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les jeunes peuplements naturels entièrement morts. C'est surtout le pin sylvestre qui souffre des atteintes du lasiocampe; mais, bien que plus résistant, le pin noir d'Autriche, l'arbre par excellence des sols calcaires, est attaqué à son tour (1).

Divers moyens d'action contre le fléau ont été tentés. Des arrosages de pétrole étendu d'eau, le mélange revenant à 10 cent. le litre, suffisant pour un arbre, détruit à la vérité les chenilles des arbres ainsi arrosés au pulvérisateur; mais les tuyaux de caoutchouc ne résistent pas plus de deux jours à la corrosion du liquide, et son odeur n'empêche pas les chenilles des autres arbres d'envahir ensuite les arbres arrosés.

M. de Taillasson propose une méthode efficacement employée dans le département de l'Aude contre le bombyx processionnaire. Un petit cornet à bec aigu et recourbé et rempli de pétrole est fixé au bout d'une longue perche; un cordon qui lui est adapté permet, moyennant une légère traction, d'ouvrir ce bec, préalablement introduit à travers la paroi, dans chaque bourse ou nid de chenille fixé à diverses hauteurs aux branches des arbres. Avec 4 ou 5 litres de pétrole, un ouvrier exercé peut détruire en une journée douze à quinze cents nids représentant chacun deux cents à deux cent cinquante milliers de futures chenilles processionnaires.

Cependant l'emploi de cette méthode serait plus difficile pour le lasiocampe du pin, qui ne construit pas de bourses comme les processionnaires et forme isolément son cocon. Il mériterait toutefois d'être essayé.

Ce ne sont là que des palliatifs. Les vrais préservatifs sont de deux sortes. En premier lieu, il y aurait la conservation, voire la propagation des oiseaux, notamment du corbeau contre lequel un stupide préjugé arme les paysans et les chasseurs. En second lieu, il faudrait provoquer des maladies épidémiques; c'est M. d'Arbois de Jubainville qui propose ce moyen (2). “Pour trouver, dit-il, des chenilles ou des chrysalides atteintes ou mortes de maladies épidémiques, il faudra les chercher après un temps pluvieux. Peut-être même suffirait-il d'en faire l'éducation dans une caisse peu aérée et dont l'air serait maintenu saturé d'humidité.,, Au fur et à mesure de la contamination, l'on dépo

(1) Invasion des chenilles du Lasiocampa pini dans les plantations résineuses de la Champagne crayeuse. par R. de Taillasson. Goret, imprimeur.

(2) Revue des Eaux et Forêts, juillet 1894.

Sens,

serait les insectes atteints sur les arbres envahis par leurs congénères qui ne tarderaient pas à être contaminés à leur tour. Ce procédé a d'ailleurs la qualité, indispensable pour opérer en grand, d'être peu coûteux.

Il y a aussi les insectes du genre ichneumon, dont les femelles déposent leurs œufs dans le corps des chenilles; ces œufs y éclosent, les larves qui en sortent vivent de la substance même de la chenille, et finalement la tuent en lui perçant la peau pour sortir. M. le professeur Fliche croit avoir remarqué les premiers symptômes de l'action de ces parasites sur les points primitivement attaqués.

Néanmoins on fera bien de recourir à tous les palliatifs. Ramassage et destruction des chenilles au pied des arbres en octobre, échenillage à la main pendant tout l'hiver, écobuage à feu courant également pendant l'hiver, exploitation rapide des arbres dépouillés et incinération de leurs rameaux (1). Tout cela doit être employé; car il y a peut-être là une question de vie ou de mort pour les innombrables massifs résineux de la Champagne, sans compter que, de cette province, le fléau peut s'étendre sur d'autres pays.

Enfin, remarque très importante, les pins seraient indemnes partout où ils croissent en mélange avec les essences feuillues. Ce serait donc, pour l'avenir, un moyen préventif que d'introduire les bois feuillus dans les massifs de résineux purs.

Destruction des forêts de cèdres dans la province de Constantine. -- Une grande mortalité s'est produite sur les cèdres dans les forêts des montagnes de l'Aurès, au sud de Constantine. En septembre 1892, on a dû vendre 15 000 mètres cubes d'arbres morts, de cette essence. Cette mortalité est attribuée à deux causes, dont la principale est une sécheresse de sept ans. De 1874 à 1881, la saison pluvieuse annuelle, qui dure d'ordinaire trois mois, de fin décembre à avril, a été réduite à rien en sorte que, durant ces sept années, c'est à peine s'il s'est rencontré quelques journées de pluie. De là est résulté un dépérissement qui n'a fait que progresser. Le pâturage abusif, en supprimant le végétation inférieure et mettant à nu les racines des arbres, a accru le mal, surtout parmi les cèdres, des feuilles duquel le bétail est friand. Enfin, favorisée par la sécheresse même, la multiplication des insectes s'est développée outre

(1) Rev. des Eaux et Forêts, juin 1894.

mesure et a parachevé le mal. Aussi, paraît-il, les forêts de cèdres de cette région se fondent en quelque sorte sous le regard navré des forestiers entièrement désarmés contre la dépaissance des moutons et des chèvres, ces destructeurs fatals de toute végétation ligneuse (1).

Le "juvart,, maladie des châtaigniers. Les châtaigniers tendent de plus en plus à disparaître dans l'ouest et le massif montagneux du centre de la France. Ils meurent en grand nombre depuis plusieurs années, sous l'influence d'une maladie dont la cause a été recherchée par MM. Delacroix et Prilleux, du laboratoire de pathologie végétale à l'Institut agronomique de Paris.

Par l'effet de cette maladie, appelée "juvart, aux environs de Limoges, une tache se forme sur les jeunes pousses dans les taillis; l'écorce se dessèche, se froisse et se crevasse; le brin ainsi attaqué est perdu. MM. Prilleux et Delacroix ont reconnu que ces effets sont dus à la présence d'un mycélium, dont le champignon fructifia au laboratoire et permit à ces savants de reconnaître en lui un parasite du genre Diplodina.

La cause de la maladie est trouvée, au moins pour les châtaigniers du Limousin. C'est un premier pas. Il reste maintenant à trouver le remède (2).

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Mortalité des souches de chêne Dans les taillis où domine le chêne, des Ardennes à la Méditerranée et des Vosges à l'Océan, on remarque souvent une mortalité d'une fréquence anormale sur les souches après exploitation. M. d'Arbois de Jubainville, ayant recherché la cause de ce phénomène, l'a découverte dans la présence d'un champignon, le Stereum hirsutum (parfois accompagné du Polyporus versicolor et du Collybia fusipes), qui s'attaque à la section des souches de chêne. Assimilant l'exploitation d'un taillis à un "élagage radical,, cette exploitation consistant dans le recépage rez-terre des branches de la souche, le forestier mycologue propose de traiter la section des souches comme on traite les plaies d'élagage, en les pansant soit au goudron, soit, à défaut de goudron, à l'onguent de saint Fiacre seulement il faudrait prendre la terre argileuse destinée

(1) Rev. des Eaux et Forêts, mars 1893.

(2) Ibid., avril 1893.

à la fabrication du dit onguent à vingt centimètres au moins au-dessous du niveau du sol, afin qu'elle soit sûrement exempte de spores du champignon à combattre (1).

SCIENCES SOCIALES.

CH. DE KIRWAN.

La fin prochaine de la concurrence des céréales étrangères (1). C'est sur un thème original et qui a dû étonner plus d'un auditeur que le Dr Ruhland a fait sa leçon d'ouverture à l'École des sciences sociales de Zurich. Non seulement il prévoit la fin prochaine de la concurrence des céréales étrangères, mais il pousse un cri d'alarme à ce sujet. Si, dit-il, tout à coup, en quelques semaines, le prix du blé doublait, quel danger, maintenant surtout que le peuple a appris à s'en prendre de tout à ses gouvernants! Actuellement règne la division internationale du travail. L'Angleterre, l'Allemagne, l'Autriche, la France, la Suisse, sont ou tendent à être des états industriels, envoyant leurs produits fabriqués à d'autres états: la Russie, l'Amérique du Nord, l'Australie, l'Inde, le sud de l'Afrique qui les fournissent de blé. Mais ces pays ont une tendance à quitter, autant qu'ils le peuvent, l'état uniquement agricole, et à s'adonner à l'industrie : de là, diminution de la possibilité d'exportation de céréales de ces pays, et difficulté pour les états européens d'exporter leurs produits fabriqués.

L'Angleterre nourrit de blé importé les 3/4 de sa population. Bientôt l'Allemagne, la France, la Suisse ne produiront plus que les 2/3 de ce qu'elles consomment. D'où viendra le blé, si l'Amérique, la Russie, l'Australie, l'Inde, continuent leur développement industriel?

Ce mouvement se fait plus rapidement qu'on ne le pourrait croire.

(1) Rev. des Eaux et Forêts, septembre 1893.

(2) Ueber das nahende Ende der auswärtigen Getreidekonkurrenz, von Dr G. Ruhland. ZEITSCHRIFT FÜR DIE GESAMMTE STAATSWISSENSCHAFT, 1894, p. 659.

En 1872, l'Allemagne exportait 100 000 tonnes de froment; aujourd'hui elle doit importer 1 1/2 million de tonnes de froment et de seigle. Il y a 60 ans, la Hongrie était le pays d'exportation le plus redouté de l'Europe. On peut prévoir qu'à la fin du siècle, l'Autriche et la Hongrie n'auront plus de blé à exporter. Dans l'Amérique du Nord, vers 188c, la récolte de froment s'élevait à 9.16 bushels par tête d'habitant. Ce chiffre est tombé à 6.3, dont la consommation prend 5 1/2.

On objecte qu'après l'Amérique du Nord, il y aura la Russie, l'Inde, l'Amérique du Sud ou l'Australie.

Ces pays ne réunissent pas les mêmes conditions que l'Amérique du Nord.

Remarquons surtout cette distinction radicale entre l'Amérique d'une part, l'Inde et la Russie d'autre part. L'Amérique était un monde nouveau ; la Russie et l'Inde sont au contraire de vieux mondes, qu'on a reliés par des chemins de fer aux marchés des céréales. De 1870 à 1880, en Amérique l'exportation du froment s'élevait de 71 à 153 millions de bushels. En même temps, la surface de culture du froment s'étendait de 19 à 37 millions d'acres. Aux Indes, l'exportation était 13 fois plus grande en 1886 qu'en 1873; en Russie, 5 fois plus grande en 1888 qu'en 1860. Mais dans ces deux pays, la surface cultivée est restée sensiblement la même. D'après la qualité de ces blés de Russie et des Indes, on peut supposer qu'ils proviennent en partie d'approvisionnements anciens, mis en réserve pour les années de disette. Dès maintenant, cette exportation n'augmente plus. Le stock général de blé sur le marché du monde a diminué. Comment expliquer la baisse constante des prix ?

Cela tient aux droits protecteurs établis en certains pays, à l'endettement de la terre qui force le paysan à se défaire immédiatement du blé à tout prix, à l'organisation de la Bourse qui empêche toute hausse. (Remarquons en passant que ces motifs ne nous paraissent pas une explication suffisante de la baisse presque constante du prix du blé depuis dix ans.)

A ces symptômes, qui semblent annoncer la fin de la concurrence des céréales étrangères, on pourrait objecter la grande extensibilité de la culture des céréales. L'aire cultivée peut être étendue, le rendement peut être augmenté sur une même surface. Cela est exact. Ainsi en Allemagne, le produit moyen est de 1600 kilogr. de froment à l'hectare. Cependant en Saxe, un grand exploitant, M. Heine, obtient dans son domaine de Hadmersleben des récoltes de 4900 à 5300 kilog.

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