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bien plus aisé de prendre la faïence toute cuite et émaillée, de mettre dessus des fleurs, des petits bergers, et des petites bergères roses, comme on les mettrait sur satin ou sur papier Wattman à grain fin ou sur écaille de Blankenberghe ou d'Ostende. Il y a cent couleurs pour cela. Après, on passera la porcelaine ainsi souillée à un doux feu de mouffle; la couleur fondra comme du beurre et, vaille que vaille, collera. Cela, c'est la peinture de pensionnaire. C'est ce que font nos marchands de meubles qui, trouvant le bois d'acajou trop cher, prennent bravement du bois blanc et plaquent dessus, gros comme une feuille de papier, le bois précieux. Les hommes de bronze étaient autant de bronze que tout cela.

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La maison Boch a des origines très anciennes. On pourrait la considérer à très juste titre comme une filiale des faïenceries de Sept-Fontaines, établies près de Luxembourg en 1767 par Pierre-Joseph Boch, grandpère du créateur de « Keramis» à La Louvière. Rappelons pour mémoire que la première porcelainerie d'Europe, Meissen, en Saxe, date de 1709; celle de Vienne, de 1720; celle de Berlin, de 1751, et celle de Sèvres, de 1765.

C'est en 1841 que Victor Boch et son frère Eugène posèrent la première pierre de Keramis; en 1844 eut lieu la première enfournée. La Louvière n'était qu'un hameau de St-Vaast, mais la situation était si bien choisie que bientôt hauts fourneaux, fonderies, laminoirs, aciéries, tréfileries s'y établirent côte à côte. C'est aujourd'hui une des villes les plus industrielles et les plus peuplées du

centre.

L'usine Keramis occupe de 800 à 900 ouvriers à La Louvière; je n'ai pu savoir le nombre de ceux qu'elle occupe à la porcelainerie de Tournai. Cent quarante peintres sont appliqués au décor.

Dès 1844, s'établit entre les ouvriers, sous l'influence du maître, une confrérie de St-Antoine-de-Padoue, patron des faïenciers ce fut, dès l'origine, une véritable société

de secours mutuels. La caisse est alimentée par un prélèvement sur les salaires et une cotisation égale de la Société Keramis. En 1866 fut fondée une caisse de pension pour les ouvriers; elle est alimentée moitié par la Société, moitié par les intéressés. La pension est calculée au quarantième du dernier traitement.

Une école a été créée pour les enfants des ouvriers dès 1844, et confiée à des religieuses. Une école ménagère y a été ajoutée en 1892. En 1866, une école gratuite de dessin a été ouverte. Les cours s'y donnent en dehors des heures de travail et sont suivis avec une avidité réelle.

Nous voici revenus à notre point de départ; la galerie d'entrée a été parcourue tout entière. Remontons jusqu'au point de croisée et parcourons maintenant le bras gauche de la grande croix que je vous ai signalée en commençant. Il est occupé dans toute sa longueur par la Belgique.

Passons devant des étalages de modes et de fourrures, et nous arriverons bientôt à l'exposition des diamantaires anversois. Elle est montée comme il séait, avec un luxe et une richesse exceptionnelles. Un pavillon renferme tout un atelier de taille, fonctionnant sous les yeux du visiteur. Un autre étale des diamants non montés, rangés sur des coussins de velours blancs, et entre autres un diamant énorme, l'Étoile de Belgique pesant 200 carats, de teinte jaune, mais d'un éclat magnifique. Deux pavillons, presque juxtaposés, exposent des diamants montés magnifiques, superbes. Celui de M. Anthony arrête les visiteurs par l'appât du gros lot: une parure de 100 000 fr. Que de désirs devant ces petites pierres !... Et les vendeuses sont là, alléchantes: Prenez un billet, Monsieur, le

tirage a lieu demain !

Au bout, une exposition très bien montée de la métallurgie de l'argent et de l'or, par la maison Pauwels de Bruxelles. Des lingots d'or et d'argent purs de dimensions à faire envie; or laminé, or tréfilé; barreaux d'argent

pour services de table, rubans pour parures et bijoux, etc. etc.; et l'or extrait des résidus d'imprimeurs, de doreurs sur bois, de relieurs, de passementiers, etc., etc. Presque en face, dans un assez grand embrouillamini, des expositions de métallurgie moins luxueuse; un très beau monument de la Société des conduites d'eau de Liége; plusieurs expositions de nos usines nationales : j'ai remarqué surtout celle de la fabrique de fer d'Ougrée, parfaitement disposée au point de vue de l'enseignement. Échantillons: fonte blanche à feu fort; Spiegel, Spiegel Bessemer, Bessemer truité, Bessemer extra ; acier Thomas, et le reste; chaque échantillon accompagné d'une analyse complète. A signaler encore les très beaux cuivres et zincs de l'usine Francotte-Pirlot et Chaudoir, de Liége; le monument de la tonnellerie d'Evergem.

Si mes souvenirs sont exacts, c'est aux environs de cette même galerie que j'ai rencontré et admiré les ultramarines de Bottelberghe, les produits chimiques de David, les stéarines de Roubaix et Oudenhoven, les sucres de Meeus et l'odol du professeur Van Heurck. L'odol! son nom est à tous les coins de rue et à la quatrième page de tous les journaux, avec la petite bouteille blanche, rappelant par sa forme étrange les compte-gouttes de nos laboratoires. L'exposition qui en est faite ici n'est qu'une pyramide de ces petites bouteilles-là, mais à la base elle est décorée de toute une série de dessins relevés au microscope et reproduisant, agrandis de je ne sais combien de diamètres, les colonies microbiennes ravageuses qui, sous l'abri de nos lèvres, rongent impitoyables et minent ces pauvres dents, pour tant d'hommes l'outil principal de leur existence. On dit que l'odol les massacre : tant mieux! Et je le croirais, car au flair il semble contenir le benzol, l'acide thymique et la teinture d'Eucalyptus, qu'il y a deux ans déjà on signalait dans les recettes odontalgiques comme les empoisonneurs par excellence de ces colonies traîtresses.

Que de choses je passe encore, Messieurs, pour arriver à l'exposition militaire qui m'attire; même ces trois monuments en chocolat de la maison Stollwerk de Cologne, devant lesquels on s'émerveille et qui rappellent ces pays dont on caressait notre enfance, où les rivières étaient de lait, les montagnes de sucre et les palais de caramel.

L'armée belge a grandement exposé cette fois. Elle occupe la bonne part de cette allée gauche et s'ouvre par un diorama très beau, rassemblant dans un tableau de guerre -de petite guerre évidemment tous les costumes de ses différentes armes. Le couloir qui y donne accès ne désemplit pas et, franchement, peinture et sculpture méritent ce succès.

La scène représente la grand'route de Malines à Anvers, traversant un cantonnement établi sur le plateau de Contich, dont on aperçoit dans les fonds le vieux clocher et la tour. Un premier groupe rassemble, autour d'un général suivi de son aide de camp et de son escorte de lanciers, des officiers des guides, des carabiniers, des grenadiers et de l'infanterie de ligne; chasseurs-éclaireurs en bicyclette, intendants divisionnaires, officiers d'artillerie s'entre-croisent à côté. Un second groupe, à gauche, réunit autour des cartes topographiques un chef d'étatmajor, des officiers de chasseurs à pied, de l'artillerie et du génie. Sur la toile, une colonne d'artillerie occupe la grand'route, tandis que, de droite et de gauche, une compagnie d'infanterie se livre aux travaux et aux corvées. L'ensemble est parfait et l'illusion saisissante.

Le projet de ce diorama est dû à M. Abry; la toile a été peinte sous sa direction par Léon Philippel, et les groupes de l'avant-plan modelés par Hippolyte Leroy.

Devant le diorama, au centre de la galerie, un grand trophée de canons, fusils, sabres, lances et pistolets relevant de l'archéologie. Il est posé sur un socle que

gardent aux quatre coins quatre cavaliers revêtus des premiers uniformes de l'armée.

Puis, sans trop d'ordre apparent, des caissons de tout modèle, des forges de campagne, des plaques d'acier et de fonte dure, des cuirasses pour tourelles à éclipse, des canons de 12 et de 15, des obusiers de 15 et de 21, une mitrailleuse automatique Maxim, un canon Maxim-Nordenfeld avec bouclier; enfin, exposées par l'école de tir de Brasschaet, des plaques de 20 et de 25 centimètres d'épaisseur en fer laminé, ayant servi aux épreuves. L'une d'elles est littéralement déchiquetée, des obus l'ont traversée de part en part et déchirée par lambeaux; or les obus qui ont fait ces ravages, obus de 12 et de 15 en fonte durcie, sont là indemnes, sans même de trace d'écrasement à leur fine pointe.

Un coq de village - à la vérité c'était un coq de ville et de très grande ville - s'écriait devant ces restes parlants Mais n'est-il pas absurde et fou de mettre des millions à cuirasser des forts, quand on voit ce que les obus font des cuirasses!... » Il s'imaginait, le brave homme, qu'on présentait à l'ennemi, avec une courtoisie galante, ces cuirasses bien perpendiculaires à la ligne de tir et gracieusement toutes disposées à se laisser percer les flancs. Je le conduisis à l'exposition de l'artillerie française. Là une plaque exposée par les forges de St-Chamond avait été trouée, elle aussi, par les obus d'essai, mais, par un accident de tir, un obus l'avait touchée sous une incidence oblique et à peine y avait-il creusé une éraflure.

Deux salles successives s'ouvrent sur le côté gauche de la galerie. Elles sont consacrées l'une à l'aérostation et au service médical, l'autre au génie militaire.

Deux ballons, l'un dégonflé, l'« Argus », de 984 mètres, l'autre mi-gonflé, de 500 mètres. Une nacelle en suspension captive avec son ancre, son guide-rope, son trapèze, etc., tous ses agrès; un treuil de ballon captif, un lle SÉRIE. T. VII.

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