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les montrant contemporains de Charlemagne (1), semblent donner leur adhésion à l'hypothèse de M. Stronck. M. Short enfin, dans un ouvrage très étudié sur les Américains du Nord, nous dit que mille, deux mille ans au plus, ont pu s'écouler depuis que les constructeurs des tertres ont été forcés d'abandonner les vallées de l'Ohio et de ses affluents, sept ou huit siècles peut-être depuis qu'ils se sont retirés des rivages du golfe du Mexique (2). Nous ne chercherons pas à concilier ces divergences; nous ajouterons seulement que ces dates, si approximatives qu'elles soient, permettent d'apprécier ce que peut être l'ancienneté de ces races inconnues.

Ces races inconnues, c'est bien là qu'il faut toujours en venir. Nous ignorons jusqu'au nom qu'elles portaient, nous ne savons rien de leur histoire. Les conjectures, les hypothèses ne peuvent remplacer les preuves sérieuses. Il faut espérer de l'avenir ce que le présent ne peut donner. De nouvelles découvertes permettront peut-être d'établir la filiation de ces races intéressantes, de dire leur origine, leurs migrations, la durée même de leur établissement dans ces immenses régions où restent toujours debout leurs impérissables témoins.

Rougemont, 22 juillet 1895.

Mis DE NADAILLAC.

(1) CONGRÈS DES AMÉRICANISTES, Luxembourg, 1877, t. I, p. 50. (2) The North Americans of Antiquity.

LES CAOUTCHOUCS

DE L'ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO (1).

I. GÉNÉRALITÉS.

L'immense territoire de l'État indépendant du Congo, situé dans la partie la plus centrale de l'Afrique, parcouru par le plus grand des fleuves africains, le Congo, est couvert sur toute sa surface de végétaux fournissant en abondance du caoutchouc.

Ce produit provient principalement de plantes du genre Landolphia; d'autres, qui pourraient être exploitées, y existent sans doute, mais elles ne sont que fort peu connues. Les récits des voyageurs rendent à peu près certaine la présence de Ficus, de Tabernaemontana, et autres végétaux à caoutchouc.

Les Landolphia qui, à ma connaissance, s'y rencontrent,

sont :

L. comorensis (Boj.) K. Schum.

L. comorensis var. florida (Boj.) K. Schum.

L. Petersiana (Kl.) Th. Dyer.

L. owariensis Pal. de Beauv.
L. lucida K. Schum.

On ne possède pour ainsi dire aucun renseignement concernant leur distribution géographique, et on ne sait que peu de chose relativement à la qualité des produits fournis par ces diverses espèces. Un fait est certain,

(1) Voir dans les livraisons précédentes : Le Caoutchouc (avril 1895), et Les Caoutchoucs africains (juillet 1895).

c'est que le caoutchouc du L. owariensis Pal. de Beauv. est excellent, tandis que celui du L. comorensis var. florida (Boj.) K. Schum. est résineux et ne vaut rien; nous avons développé dans une autre partie les motifs qui justifient cette assertion.

Les voyageurs nous ont rapporté quelques détails sur les procédés de récolte employés par les indigènes dans les divers districts de l'État; nous allons les passer en

revue.

Le Bas-Congo a probablement été jadis riche en végétaux à caoutchouc; actuellement l'on n'en rencontre plus que çà et là, et encore sont-ils peu ou point exploités.

L'une des contrées où l'on en trouve le plus est le Mayombe, région forestière d'un accès difficile.

Jadis les Nègres du Mayombe exploitaient le caoutchouc de leurs forêts, mais actuellement ils ont à peu près abandonné ce commerce. Ce n'est pas pourtant par suite du manque de végétaux producteurs : dans un rapport récent, M. Fuchs, inspecteur d'État, disait que partout, dans le Mayombe, il avait constaté l'existence des lianes Voochi (L. owariensis P. de Beauv.) et Malumbo (L. owariensis var. nov. ou sp. nov. affinis), dont le latex peut être employé utilement. Les régions les plus riches se trouvent entre la Lukulla et le Loango, et surtout à l'est des chutes de ces rivières, ainsi que de celles de la Lubuzi; on en trouve aussi assez abondamment dans les forêts qui couvrent les monts Ziuli-Kaï.

Sous l'influence d'une maison anglaise établie à l'embouchure du Lualy, laquelle cherche à monopoliser le commerce de ce produit, les indigènes du nord en reprennent peu à peu la récolte, mais ils demandent un prix si exorbitant que les transactions sont fort difficiles. La gomme élastique du Mayombe vaut, paraît-il, de fr. 4 à 4,25 le kilogr. à Liverpool.

Elle résulte ordinairement du mélange des latex de

Voochi et de Malumbo, ce qui fournit un caoutchouc renfermant beaucoup d'eau et d'une altération facile.

M. Fuchs termine en disant qu'il ne doute pas qu'il ne soit possible de ramener les indigènes à récolter du caoutchouc et à le vendre à des prix raisonnables.

Le délaissement de ce commerce par les indigènes proviendrait surtout de ce qu'ils attribuent à cette substance une valeur telle qu'ils ne se considèrent jamais comme suffisamment rémunérés du travail que sa récolte leur occasionne.

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M. Lecomte (1) décrit en ces termes la façon dont le latex est recueilli dans le Mayombe : « Ces lianes, coupées d'abord près de leur sommet, puis au voisinage du sol, sont étalées à terre. Les Noirs pratiquent alors, de place en place, des incisions qui laissent écouler le latex, et on recueille celui-ci dans des cornets de feuilles placés audessous des incisions et dont on verse de temps en temps le contenu dans un récipient de plus grande dimension.

Il s'agit ensuite de transformer le latex en caoutchouc, cette substance élastique que tout le monde connaît. Dans tout le Mayombe, la coagulation s'effectue sous l'action de la chaleur, soit après addition d'eau salée (sud du Congo), soit après addition d'eau pure seulement (région de Mayomba et Fernand-Vaz), soit enfin sans intervention d'aucune substance étrangère (région du Kouilou). Des indigènes moins soigneux se contentent même de laisser écouler sur le sol le latex, qui s'y coagule spontanément au bout d'un certain temps, englobant dans sa masse des substances étrangères, comme des feuilles, de la terre, etc. "

Le district de Matadi présente çà et là des lianes, mais elles ne sont pas exploitées.

Dans les districts des Cataractes et du Stanley-Pool,

(1) Lecomte. Les Produits végétaux du Congo français, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES pures et APPLIQUÉES, 15 novembre 1894, no 21, p. 802.

il y a beaucoup de végétaux fournissant du caoutchouc ; ils sont exploités sur une plus ou moins grande échelle.

Nous possédons des renseignements assez complets, grâce à un rapport du lieutenant Gorin, sur le district du Kwango oriental, où les caoutchoutiers sont exploités depuis très longtemps par les habitants.

Toute la population qui habite entre Luvituku et N'Tumba-Mani, dans le district des Cataractes, est occupée, en dehors du transport des charges, à la récolte du caoutchouc. Les indigènes de cette région préparent ce produit soit par putréfaction des racines ou des tiges, ainsi qu'il a été expliqué précédemment, soit par le battage des racines séchées, afin d'en enlever l'écorce et de recueillir la gomme élastique qui se trouve entre elle et le bois.

Ces modes de préparation ont le désavantage de fournir un caoutchouc très impur, contenant toujours de nombreux fragments végétaux (jusqu'à 50 p. c.); aussi a-t-on songé à les extraire sur place, afin d'éviter le transport des corps inutiles. A cet effet une machine spéciale, d'un mécanisme très simple, a été étudiée à l'État indépendant du Congo et a donné entière satisfaction; elle sera utilisée par les indigènes.

La plante qui produit ce caoutchouc est encore inconnue des botanistes; les voyageurs disent que c'est une herbe d'un mètre de hauteur, ce qui éloigne l'idée d'une espèce appartenant au genre Landolphia. Les souches de ces plantes repoussent parfaitement et permettent des récoltes indéfinies.

Ce végétal, poussant sur les plateaux arides et secs, pourra facilement être introduit dans d'autres régions. L'exploitation de ce caoutchouc est facile et pourrait se faire en grand et par des procédés très simples.

Dans le Kwango, plus que partout ailleurs, le commerce du caoutchouc est très développé, et l'on peut dire que ce produit y est le pivot de toutes les transactions com

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