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opéré par le propriétaire foncier, prélèvement auquel le fermier est obligé de se soumettre parce qu'il a besoin de la terre. Sa définition de la rente est très nette sur ce point dès l'instant que le sol d'un pays est devenu propriété privée, les propriétaires comme tous les autres hommes aiment à recueillir ce qu'ils n'ont point semé, et ils demandent un fermage même pour le produit naturel de la terre. Pour que l'ouvrier ait la permission de recueillir les fruits de la terre, il faut qu'il paie et cède au propriétaire une partie du produit de son travail » (1). Smith revient à plusieurs reprises sur ces exigences du propriétaire et sur le fait qui oblige le fermier à s'y soumettre.

La cause primordiale de la rente est la concurrence des fermiers; celle-ci s'explique parce que certains produits de la terre sont toujours demandés en telle quantité que leur prix dépasse le coût de production (2). C'est sur la différence du prix d'avec le coût de production que se prélève la rente; le propriétaire s'efforce de prendre le plus possible (3), mais il est lié par les circonstances générales de la société ou de la localité où la terre est située; ce sont ces circonstances qui fixent le taux moyen ou ordinaire pour les fermages (4).

Toute cette explication revient à dire que l'origine et le taux de la rente sont dûs au jeu normal de la loi de l'offre et de la demande.

Adam Smith tire plusieurs conséquences de sa théorie. En premier lieu, la rente est autre chose que le profit du capital incorporé même pour les terres non améliorées il y a une rente, et l'intérêt vient s'ajouter à cette rente primitive. La rente est donc un prix de monopole. Ce prix n'est nullement en proportion des améliorations que

(1) Adam Smith, loc. cit., tome I, p. 67.

(2) Ibid., p. 189.

(3) Ibid., p. 187. (4) Ibid., p. 73.

le propriétaire peut avoir faites sur sa terre, mais bien de ce que le fermier peut consentir à donner (1).

En second lieu, dit Adam Smith, il faut observer que la rente entre dans la composition du prix des marchandises d'une tout autre manière que les salaires et les profits. Le taux des salaires et des profits est la cause du prix des marchandises. Le taux de la rente est l'effet du prix (2).

Adam Smith résume ainsi ses vues sur la rente le fermage varie selon la fertilité de la terre, quel que soit son produit, et selon sa situation, quelle que soit sa fertilité (3).

Les améliorations qui se font dans l'état de la société tendent, d'une manière directe ou indirecte, à faire hausser la rente de la terre: 1° Si le produit augmente comme quantité, la part du propriétaire augmente également. 2o Si le produit hausse de prix, la rente du propriétaire s'élève à proportion. 3° La réduction du prix des objets manufacturés augmente le pouvoir d'achat de la rente perçue par le propriétaire. 4° Une augmentation du capital tend à augmenter le produit de la terre; or, la rente grossit avec le produit (voir n° 1).

Il est à remarquer que, dans ces hypothèses, la rente ne s'élève que pour autant que la fertilité de la terre s'accroisse parallèlement. Dans un seul cas cette condition n'est pas requise: augmentation du pouvoir d'achat du propriétaire par la diminution du prix des articles manufacturés. Mais alors le taux de la rente ne hausse pas, et le bénéfice de la réduction du prix des objets manufacturés va à tous leurs consommateurs et non pas seulement au propriétaire.

Il y a loin de cette explication aux conséquences que Stuart Mill, à la suite de Ricardo, devait tirer de l'augmentation de la rente.

(1) Adam Smith, loc. cit., tome 1, pp. 188 et 189.

(2) Ibid., p. 189.

(3) Ibid., p. 191.

J.-B. Say, au chapitre xvIII de la Ve partie de son Cours complet d'économie politique pratique (1), traite des profits que rendent les terres à ceux qui les font valoir et attribue le service foncier à la demande même de ce service. Il dit textuellement : « Ce service, de même que tout autre service, de même que tout autre objet utile à l'homme, est payé d'autant plus cher qu'il est plus demandé et moins offert. Remarquons en passant que J.-B. Say emploie constamment le terme de service foncier et jamais celui de rente (2). Le mot rente, dans la langue économique, est pris dans un autre sens que dans le sens étymologique; en ce dernier cas il signifie, d'après son équivalent anglais rent, le loyer qu'un fermier paie à son propriétaire. Or, la distinction entre le fermage et la rente a été faite dès les premiers moments.

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L'explication que donne J.-B. Say de la naissance du service foncier repose entièrement sur l'offre et la demande. J.-B. Say admet cependant que la demande du service foncier n'est pas bornée, à cause de l'augmentation de la population et de la richesse, mais que l'offre des services. fonciers est limitée nécessairement par l'étendue des terres cultivables du canton (ou d'une région, pour parler d'une façon plus large). Les produits d'autres régions viennent nécessairement faire concurrence aux premiers, mais ils n'arrivent sur le marché qu'avec des prix de production grevés de frais de transport et de commerce. Notre auteur dit ceci : l'éloignement équivaut à la stérilité » (p. 359). En soutenant la théorie de l'offre et de la demande, J.-B. Say continuait la tradition d'Adam Smith. Au surplus, Say ne partageait pas l'engouement des économistes anglais pour la théorie de la rente. Elle lui paraissait une abstraction n'offrant rien d'applicable dans la vie réelle, et il

(1) Cfr J.-B. Say, Cours complet d'économie politique pratique. Edition Dumont, Bruxelles, 1856, p. 358.

(2) Id. ibid., p. 365.

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prétendait s'inspirer plus qu'eux des faits qui, disait-il, sont nos maîtres à tous (1).

L'économiste anglais David Ricardo peut revendiquer comme sienne la théorie de la rente telle qu'elle a été admise et développée à sa suite par l'école orthodoxe. Ricardo eut pourtant un prédécesseur qu'il ignora sans doute, Jacques Anderson, qui, en 1777, publia à Édimbourg un volume intitulé: Inquiry into the Nature of the Corn Laws.

Mac Culloch, en donnant sans réserve son adhésion à la théorie d'Anderson, déclare que cet auteur a démontré la théorie de la rente de la terre aussi parfaitement que Malthus et Ricardo ont pu le faire en 1815. Il ne paraît pas cependant qu'Anderson ait attaché quelque prix à la loi qu'il avait formulée, ni que l'opinion publique s'en soit occupée. Adam Smith, dans La Richesse des nations, publiée à peu près à la même époque, Ricardo et Malthus, qui écrivirent après lui, ne paraissent pas avoir connu. Anderson. Si nous citons le nom de cet écrivain au cours de ce travail, ce n'est point pour dégager de sa théorie une lumière quelconque. La théorie classique de la rente est dans Ricardo. C'est là que nous l'allons chercher.

En premier lieu, Ricardo distingue entre le fermage et la rente la rente n'est pas tout ce que le fermier paie au propriétaire; c'est ce que le premier paie au dernier pour le droit d'exploiter les facultés primitives et indestructibles du sol ». Voilà la distinction nettement posée. Ricardo expose ensuite comment la rente vient à naître et à augmenter - cette dernière partie de sa démonstration se nomme la théorie de la rente différentielle.

La rente existe-t-elle indistinctement dans tout état social? Non, répond Ricardo. « Lorsque des hommes font un premier établissement dans une contrée riche et fertile dont il suffit de cultiver une très petite étendue pour

(1) Lettre à David Ricardo, du 19 juillet 1821.

nourrir la population, ou dont la culture n'exige pas plus de capital que n'en possèdent les colons, il n'y a pas de rente; car qui songerait à acheter le droit de cultiver un terrain, alors que tant de terres restent sans maître, et sont, par conséquent, à la disposition de qui voudrait les cultiver? En cet état social, Ricardo n'admet l'existence de la rente que dans le cas où, par sa situation, une parcelle de terre serait particulièrement avantageuse à cultiver. Le fait qui donne naissance à la rente est double, d'après Ricardo: 1° la fertilité de la terre est variable, 2o l'augmentation de la population force les hommes à mettre en exploitation des terres de moins en moins fertiles. Lorsque ce deuxième fait vient à se produire — et il se produit nécessairement, les terrains nouvellement mis en exploitation ne peuvent, à cause de leur moindre fertilité, rendre autant de produits pour la même somme de travail. La nécessité de se procurer des vivres oblige les sociétés parvenues à cet état de payer les denrées à un prix capable de rémunérer la production sur les points les moins favorables. De là, la fixation du prix général au taux exigé pour la production sur les plus mauvaises terres qu'on a été obligé de mettre en culture. La différence entre le coût de production sur les terres les plus infertiles et celles plus avantagées de la nature constitue, pour les propriétaires de celles-ci, la Rente.

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La rente, d'après Ricardo, peut encore naître d'une autre manière. Laissons, en cette matière délicate, la parole à notre auteur. Il arrive assez souvent qu'avant de défricher les nos 2, 3, 4, c'est-à-dire des terrains de qualité inférieure, on peut employer les capitaux d'une manière plus productive dans des terres déjà cultivées. Il peut arriver qu'en doublant le capital primitif employé dans le n° 1, le produit, quoiqu'il ne soit pas doublé ou • augmenté de 100 quarters, augmente cependant de 85 quarters, quantité qui surpasse ce que pourrait rendre ce capital additionnel, si on le consacrait à la culture du

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