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écloses, ils ont pris grand soin, autant que les progrès de la physiologie le permettent, de ne laisser aucun vide, aucune lacune dans l'interprétation rationnelle des différentes opérations qui constituent les fonctions. Là où il leur est loisible, ils font appel à toutes les données de la physique et de la chimie, et vont même parfois jusqu'à invoquer le calcul différentiel : témoin ce qui a rapport à l'écoulement des liquides, aux transformations chimiques opérées dans les fonctions végétatives, à la marche des rayons dans l'œil, à la nature du son. Si j'avais un reproche à faire, je critiquerais plutôt l'excès que le défaut. J'aurais écourté, par exemple, les longs développements donnés à la formation des images dans l'œil. Les spécialistes en pourront tirer profit, mais l'étudiant peut se borner à connaître les conclusions tirées des lois de la physique. J'aurais moins insisté également sur les propriétés électriques des muscles et des nerfs. Il fut un temps où l'on espérait identifier les phénomènes nerveux et musculaires avec les phénomènes électriques; cet espoir a été déçu comme dans une infinité d'autres occasions où l'on a tenté de soumettre les phénomènes vitaux aux lois physico-chimiques. Beaucoup de propriétés électriques des tissus vivants n'ont plus actuellement qu'une importance tout à fait secondaire, et usurpent dans les manuels une place qui ne leur convient pas.

Si je voulais signaler tout ce que je trouve à approuver dans ce nouveau traité, je devrais refaire ici tout un cours de physiologie. Je préfère donc renvoyer le lecteur au traité lui-même; il y apprendra, chose très difficile en physiologie, à ne pas être sceptique et en même temps à ne pas être le jouet des hypothèses hasardées qui ont souvent, sur ces confins entre la matière et l'esprit, un point de départ étranger à la science ellemême. Qu'il lise, par exemple, les pages consacrées aux actions psychiques et aux localisations cérébrales, et il pourra juger si les auteurs cèdent à des scrupules exagérés ou si, d'autre part, ils se laissent emporter à une confiance trop aveugle.

Nous ne trouvons cependant pas tout parfait dans ce livre. Nous avons loué l'unité et la suite qui y régnent. Il est cependant dur pour un lecteur de s'embarquer dans un chapitre de quarante, cinquante, quatre-vingts pages sans avoir quelque port où il puisse faire escale. L'étudiant, lui aussi, est rebuté d'avoir à apprendre une si longue série d'alinéas sans pouvoir reprendre haleine.

Les auteurs, nous l'avons dit, ont cru remédier à cet incon

vénient par des titres courants au haut des pages; mais ces titres ne frappent guère l'attention, et, de plus, il faut déjà quelque étude pour savoir exactement à quel alinéa de la page ils se rapportent.

Si les auteurs ont craint de morceler leur explication par des titres placés en tête des alinéas, ils auraient pu recourir au système des manchettes si usité autrefois et encore employé récemment par Ranvier dans son traité d'histologie.

Les figures sont rares, trop rares. Les instruments les plus essentiels, le tambour enregistreur, le sphygmographe, l'ophtalmoscope, par exemple, ne sont pas représentés du tout ou n'ont que l'honneur d'un schéma trop réduit. Les traducteurs auraient dû, dans l'édition française, faire graver à nouveau quelquesunes des figures, si simples d'ailleurs, de l'original allemand. Les kette, les bussole ne font pas l'affaire du lecteur français. Le texte lui-même se ressent de ce défaut. La boussole, par exemple, ne dit pas la même chose dans notre langue que le galvanomètre. Les éditeurs l'ont bien senti. Dans la table des matières, ils appellent galvanomètre l'instrument désigné dans le texte sous le nom de boussole.

Nous pourrions signaler quelques inexactitudes, comme l'emmagasinement de la force (p. 2) au lieu de l'emmagasinement de l'énergie. Les grandes Calories mériteraient un grand C. On s'en tient encore à l'opinion de Hutchinson sur le type thoracique de la respiration chez la femme: Marey, en recourant à de nouveaux procédés plus exacts, n'a pas vu de distinction entre les sexes.

Mais il est quelque chose de plus grave et que l'on s'explique moins. C'est la suppression, dans un ouvrage destiné aux étu. diants en médecine, de tout le chapitre de la reproduction. Le professeur d'embryologie, il est vrai, doit s'occuper de cette fonction, mais on sait qu'il est fort exposé à négliger les parents pour porter tous ses soins sur l'enfant.

Peut-être a-t-on espéré faire adopter l'ouvrage dans des établissements d'instruction secondaire. Mais il est bien trop savant pour s'accommoder à ce niveau inférieur, et nous ne désespérons pas de voir combler cette lacune.

G. H.

II.

L'ANNÉE CARTOGRAPHIQUE. SUPPLÉMENT ANNUEL A TOUTES LES PUBLICATIONS DE GÉOGRAPHIE ET DE CARTOGRAPHIE, dressé et rédigé sous la direction de F. SCHRADER. Quatrième supplément, contenant les modifications géographiques et politiques de l'année 1893. Deux feuilles de cartes avec explications au dos. Paris, Hachette, 1894, in-f.

Les suppléments des années précédentes comportaient trois cartes; pour 1893 nous n'en avons que deux. Les explorations américaines sont restées si stationnaires cette année-là, que M. Schrader a supprimé la planche relative à l'Amérique. Il se borne à rejeter dans un coin de la feuille consacrée à l'Asie une réduction au 7 500 000e de la carte au 1 000 oooe de l'État de Minas Geraes (Brésil) publiée par M. J. Chrockatt de Sá. Cette carte est une intéressante compilation et forme le meilleur fonds à consulter sur cet état du Brésil, qui confine à celui de Rio de Janeiro.

La feuille d'Asie comprend trois cartons. Le plus grand, au 10 000 000o, nous donne les itinéraires des dernières explorations au Tibet, en Mongolie et en Chine; les deux petits sont consacrés aux rapides du Mékong (1 000 000o), et au voyage du Dr Yersin en Cochinchine et au Bas-Annam. Les notices annexées à cette planche sont intéressantes.

M.E. Giffault s'occupe des explorations en Indo-Chine. D'après le Dr Yersin, les hypothèses émises par les premiers explorateurs sont inexactes : les sources du fleuve cochinchinois le Don Naï se trouvent à la hauteur du 120 lat. N. Le voyageur est aussi convaincu de la facilité de construction d'une route reliant Saigon à Pan Tiet et Nha-Trang. La région à traverser est habitée, cultivée, et partout de faible altitude.

M. Schrader nous donne le croquis comparé des rapides du Mékong, d'après Francis Garnier (1866), et d'après les dernières explorations. On sait qu'en 1866 le commandant Doudart de Lagrée, secondé par le lieutenant de vaisseau Francis Garnier, s'efforça de remonter le Mékong, alors presque inconnu, et qu'il vint se buter contre les chutes infranchissables de Khong. Vingt ans d'efforts n'ont pas réussi à établir la navigabilité du grand fleuve indo-chinois, qui pourrait constituer une merveilleuse voie de navigation depuis Stung-Trenj jusqu'à Louang-Prabang. En 1893, on a fait une nouvelle tentative. Pour écarter la difficulté,

on a opéré un transbordement dans l'île de Khône. Les canonnières démontées ont été transportées sur un petit chemin de fer jusqu'au poste nord de l'île, où elles ont été mises à flot. L'obstacle est tourné, mais non vaincu; néanmoins on semble assuré de trouver le chenal qui livrera passage aux canonnières d'un faible tirant d'eau.

Une substantielle étude est consacrée par M. D. Aïtoff aux voyages du capitaine Bower (Anglais), de M. et de Mme Littledale (Anglais), de M. Obroutcheff (Russe), et surtout de M.W.Woodville Rockhill (Américain). Ce dernier s'est illustré par une des explorations les plus remarquables qui aient été faites de longtemps au Tibet (1). Les données fournies par ces itinéraires sont seules portées sur la carte, qu'on a laissée intentionnellement incomplète.

Nous puisons dans la notice de M. Artoff quelques renseignements intéressants.

Les voyageurs donnent le nom d'Altyn Tagh (montagnes d'or) à la chaîne qui court à une centaine de kilomètres au sud du Lob Nor. D'après les renseignements recueillis par M. Bogdanovitch, géologue de l'expédition du général Pevtsoff, le nom véritable de ces masses est Astyn Tagh (montagnes antérieures). Au nord de ces bastions et au sud de la ville de Sa-tchéou (* 92o 30' long. E. de P., et * 40° lat. N.) se trouvent de nombreuses cavernes bouddhistes. Deux énormes images taillées dans le roc et représentant Bouddha sont hautes de 42 mètres environ!

Une longue chaîne sans appellation générale chez les indigènes et baptisée, par M. Obroutcheff, du nom de l'explorateur allemand baron de Richthofen, court entre les chaînons du Nan-Chan au nord-est et les crêtes de Ta-Sué-Chan, Yé-Ma-Khou et Humbolt, qu'on coupe successivement en marchant vers le sud-ouest.

D'après le général Prjevalsky,dont l'itinéraire date d'une dizaine d'années, c'est en ce point et au sud de la chaîne Humbolt que se soude la chaîne Ritter, et se trouve l'extrémité orientale de la haute plaine de Syrtyn, comprise entre ces deux masses. C'était une simple hypothèse, car l'explorateur avait passé cent kilomètres plus à l'ouest. Les observations précises et sur place de M. Obroutcheff donnent ces beaux résultats : suppression du

(1) On doit à M. Rockhill un récit de voyage dans la partie orientale du Tibet: The Land of the Lamas (voir cette même Revue, juillet 1893, pp. 246 et suiv.). Il a publié aussi Diary of a Journey through Mongolia and Tibet in 1891 and 1892, dont il est rendu compte dans la présente livraison. Ses travaux font autorité en la matière.

nœud présumé qui relierait les chaînes Ritter et Humbolt; prolongement vers l'est-sud-est de la plaine de Syrtyn, bien au delà de l'endroit pressenti par l'illustre Prjevalsky; enfin découverte dans le Tsaïdam septentrional, à l'ouest du KoukouNor, de trois nouveaux lacs de dimensions considérables : le Khara-Nor, le Boro-Nor et le Tsagan-Nor.

Puisque nous parlons de lacs, signalons dans le Tibet occidental, à l'est de Leh, deux lacs visités par le capitaine Bower : le lac Arou, inconnu jusqu'ici, et plus à l'ouest le Horpa-Tcho, le lac le plus élevé de cette région et probablement du monde entier il est à l'altitude de 5465 mètres.

Parmi les localités où passe l'itinéraire de M. Rockhill, nous trouvons, en Chine, Ho-Ko (Dongéi), importante par ses mines de soude et probablement identique au Tenduc de Marco-Polo, et Ning-Hsia-Fou, qui se relève à peine de ses ruines : c'est l'Irgekotoun des Mongols, l'Egrigaia de Marco-Polo.

M. Rockhill fait connaître les appellations indigènes des chaînes auxquelles Prjevalsky a donné des noms de célébrités géographiques. Ainsi la chaîne Christophe-Colomb (appelée sur certaines cartes françaises et allemandes chaîne Koloumba, qui est la transcription du génitif du mot Koloumb, nom russe de Colomb), et la partie occidentale de la chaîne Marco-Polo seraient désignées par les Mongols sous le nom général de Kobtché-Oula. Mais M. Rockhill n'a vu toutes ces cimes que de loin; si son opinion se confirme, on devra introduire dans la nomenclature cartographique ces noms indigènes et significatifs.

La chaîne du Dang-La (33° lat. N., 88° à 95o long. E. de P.) joue un rôle très considérable dans le régime atmosphérique du Tibet et du Tsaïdam. D'une altitude moyenne de 6000 mètres, elle arrête sur leur passage les nuages chargés de vapeurs que pousse le vent du sud-ouest. D'où aridité du pays au nord de ces formidables bastions, et au sud pluie, neige ou grêle presque continuelles pendant six mois de l'année.

La haute chaîne qui continue le Dang-La à l'est et qui passe au sud du Fleuve jaune joue le même rôle.

Le Tsatcha-Tsangbo-Tchou, affluent oriental du Yirna-Tso, est le Zacha Sangpo des cartes anglaises, mais il faut le reporter de 51' au sud.

M. Rockhill croit que le Tchang-Tang-Tchou est la source la plus occidentale de la haute Djyama-Nou-Tchou (Salouen ?).

Au sud de la chaîne du Dang-La et à l'est du 90o long. E. de P., se trouve, en plein Tibet, le territoire chinois de Djyade, long de

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