multiplicité a pu sortir, avec cette précision mathématique, du chaos primitif, de la confusion primordiale de la nébuleuse originelle. Et il n'est fait allusion ici qu'aux composés binaires ; que dire des composés ternaires, quaternaires ou plus compliqués encore? Et ce n'est pas seulement d'une goutte d'eau, d'un millimètre cube de chaque variété de corps qu'il faut rendre compte, mais bien de toute l'eau répandue dans l'univers, de tout le gaz carbonique, de toutes les substances, en un mot, qui entrent dans sa composition.

Le hasard, qui ne préside à rien de déterminé, rien de constant ni d'ordonné, ne fournira jamais une explication sérieuse, avouable, d'un tel ensemble de phénomènes.

La conclusion qui découle de ce tableau, lui-même sommaire, n'est ici qu'indiquée. Une conséquence toute pareille ressort de l'exposé de l'" édifice atomique „, base des deux autres. Si c'est aux corps simples qu'il faut demander la raison des corps composés, à quoi demandera-t-on celle des corps simples et de leurs différences? Pourquoi le fer diffère-t-il de l'or, l'ogygène de l'azote, le soufre de l'arsenic ? Sans doute parce que les atomes composant la molécule de chacun d'eux sont groupés de différentes manières, répond la théorie atomique. Ce n'est encore qu'une conjecture, car l'expérience directe ne donne rien jusqu'ici cet égard, mais bien des faits tendraient à l'appuyer indirectement. L'atome jouerait ainsi dans la molécule un rôle analogue à

celui que celle-ci remplit dans le corps constitué, et serait l'état élémentaire de la matière, primitivement homogène, divisée à l'infini et éparse dans le vide.

La raison ne peut s'arrêter là; elle se demande qui a disposé les atomes en groupes différents pour en former des corps simples si variés entre eux; qui a dirigé les molécules pour les faire se grouper elles-mêmes sous tant d'aspects divers; quelle est enfin la main qui les conduit avec tant d'ordre et de sûreté „. Au résumé, l'édifice cristallin a sa base dans l'édifice moléculaire, lequel dépend lui-même de l'arrangement atomique. "Ce n'est donc pas une fois, mais deux fois, mais trois fois, dit l'auteur, que la nécessité d'une intelligence ordonnatrice est proclamée. „

Si les phénomènes de l'ordre inorganique fournissent des éléments aussi importants à la preuve de l'existence de Dieu par les causes finales, il est aisé de comprendre combien en présenteront, de plus éclatants encore, les considérations tirées de la composition des matières organiques, plus encore le tableau de la vie végétale et animale, et par-dessus tout celui de l'être humain qui, suivant la belle expression de saint Grégoire," a de commun l'être (esse) avec les minéraux, le vivre (vivere) avec les plantes, le sentir (sentire) avec les animaux, le comprendre (intelligere) avec les anges (1) „.

Nous ne le suivrons pas dans ses judicieux développements, malgré leur extrême intérêt : ils nous entraîneraient trop loin. Signalons seulement, avant de terminer, quelques petites taches, remarquées en passant, et qu'il faudra faire disparaître dans la seconde édition.

Ainsi, aux pages 233 et 236, soit distraction de l'auteur, soit erreur typographique, il est dit qu'une molécule d'eau contient huit parties d'hydrogène avec une partie d'oxygène. Il est évident que l'auteur a voulu dire le contraire, à savoir que 8 parties en poids d'oxygène se combinent avec une partie d'hydrogène; mais cette erreur aurait dû être rectifiée à la correction des épreuves.

Quelques assertions paraissent trop absolues. On lit, à la page 234 Si, grâce à l'affinité, le soufre peut avoir jusqu'à huit combinaisons avec l'oxygène, d'où vient que le carbone n'en a plus que deux, et que l'or n'en a pas?, N'aurait-il pas fallu dire" et que l'or en a deux „?

(1) Habet namque commune esse cum lapidibus, vivere cum arboribus, sentire cum animalibus, intelligere cum Angelis. „, Homil. 29 in Evang. Cité par l'auteur, p. 24.

Bien que les métaux dits métaux nobles, tels que l'or et l'argent, conservent leur éclat au contact de l'air, n'est-ce pas aller trop loin que d'énoncer sans restriction cette proposition, que ces métaux n'ont point d'affinité pour l'oxygène ? N'existe-t-il pas des oxydes d'or et d'argent?

Il est clair d'ailleurs que ces petites inexactitudes n'enlèvent rien à la force de l'argumentation: qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas d'oxydes d'or et d'argent, la conclusion suivante n'en est pas moins rigoureuse: "L'affinité n'est donc pas répandue également dans tous les corps qu'elle affecte. Qu'elle préside à la construction moléculaire, rien de mieux; mais puisqu'elle le fait avec choix et discernement, nous demandons d'où lui viennent ce choix et ce discernement qui lui impriment la direction dont elle ne se départit jamais?,

Si nous n'avons pas suivi les développements de l'auteur jusqu'au bout, c'est assez cependant qu'ils aient été indiqués pour que nos lecteurs soient suffisamment renseignés sur l'ouvrage qui les contient. Il s'adresse d'ailleurs plus particulièrement aux gens du monde et d'esprit cultivé mais n'ayant pas fait, des questions philosophiques et scientifiques, une étude particulière et approfondie.

C. DE KIRWAN.

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CONSTRUCTION ET RÉSISTANCE DES MACHINES A VAPEUR, par ALHEILIG, ingénieur de la Marine. (Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire.) Un vol. petit in-8" de 224 pp. Paris, Gauthier-Villars et G. Masson.

Le traité de M. Alheilig étudie, au point de vue de la détermination de leurs dimensions, tous les organes principaux des moteurs à vapeur cylindres, bâtis, boîtes à tiroirs, tiroirs, pistons, presse-étoupes, tiges de piston et de tiroir, traverses, glissières, bielles, arbres, paliers. L'auteur y fait ressortir les règles et les principes fondamentaux qui servent de base au tracé de ces pièces, et il renseigne toutes les formules, théoriques et pratiques, qui conduisent au calcul de leurs dimensions.

Comme il est dit dès les premières pages, les conditions des problèmes à résoudre sont souvent tellement multiples qu'il serait impossible d'établir des formules théoriques pouvant

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