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une des portes de nos vieilles fortifications, la porte de Berchem. A côté, dans les jardins, un wagon aménagé pour le transport des blessés, un pont volant système Stoops, un pont étayé en rampe avec palier, des voitures de pontonniers et des bateaux, et sur le bas une baraque d'ambulance sur le plan de Doeker de Copenhague, constituent ce que l'on a appelé, un peu prétentieusement peut-être, le Parc militaire.

Pour arriver à l'aile droite, dont nous devons parcourir maintenant la galerie médiane, passons par les jardins. Du parc militaire au dôme de l'entrée les seuls pavillons que nous devions rencontrer sont d'ordre extra-scientifiques. Qui sait cependant si l'on ne trouverait pas moyen de faire entrer dans notre cadre, au nom de la psychologie,... la balançoire enchantée. Les journaux l'avaient décrite; j'ai voulu l'essayer. On s'asseoit sur les bancs d'une escarpolette, suspendue au milieu d'un petit salonnet. Les bancs remplis, le barnum ferme la porte, et tourne une clef; l'escarpolette s'ébranle, va et vient, bientôt elle accentue l'amplitude de son oscillation, encore, encore; on a peur, on crie grâce, elle va toujours, montant toujours plus haut; la terreur croît, les cris s'exaspèrent, elle s'élance, fait le tour complet, une fois, deux fois, trois fois; on hurle;... puis elle ralentit et, de coup en coup ralentissant toujours, elle s'arrête.

En fait elle n'a pas remué. Ce sont les parois de la chambre avec son plafond, son plancher et ses meubles fixés, qui ont tourné autour d'elle. Mais, pour l'expérimentateur non prévenu, l'illusion est absolue ;... les débiles même se sentent tourner le cœur. J'étais prévenu; le machiniste d'ailleurs conduisait mal et par soubresauts la machine, et cependant, par moments, j'ai été dupe.

Le phénomène est du même ordre que celui que nous éprouvons lorsque en gare, à travers les portières d'un wagon, nous voyons un convoi voisin qui s'ébranle.

Au même titre il faudrait citer le labyrinthe oriental, un couloir très tourmenté où 160 glaces, faisant paroi, multiplient à l'infini par leurs réflexions enchevêtrées l'illusion d'un chemin ouvert. On s'y perd au cinquième pas, et l'on ne s'y retrouverait plus, sans un nègre qui vous tend la main,... une main toujours insaisissable mais bonne directrice, en somme, puisqu'elle finit bien poliment par vous mettre dehors.

Entrons et remettons-nous à notre point de repère. Dans le bras droit de la grande croix que nous avons d'abord dessinée, se trouvent rangées les expositions des grandes distilleries belges et anversoises. A leur tête la maison Louis Meeus son installation est abritée sous une immense cuve-matière en cuivre rouge dans laquelle on a découpé de grandes arcades; elle porte en lettres d'or cette inscription suggestive: 163 000 litres par jour.» Quatre statues allégoriques en bronze et un couronnement très pittoresque lui enlèvent ce que la cuve a de trop lourd et d'inélégant.

On avait fait remarquer en 1885 que cette puissante maison Meeus avait fécondé, d'une façon très inattendue, d'immenses plaines stériles entourant son usine de Wyneghem. Elle répandait sur ces prairies les eaux qui avaient servi au lavage des grains, des orges et des maïs d'Égypte le résultat le plus clair était qu'elle répandait ainsi sur le sable de notre Campine le gras limon du Nil. Et l'on admirait ce très intelligent artifice.

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Depuis, elle a trouvé moyen de débarrasser les dèches de toute l'eau inutile qui les alourdissait, et elle parvient à les vendre très au loin, même au cœur de l'Allemagne, à des prix rémunérateurs.

Cette année, sous la grande cuve de cuivre, se dressent des cylindres d'acier pleins d'acide carbonique liquide. Il y a là-dessous un nouveau progrès à signaler.

On sait que, pendant la fermentation du moût, la glu

cose se dédouble en alcool et en acide carbonique. C'était l'alcool que l'on cherchait, et l'acide carbonique, très fâcheux, très dangereux même, était reçu comme un gêneur qu'on se presse d'éconduire. En vérité, dans une fabrication réduite, c'est le plus qu'on puisse faire. Mais quand la fabrication prend l'extension énorme qu'elle a dans l'usine de Wyneghem, on peut en tirer bénéfice. Cet acide carbonique est pompé hors des salles où se trouvent les cuves-matières, et rassemblé dans de grands gazomètres. En cet état il est trop mélangé d'air. On le fait passer à travers une solution de carbonate de soude qui laisse s'échapper l'air et fixe l'acide en se transformant en bicarbonate de soude. Cette solution est portée dans des chaudières. Chauffée là, elle abandonne l'acide qu'elle avait fixé, et celui-ci, après quelques purifications secondaires, est pompé une dernière fois et refoulé dans les cylindres d'acier, sous la pression voulue pour le faire passer à l'état liquide. En ce dernier état il est livré au

commerce.

C'est un nouvel exemple de l'utilisation des matières perdues, question sur laquelle les esprits orienteront de plus en plus leurs recherches.

Bal et Van den Berghe ont élevé à leur exposition des monuments qui rivalisent, mais qui, faute de place, sont encombrés et disparaissent. Il en faut dire autant de l'arc de triomphe de Jules Meeus qui, dégagé, aurait un effet bien plus grandiose.

Un monument très bien conçu et parfaitement exécuté : trois taureaux de bronze oxydé soutenant un grand pot d'extrait de viande Liebig. Ils sont bien bons ces taureaux!... s'ils savaient !

On se retrouve assez difficilement au milieu des étalages qui suivent, et peu d'objets se fixent dans la mémoire. Le syndicat des produits chimiques belges, très beau et très complet cependant, y joue à cache-cache derrière une porte. Par bonheur, bientôt s'ouvre dans cette même galerie l'exposition de la section française.

Elle est remarquablement belle, et dans son ensemble incomparablement supérieure à celles de tous les autres pays étrangers. Établie bien au large, avec d'amples et réguliers couloirs séparant les étalages, elle met en pleine lumière les objets, et les découvre sans qu'aucun genre d'entassement les étouffe. Exposition de luxe ici les bijoux, les bronzes, les ameublements, les étoffes, les fourrures. Au milieu, les pianos et les harpes des grandes maisons de France, les ruisselantes parures de Boucheron, les orfèvreries de Christofle. A gauche, le salon d'honneur avec ses tapisseries d'Aubusson et ses vases de Sèvres; à droite, le salon de la ville de Lyon resplendissant de velours et de soieries. La science n'a guère à glaner dans le champ de toutes ces richesses. Pourtant, à gauche, dans un petit réduit presque oublié, gît une machine à calculer pleine d'attraits... et de mystères, hélas !

L'inventeur, qui, si je ne me trompe, est en même temps le constructeur, M. Léon Bollée, mécanicien au Mans, a bien voulu m'en donner une explication détaillée : je suis convaincu qu'il a été fort clair, mais, au troisième paragraphe, j'ai perdu le fil! Une très mauvaise disposition d'esprit m'a fait continuer à dire oui, quand même, à tous les alinéas suivants, et je suis parti sans y rien comprendre. Ce que j'ai retenu, c'est qu'à la base de l'appareil et sous chaque colonne de chiffres se trouve établie une palette sur laquelle des fiches de hauteur voulue reproduisent la table de Pythagore, à peu près dans l'ordre que voici :

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Supposons que le premier chiffre de mon multiplicande soit 4 et doive être multiplié par 2. l'artifice mécanique de l'appareil amène la palette, par un mouvement de droite à gauche, de façon à ce que la rangée 4 soit sous la tige qui va commander le chiffre du produit. Un mouvement d'avant en arrière la fait glisser sous la colonne du facteur 2, et dès lors la tige est soulevée par une fiche de hauteur 8... Cette tige est à crémaillère; elle embrasse une roue dentée qui commande un cylindre portant les chiffres fondamentaux, et 8 apparaît à la fenêtre.

Une seconde tige glisse à fond sur les rangées intermédiaires, et là, dès qu'il y a un chiffre à retenir, elle est soulevée et donne une poussée supplémentaire, qui fait apparaître l'augment. Mais, malheureusement, c'est ici que j'ai perdu le fil...

L'ensemble de l'appareil est fort soigné, d'une constitution robuste et élégante à la fois. Sa manoeuvre paraît fort aisée et très rapide. Il m'a hanté au point que je n'ai plus eu de repos avant d'en découvrir une description complète. Je l'ai trouvée dans un travail de notre savant confrère, M. Maurice d'Ocagne, professeur à l'École polytechnique (1). Cette description, d'ailleurs, est trop spéciale pour pouvoir être donnée ici; mais elle est accompagnée de détails très intéressants.

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Ainsi, contrairement à presque tous les instruments similaires, l'appareil Bollée effectue directement la multiplication, sans passer par une série d'additions successives. Les retenues d'additions se font par un procédé absolument neuf. Enfin, un système général d'enclanchement est disposé de telle façon que la machine refuse non seulement d'opérer un calcul impossible ou faux, mais même de faire toute fausse manoeuvre contre le gré de l'opérateur. Cet avantage est énorme, surtout dans les

(1) M. d'Ocagne, Le Calcul simplifié. Paris, Gauthier-Villars.

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