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Le progrès

Stuart Mill à prendre cette conclusion: économique d'une société divisée en propriétaires capitalistes et travailleurs tend à enrichir toujours la classe des propriétaires, tandis que le coût de la subsistance du travailleur tend à s'élever et les profits à diminuer. »

On comprend dès lors admirablement que John Stuart Mill ait fondé en 1870 la Land Tenure Reform Association dont le but était de réclamer, au profit de l'État, l'interception, au moyen des impôts, du futur accroissement non provoqué (unearned increment) de la rente foncière ou une grande partie de cet accroissement, qui se réalise sans déboursés de la part du propriétaire, par le seul effet de la multiplication de la population et des richesses; les propriétaires conservaient le droit d'abandonner leurs immeubles à l'État au prix marchand qu'ils auront au moment où la loi sera adoptée par le législateur.

A la suite de John Stuart Mill, la plupart des économistes anglais (1) ont adopté la théorie ricardienne de la rente sans en pousser toutefois aussi loin les conséquences que le fondateur de la Land Tenure Reform Association.

Avec Stuart Mill, la théorie classique de la rente est parvenue au terme de son évolution. Les collectivistes

leurs jouiraient complètement de la baisse des prix. Si leur standart of life se maintient à ce niveau, tout restera dans le même état; mais le plus souvent l'amélioration de leur sort se traduira par une augmentation de la population, d'où baisse des salaires et hausse des profits. Si le perfectionnement imaginé a lieu sur un article manufacturé de grande consommation populaire, l'effet sur les salaires et les profits sera le même que dans le cas précédent, mais la rente baissera. C'est le corollaire de la loi de Mill sur le coût de production.

Be CAS. Le progrès a lieu sur les trois éléments.

Si les progrès des arts de la production sont extraordinairement rapides, la rente baissera, mais elle regagnera le terrain perdu et plus encore par l'augmentation de la population et des capitaux.

Si les perfectionnements ont lieu moins rapidement, ils permettent à la rente de s'élever et à la culture de s'étendre à des terres moins fertiles. L'effet normal de tous les perfectionnements est non de réduire l'étendue cultivée, mais de donner la possibilité de cultiver des terrains incultes jusqu'à ce moment.

(1) Citons parmi eux Stanley Jevons, Cairnes et Macleod.

n'ont rien ajouté aux conclusions pessimistes que nous avons indiquées. Ils les ont simplement transposées dans une forme concrète, bien faite pour frapper l'imagination populaire. D'après Henry George, un des avocats les plus qualifiés de l'absorption de la rente par l'État, le seul effet de l'amélioration des méthodes de production et d'échange, abstraction faite de l'augmentation de population, suffit pour faire hausser la rente. C'est que la demande (1), continue Henry George, n'est pas une quantité fixe qui n'augmente qu'avec la population. Dans chaque individu, la demande s'accroît avec la possibilité d'obtenir les objets désirés. La production des richesses n'est nulle part proportionnelle au désir des richesses, ce désir s'accroît avec chaque nouvelle chance de réalisation. S'il en est ainsi, l'effet des améliorations qui épargnent le travail sera d'augmenter la production des richesses. Or, pour la production des richesses, deux choses sont requises du travail et de la terre. Par conséquent, l'effet d'améliorations qui économisent le travail sera d'étendre la demande de terre, et là où on aura atteint la limite de la qualité des terres en culture, on devra ou défricher des terrains naturellement moins productifs, ou consacrer de nouveaux capitaux destinés à être moins efficaces aux anciens terrains. Et ainsi, pendant que le premier effet de ces améliorations consistera à accroître la puissance du travail, le second effet sera d'étendre la culture et, comme on rétrécit ainsi le champ de la concurrence, de surélever la rente. La conclusion de Henry George est que toutes les inventions de machines ont eu pour unique effet de faire hausser la rente sans augmenter ni le salaire ni les profits. Cette assertion est-elle autre chose qu'un corollaire des aphorismes de Stuart Mill?

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Un grand nombre d'auteurs se sont ralliés à la théorie

(1) Cité par M. Maurice Block: Les Progrès de la science économique, tome II, pp. 226 et suiv. Paris, Guillaumin, 1890.

ricardienne. En Angleterre, il y a presque unanimité. En Allemagne, en Autriche, en Italie, aux États-Unis d'Amérique, les économistes sont en grande majorité partisans de Ricardo. L'exposé qu'ils font de sa théorie n'ajoute rien, le plus souvent, à la démonstration qui a été faite avant eux ou n'y ajoute que des points de détail. Nous citons les principaux de ces auteurs (1), avec une indication très brève des points où ils se séparent de l'école anglaise orthodoxe.

Accueillie avec enthousiasme en Angleterre, adoptée par la plupart des économistes des écoles allemande et autrichienne, la théorie de Ricardo a rencontré de nombreuses oppositions dont les principales sont parties de

(1) Francis A. Walker, dans Land and its Rent, se déclare partisan de Ricardo; il combat toutefois avec vigueur le programme esquissé par Mill de la reprise par l'État de l'unearned increment.

Roscher se montre aussi un ferme partisan de la théorie ricardienne. Il insiste surtout sur ce point qu'une rente élevée n'est pas la cause, mais l'effet d'une certaine cherté du blé. C'est une idée très nettement indiquée et développée par Adam Smith.

H. de Mangoldt donne la définition suivante de la rente: «Un revenu qu'un des participants à la production obtient parce que le produit a atteint un prix supérieur à celui qui est nécessaire pour couvrir les frais de production. » M. de Mangoldt admet qu'une rente peut s'ajouter aussi bien aux profits de l'entrepreneur qu'au salaire de l'ouvrier et aux intérêts du capitaliste. La rente ainsi généralisée est un stimulant du progrès. Elle revient à quiconque sait prévoir et profiter des progrès de l'économie nationale.

Schaeffle expose les mêmes idées et revendique la priorité sur de Mangoldt. G. Cohn partage sur la rente les idées de Ricardo. Il ne croit pas que la théorie de cet écrivain conduise nécessairement à des conclusions pessimistes. Elle ne fait qu'exciter l'effort de l'homme.

Ces différents auteurs sont cités d'après le résumé de leur doctrine fait par M. Block dans son ouvrage cité précédemment.

Ch. Gide, dans ses Principes d'économie politique, édition de 1884, dit : « On peut considérer la loi de Ricardo comme l'expression exacte de la vérité, dans les conditions actuelles de nos sociétés. » Ailleurs : « La plus value constante et progressive du sol, avec des périodes de crise et d'intermittence, cela va sans dire, est un des faits les plus éclatants de l'économie politique. C'est la mise en culture de terres sur lesquelles les frais de production vont en augmentant, qui détermine la rente. La rente provient de trois causes: l'augmentation de la population (accroissement de la demande), l'augmentation de la richesse générale (accroissement des besoins) et le développement des travaux publics (possibilité de mettre de nouvelles terres en culture). >>

la France. On a vu que J.-B. Say ne l'admettait point et regrettait l'importance qu'on attachait en Angleterre à des théories qui, à ses yeux, n'avaient guère d'autre valeur que celle d'un jeu d'esprit. Blanqui, dans une note de son édition d'Adam Smith (1843) constate les résistances querencontrait en France la théorie de Ricardo. Mais l'adversaire le plus ardent de la doctrine ricardienne sur la rente est l'économiste américain Carey. Dans son livre: The Past, the Present and the Future, cet écrivain s'attache à réfuter Ricardo et à établir une autre théorie de la rente. En premier lieu, Carey combat vivement ce que, dans Ricardo, on appelle l'ordre historique des cultures. L'auteur américain part de ce principe que, dans un pays donné, les terres qui sont mises en culture les premières sont les plus fertiles ou les mieux situées. La population augmentant, on se trouve obligé de cultiver des terres moins fertiles; le coût de production s'élève, et la différence entre le coût de production sur les terres les moins fertiles et sur les plus avantagées crée, au profit de ces dernières, la rente. C'est ce que n'admet point Carey. D'après lui, ce sont au contraire les terres les plus légères, c'est-à-dire, en général, les moins fertiles, qui sont cultivées en premier lieu. La raison en est que l'insuffisance des moyens de production ne permet pas la mise en valeur des terrains lourds et gras. Carey appuie cette idée d'une démonstration très étendue sur laquelle nous aurons à revenir dans la partie critique de cette étude. L'écrivain américain s'est basé précisément sur la méthode d'observation; c'est ce qui fait l'originalité de sa démonstration et rend celle-ci très importante à notre point de vue.

Carey nie que la fertilité du sol, les qualités naturelles et indestructibles de la terre, comme s'exprime Ricardo, figurent parmi les causes productives de la rente. La production agricole exige une longue suite de dépenses : bâtiments, instruments, engrais, etc. Ce capital est incor

poré au sol ou lui est attaché par destination. C'est la présence de ce capital qui explique et fait naître la rente. Parmi les dépenses exigées pour la production, Carey range toutes celles qui ont fructifié indirectement la terre : routes, canaux, moyens de communication divers.

Bastiat, dans un chapitre inachevé de ses Harmonies économiques, a adopté les vues de Carey et combattu, avec les arguments de celui-ci, la théorie de Ricardo. Bastiat est parti de cette idée primordiale qu'il n'existe pas de richesses qui ne soient le produit, le fruit du travail. La rente de la terre est l'intérêt du capital accumulé pour rendre la terre productive. Il est vrai que la rente peut s'élever sans que le propriétaire ait eu aucun sacrifice à faire pour bénéficier de son accroissement; mais, d'après Bastiat, la valeur d'un service peut hausser non pas seulement à cause de la peine prise ou des dépenses faites par le producteur, mais encore à cause de la peine épargnée au consommateur, et ce fait n'est point particulier à la propriété foncière (1).

H. Passy ne partage pas non plus les opinions de Ricardo sur la rente. Il admet, comme lui, que la terre possède des qualités de fertilité qui lui sont propres, mais il nie que la rente ne naisse qu'en vertu de ce que les facultés productives de la terre ne soient pas également réparties. "Ce qui donne naissance à la rente, dit Passy, c'est l'aptitude des terres à rendre à ceux qui les exploitent plus de produits qu'il ne leur en faut pour subsister et recouvrer le montant de leurs avances, et partout où les terres ont cette aptitude, il suffit de le vouloir pour en tirer un excédent, c'est-à-dire une rente. Il n'est pas besoin non plus, comme Ricardo le suppose, d'une hausse dans les prix pour que la rente se forme; la rente apparaît du

(1) D'après l'analyse donnée de ce fragment des Harmonies, par H. Passy, dans le dictionnaire de l'Économie politique, t. II, verbo « rente». Edition Guillaumin, 1833.

II SERIE. T. VII.

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