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LES PYGMÉES (1)

Je voudrais reprendre la question des pygmées au point où l'a laissée en 1887 la publication du livre de M. de Quatrefages (2). En effet, depuis l'apparition de ce travail, les petites races nègres n'ont pas cessé d'attirer d'une façon très particulière l'attention des ethnographes. Il m'a semblé qu'il ne serait pas sans utilité de réunir encore une fois toutes les données recueillies, durant ces dernières années, sur ce curieux type de l'humanité.

I.

Au Congrès d'histoire et d'archéologie tenu à Liége en 1890, M. Monseur, professeur à l'Université de Bruxelles, a recherché quel fondement historique renfermait la croyance populaire qui, dans la plupart des pays de l'Europe, reconnaît des nains dans les plus anciennes populations de la contrée (3). La conclusion de ses recherches était dans le sens, de plus en plus reçu, que cette croyance renferme une forte part d'éléments historiques.

(1) Mémoire présenté à la section d'anthropologie du IIIe Congrès scientifique international des catholiques, tenu à Bruxelles du 3 au 8 septembre 1894.

(2) Les Pygmées, Paris, 1887, in-12, pp. vII-352.

(3) Compte rendu du Congrès de Liége, pp. 209-212.

Quelle est cette part? Il n'est pas nécessaire d'admettre que ces nains de la légende ont été en réalité des êtres minuscules. Pour que le mythe se formât, il suffisait que les populations disparues, dont on a fait des nains, fussent plus petites de taille que les races conquérantes. L'imagination populaire a réduit cette taille de plus en plus.

M. Monseur était porté à admettre que la croyance aux nains s'est surtout développée en Europe lors de la diffusion des populations aryennes. Voici pourquoi. Un des traits caractéristiques des Nutons étant la métallurgie clandestine, on peut croire que cette attribution leur a été accordée, dans la tradition du peuple, lorsque les Aryas ont appris des populations antérieures détruites et absorbées par eux l'usage de fondre les métaux.

Ces conclusions de M. Monseur sont aussi celles. qu'énonçait, en 1889, M. Jean Levaux, dans son travail La Chantoire et les Nutons du Val-Sainte-Anne (1), avec cette différence que, pour M. Levaux, ce furent les troglodytes qui enseignèrent aux Aryas l'art de réduire le minerai.

Il convient toutefois de remarquer, avec M. Monseur, que la croyance actuelle aux nains renferme des éléments d'époques très différentes, c'est-à-dire que la légende s'est renouvelée perpétuellement par la substitution successive de toutes les populations un peu étranges qui disparaissent. Ici les nains sont des Templiers, ailleurs des Sarrasins, plus loin des Lapons.

Un travail plus étendu sur les nains a été publié par M. Van Elven (2). Au point de vue des données sur l'existence des nains partout reconnue en Europe, ces recherches sont extrêmement complètes. Mais lorsque M. Van Elven essaie de fixer l'origine, la nature et le passé de cette race des nains légendaires », il ne nous est

(1) Pp. 203-206.

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(2) ANNALES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NAMUR, t. XVIII, pp. 527-414.

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plus possible de le suivre dans les conclusions qu'il adopte. M. Van Elven identifie les nains avec les Ibères. Pour les Aryens, hauts de deux mètres (?), dit-il, à la peau blanche comme le lait (?), les populations ibériennes n'ont pu constituer que des nains basanés ou noirs (?), laids et parfois vindicatifs, parlant l'étrange et inintelligible langue euskarienne des Basques, des Guanches, des Kabyles et des Berbères de l'Algérie.

Nous ne pensons pas non plus que les mythes grecs et latins signalés par M. Van Elven (1) se rattachent aux légendes de l'Europe occidentale et septentrionale sur les Nutons.

M. Paul Monceaux a mieux interprété l'origine de ces mythes de l'antiquité, en montrant que les pygmées de l'Iliade, d'Hérodote, de Pline, et les nabots des peintures gréco-romaines ainsi que des vases helléniques, sont les descendants directs des Négrilles africains, bien que défigurés par la fantaisie des poètes, des artistes, et l'imagination des peuples (2). En d'autres termes, par l'étude des traditions et la comparaison attentive des traits de la légende, on est conduit depuis la Campanie, à travers la Grèce, Chypre et la Phénicie, jusqu'à l'Égypte des Pharaons, qui a vaincu et représenté sur ses monuments les Akkas, encore existant de nos jours, et ancêtres des Négrilles récemment décrits en Afrique par Stanley.

Toutefois, ce n'est pas sur la légende des pygmées que je compte insister. Ce sujet est aujourd'hui épuisé; car il demeure acquis, surtout après le remarquable travail de M. Monceaux, que les découvertes modernes paraissent donner raison au savoir des anciens ». Sans doute, ils ont mêlé à la vérité un grand nombre de fables; mais aujourd'hui le départ a été fait entre l'histoire et la légende. Il n'y a plus à y revenir.

(1) Pp. 376-383.

(2) REVUE HISTORIQUE, sept.-oct. 1891, pp. 1-64.

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