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leurs noms et les données principales de leur signalement maritime.

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Comment choisir? car tous mériteraient l'attention du visiteur. Voici le « Léopoldville en construction pour le service régulier d'Anvers au Congo; un brise-glace; des baleiniers; un steamer pêcheur, le Jules Orban de

Xivry

".

Voici l'Himalaya», le le Calédonia de 7500 tonneaux de jauge et de 11 000 chevaux-vapeur; le « Campania, de 12950 tonneaux et de 30 000 chevaux-vapeur; et à côté, des remorqueurs, des bateaux-phares, des navires citernes, et le très étrange navire russe à coque circulaire, le « Livadia ».

Il faudrait les nommer tous. La marine de guerre et de transport et les navires marchands de l'Europe et du monde sont là côte à côte et en regard.

Au milieu d'eux, des reliefs magnifiques représentent les principaux ports européens avec leurs installations maritimes Anvers, Dunkerque, Southampton, Londres, Hambourg, Copenhague, etc... Pourquoi n'y a-t-on pas mis le relief du futur port de Heyst, si bien conçu et si bien exécuté, et que l'on semble avoir caché au fond de l'exposition des charbonnages?

Avant de quitter la section maritime, que l'on me permette une réflexion. Son succès a été exceptionnel; même les non-initiés l'ont admirée et s'en exprimaient avec enthousiasme. D'où vient ce succès? Du fini et de la perfection des modèles?.. Je vous prie d'imaginer ce qu'il en eût été si ces mêmes modèles, tant élégants et tant parfaits, eussent été non point rassemblés en groupe, mais disséminés par petites flotilles de dix ou de vingt, les belges en Belgique, les allemands en Allemagne, les anglais en Angleterre, les français en France, chacun dans la section de son pays, bien séparé de tous les autres. Ils eussent passés inaperçus, on n'en eût pas plus

He SERIE. T. VII.

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parlé qu'on ne parle du piano perdu dans la section. italienne. Ce qui frappe ici, c'est l'ensemble et les comparaisons qu'il permet.

Or, il en est de même de toutes les classes d'objets : séparées, elles s'effacent dans l'ombre; réunies, elles frappent et saisissent, ne fût-ce que par la masse.

Pourquoi donc persister, dans les expositions que l'on appelle internationales, à parquer les nations dans des box comme on parquerait des pays en guerre ? Tout y perd, rien n'y gagne.

Au lieu de la classification par nations, supposez que l'on prenne la classification par matières, et voyez ce que deviendrait une exposition ainsi organisée.

Représentez-vous, dans des galeries parallèles ou rayonnantes, ici la cristallerie, belge, française, autrichienne réunies; là les céramiques, plus loin tous les bronzes. Toutes les orfèvreries, toutes les diamanteries, les pelleteries et les fourrures, les soies et les velours, l'industrie du fer toute rassemblée, celle de l'acier, du zinc, du plomb, du cuivre, l'ameublement, l'alimentation, et le reste, et le reste... Comme l'effet grandit, comme tout se régularise, comme l'ordre apparaît au lieu de ce fouillis embroussaillé, comme l'attention et la mémoire se reposent; et comme l'étude et les comparaisons découlent aisément de ces vues d'ensemble!

Bon nombre d'esprits auraient aimé voir suivre à l'Exposition d'Anvers cette règle de bon sens et de bonne intelligence. Leur avis a été écarté. De là ce résultat : d'abord, que l'on se perd dans ce chaos; ensuite,... qu'en vérité l'Exposition ressemble à quelque savante bibliothèque où les livres seraient rangés, non point par ordre de matières, mais par ordre d'imprimeurs!

De la section maritime au grand escalier qui conduit à la galerie des machines, je ne trouve plus rien à signaler, si ce n'est, dans la section néerlandaise, les balances de Becker's Sons, à Rotterdam, et quelques instruments de

précision, roses de boussoles, baromètres à mercure de marine, etc., de Olland à Utrecht.

Remettons, si vous le voulez bien, à une visite ultérieure la galerie des machines et revenons aux jardins. Pour nous distraire, jetons un coup d'œil sur l'exposition du Transvaal qui y est établie. Cette petite république sud-africaine a pour siège de son gouvernement Prétoria, et c'est le comité institué dans cette ville qui a organisé l'exposition.

Minéraux et minerais aurifères, quartz et houilles forment son exposition minérallurgique.

Il y a plus loin 22 545 ozs d'or natif, 24 400 ozs d'or en pépites, et une pépite pesant à elle seule 18 740 ozs. Le reste de l'exposition est assez secondaire.

Deux têtes d'hippopotames au pied d'une table portant des pyramides dorées, dont le volume représente le volume d'or extrait des mines du Transvaal.

A côté du pavillon était dressé un moulin à bocards destiné à broyer les minerais aurifères; cent tonnes de ces minerais, extraits des champs d'or de Witwatersrand, ont été traitées à l'Exposition même.

L'American Propaganda, qui ouvre un peu plus loin, semblait de dimension à beaucoup promettre. Elle a tenu fort peu.

Voici la rampe et le pont monumental jeté sur la rue du Retranchement, par les soins de la Compagnie des ciments North-Portland, et qui conduit au village congolais et à l'exposition du Congo.

Il est très suggestif, le jardin que du haut du pont l'on domine. Dessiné sur les plans de Fuchs, il contient les divers types de huttes en usage parmi les populations africaines. Quelques-unes ont des velléités de luxe et d'élégance; le lacis de bambous et de lianes qui en forme les murs est presque un échantillon de vannerie. Telle autre rappelle les cités lacustres. Et ces canots jetés sur l'étang, taillés dans un tronc d'arbre, et ces tambours en

bois creux sourds et mélancoliques. Et ces palmiers aux troncs énormes, morts et desséchés depuis le jour où ils ont goûté la sève européenne. Et devant, pour crier bien haut le contraste, l'imposante masse architecturale du palais des Beaux-Arts!

Au fond des caves de ce grand musée, enclavé tout entier dans l'enceinte de l'Exposition, on avait organisé tous les préparatifs d'un aquarium magnifique. C'est pauvre, très pauvre, honteusement pauvre ! La Belgique semble fatale aux aquariums, autant qu'aux aérostats; et c'est, hélas! beaucoup dire.

L'exposition de l'État Indépendant du Congo comprenait un vaste bâtiment d'architecture indécise, assez médiocrement orné de statues indigènes, un pavillon en tôle affecté aux missions antiesclavagistes, et le village congolais. Dans le premier local étaient exposées des collections fort intéressantes et d'un haut enseignement pour l'avenir de l'État. Elles méritaient toute l'attention du visiteur.

Quel contraste, à l'entrée, entre ces Noirs que nous continuons à appeler sauvages et cette presse à imprimer dont ils manoeuvraient avec une dextérité un peu lente, peut-être, le savant outillage! Le travail qui sortait des mains de ces Congolais imprimeurs -ils étaient quatre, je pense n'avait pas toute la perfection technique, mais il était fort acceptable. Pourquoi ce petit groupe intelligent et habillé à l'européenne m'a-t-il toujours semblé d'une mélancolie si découragée? Ils n'étaient pas malheureux, cependant, puisque deux d'entre eux ont obtenu, sur leurs instances réitérées, de pouvoir demeurer en Belgique pour y continuer leur apprentissage.

Laissons de côté les salles de gauche elles ne contiennent que des objets exportés d'Europe en Afrique et ne nous apprendraient rien de nouveau. Passons à droite. Un plan en relief y montre l'état actuel du chemin de fer du Congo dans sa branche achevée, de Matadi à

Lengé. On devine, à la vue de ce sol tourmenté comme un paysage lunaire, toute les difficultés contre lesquelles nos ingénieurs ont eu à combattre, et l'on conçoit toutes les déconvenues, tous les retards, tous les arrêts. Il y a une chose que l'on conçoit moins, c'est que le courage ne leur ait pas failli et qu'ils n'aient pas jeté le manche après la cognée. On ne leur en envoyait guère d'Europe, du courage; mais que de reproches, que de critiques acerbes, que d'accusations mauvaises, que de persifflage! Il doit être dur au travailleur qui s'exile, qui, pour servir son pays, se plonge dans ces régions inhospitalières, et se condamne là à toutes les solitudes de l'esprit et du cœur; il doit être dur, quand viennent les nouvelles de la patrie, d'entendre l'écho lointain de ces malveillants murmures. Ils vont cependant de l'avant, aigris peut-être et branlant la tête, mais non découragés, sachant bien que l'avenir est là. Et c'est vrai, tout l'avenir commercial du Congo belge est là, dans ce chemin de fer dont vous voyez ici la trace et, dans les jardins, la locomotive, les wagons et les trucs. Tant qu'il faudra, pour franchir la région des rapides, recourir aux caravanes et aux porteurs, il n'y aura rien à faire. Il faut à trois pauvres petites Soeurs de Notre-Dame soixante porteurs pour transborder leur mince bagage. Jugez par là! Vous avez vu, dans les jardins, le pavillon de tôle des missions antiesclavagistes: le transport double et triple le prix de revient. Et, je le répète, à voir l'ardu relief de ces terres, on le comprend.

J'ai un reproche à faire à ce plan, d'ailleurs bien dressé. Pourquoi ne pas avoir mieux marqué les teintes vertes des bois et des prairies, tandis qu'on les a à peine indiquées; l'impression eût été gaie et évocatrice d'espérance. Maintenant, devant cette masse d'un jaune roux et gris à peine découpée par les rubans bleus des rivières et des fleuves, le cœur se serre comme à la vue d'une terre de désolation et de mort. Et déjà la mort plane trop dans nos souvenirs sur ces visions congolaises.

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