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malheureux à traîner le poids des erreurs de leurs pères, à travers une existence misérable et méprisée, si l'éducation fondée sur la loi naturelle et morale ne les écarte à temps de la pente initiale. L'hygiène seule peut redresser l'équilibre physiologique dont la rupture entraîne celle de l'équilibre mental et produit la dégradation du sens moral.

N'est-ce pas un devoir de conscience, pour les pères de famille et les instituteurs, de s'initier sérieusement aux lois qui président à l'évolution régulière et parallèle de l'âme et du corps, afin de ne pas s'exposer, en les violant sans le savoir, à aggraver les maux qu'ils veulent combattre? Combien de malheureux, même dans les classes instruites de la société, traînent une existence misérable, ou meurent à la fleur de l'âge, parce que leurs parents, leurs maîtres ou eux-mêmes, absorbés par la culture de l'esprit, ont transgressé, sans le savoir, les lois naturelles! >>

Nous croyons n'avoir rien à changer à ces lignes que nous écrivions il y a quatorze ans dans le journal La Paix, nonobstant les protestations violentes qu'elles soulevèrent alors dans un certain milieu pédagogique, plus initié à la connaissance des langues mortes qu'à celle des lois de la vie et trop disposé à condamner A PRIORI des théories reposant uniquement sur l'observation et l'expérience.

Aujourd'hui surtout que la pathologie a mis en pleine lumière la fréquence et l'hérédité de certaines maladies résultant du surmenage du système nerveux, comme l'hystérie, l'épilepsie, la manie, l'amnésie, etc., il nous paraît indispensable d'exiger, de la part des instituteurs et des institutrices, la connaissance de ces vérités naturelles dont l'ignorance est si préjudiciable aux enfants qu'on leur confie.

Nous allons plus loin: en 1889, au Congrès international d'agriculture de Paris, nous avons, pour prendre date, proposé à la section de l'enseignement d'inscrire un cours obligatoire de philosophie naturelle au programme de nos écoles de droit où se forment nos législateurs, afin de leur

permettre d'apprécier, en connaissance de cause, la portée des découvertes scientifiques, tant dans l'ordre pédagogique que dans l'ordre juridique, sociologique, agricole, etc. Cette proposition n'était que la paraphrase d'une idée formulée à la tribune de la Société scientifique en 1876 (séance d'avril; voir Annales, ire année), sur laquelle nous sommes revenu à plusieurs reprises. Depuis lors, cette idée a été réalisée en partie pour ce qui concerne le droit pénal dans certaines universités, notamment à Bruxelles.

Qu'il nous soit permis, en terminant, d'émettre le vœu de voir notre législature, à l'occasion de la revision de la loi sur l'enseignement, adopter les réformes si nécessaires et si urgentes que nous proposons en matière pédagogique.

Louvain, 14 juin 1895.

ALPH. PROOST,

Professeur d'hygiène à l'École supérieure d'Agriculture de l'Université.

(1) Depuis que nous avons écrit ces lignes, la presse française attire l'attention sur les résultats inespérés obtenus par le service de l'hygiène de la ville de Paris dans le traitement prophylactique de la phtysie, presque sans médicaments, à l'asile des enfants tuberculeux d'Ormesson.

D'autre part, elle publie des statistiques tendant à établir que l'étude du piano contribue pour une large part à développer chez les jeunes filles des accidents névropathiques de toute nature.

D'après le Dr Waëtzold, sur mille jeunes filles mises à l'étude du piano avant douze ans, six cents ont été atteintes de troubles nerveux avant leur majorité. Ce nombre se réduit à deux cents chez celles qui ont commencé plus tard l'étude du piano, et à cent chez celles qui n'ont pas étudié la musique ».

11 SÉRIE. T. VII.

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L'ARGON.

C'est une histoire étrange que celle de la découverte de ce nouveau gaz de l'atmosphère, et l'on conçoit à peine que, pendant plus de cent ans, il ait pu se dérober aux investigations des savants.

En 1775, Lavoisier, en France, et Scheele, en Suède, démontrent presque en même temps que l'air est, non pas un corps simple, mais un mélange de deux corps : l'oxygène et l'azote (1). A leur suite, une foule de chimistes en entreprennent l'étude; un grand nombre d'analyses sont faites pour déterminer la proportion relative des deux gaz. C'est tout d'abord Priestley, qui absorbe l'oxygène au moyen du bioxyde d'azote; mais sa méthode entre les mains des expérimentateurs donne des résultats tellement différents, qu'il semble dès lors n'exister pas de rapport fixe entre les quantités de ces deux corps dans l'atmosphère; aussi admet-on que la composition de l'air varie avec les régions considérées et, dans une même région, avec les saisons. En 1781, Cavendish reprend les essais, et après des analyses renouvelées à soixante jours différents, il peut déclarer que, bien que le vent et le temps eussent été fort variables pendant ces soixante jours, il n'avait pu observer aucune

(1) Le premier de ces deux corps était alors connu sous les noms d'air pur, d'air vital, d'air déphlogistiqué, donnés par Priestley en 1774; le second, sous ceux d'air vicié, de moffette atmosphérique, d'aer mephiticus, donnés par Scheele en 1772. Lavoisier proposa de nommer le second azote, parce qu'il n'entretient pas la vie, et désigna plus tard le premier sous le nom d'oxygène, quand il eut reconnu ses propriétés acidifiantes.

différence dans la proportion des deux gaz; que l'air n'était pas plus phlogistiqué (riche en azote) à une époque qu'à une autre. Aussitôt les expériences recommencent de plus belle Gay-Lussac, durant une de ses ascensions en ballon, puise de l'air à 7000 mètres d'altitude; Brünner en rapporte du sommet du Faulhorn; M. Frankland en recueille aux environs de Chamounix, et Bunsen dans les plaines de la Prusse aux environs de Marburg; toujours on lui trouve la même composition. Cette composition est déterminée par Cavendish, puis revue par Dumas, Boussingault, de Humbolt, Gay-Lussac, Bunsen, Regnault, Reiset, pour ne citer que les noms les plus illustres; leurs chiffres concordent en général assez bien et se rapprochent fort de ceux que trouvait, il n'y a pas longtemps, M. Leduc en volumes, 21,02 d'oxygène et 78,98 d'azote; en poids, 23,23 d'oxygène et 76,77 d'azote.

Bien plus, on dose jusqu'à des gaz qui sont contenus dans l'atmosphère en quantités minimes sans parler de la vapeur d'eau, dont la proportion est si variable avec la situation géographique, l'altitude, les saisons, la température, Boussingault et Reiset arrivent à donner comme valeur moyenne de la quantité d'anhydride carbonique contenu dans l'air, o,0003 en volumes, soit 3 litres de gaz carbonique pour 10 000 litres d'air; on trouve que 100 000 litres d'air contiennent de 1,1 à 3,5 milligrammes d'ozone et environ 2,2 milligrammes de gaz ammoniac; on découvre des traces d'hydrogène sulfuré et d'acide azotique, et une multitude de détritus minéraux, végétaux et animaux; enfin les célèbres travaux de M. Pasteur mettent en évidence la présence dans l'air de microorganismes, causes des phénomènes de fermentation et de putréfaction. Et parmi tous ces savants de marque, personne qui découvre l'argon, l'argon qui se rencontre pourtant dans l'atmosphère en quantité bien plus considérable que le gaz carbonique lui-même! Personne ? Je me trompe: il en est un et ce n'est pas là le trait

le moins curieux de l'histoire de ce nouveau gaz est un qui l'isole, mais ne le découvre pas..

il en

Cavendish, au cours de ses expériences sur l'air, en arrive à se demander si, dans ce que l'on comprenait alors sous le nom d'air phlogistiqué (azote), il n'existe pas un grand nombre de substances différentes. Pour répondre à cette question, il consulte l'expérience; il traite l'air atmosphérique par l'étincelle électrique en présence d'une lessive de potasse. Il obtient un premier résidu; des additions successives d'oxygène jusqu'à refus diminuent ce résidu, qui finalement se fixe à 1/120 de l'air employé. Tout porte à croire, et c'est l'affirmation de ceux-là mêmes qui ont découvert le nouveau gaz, tout porte à croire qu'avec quelques impuretés, il a devant lui l'argon; un pas de plus, et l'argon est trouvé. Mais non : Cavendish s'arrête là et se contente de conclure : « Il y a donc une partie de l'air phlogistiqué (azote) de notre atmosphère qui diffère du reste et ne peut être transformée en acide nitrique; elle constitue au plus 1/120 du tout. » Et depuis plus d'un siècle, les chimistes ont lu et relu ces lignes, et pas un n'a songé à reprendre les expériences du savant anglais, pas un n'a songé à interroger ce gaz différent de l'azote, à le forcer à révéler sa nature.

N'est-ce pas étrange? et en présence de pareils faits, n'y a-t-il pas lieu de se demander si une étude plus attentive, plus sévère, plus exigeante vis-à-vis des résultats, et de l'explication des légères divergences qu'ils présentent, n'amènerait pas la découverte de bien des éléments nouveaux? Sans doute, des causes spéciales, comme nous le verrons bientôt, ont nécessairement dû rendre difficile celle de l'argon; mais qui nous garantit que de semblables obstacles n'existent pas pour beaucoup d'autres éléments? De plus, quel corps a été plus étudié et avec plus de soin, semblait-il, que l'air qui nous entoure? et nous ajouterons même que de fois l'expérience qui a servi de point de départ aux auteurs de la récente découverte, a été

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