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données essentielles des accessoires où elles se noient, de sorte que l'étudiant, dans la mémoire duquel on a entassé sans discernement des faits et des dates, n'est souvent plus à même de se rappeler ni de coordonner, après quelques mois, les choses capitales, les événements principaux dont la philosophie de l'histoire établit et maintient l'enchaînement.

En ce qui concerne spécialement l'enseignement des femmes, qu'importe à une jeune fille de savoir que telle bataille a été remportée en telle année ou que tel traité de paix a été conclu à telle date, par tel ou tel général ? Lorsque plus tard, devenue mère de famille, elle se trouvera ignorante et désarmée vis-à-vis des nombreux accidents dont la vie réelle est semée, des indispositions et des maladies de ses enfants, elle maudira, si elle a conscience du danger et de son impuissance, l'imbécillité de ses maîtres qui ne lui ont rien appris de ce qu'il faut pour lutter en connaissance de cause contre la nature. Elle regrettera les années consumées en stériles exercices de musique, parce qu'elle comprendra enfin, trop tard, hélas ! qu'on ne dompte plus aujourd'hui, comme du temps d'Orphée, les bêtes féroces avec une lyre, mais que la science seule, la connaissance des lois naturelles, permet à l'homme de lutter victorieusement contre les agents destructeurs qui l'entourent.

Répétons-le, il ne s'agit pas de faire des jeunes filles des savantes et des pédantes, comme on a tenté de le faire dans certaines écoles rationalistes en France et en Belgique, depuis une vingtaine d'années. Il s'agit tout simplement de les initier aux éléments des sciences naturelles, aux grandes découvertes de la biologie, de la physique, de la chimie, qui intéressent au plus haut degré la vie humaine et qui ont contribué, pour une si large part, au développement du bien-être au XIXe siècle. Vu les aptitudes spéciales du génie féminin, cette initiation est des plus aisées, si on substitue la méthode intuitive à la

Ile SERIE. T. VIII.

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méthode mnémotechnique en usage, méthode particulièrement détestable quand elle s'applique à l'enseignement des sciences naturelles, et qui explique les insuccès nombreux obtenus par des maîtres et des maîtresses formés suivant les règles de l'ancienne pédagogie.

La patience, la minutie, ce que certains philosophes à courte vue appellent à tort, selon nous, la petitesse ou l'étroitesse d'esprit de la femme, la prédisposent singulièrement à l'étude des sciences d'observation pure, qui exigent l'orientation de l'attention vers les plus infimes détails, les observations les plus minutieuses, les classifications, etc. D'autre part, l'imagination, l'intuition, la subtilité d'esprit de la femme, constituent également de précieuses qualités pour l'étude des sciences expérimentales, ce qui explique surabondamment les succès, étonnants à première vue, obtenus depuis peu par les jeunes filles dans l'étude de la médecine, de la chimie et même de la physique.

- Le génie n'est qu'une longue patience », disait Buffon. Ce n'est pas tout à fait notre avis, mais il est indiscutable que cette vertu, innée chez la femme, plutôt acquise chez l'homme, contribue pour la plus large part, à l'époque actuelle, au renom d'un grand nombre de naturalistes dont l'insuffisance et l'étroitesse d'esprit se trahit dès qu'ils abordent les problèmes de l'ordre philosophique. Il suffit de lire pour s'en convaincre les élucubrations de l'école positiviste et évolutionniste. Quel est le philosophe qui n'ait été frappé de la faiblesse de raisonnement et de la crédulité de la plupart de ces soit-disant observateurs, qui affectent le plus profond dédain pour les croyances religieuses reposant sur les faits les mieux établis, et acceptant, souvent sans aucun contrôle, toutes les affirmations favorables à leurs idées préconçues, à leurs théories à priori (1) ?

(1) Voir Les Naturalistes philosophes. REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 1879.

Qu'on n'oppose donc pas à notre thèse cette fin de non recevoir, trop longtemps admise sans examen, que le cerveau de la femme n'est point apte aux études scientifiques ayant pour but l'exploration du domaine de la

nature.

Plus que tout autre, la jeune fille est sensible aux beautés et aux harmonies de la création; mieux que tout autre, elle est à même d'en apprécier le charme et, par le fait même, de s'initier aux lois naturelles que devrait connaître toute mère de famille, ne fût-ce que pour éloigner de ses enfants les causes de destruction ou de démoralisation. Mais le préjugé traditionnel est si véhément en cette matière que beaucoup de pédagogues refusent encore de se rendre à l'évidence; ou bien des scrupules, très honorables sans doute mais peu justifiés, selon nous, s'opposent à l'adoption de la réforme dans certaines écoles où l'on apprécie à leur juste valeur les bienfaits de la science. La crainte d'éveiller une curiosité malsaine chez les jeunes filles, précisément à l'âge où s'éveillent les passions, contribue certainement pour une large part au maintien du préjugé.

La sollicitude timorée des maîtresses, particulièrement dans les couvents, où l'on se préoccupe avant tout de former les âmes, justifie jusqu'à un certain point le maintien de l'ordre de chose existant. Mais nous espérons démontrer, par des exemples tirés de l'expérience médicale, voire même uniquement de la connaissance de l'hygiène, que cette ignorance systématique, loin de préserver toujours la jeunesse des écarts d'imagination ou de conduite que l'on redoute, contribue trop souvent au contraire à rompre l'équilibre physique.

Nous croyons que ce serait rendre un très grand service à ceux qui se dévouent à l'éducation de la jeunesse que de les convaincre de ces vérités naturelles, trop longtemps méconnues, en leur faisant toucher du doigt les résultats déplorables, souvent diamétralement opposés au but

poursuivi, obtenus par le maintien des méthodes empiriques d'éducation.

Nous pensons l'avoir démontré déjà en ce qui concerne l'éducation des jeunes gens; puissions-nous réussir à convaincre les maîtresses intelligentes et instruites qui poussent souvent jusqu'à l'héroïsme leur dévouement à l'oeuvre de l'éducation de la femme!

II.

« La nature a un budget fixe, disait Goëthe; ce qu'elle dépense sur un point, elle l'économise sur un autre. » Rien n'est plus vrai. Le sang est un capital qui apporte aux divers appareils de l'organisme les éléments nécessaires à leur restauration et à leur fonctionnement intermittent ou continu. Ainsi, quand le cerveau travaille énergiquement, la physiologie nous apprend qu'il emprunte à la masse sanguine environ un cinquième du capital en circulation. Virchow compare les globules rouges, qui font la richesse du sang, aux pièces d'or en circulation dans un pays. Lorsque ces globules diminuent, le sang s'appauvrit, comme lorsque le papier-monnaie remplace les pièces d'or chez une nation épuisée par la guerre ou par des dépenses exagérées d'une autre nature (1). L'anémie est la manifestation pathologique de la diminution des globules rouges dans l'organisme. Elle sévit cruellement dans les écoles et les pensionnats de jeunes filles, en cette fin de siècle; c'est surtout dans les écoles normales et dans les écoles primaires préparatoires que ce fléau, l'une des principales causes de la dégénérescence

(1) Un millimètre cube de sang renferme plus de 3 millions de globules rouges. Cette quantité varie suivant le sexe et les tempéraments. D'après Milne-Edwards, quand le nombre de ces globules diminue, la fibrine augmente dans le sang. D'après Claude Bernard, ces globules ne vivent que quelques semaines.

des races, exerce les plus grands ravages à cause de l'excès de travail cérébral et de l'insuffisance de travail musculaire. “ En général, dit le Dr Rochard, savant spécialiste dont nous aimons à invoquer le témoignage, celles qui parviennent à l'école normale ont déjà épuisé leur santé par l'effort qu'il a fallu faire pour l'emporter sur les autres. La plupart sont atteintes d'anémie et d'une irritabilité qui confine à la névrose. »

Les programmes des écoles normales belges ne diffèrent guère de ceux de France, et le surmenage y est le même, à peu de chose près. Dans les écoles primaires préparatoires, la durée des classes par semaine varie entre trente et trente-cinq heures. « La petite fille qui a passé six ou sept heures en classe est en outre forcée de consacrer à la maison un temps assez long aux devoirs et aux leçons; en rentrant elle doit se mettre immédiatement au travail et n'a plus un instant pour aider sa mère aux soins du ménage. (Rapport du Dr Dujardin Beaumetz à l'Académie de médecine.) Eh bien, nous n'hésitons pas à l'écrire, ce programme est un monument d'ignorance des lois de la vie; il accuse chez ses auteurs et chez ceux qui le maintiennent une regrettable insouciance du bien public ou tout au moins un impardonnable entêtement dans la routine. Qu'on n'objecte pas l'insuffisance du temps disponible, car il serait très facile d'exiger une année de plus et de reporter le travail sur une plus longue période; ce serait même un excellent moyen d'empêcher un trop grand nombre de filles sans ressources de se lancer dans cette carrière décevante de l'enseignement où la plupart usent leur vie avant d'atteindre l'épanouissement de la jeunesse.

Mais ce n'est pas seulement dans les écoles normales que la nature est aveuglément violentée par inconscience des lois du développement physique. Le mal est général, et sévit avec plus ou moins d'intensité dans les pensionnats et les couvents où l'on élève les enfants favorisés de la fortune. Ici ce n'est plus le besoin, c'est l'ambition,

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