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ont-ils pensé que le nom des Veddahs de Ceylan rappelle essentiellement cette exclusion de caste, et qu'il est identique à celui des Vyadhas, la caste des chasseurs dans l'Inde.

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Les pygmées n'ont d'autre animal domestique que le chien, et dans l'Afrique australe on connaît le proverbe : « Les Bushmen ne possèdent en fait d'animaux chien et la punaise. » A Ceylan les Veddahs, et les Négritos des îles Philippines, se distinguent aussi par l'emploi exclusif du chien comme animal domestique. S'il faut en croire de récentes recherches entreprises par le D Édouard Hahn de Berlin, ce serait là un caractère tout à fait primitif.

Nous ne possédons pas assez de données sur les idées religieuses des pygmées pour en tirer quelques conclusions relativement à leur parenté ethnique. M. von Hellmuth Panckow cite toutefois deux détails intéressants. Il semblerait que les Bushmen, comme les Négritos des Philippines, rendent un culte spécial à la lune; et on signale entre les Batouas du Bas-Congo et les mêmes Négritos des coutumes assez semblables dans les honneurs rendus aux morts. Mais, il faut le répéter, il reste dans cet ordre d'idées un vaste champ ouvert aux investigations.

Si l'on peut dire en général qu'en Afrique surtout les observations des voyageurs tendent à attribuer aux pygmées un langage spécial, c'est aussi à cette conclusion très vague que se bornent toutes nos données linguistiques sur les pygmées. En effet, nous n'osons pas trop nous fier aux déductions de MM. Hartshouse et Schadenberg, qui ont cru pouvoir affirmer que la langue des Veddahs et des Négritos des îles Philippines accusent un développement restreint du sens des couleurs.

On peut avec plus de certitude peut-être affirmer la disette des termes servant à exprimer les noms de nombres. Le fait a été exactement constaté pour les Veddahs, les Mincopies et les pygmées des Philippines. Même conclusion

pour ceux d'Afrique. D'après M. Merensky (1), les Bushmen ne possèdent des vocables différents que pour les nombres 1 et 2; détail qui m'a été confirmé par M. l'abbé Schils, le savant africaniste belge (2). Tandis que, sur les rives du Congo, les Nègres ont une terminologie variée pour les dix chiffres, les pygmées de la même région sont réduits à cinq mots seulement.

On le voit, il reste beaucoup à faire pour mieux connaître les pygmées, et surtout pour tirer de la connaissance de leur état social, de leurs facultés intellectuelles, des déductions ethnologiques parfaitement sûres.

VI.

Dans son remarquable travail, M. de Quatrefages a donné une description complète de toutes les populations pygmées connues en 1887. Depuis lors, ces recherches ont été complétées par un travail de M. William Henry Flower, qui a fourni de nouveaux renseignements sur les Mincopies des îles Andaman et les Akkas (3).

M. le professeur Ferdinand Blumentritt a mis en œuvre de curieuses notices des missionnaires espagnols sur les Négritos des Philippines (4).

Ce n'est pas seulement dans la partie méridionale du continent asiatique que l'on a trouvé des pygmées : leur existence en Chine est nettement attestée par d'irrécusables témoignages d'historiens et de voyageurs. « M. Terrien de Lacouperie a réuni ces renseignements dans un mémoire intitulé Les Pygmées de la Chine, qui paraîtra

(1) Veber Hottentoten, ZEITSCHR. FÜR ETHNOLOGIE, 1875, p. 19. (2) Voir COMPTE RENDU DU TROISIÈME CONGRÈS SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL DES CATHOLIQUES, section de philologic.

(3) The Pygmy Races of Men, dans JOURNAL OF ANTHROPOLOGICAL INSTITUTE OF GREAT BRITAIN, t. XVIII, 1888, pp. 73-91.

(4) Beiträge zur Kenntnis der Negritos, dans Zeitschr. DER GESELLSCHAFT F. ERDKUNDE ZU BERLIN, t. XXVII, 1892, pp. 63-69.

dans un volume, Asie orientale, des Annales du musée Guimet (1). Parmi ces renseignements, un des plus curieux est celui fourni par le B. Odoric de Pordenone qui, dans son voyage en Extrême-Orient au XIVe siècle, déclare avoir rencontré des pygmées dans le sud de la province chinoise actuelle de Kiang-Su. M. Henri Cordier, dans la magnifique édition qu'il a faite naguère de la traduction française des voyages d'Odoric par Jehan le Long, d'Ypres, moine de Saint-Bertin, à Saint-Omer, a fait ressortir d'une façon très complète la valeur du témoignage d'Odoric (2). Nous ferons pourtant observer que le voyageur franciscain a eu tort de déparer la réalité de son récit par des emprunts manifestes aux légendes de Pline sur les pygmées.

Les Veddahs, les pygmées de l'île de Ceylan, ont été récemment étudiés à fond dans la publication de MM. P. et Fritz Sarasin (3). Nous reviendrons tout à l'heure sur quelques-unes des conclusions émises dans cet ouvrage.

En Afrique, les populations naines semblaient cantonnées dans les régions équatoriales et dans la partie australe. Certains indices paraissents indiquer qu'elles ont remonté jusqu'à l'Afrique septentrionale. M. Haliburton croit avoir constaté leur existence dans l'Atlas (4). Cette découverte a été contestée par M. Stuart Glennie, qui pense que les races naines de M. Haliburton ne sont que des goîtreux de petite taille (5). M. Haliburton a maintenu ses assertions (6), et fourni les références sur la foi desquelles il avait cru pouvoir affirmer l'existence des

(1) Henri Cordier, Les Voyages en Asie au XIVe siècle du bienheureux Frère Odoric de Pordenone, Paris 1891, p. 354. · Cfr LE MUSEON, t. VI, 1887. p. 597.

(2) Ibid., pp. 345-456.

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(3) Die Weddas von Ceylon und die sie umgebenden Völkerschaften. Wiesbaden, 1892-95, un vol. gr. in-4° de 600 pages, avec 84 planches, plusieurs figures dans le texte, 1 carte et 6 tableaux. Cfr Ernst Haeckel, Die Urbewohner von Ceylon, dans DEUTSCHE RUNDSCHAU, t. LXXVI, 1893, pp. 367-383, et J. Deniker, L'ANTHROPOLOGIE, 1894, pp. 254-244.

(4) ASIATIC QUARTERLY, no de juillet 1893.

(5) THE ACADEMY, 22 juillet 1893, pp. 75, 76. (6) IBID., 5 août, pp. 114.

pygmées de l'Atlas et des Pyrénées. Ce que M. Donadiu y Puignau nous a dit au Congrès des nains de la vallée de Ribas (1) semble donner raison à M. Stuart Glennie, qui ne pense pas que les nains du Wad Draa soient de véritables pygmées de race, mais qui y voit des individus déformés par de fâcheuses conditions d'existence (2). Pourtant, M. Haliburton, sans insister, comme de raison, sur les nains des Pyrénées, a produit de nouvelles autorités en faveur de ceux de l'Atlas (3). Si leur témoignage est exact, il n'est pas possible de nier que les pygmées décrits par M. Budgett Meakin présentent tous les caractères de ceux découverts par Schweinfurth et Stanley au cœur de l'Afrique.

VII.

Pour terminer ce court aperçu sur les pygmées, il reste à élucider deux questions que les anthropologistes ont souvent agitées en ces derniers temps, celle de la place qu'ils occupent dans l'échelle des êtres humains et celle de leur origine.

Les travaux de MM. Sarasin sur les Veddahs de Ceylan ont donné un regain de popularité à la thèse qui prétend voir dans les pygmées un des types primitifs de l'humanité. Pour ne pas démentir le sous-titre de leur ouvrage, dit M. Deniker (4), MM. Sarasin tâchent de démontrer qu'au point de vue ostéologique le Veddah se rapproche, plus que n'importe quelle autre population, des singes anthropoïdes et notamment du chimpanzé, par une foule de caractères (longueur de l'avant-bras, perforation de l'olécrâne, structure de l'omoplate, petitesse du crâne, courbure de la colonne vertébrale, forme du ptérion, inclinaison du trou occipital, etc.).

(1) Voir plus haut, p. 36.

(2) THE ACADEMY, 12 août, pp. 133-134.

(3) IBID., 19 août, pp. 154.

(4) L'ANTHROPOLOGIE, 1894, p. 240.

He SÉRIE. T. VII.

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On n'attend pas de nous une réfutation faite cent fois de ces prétendus caractères simiesques, bien que M. Ernest Haeckel se soit emparé avec empressement des travaux de MM. Sarasin pour battre en brèche l'histoire primitive de l'humanité telle que la raconte la Genèse. Dans un article tapageur (1), le professeur d'Iéna n'hésite pas à proclamer qu'il faut ranger au pays des mythes l'Adam et l'Eve de la Bible. Le premier homme demeure tout entier, avec ses caractères originaires, dans les Veddahs de Ceylan, de cette île fortunée qui est encore le paradis terrestre de l'humanité.

Laissons passer ces engouements d'un jour. Voilà longtemps qu'on cherche l'homme primitif, et il fuit toujours sous la main qui croit le saisir. On avait cru le trouver aux îles Andaman, mais le Dr Man a ramené aux vraies proportions cette découverte anthropologique. Plus tard, on attribua aux Hottentots le privilège de représenter l'humanité première; vint le Dr Hahn, qui prouva la dégénérescence de ce peuple et retrouva les souvenirs de leur civilisation passée.

Nous sommes persuadé qu'une nouvelle enquête sur les Veddahs de Ceylan fera renoncer à certains résultats exagérés des études de MM. Sarasin.

Quoi qu'il en soit de certaines malformations corporelles des pygmées, rien ne permet de conclure à leur infériorité. Ce sont des hommes dans le sens le plus strict du terme. Leur histoire, d'ailleurs inconnue, ne justifie aucune des déductions émises sur leur caractère de priorité en regard d'autres races. Au point de vue de leur civilisation et de leurs qualités intellectuelles, ils sont au niveau d'un bon nombre d'autres peuples. L'indigence des noms de nombre n'est pas un argument. Ne faut-il pas autant d'intelligence pour dire deux plus un, que pour inventer le mot trois ?

(1) Die Urbewohner von Ceylan, DEUTSCHE RUNDSCHAU, 1895, t. LXXVI, pp. 367-85.

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