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et de blanc, de sorte qu'ils se dissimulent admirablement à la surface des troncs d'arbres recouverts de lichens. Chacune de ces espèces profite d'une ressemblance protectrice, mais on ne peut pas dire que l'une copie l'autre : en effet les dates d'apparition sont très différentes: Moma Orion se montre en mai, tandis que Dichonia éclôt en août-septembre.

Un lépidoptère de la République Argentine offre la même coloration et la même forme d'ailes qu'un autre lépidoptère qui habite la France, l'Allemagne et la Belgique. Évidemment le mimétisme est faux, car les deux genres habitent des aires géographiques absolument distinctes.

III. La même prudence s'impose quand il s'agit de ressemblance protectrice ou de coloration prémonitrice. On en a rassemblé de très nombreux cas; mais il faudra faire un triage." Il ne suffit pas, dit M. Plateau, d'avancer qu'un insecte qui, par son attitude et sa couleur, copie une petite branche, échappe par là à ses ennemis naturels; la chose est très possible, cependant il faut s'en assurer en constatant comment les animaux insectivores se comporteront devant ce rameau artificiel. Il en est de même pour la théorie de A. R. Wallace sur le rôle des colorations voyantes.

Pour éviter les méprises, il faudrait soumettre chaque cas à une étude approfondie comme celle que le savant professeur de l'université de Gand consacre à la phalène du groseillier, Abraxas grossulariata L., si commune dans les jardins.

D'après Wallace, dont l'attention avait été attirée sur ce point par Darwin, les chenilles rases, sans épines, qui n'imitent pas la teinte des végétaux sur lesquels elles vivent, qui ont des couleurs plus ou moins brillantes et sont par conséquent facilement visibles c'est précisément le cas pour celle d'Abraxas, possèdent probablement une saveur très désagréable pour les oiseaux; les couleurs de la chenille sont donc des couleurs avertissantes indiquant à l'animal insectivore qu'il doit se méfier.

Sur le conseil de Wallace, J. Jenner-Weir fit, en 1869 et en 1870, des observations directes sur la chenille d'Abraxas et sur d'autres; il les offrit à des oiseaux insectivores. A la même époque, un autre naturaliste, A. G. Butler, les présenta à des reptiles, à des batraciens, à des araignées; E. B. Poulton en 1887, Fr. E. Beddard, en 1892, publièrent des observations très nombreuses et très importantes sur le même sujet.

D'après les travaux de ces quatre naturalistes, Abraxas

grossulariata aurait une saveur nauséabonde, ne prendrait pas de précautions pour se dissimuler, et ses couleurs vives auraient réellement une valeur prémonitrice; de fait, il serait refusé ou dédaigné par les oiseaux européens, par plusieurs lézards, par le gecko, par la rainette, par les grenouilles; toutefois le crapaud commun, les singes insectivores et quelques oiseaux exotiques le mangeraient.

Arrivons maintenant aux observations et aux expériences de M. Plateau. De sa description, très exacte, que tout le monde peut vérifier, il résulte que les chenilles d'Abraxas ne se fient que fort peu à leur prétendue coloration avertissante; en effet elles se dissimulent si bien qu'on peut passer, sans soupçonner leur présence, à côté des groseilliers épineux, à grappes, cassis où elles se trouvent; elles sont d'un blanc Jaunâtre marqué de points noirs et leurs flancs sont rougeâtres; au lieu de paître sur les feuilles, elles se tiennent le long du bord et se plient de façon à en épouser les inégalités; dans ces conditions elles n'exposent guère au regard que leurs flancs rougeâtres piquetés de noir qui simulent fort bien, à une certaine distance, les bords roussis que beaucoup de feuilles offrent naturellement. Si on secoue un groseillier, les chenilles se laissent choir sur le sol et s'enroulent immédiatement en anneau; alors, grâce à leur coloration générale blanchâtre, elles ressemblent à des excréments d'oiseaux; elles ont soin de garder assez longtemps cette attitude.

Les chrysalides de cette phalène ont le corps d'un noir luisant marqué de bandes circulaires d'un jaune vif, ce qui les fait ressembler à des guêpes; il y a là très probablement un cas de mimétisme défensif.

La chenille d'Abraxas grossulariata est refusée ou dédaignée par un certain nombre de vertébrés européens (oiseaux, lézards, tortues, ophidiens, rainette, grenouilles); mais le crapaud, des tritons, des singes insectivores, plusieurs oiseaux exotiques la mangent parfaitement. Sur ce point, M. Plateau confirme ce que ses prédécesseurs avaient avancé; mais il ajoute que, d'après les allures de plusieurs des vertébrés qui ne mangent pas la chenille d'Abraxas, il ne peut pas conclure à une répugnance de leur part pour cette proie, et il est plutôt tenté d'expliquer le refus par une impossibilité mécanique d'avaler la chenille.

Les araignées ne sucent pas ou ne sucent guère la chenille d'Abraxas; mais, si leur taille est suffisante, elles attaquent, tuent et sucent l'insecte parfait; les coléoptères carnassiers, tels que

les carabes et les dytiques, dévorent avec avidité l'Abraxas à l'état de chenille comme à l'état d'insecte parfait; enfin la chenille de la phalène du groseillier, comme celle des autres lépidoptères, peut être habitée par des parasites, larves d'hyménoptères ichneumonides ou de diptères tachinides, qui vivent aux dépens d'abord de son tissu adipeux et plus tard des autres tissus. M. Plateau a constaté que, dans un lot de chenilles d'Abraxas qu'il élevait dans des conditions convenables, il y avait l'énorme proportion de 43 p. c. d'individus infestés par ces parasites. Devant un tel fait, l'hypothèse d'une substance toxique qui imprégnerait la chair de la chenille d'Abraxas et lui constituerait un moyen de défense perd beaucoup de sa valeur. Voici un argument qui la fait tomber complètement. Après des hésitations assez naturelles, M. Plateau a goûté la chenille, la chrysalide et le papillon d'Abraxas, et, au lieu de la saveur désagréable qu'il s'attendait à constater, il a reconnu qu'elle est presque nulle, douceâtre et plutôt agréable.

En se livrant à cet essai, il a remarqué que la peau de la chenille est assez résistante proportionnellement à la taille de cette larve; peut-être est-ce là le motif pour lequel certains vertébrés et les araignées refusent ou rejettent cette proie.

Après le travail du savant professeur de Gand, la chenille et la chrysalide d'Abraxas grossulariata ne pourront plus être considérées comme des types d'animaux à coloration avertissante.

A. BUISSERET.

CHIMIE.

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L'Argon. Le 8 août 1894, lord Rayleigh et M.W. Ramsay annonçaient, au congrès de la British Association réuni à Oxford, la découverte, dans l'atmosphère, d'un gaz inconnu, caractérisé par un spectre particulier, plus dense que l'azote, plus inerte que lui, et qui devait exister dans l'atmosphère en quantités relativement considérables. Ces quelques détails excitèrent dans le monde chimiste une vive curiosité; le 31 janvier 1895, les deux savants anglais lui donnèrent satisfaction.

Dans une assemblée extraordinaire de la Royal Society à la

quelle avaient été invitées toutes les notabilités scientifiques de l'Angleterre, ils communiquèrent leur mémoire sur le nouveau gaz, nommé par eux Argon. En même temps lecture fut donnée de deux autres mémoires, l'un de M. Crookes sur les spectres de l'argon, l'autre de M. Olszewski sur sa liquéfaction et sa solidification.

Malgré la valeur incontestable des savants qui se sont occupés de cette question, les faits établis jusqu'ici avec certitude sont peu nombreux, et l'explication qu'on leur donne reste en plus d'un point très hypothétique; d'ailleurs, d'autres découvertes semblent devoir venir se greffer sur cette première découverte ; aussi nous a-t-il paru prématuré d'exposer dès maintenant tout ce qui a été dit sur l'argon pareille exposition risquerait fort d'être incomplète au lendemain même de sa publication. Nous réservant donc de revenir dans une prochaine livraison sur cet intéressant sujet, nous nous contenterons d'exposer brièvement les faits acquis.

Le point de départ de la découverte est la constatation faite par lord Rayleigh d'une différence notable entre la densité de l'azote fourni par les composés chimiques et celle de l'azote retiré de l'atmosphère. La première chose à faire était de vérifier si cette différence était générale et constante pour tout azote chimique et tout azote atmosphérique : c'est ce que constatèrent les deux savants. Ils retirèrent l'azote de plusieurs composés chimiques différents, et purifièrent certains échantillons à froid, d'autres à chaud. Voici les chiffres en grammes qu'ils obtinrent pour le poids du contenu de leur ballon à densité :

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Azote de l'azotite d'ammonium (purifié à chaud).
Azote de l'azotite d'ammonium (purifié à froid).

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2,2990

En moyenne Ces valeurs donnent comme poids moyen du litre d'azote chimique, à oo et 760 millimètres de pression, 1,2505 grammes. Aux variétés d'azote chimique ci-dessus, on peut ajouter celle de l'azote atmosphérique transformé en azote chimique en passant par le chlorure d'ammonium, et dont une partie fut purifiée à chaud, l'autre à froid. Les deux valeurs ainsi trouvées différaient fort peu l'une de l'autre et conduisaient, pour le poids moyen du litre, dans les conditions normales de température et de pression, à la valeur 1,25131 grammes.

D'autre part, lord Rayleigh et M,W. Ramsay retirèrent l'azote de l'air par trois procédés différents, dont l'un permit de l'obtenir à froid. Voici les chiffres correspondants à ceux que nous avons donnés plus haut :

Azote obtenu par le cuivre au rouge
Azote obtenu par le fer au rouge
Azote obtenu par l'hydrate ferreux

2,3103 gr.

2,3100 19

2,3102 "

Poids moyen du contenu du ballon à densité. 2,31016 gr. Poids du litre à 0o et 760 millimètres de pression 1,2572

"

En rapportant les densités de l'azote chimique et de l'azote atmosphérique à celle de l'oxygène prise égale à 16, on obtient pour le premier D= 13,9954, et pour le second D = 14,06336. Quand on compare les poids du litre des deux espèces d'azote dans les mêmes conditions, on voit qu'il diffèrent notablement à partir de la troisième décimale. A quoi était due cette différence? On chercha d'abord à l'expliquer par la présence d'impuretés, notamment d'hydrogène dans le gaz le plus léger ; on eût alors rétabli l'égalité en introduisant de l'hydrogène dans l'azote atmosphérique; mais après passage sur de l'oxyde cuivrique au rouge, traitement qu'avait subi l'azote chimique, le mélange perdait son hydrogène et le gaz restant avait identiquement le même poids qu'auparavant.

On recourut alors à l'hypothèse de la résolution totale ou partielle de la molécule d'azote chimique en atomes isolés; mais il fallut y renoncer quand on constata que ni l'effluve électrique ni le temps (un échantillon de ce gaz fut conservé huit mois) n'en modifiaient le poids spécifique. On ne pouvait guère non plus imaginer que l'azote atmosphérique contint des molécules condensées, car de pareilles modifications auraient été détruites lors du passage sur le cuivre au rouge.

Restait l'existence, dans l'une des deux espèces d'azote, d'un gaz non encore connu. On pouvait, dès l'abord, écarter l'azote chimique des analyses trop exactes avaient dosé tous les éléments des composés dont on l'avait retiré. A vrai dire, la chose ne semblait guère plus problable pour l'azote atmosphérique; mais enfin, c'était la seule hypothèse encore possible. Comment la contrôler? Un moyen rapide était offert par l'atmolyse: après passage par des tubes poreux, l'azote atmosphérique devait, si la supposition des deux savants se vérifiait, être recueilli plus riche en gaz plus dense; effectivement, dès l'abord, trois expériences donnèrent un excès moyen de 0,00187 grammes pour un poids de 2,3 grammes de résidu; une heureuse

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