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tion (1). Nous arrivons à la réponse fondamentale. Oui, Gautier a raison de dire que si l'énergie calorifique se transforme en pensée, il faut que le cerveau se refroidisse au moment où se produit l'action physique. Et c'est ce qui se fait. Le cerveau se refroidit au début, contrairement à ce que pensait Schiff.

Le travail de la pensée s'explique comme le travail musculaire. Il faut y distinguer deux phases: la phase dynamique qui représente le travail utile celle-ci est accompagnée de refroidissement, et la phase statique, ou d'énergie perdue qui succède à la première et a toujours fait réapparaître la chaleur dans le muscle (2).

Il reste donc à démontrer que, pour le cerveau qui travaille, il n'en va pas autrement que pour le muscle actif; en d'autres termes, que le travail cérébral, psychique, ne détermine pas seulement une élévation de la température des centres nerveux dans la phase statique de leur activité, comme l'a établi Schiff, mais manifeste bien, au début de cette activité, dans la phase de travail, un refroidissement appréciable, ainsi que le postulait Armand Gautier (3)

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M. Soury oublie que Schiff n'a rien établi du tout; c'est lui-même qui rappelle nous l'avons vu l'opinion de Tanzi sur les expériences de Schiff elles révèleraient plutôt les phénomènes pathologiques d'un tissu altéré que l'état des fonctions physiologiques de l'organe.

Mais passons. Il faut donc démontrer l'existence d'un refroidissement du cerveau au début de l'action psychique.

- Une première démonstration de ce fait fut donnée par Corso, qui, expérimentant sur des animaux narcotisés (chiens, chats), les soumettait à l'observation aussitôt après l'ouverture du crâne, avant l'apparition des proces

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sus inflammatoires. Corso n'implantait qu'une aiguille thermo-électrique (soudure) dans la masse cérébrale, au lieu de deux (Schiff), qu'il réunissait au galvanomètre (1).

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Puisque M. Soury appelle le procédé de Corso une « démonstration », nous nous trouvons donc devant une expérience à laquelle il ne trouve rien à redire. Pardonnez. Il ajoute immédiatement: Les critiques que Tanzi a adressées aux expériences de Schiff atteignent donc aussi celles de Corso. » Au moins va-t-il maintenant abandonner Corso à son malheureux sort? Pas le moins du monde. Il unit ensemble, à la fin de l'ouvrage, les noms opposés de Corso et de Tanzi dans une apothéose commune : « Que l'on réfléchisse à la portée de la découverte de Corso et de Tanzi, et l'on reconnaîtra sans doute que, après celle des localisations fonctionnelles du cerveau, dont l'importance théorique et pratique demeure incomparable, il n'en a pas été fait de plus féconde ni de plus grande dans le domaine entier de la psychologie physiologique (2).

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Nous avons déjà cité plusieurs fois le nom de Tanzi; nous l'avons opposé à celui de Corso; mais si les expériences du second ne peuvent satisfaire le premier, ils s'embrassent tous deux dans leurs conclusions. Si Corso a fourni la première « démonstration du refroidissement du cerveau, c'est à Tanzi que revient l'honneur d'en avoir réalisé la seconde.

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Schiff avait trouvé un échauffement, Corso un refroidissement du cerveau. Tanzi devait concilier ces résultats expérimentaux, en apparence opposés, mais également vrais (3). Tanzi ne devait pas s'attendre à être regardé comme un des appuis de Schiff, qui, d'après lui, s'était complètement fourvoyé dans ses expériences.

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Tanzi montra donc qu'en accordant une plus grande attention aux variations successives de la température

(1) Les Fonctions du cerveau, p. 387.

(2) Ibid., p. 397.

(3) Ibid., p. 387.

durant le travail cérébral, on constatait l'existence de véritables oscillations thermiques alternantes de refroidissement et d'échauffement.

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Dans les expériences de Tanzi, une extrémité de la pile thermo-électrique plongeait dans la glace fondante, ce qui assurait une source constante de chaleur, l'autre pôle venait, dans la cavité crânienne, en contact avec les méninges, par conséquent à la surface du cerveau, sans pénétrer dans la substance cérébrale elle-même, ainsi que dans les expériences de Schiff et de Corso. » (C'est M. Soury lui-même qui lance encore ce trait de Parthe à ces deux expérimentateurs.) Comme les variations thermiques du cerveau actif ne dépendaient, pas plus que dans les expériences de Schiff, de la circulation générale ou locale du cerveau, il ne restait qu'une hypothèse à faire : ces oscillations alternatives de refroidissement et d'échauffement ont pour siège l'écorce cérébrale elle-même et pour condition immédiate le travail fonctionnel qui s'y effectue (1). "

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- Ces expériences sur la température du cerveau actif sont donc en parfait accord avec celles des physiologistes sur les oscillations thermiques du muscle en travail le refroidissement du cerveau, pendant la phase du travail positif, correspond à l'oscillation négative de la température qui accompagne le début de la contraction musculaire (2).

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Tanzi, en plaçant le pôle de la pile thermo-électrique dans la cavité crânienne en contact avec les méninges, a évité l'écueil où sont venus échouer Corso et Schiff. Durant des pages entières, M. Soury a la bouche pleine de Tanzi. C'est certainement son favori. Cependant l'amour chez lui n'est pas aveugle; il n'a nul dessein, comme il le dit lui-même, « de dissimuler ni d'affaiblir (3) les objections que l'on a faites à ces expériences.

(1) Les Fonctions du cerveau, p. 388.

(2) Ibid., p. 389.

(3) Ibid., p. 391, note.

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Ce sont peut-être de petites objections? - Pas si petites: le lecteur va en juger. Dans une critique des travaux de Corso et de Tanzi, présentée par Dorta..., mais évidemment inspirée par le professeur Schiff, dans le laboratoire duquel ces recherches (celles de Dorta) ont été faites, il est dit expressément que « M. Schiff n'a jamais observé de telles oscillations ». Voici comment le phénomène des oscillations thermiques observé par Tanzi est interprété dans ce travail : « Tanzi introduit sa soudure dans le crâne jusqu'au contact des méninges et la fixe > aux os du crâne par un bouchon. Il est clair que, s'il a - réussi dans sa manipulation, le cerveau, en s'abaissant dans le crâne, doit s'éloigner de l'aiguille, et, dans l'élé>vation produite soit par la respiration, soit par la circu»lation, s'en rapprocher. » Ainsi, d'après cette interprétation, que nous devions signaler, les mouvements du cerveau seraient la cause des oscillations thermiques (1). "

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Et M. Soury termine sur ces mots la note de la page 391, sans ajouter un mot en faveur de Tanzi, qui aurait commis, si le fait est vrai, une bévue de nature à compromettre pour longtemps sa réputation de physiologiste. Prendre pour des oscillations thermiques de simples accidents de contact, c'est peu pardonnable.

M. Soury était d'ailleurs déjà effrayé des résultats obtenus par son ami italien. Ces oscillations thermiques peuvent être très considérables, puisque Tanzi a noté, dans quelques cas, jusqu'à 3 degrés centigrades. Si l'on songe que, dans ces expériences, cette température étant celle des méninges, celle du cerveau devrait être plus élevée encore, on ne peut s'empêcher de trouver ce fait bien extraordinaire, et si extraordinaire que de nouvelles expériences nous paraissent nécessaires à cet égard (2). » En somme, Tanzi sort des mains de M. Soury plus

(1) Les Fonctions du cerveau, p. 391. (2) Ibid., p. 391.

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compromis encore que Corso et Schiff. Mais peu importe: En dépit des objections que l'on a pu faire aux expériences de Tanzi, objections que nous n'avons ni dissimulées ni ni affaiblies " ni réfutées, << il reste que le travail cérébral, comme celui du muscle, est une forme de l'énergie cosmique, et que la pensée a des équivalents chimiques, thermiques, mécaniques (2).

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Et voilà. La logique n'a qu'à s'en tirer comme elle peut. Ce procédé, qui consiste à affirmer des conclusions en gardant une prudente neutralité lorsqu'il s'agit des prémisses, M. Soury ne peut guère espérer de le faire comprendre aux savants.

Il est une seconde pratique à laquelle ils ne sont pas mieux habitués.

M. Soury fait dans les Fonctions du cerveau l'histoire des doctrines de psychologie physiologique contemporaine. C'est inscrit au frontispice de son livre.

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Un historien n'est certes pas responsable de toutes les erreurs et de toutes les contradictions qui peuvent se rencontrer dans les doctrines qu'il expose. Mais M. Soury ne fait pas seulement profession d'être historien; il se croit l'étendue d'esprit nécessaire pour être critique. L'office d'un critique est de faire la part du vrai et du faux, de signaler les erreurs, de redresser ce qui est défectueux. C'est ce qu'attendent évidemment de M. Soury les auditeurs des conférences des Hautes-Études; c'est ce qu'attendent les lecteurs des Fonctions du cerveau. Ce n'est pas pour l'unique plaisir de savoir ce qu'ont dit Goltz, Schiff, Corso, Tanzi qu'ils parcourent le livre. Ils veulent qu'après l'avoir lu ils sachent à quoi s'en tenir sur les différentes théories qui ont passé devant leurs yeux.

Ce devoir devient plus nécessaire encore s'il s'agit d'une doctrine que l'auteur considère comme la plus capitale de

(1) Les Fonctions du cerveau, p. 397.

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