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faire un pas important à la question. M. S. Reinach les a passés en revue dans le recueil français L'Anthropologie. Ils consistent en inscriptions et en pierres gravées, de style mycénien, portant des caractères hiéroglyphiques. M. Evans a retrouvé quatrevingts signes ou symboles. Cette écriture aurait passé par deux phases. D'abord pictographique et très analogue à l'écriture hittite, elle serait devenue plus tard linéaire et syllabique. Ainsi la civilisation homérique ignorait l'alphabet phénicien, mais elle connaissait un système d'écriture qui n'est ni phénicien ni babylonien, et présente un caractère hittite. Comme on n'a trouvé aucune inscription hittite en Grèce ou en Italie, M. Reinach pense que le courant mycénien s'est propagé d'occident en orient, et que le syllabaire dont M. Evans a reconstitué quelques traits fait partie du patrimoine européen. Il se demande même si la pictographie crétoise n'offrirait par des rapports avec les signes gravés sur les monuments mégalithiques de l'Armorique. Quoi qu'il en soit, les belles découvertes de M. Evans jettent un jour tout nouveau sur ces temps mystérieux qui forment le passage entre l'histoire et les âges préhistoriques de l'Europe occidentale. Elles montrent une fois de plus l'indépendance de la civilisation mycénienne, qui, tout en empruntant beaucoup à l'orient asiatique ou égyptien, affirme, par des traits nombreux, son génie original.

Les fouilles de Lachish (1). Les lecteurs de L'Anthropologie doivent encore à M. S. Reinach un intéressant compte rendu des explorations de MM. Flinders Pétrie et Bliss à Tell-el-Hesy, qui est l'ancienne Lachish, à l'est de Gaza, en Palestine.

Lachish était la résidence des rois amorites chananéens. Prise et détruite par Josué vers le XIIIe siècle avant J.-C., elle fut fortifiée par Roboam, et assiégée par Sennachérib en 713. Son emplacement était inconnu avant les fouilles.

Le tell s'élève sur une éminence naturelle d'environ quarante pieds. Il est formé sur une épaisseur de 16 pieds des restes de villes successives, qui forment une stratigraphie archéologique comme à Troie. Les poteries ont permis d'établir l'âge de chaque zone. L'histoire de Lachish se termine au ve siècle avec des poteries grecques rouges et noires. Les poteries les plus anciennes sont phéniciennes. On en rencontre de semblables en Égypte entre l'an 1400 et l'an 800 avant J.-C.

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Sur les ruines de la ville amorite, des lits de cendres indiquent que le monticule devint désert. Après cette période qui correspond à l'avènement de la domination juive, une nouvelle ville s'éleva à la place de la première. Elle possédait des remparts, des édifices en pierre, où M. Pétrie a cru reconnaître les restes de l'architecture salomonienne.

Mais la découverte la plus curieuse faite à Lachish est due à M. Bliss et date du printemps de 1892. Cet explorateur ayant mis au jour le palais des gouverneurs, y trouva des scarabées égyptiens de la xvie dynastie, des cylindres babyloniens, dont la date est comprise entre 1500 et 3000 avant J.-C., et des tablettes couvertes d'écriture cunéiforme où il est question d'un gouverneur égyptien, établi à Lachish, du nom de Zimrida.

Ce Zimrida était déjà connu par des tablettes émanées de lui, découvertes il y a quelques années à Tell-el-Amarna dans la Haute-Égypte. Qui aurait cru alors qu'on retrouverait bientôt son palais et ses archives? Je dirais volontiers avec M. Reinach: Quel roman!, Mais c'est un roman vrai.

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Les Esquimaux de Point Barrow (1). Le gouvernement des États-Unis envoya en 1881 une expédition à Point Barrow (Alaska) pour y faire des observations relatives au magnétisme terrestre et à la météorologie. Pendant les deux années que les membres de la mission passèrent sur ce point, le plus septentrional du continent américain, ils recueillirent de nombreuses observations sur les mœurs et l'industrie des Esquimaux du voisinage. M. Murdock fut chargé de les mettre en ordre. Elles ont été publiées dans le neuvième rapport annuel du bureau d'ethnologie de Washington. L'auteur compare les peuplades observées avec les autres groupes de la même race en Asie et en Amérique. Il fait connaître la géographie de la contrée et son climat. Il passe en revue les caractères anthropologiques des habitants, leurs demeures, leur genre de vie, leur industrie, leurs jeux, leurs instruments de musique, leur organisation sociale et leurs croyances religieuses. Des figures, au nombre de quatre cent quatre-vingt-huit, représentent les principaux objets rapportés par l'expédition.

Les paléoethnologues y trouveront des termes de comparaison extrêmement curieux empruntés à des gens qui vivaient, tout

(1) NINTH ANNUAL REPORT OF ETHNOLOGY, 1887-88; Washington, 1892, un vol. in-80.

récemment encore, comme les chasseurs de rennes de l'Europe quaternaire et n'employaient que des outils et des armes en pierre et en os. On voit dans leur mobilier une quantité d'objets identiques à ceux de nos âges préhistoriques : poignards en os, couteaux, pointes de flèches, hachettes en schiste, en silex ou en jade, marteaux en grès, en syénite ou en os; harpons barbelés, à base taillée en biseau; harpons plats perforés; outils en os pour éclater le silex; grattoirs; aiguilles en os. Il y a des pointes de trait en forme de feuilles pédonculées; d'autres, triangu laires, sans pédoncule. Les outils sont ornés de traits rectilignes ou circulaires, de figures d'animaux, de scènes de chasse. Les hachettes, en pierre polie ou simplement éclatée, étaient fixées au manche soit directement à l'aide de liens, soit par l'intermédiaire d'une gaine en os. Le manche, en bois de renne ou en bois, était percé à son extrémité d'un ou de plusieurs trous pour y passer les liens. Le préhistorique européen a fourni quelques manches semblables, de l'époque néolithique. Nos énigmatiques bâtons de commandement ne figurent pas dans le mobilier des Esquimaux. Toutefois, on remarque des bâtons en bois, en os et en bois de renne, percés de trous, souvent ornés de sculptures et de gravures, employés à divers usages. Les uns forment des poignées pour des sacs; d'autres servent à manœuvrer des vrilles, à tendre des carquois ou à frapper sur des tambours. Parmi les objets de parure, on remarque des pendeloques en bois, en os, en ivoire de morse ou en bois de renne, représentant des poissons, des quadrupèdes, des animaux fantastiques. Les artistes de Point Barrow représentent aussi la figure humaine. Ils décorent leurs outils avec de la peinture rouge ou noire. L'ocre rouge est leur couleur favorite. Parmi les objets de toilette, j'appellerai l'attention sur un peigne en ivoire de morse qui se termine à la partie supérieure par deux appendices recourbés. Il rappelle tout à fait la forme d'un peigne en ivoire découvert en Espagne, dans un gisement néolithique, par MM. Siret, avec cette différence que le peigne espagnol est pourvu de quatre appendices au lieu de deux (1). Il est vraiment curieux de retrouver à une si grande distance des types dont la ressemblance ne peut s'expliquer ni par des rapports commerciaux, ni par une raison d'utilité pratique. La fantaisie seule a guidé la main qui les a fabriqués. Cet exemple doit rendre

(1) Cf. Rev. deS QUEST. SCIENTIF., no d'octobre 1893, p. 537.

prudents les archéologues trop souvent disposés, quand ils rencontrent des objets de forme semblable, à leur attribuer une origine commune.

PHYSIQUE.

A. ARCELIN.

Le froid et son influence sur les phénomènes physiques. -Les méthodes qui permettent de retirer aux corps une grande partie de leur chaleur et de les porter à de basses températures sont nombreuses. La plus simple nous est fournie par l'emploi des mélanges réfrigérants. Lorsqu'un sel se dissout dans un liquide qui n'exerce sur lui aucune action chimique, il prend un volume beaucoup plus grand qu'à l'état solide, et à cette augmentation de volume correspond un travail mécanique contre les forces moléculaires de cohésion. Or ce travail ne peut naître de rien; il s'effectue de fait aux dépens de la chaleur même de la dissolution la température baisse donc et tend vers le point de congélation du mélange sans pouvoir le dépasser, sauf le cas de surfusion. L'action réfrigérante cesse dès que la dissolution est achevée; pour la faire renaître, il faut évaporer le liquide, en extraire le sel et recommencer à nouveau.

La puissance restreinte des mélanges réfrigérants, et surtout la discontinuité de leur action, les rendent très inférieurs aux machines frigorifiques à fonctionnement continu. Les plus employées utilisent la détente des gaz comprimés ou l'évaporation des liquides volatils.

Dans les machines à détente, on commence généralement par comprimer une certaine masse gazeuse en lui conservant, autant que possible, sa température primitive; puis, brusquement, on lui permet de se détendre. Le travail d'expansion qui accompagne ce changement de volume se paie en chaleur empruntée au gaz lui-même. Le voilà donc refroidi et capable de soutirer, à son profit, la chaleur des corps avec lesquels on le mettra en contact. On le lance dans le frigorifère, aux dépens duquel il se réchauffe, et d'où on l'oblige à retourner au condenseur pour recommencer le cycle de ses transformations.

Dans les machines à évaporation, le frigorifère est formé d'un vase clos, entouré d'une ou de plusieurs chambres-enveloppes renfermant un liquide volatil dont on provoque l'évaporation rapide au moyen de pompes aspirantes. Encore une fois, l'augmentation de volume qui accompagne ce changement d'état, ne peut s'obtenir sans frais : le liquide lui-même fournit la chaleur de vaporisation qu'il reprend au frigorifère et aux corps qu'il contient. Leur température baisse donc, et d'autant plus rapidement que l'aspiration provoquant la vaporisation est plus énergique. Les vapeurs aspirées par les pompes sont recueillies, refoulées, comprimées et liquéfiées dans d'autres récipients, appelés condenseurs, où la température et, par suite, la pression sont toujours supérieures à la température et à la pression des enveloppes. Il est donc possible de prendre continuellement aux condenseurs, et de rendre aux enveloppes, une quantité de liquide égale à la quantité évaporée, et le fonctionnement des appareils devient continu.

On a établi récemment à Berlin un laboratoire, dont la direction est confiée à M. Raoul Pictet, et qui est sans rival pour la production et les applications du froid. C'est à l'évaporation des gaz liquéfiés, des liquides volatils simples et du mélange physicochimique de l'acide sulfureux anhydre et de l'acide carbonique que l'on y demande le refroidissement des appareils d'expérience. Des pompes très puissantes enlèvent continûment à l'état de vapeur et rendent incessamment à l'état liquide quelqu'une de ces substances aux chambres-enveloppes des frigorifères. Ces enceintes peuvent être multipliées de façon à combiner leurs effets et à se protéger mutuellement contre le réchauffement. Dans ces conditions, il est possible de produire et de maintenir, pendant des semaines, des températures voisines de

200o. Ces températures sont mesurées au sein même des frigorifères par des thermomètres à alcool, à éther sulfurique, etc. On le voit, les moyens dont on dispose dans le laboratoire de M. Pictet laissent bien loin derrière eux tout ce qui a été fait jusqu'ici dans cet ordre d'idées. Aussi leur mise en œuvre a-t-elle immédiatement conduit à des applications pratiques très importantes et à des observations nouvelles du plus haut intérêt.

Rappelons d'abord ce fait constaté par M. Pictet l'affinité chimique disparaît à de très basses températures, même pour les corps qui, dans les conditions ordinaires, réagissent avec le plus d'énergie. C'est ainsi qu'à 125° l'acide sulfurique congelé n'exerce plus aucune action sur la soude ou la potasse

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