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engrais naturels et artificiels qui lui sont prodigués. La réponse est aisée souvent, parce que le sol s'appauvrit en chaux. La chaux que la betterave enlève à la terre n'est pas restituée à celle-ci toujours et régulièrement; il faudrait donc employer la chaux de bonne qualité; il y a souvent avantage, dans le voisinage d'une sucrerie, à employer des écumes de sucrerie. — “ La chaux, dit M. Proost, n'a pas seulement pour effet de donner des betteraves riches en sucre, sous le même poids, mais aussi d'empêcher la diminution de cette richesse, lorsque le volume de la racine augmente. Les betteraves ayant végété dans un sol argileux à leur maturité, n'arrivent à posséder la richesse saccharine des betteraves ayant végété dans un sol calcaire que lorsqu'elles ont acquis, dans les tissus de chacune de leurs parties, la quantité de chaux contenue dans les betteraves qui ont végété dans le sol calcaire.

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Autrefois, ce système est encore suivi dans quelques sucreries, les fabricants de sucre payaient la betterave non d'après sa plus ou moins grande richesse saccharine, comme aujourd'hui, mais au poids. Il y avait alors intérêt, pour le cultivateur, à planter la betterave à fort rendement. Actuellement, il n'en est plus ainsi, puisqu'il lui faut une betterave riche en sucre. Cependant, un certain nombre de cultivateurs plantent encore la betterave à fort rendement, pour obtenir, à la râperie,la plus grande quantité possible de pulpes. Ce calcul est peu intelligent, car ceux qui le font doivent subir des retenues qui vont de 4 à francs et jusque 15 fr. par mille kilos de racines, suivant que la richesse saccharine est de 1, 2, 3, 4 p. c. en dessous du chiffre 12; certaines années, les années humides, par exemple, peu favorables à l'élaboration du sucre par la racine, ces retenues peuvent devenir ruineuses pour le planteur de betteraves.

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Depuis l'envahissement de nos marchés par les grains étrangers, il n'est plus possible de se livrer à la culture des céréales. Le froment qui, il y a quelque vingt ans, se vendait, en notre pays, à un prix moyen de 30 fr. les cent kilos, se vend aujourd'hui 12 francs.

Rien n'est plus brutal qu'un chiffre, et ce chiffre de 12 fr. est plus éloquent qu'un discours.

L'industrie agricole végète misérablement. Elle n'est pas protégée comme les autres industries. L'industriel et l'ouvrier agricoles sont de bonnes gens qui prennent leur mal en patience. Aussi les pouvoirs publics ne s'en préoccupent guère, réservant

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toutes leurs faveurs aux industriels qui poussent des cris de paon à l'idée d'une concurrence étrangère librement exercée, comme l'est cependant celle de ce grand marchand de grains, le Nouveau-Monde.

La culture des céréales est loin d'être lucrative. Mais elle ne peut-être complètement abandonnée. En effet, pour fabriquer le si nécessaire fumier de ferme, il faut de la paille. Il faut de la paille-fourrage au bétail. Et puis, la culture des céréales est imposée par la loi des assolements.

Et les cultures spéciales, celle de la chicorée, par exemple? La chicorée à café est une plante très épuisante qui exige un sol profond, riche, bien ameubli, préparé avec beaucoup de soin, fumé abondamment. Confiée à un sol sablonneux, elle réussit très bien; mais gare à la sécheresse! Et des insectes très nombreux, notamment la larve du hanneton et le taupin, causent parfois de grands ravages dans les champs de chicorée.

La chicorée à chicons est cultivée dans les environs de Bruxelles et de Mons. Ce n'est pas non plus ce légume qui sauvera l'agriculture belge.

Il y a d'autres cultures spéciales dans notre pays : celle du lin, du houblon, du tabac, du chanvre; qu'on y ajoute, si l'on veut, celle de la vigne, à Huy, des raisins de table, près de Bruxelles, des fruits dans les environs de Namur...

Mais ces cultures ont pour défaut capital de ne convenir chacune qu'à une petite portion de notre sol national. Qu'on n'oublie pas non plus qu'elles exigent des soins intelligents et méticuleux, des dépenses considérables en engrais et une main d'œuvre qui, par exemple pour la chicorée à chicons, peuvent s'élever à 600 francs l'hectare par an et à 700 francs et plus pour la vigne. Malgré tous ces soins, il arrive que ces plantes tant choyées languissent et donnent une mauvaise récolte.

Il est inutile d'essayer de cultiver avantageusement ces plantes de choix, si on n'a pas la certitude d'en obtenir de bonnes récoltes les bonnes années. Et encore faut-il que le produit présente des qualités spéciales. Une riche récolte de tabac, par exemple, peut constituer son propriétaire en perte, si ce tabac n'a pas les qualités requises par les fumeurs.

A quoi bon du reste produire, si les débouchés manquent, ou sont insuffisants? Et puis, la concurrence étrangère vient lutter pied à pied avec les producteurs belges. Il suffit de relire les récents débats auxquels cette question a donné lieu à la Chambre des représentants pour être édifié sur ce point.

Le bétail, dit-on, est une source précieuse de revenus pour le cultivateur. Oui, mais pour se livrer à l'élève du bétail de façon à en retirer des bénéfices quelque peu importants, il faut des capitaux considérables, et c'est ce qui manque le plus au cultivateur.

Il est vrai que l'industrie laitière a fait de grands, d'immenses progrès dans notre pays depuis quelques années. Autrefois, il n'y a pas 10 ans, elle faisait surtout parler d'elle dans le Furnambacht, dans le pays de Herve et même aussi en Campine; elle y constitue en quelque sorte encore l'unique richesse ou l'unique ressource des cultivateurs.

Aujourd'hui, un peu partout, on a amélioré le régime alimentaire des vaches laitières, dont on tire ainsi un parti plus avantageux; on s'est préoccupé davantage des soins que nécessite la fabrication du beurre. Les cours de laiterie institués par le gouvernement ont contribué, pour la plus grande part, aux excellentes réformes dont a été victime dame routine.

Le traitement du lait par les écrémeuses centrifuges, lesquelles ont été finalement adoptées çà et là par les fermiers, donna une impulsion toute nouvelle à cette branche si importante de l'économie rurale, qu'on avait trop négligée jusqu'alors. Il y a 4 ans, on comptait dans le pays 95 écrémeuses centrifuges; actuelle. ment leur nombre dépasse 4000. Malheureusement, nous vivons sous le régime de la margarine qui fait un tort immense à l'industrie beurrière.

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On le voit seule la culture de la betterave sucrière semble, d'une façon générale, pouvoir arrêter l'agriculture sur la pente qu'elle descend et qui conduit à la ruine.

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Malheusement, nous l'avons dit, l'industrie sucrière traverse une crise dont doit nécessairement pâtir l'industrie betteravière. Les uns prétendent que l'excès de production de la betterave sucrière est la cause de l'avilissement des prix du sucre. Selon d'autres Le salut de l'industrie sucrière, par conséquent de l'industrie betteravière, est dans l'augmentation des rendements culturaux et dans l'amélioration continue de la qualité de la betterave. Alors, les sucreries trouveront un approvisionnement suffisant et régulier; leurs frais généraux seront réduits dans une large mesure, et elles pourront lutter contre la concurrence étrangère de plus en plus redoutable. „

Toujours est-il que les planteurs de betteraves constatent la gravité de la situation qui leur est créée.

On voit le mal. Où est le remède?

La Revue des questions scientifiques a déjà appelé l'attention de ses lecteurs sur l'institution des agronomes de l'Etat, service qui dépend aujourd'hui d'une direction spéciale, l'Inspection générale de l'agriculture. A ce service incombe actuellement tout ce qui concerne la partie technique du département de l'agriculture. Les documents officiels, les rapports de l'inspection et des agronomes, rapports dont il a été fait mention ici, il y a quelque temps, et qui sont publiés dans les Bulletins de l'agriture, nous apprennent que les conférences publiques données par les agronomes ont le plus grand succès. Elles sont appropriées à l'économie rurale des diverses régions; elles sont combinées, s'il y a lieu, avec l'organisation des champs d'expériences; parfois elles sont réunies en séries, de manière à former, par leurs groupements, des cours complets sur des matières spéciales.

Les champs de démonstrations établis avec le concours des agronomes de l'Etat sont également très appréciés partout où ces honorables fonctionnaires ne se heurtent pas à l'inertie des comices. On sait que les champs d'expériences ont pour but de vulgariser les résultats acquis par la science; ils portent sur le choix des graines, les façons à donner à la terre, l'utilité de l'emploi rationnel des engrais chimiques. Ils ont aussi pour but d'enseigner aux cultivateurs les procédés à mettre en œuvre pour élever les rendements et diminuer les prix de revient.

Afin de donner une grande impulsion à l'organisation des champs d'essai, le gouvernement fournit gratuitement, à titre de subside, les matières fertilisantes et les semences nécessaires. Au fur et à mesure que le nombre des champs de cette espèce s'accroît, il y a lieu de se montrer plus difficile pour l'octroi de ces subsides en nature.

Dans les régions de la Belgique où les propriétaires du sol exploitent plus généralement eux-mêmes leurs domaines, les expériences dont les agronomes ont la direction s'étendent parfois sur des champs de plusieurs hectares et même sur des exploitations agricoles entières.

Dans les contrées du pays où les engrais chimiques étaient totalement inconnus, les agronomes en ont propagé l'emploi plus aisément que dans celles où les cultivateurs avaient déjà éprouvé des mécomptes résultant d'un emploi irrationnel ou de la mauvaise qualité des engrais achetés.

Nous voudrions voir s'organiser plus complètement l'enseignement professionnel primaire agricole, avec le concours si

précieux de l'initiative privée, sans lequel on ne peut rien faire de sérieux en Belgique. L'expérience tentée à Mousty par l'Inspecteur général de l'agriculture est bien faite pour encourager les instituteurs et les autorités communales dans cette voie.

Beaucoup d'établissements d'enseignement moyen libre ont compris la nécessité de l'enseignement agricole. Il faudrait qu'ils pussent créer des cours primaires professionnels à l'instar des écoles pratiques d'agriculture de France, d'Allemagne, etc. L'aide du gouvernement serait très utile sous ce rapport, et, grâce à cette aide, ces écoles ainsi complétées pourraient rendre d'immenses services à l'agriculture.

On sait que partout les fermes-écoles, créées surtout en France, périclitent, tandis que les écoles pratiques d'agriculture s'y multiplient. Il s'agit d'institutions soutenues, pour la plupart, par des particuliers et administrées par ceux-ci à leurs risques et périls. Le gouvernement français ne s'occupe que de l'enseignement agricole. Il subside le personnel enseignant agricole et il supporte les frais d'expérimentation. Le personnel enseignant est peu nombreux, et les branches de l'enseignement sont limitées au strict nécessaire.

Ces écoles pratiques d'agriculture, qui devraient être annexées à toutes nos écoles moyennes libres dans nos campagnes, seraient destinées à recevoir les fils de petits propriétaires, de fermiers, etc., au sortir de l'école primaire ou du collège.

En France, ces établissements jouissent de bourses d'études de façon à permettre aux petits cultivateurs d'y envoyer leurs enfants.

En Belgique, une subvention modeste permettrait à beaucoup d'établissements moyens libres de réaliser cette importante amélioration. L'Etat, en favorisant ainsi l'essor de l'initiative individuelle, se conformerait aux vœux émis naguère par la Commission du travail en faveur de l'enseignement professionnel, industriel et agricole.

G. D.

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