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nuits ne fût jamais éclipsé et que sa lumière empruntée succédât toujours invariablement à la lumière directe du Soleil.

Notre auteur réplique avec raison que si les choses eussent été réglées ainsi, elles n'eussent pu s'y maintenir que durant un temps très court, vu l'instabilité de l'équilibre réalisé de la sorte, et que d'ailleurs Laplace reconnaît lui-même que les éclipses et la rapidité du mouvement de la Lune sont de la plus grande importance pour la détermination des longitudes. Une lune éloignée de nous de la centième partie de la distance de la Terre au Soleil (soit environ 370 000 lieues) perdrait ces deux importants avantages et nous éclairerait beaucoup moins, en admettant que, ainsi disposée, elle eût pu se maintenir.

Il est quelques points, toutefois, où l'opuscule qui nous occupe semble prêter le flanc à la critique. J'en signalerai deux le miracle de Josué et le déluge.

En ce qui concerne l'arrêt du mouvement de rotation de la Terre sur elle-même, qui se serait produit à la voix du général juif, l'auteur prétend qu'il n'y a là nulle difficulté; et il appuie sa manière de voir sur un calcul qu'il nous saura gré de ne pas reproduire. D'ailleurs on peut estimer qu'il est une manière beaucoup plus simple d'interpréter le texte de la Bible à ce sujet.

Le fait matériel du miracle de Josué a consisté dans la prolongation du jour et dans le maintien apparent du Soleil et de la Lune en leurs places respectives, relativement au champ de bataille sur lequel les Israélites combattaient les Amorrhéens. Or, ce résultat pouvait être obtenu sans aucune perturbation à la surface du sol, par un simple phénomène de réfraction. Réfraction miraculeuse, sans doute; car, dans le cours naturel des choses, la réfraction du soir ne nous laisse voir le Soleil, après sa descente au-dessous de l'horizon, que sur un espace équivalent à peu près à la hauteur de son disque. Mais ce miracle, parfaitement suffisant au but qu'il s'agissait d'atteindre, semble beaucoup plus en harmonie avec la Sagesse divine que la pertur bation ressentie sur tout le globe (fût-elle même réduite aux faibles proportions supposées par notre auteur) qui serait résultée d'un brusque arrêt, non point apparent mais réel, dans les mouvements de rotation de la Terre et de translation de la Lune.

L'explication que donne M. l'abbé Gombault du déluge de Noé paraît moins satisfaisante encore. Aucune restriction à l'univer salité géographique et absolue de ce cataclysme n'est par lui admise. Il n'y voit d'autre difficulté que l'adjonction subite à notre globe d'un volume d'eau qu'il évalue lui-même à" quatre

mille milliards de millions de mètres cubes d'eau „,. Mais cette difficulté se résout suivant lui d'une manière très simple. Il admet qu'il doit exister, qu'il existe, au-dessus de notre atmosphère aérienne, l'enveloppant complètement, et “s'étendant sans doute à d'insondables profondeurs à travers les espaces interplanétaires„, des atmosphères de densité moindre et contenant d'immenses quantités de vapeur d'eau. " N'est-ce pas en abaissant ces atmosphères que Dieu a ouvert les cataractes du ciel?, Puis, ces eaux, devenues inutiles après que le déluge eut accompli son œuvre, Dieu les a ensuite refoulées vers les hauteurs d'où elles n'ont plus aucune action sur notre terre „.

Il ne paraît pas nécessaire de discuter une conception qui fait assurément grand honneur à l'imagination de son auteur, mais qui ressort surtout du domaine de la fantaisie. Ce n'est pas elle qui fera avancer la question, si controversée aujourd'hui, de l'extension géographique et ethnographique du cataclysme diluvien.

JEAN D'ESTIENNE.

IX.

TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE, rédigé conformément aux plus récents programmes des baccalauréats ès sciences (classique et moderne), par ÉDOUARD BRANLY, professeur de physique à l'Institut catholique de Paris. - Paris, Ch. Poussielgue, 1895.Un volume in-80 en deux fascicules, l'un de xxxII-584 pp. avec 598 fig., l'autre de 319 pp.avec 330 fig. - Cet ouvrage fait partie de la collection des classiques publiés par l'Alliance des maisons d'éducation chrétienne.

Les traités élémentaires de physique écrits en français sont nombreux. La plupart développent les programmes des baccalauréats et de l'admission à l'École Saint-Cyr et à l'École centrale; plusieurs contiennent les compléments nécessaires pour les cours de l'École polytechnique et de l'École normale supérieure. Ils s'adressent, en Belgique, aux élèves des classes scientifiques, aux futurs candidats en sciences physiques, et aux étudiants des écoles spéciales. Ils laissent donc place à un ouvrage plus élémentaire, s'arrêtant aux programmes des baccalauréats et

lle SERIE. T. VII.

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s'adressant directement, chez nous, aux candidats en sciences naturelles et aux élèves de rhétorique. Il était à souhaiter qu'un vrai savant et un professeur expérimenté prît la peine de l'écrire; car, dans le domaine des sciences exactes surtout, ceux-là seuls qui consacrent leur vie à les étudier et à les communiquer aux autres sont à même d'aborder la tâche très difficile d'en exposer les éléments. Sans le mérite d'en savoir beaucoup plus qu'on n'en dit, on ne paraîtra, le plus souvent, simple et facile que parce qu'on aura, à son insu, cessé d'être exact et rigoureux. Sans le talent de l'exposition précise, sobre, méthodique, que la pratique de l'enseignement peut seule donner, on pourra éblouir, mais on n'éclairera pas les principes ne sauteront pas aux yeux; les idées se juxtaposeront sans s'enchaîner les unes aux autres ; les difficultés ne seront ni prévues, ni prévenues; le principal et l'accessoire seront mis sur le même pied, et les vérités essentielles se perdront dans un pêle-mêle de détails encombrants.

Toutefois, la science et le talent de l'auteur doivent être modestes. Le savant qui écrit un traité élémentaire doit user de ses connaissances supérieures avec réserve et les manifester surtout par la lumière qu'elles répandent sur tout son livre; et il fait le meilleur usage de son talent d'exposition quand il l'emploie à ne pas même laisser soupçonner les difficultés qu'il a dû vaincre pour rester à la fois simple et rigoureux.

Si à la science du savant et au talent du professeur, l'auteur joint encore les qualités du littérateur; s'il prend soin de choisir un éditeur qui fera de son livre un petit chef-d'œuvre de typographie, orné de figures nettes et parlantes, son traité méritera évidemment tous les suffrages.

Ces considérations abrègeront beaucoup ce compte rendu. Il s'allongerait indéfiniment si nous voulions signaler tout ce qu'il y a d'excellent dans le Traité élémentaire de physique de M. Branly; nous résumerons son éloge en deux mots : c'est bien l'œuvre d'un vrai savant et d'un professeur expérimenté, écrite d'une plume correcte et élégante, et éditée avec un soin presque luxueux. Ce bon et beau livre prendra certainement place, dans la littérature classique, à côté des traités de physique, également excellents mais d'un ordre plus relevé, de MM. Brisse et André, Pellat, Moutier, etc.

Quant aux critiques, le détail en sera bien vite donné. Nous n'en avons aucune un peu sérieuse à opposer à M. Branly. Le seul reproche général que nous nous permettrons de lui faire est

peut-être discutable; les remarques dont nous le ferons suivre ne touchent nullement au fond de son traité; elles ont même si peu d'importance qu'elles prouveront plutôt la grande perfection d'un livre dont un censeur d'office, qui veut s'acquitter consciencieusement de son devoir, a trouvé si peu de mal à dire.

Voici le reproche général que nous ferons au Traité de M. Branly. On y trouve trop peu de noms propres et trop peu de dates. Nous eussions voulu que l'auteur fit pour tous les traités ce qu'il a fait pour l'électricité et le magnétisme, un résumé historique et substantiel du développement et des progrès successifs de la science; ou, mieux encore, qu'il en disséminât les éléments dans le cours même de son exposé. Il consacre, il est vrai, deux paragraphes à l'histoire, l'un dans le traité de la chaleur, l'autre dans l'optique. Le premier est relatif à la machine à vapeur : il a huit lignes et rappelle, sans dates, les noms de Papin, de Watt et de Seguin; le second concerne la photographie : il a trois lignes et cite, toujours sans dates, les noms de Niepce, Daguerre et Lippmann. C'est trop peu, surtout que le texte courant n'est accompagné d'aucune indication bibliographique et est lui-même très sobre de détails historiques. Ainsi, ni le nom de Galilée ni celui de Huygens ne sont prononcés à propos de l'étude du pendule; les recherches d'Andrews sur la liquéfaction de l'acide carbonique, les lois des tuyaux sonores de Bernoulli, la découverte et les conquêtes de l'analyse spectrale, etc., restent anonymes. Nous ne voyons pas l'utilité de cette réserve. Les programmes la tolèrent, ils ne l'imposent pas. Dès lors pourquoi priver le cours d'un réel avantage et d'un grand élément d'intérêt? Pourquoi laisser se perdre la bonne et large manière de maîtres tels que Biot, Lamé, etc.? Sans doute un traité de physique ne doit pas être un cours d'histoire de la science; mais il doit, eroyons-nous, en poser les jalons: citer des noms, rappeler des dates, qui fourniront au professeur l'occasion de digressions utiles quand l'intérêt du sujet le demandera et que le temps le lui permettra.

Arrivons maintenant aux remarques de détail.

Le Traité s'ouvre par des Notions de Mécanique (1-XXXII). Nous les résumerons brièvement en indiquant les connaissances mathématiques qu'elles supposent.

Les premières pages sont consacrées à l'étude du mouvement uniforme et du mouvement varié. L'auteur établit les formules du mouvement rectiligne uniformément varié. Viennent ensuite,

sans démonstration, les théorèmes relatifs à la composition des forces, aux couples et à la réduction des forces appliquées à un solide. Les trois principes fondamentaux de la mécanique sont présentés comme " déduits de l'expérience „. On établit, dans le cas de deux forces commensurables, appliquées successivement à un même point matériel, la proportionnalité de ces forces aux accélérations des mouvements qu'elles donnent à ce point. On en tire la notion de masse et on la fait suivre de la définition du gramme-masse et de la dyne. On expose très clairement ce qui a rapport au travail d'une force constante et d'une force variable dont le point d'application se déplace suivant une trajectoire rectiligne ou curviligne; et on définit le kilogrammètre, l'erg et le joule (107 ergs). L'équivalence de la force vive et du travail est établie sur un exemple et pour un point matériel; on en étend l'énoncé à un système de points. Les notions d'énergie, d'énergie cinétique et d'énergie potentielle, les principes de la transformation et de la conservation de l'énergie sont très bien donnés, et on y rattache l'ensemble des phénomènes physiques. Enfin, l'étude des leviers termine cette introduction. Elle suppose que l'élève possède les premières notions de la théorie des limites et les éléments de la trigonométrie plane. Dans le cours du Traité, M. Branly n'exige guère davantage; le plus souvent même il s'adresse à des élèves moins avancés: il supprime des démonstrations qu'il eût pu asseoir sur les connaissances que suppose l'introduction, ou tirer de l'application du principe des forces vives.

Après avoir défini l'objet de la physique (1-3), l'auteur étudie les propriétés générales des corps (3-6), et y rattache la mesure des longueurs (6-10); il fait connaître l'usage du vernier et de la vis micrométique, et en montre l'application dans le sphéromètre et le cathétomètre.

Le traité de la pesanteur s'étend de la page 11 à la page 157. Les lois de la chute des corps sont énoncées puis vérifiées expérimentalement à l'aide de la machine d'Atwood et de l'appareil Morin. On ne dit rien du plan incliné de Galilée. A notre avis, c'est une lacune qu'il conviendrait de combler : la conception de Galilée et celle d'Atwood s'éclairent et se complètent mutuellement, et sont nécessairement la base de tous les appareils réducteurs de la vitesse que l'on a imaginés ou que l'on imaginera à l'avenir pour l'étude de la chute des corps. On sait, en effet, qu'entre le poids P d'un corps, sa masse m et l'accélération

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