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disparitions. D'autres fois la grammaire est peu respectée. On lit, page 86: "Le contraire arrive pour les masses ou les parties opaques de l'atmosphère de Jupiter : ils paraissent d'autant moins brillants etc.; et page 202 : "Lorsque l'attraction du Soleil est devenue prépondérante, les circulations de toutes les planètes intérieures à l'orbite d'Uranus s'est accélérée. Ce ne sont là, visiblement, que des fautes d'impression. On pourrait du reste en relever d'autres. Si nous avons tenu à les signaler, c'est que, dans un ouvrage de cette importance et de ce mérite, on aimerait à ne rien rencontrer qui le dépare, comme à ne pas y trouver de loin en loin quelques phrases difficilement intelligibles. Un certain souci de la forme littéraire n'a jamais nui à un ouvrage scientifique, et celui dont il vient d'être rendu compte est de ceux dont la valeur, au point de vue de la science, ne saurait être contestée.

C. DE KIRWAN.

V.

LES INDO-EUROPÉENS AVANT L'HISTOIRE. Euvre posthume de R. VON JHERING, traduite de l'allemand par O. DE Meulenaere, conseiller à la Cour d'appel de Gand. - Paris, 1895. - In-8o, IX457 PP.

R. von Jhering, professeur de droit à l'université de Göttingen, est bien connu des juristes par ses remarquables ouvrages sur le droit romain. Après avoir étudié l'esprit des anciennes lois de Rome, il conçut le vaste projet de faire l'histoire de leur développement. Voilà comment von Jhering se trouva lancé tout à coup et sans préparation dans la question, si ardue et si neuve pour lui, des origines aryennes. En effet, pour écrire pareille histoire, il ne pouvait se restreindre au droit romain tel qu'il le trouvait codifié; il fallait séparer les éléments de civilisation emportés par les Romains de leur patrie primitive d'avec ceux que la migration et l'établissement dans les régions intermédiaires entre l'Asie et l'Italie y ajoutèrent successivement; il fallait essayer de marquer les influences étrangères, surtout celle des Sémites (Babyloniens, Phéniciens, Carthaginois).

R. von Jhering mourut avant d'avoir mené à terme sa grande entreprise; il avait à peine achevé les études préliminaires. Mais

ces études elles-mêmes, dont le savant juriste avait consigné par écrit les principaux résultats, ont paru à son gendre, M. Victor Ehrenberg, assez complètes et assez importantes pour être publiées. Nous ne possédons pas l'Histoire du développement du droit romain, mais nous avons Les Indo-Européens avant l'histoire.

Cet ouvrage tranche sur tous ceux qui, jusqu'à présent, se sont occupés de ce problème. Réservée, semblait-il, aux philologues, aux orientalistes, aux ethnographes et aux anthropologistes, voici la question aryenne, pour la première fois, aux mains d'un juriste. Faut-il s'en plaindre, ou récuser cette intervention? Nous ne le pensons pas pour l'histoire et l'interprétation des institutions. la science du droit mérite d'être entendue, et von Jhering a nettement caractérisé dans les lignes suivantes la valeur de l'appoint qu'elle est à même de fournir. "La linguistique doit se laisser guider par l'histoire. Il incombe à celle-ci de déterminer, en comparant les institutions qui se rencontrent chez les peuples indo-européens à l'époque de leur première apparition, ce qui leur appartenait en commun avant qu'ils se séparassent entre eux, et ce qui doit être mis au compte de chacun. C'est tout particulièrement l'histoire comparée du droit qui est à même de nous donner des indications en cette matière, et, quoique les recherches soient à peine commencées, elle peut déjà enregistrer des résultats importants. L'intérêt qui m'a déterminé à étudier le passé des peuples indo-européens se rattache à ma spécialité professionnelle, le droit romain. J'ai voulu voir clairement comment les Romains se sont comportés vis-à-vis des institutions juridiques du peuple aborigène qui leur ont été transmises, ce qu'ils en ont conservé, ce qu'ils ont modifié. „

Les recherches de von Jhering se distinguent encore des ouvrages similaires par une autre particularité. Tandis que la plupart de ces travaux portent sur le peuple aryen primitif, sur son existence à son berceau, le juriste de Göttingen a préféré " esquisser le tableau des dispositions et des rapports de la période migratoire, montrer l'Indo-Européen pendant son exode, examiner les influences morales de cette période sur les sentiments et le caractère de l'Indo-Européen, essayer de faire voir le type de l'Européen comparé à celui de l'Asiatique et prouver comment s'est opérée la transformation. Pour moi personnellement, c'est ce que mes recherches m'ont fourni de plus précieux. Je leur dois la solution d'une question sur laquelle j'ai vainement recherché des lumières dans tous les ouvrages

d'histoire : où donc le caractère propre de l'Européen, synthèse de toute l'évolution accomplie sur le sol de l'Europe, a-t-il sa source dernière ? J'espère pouvoir prouver que les migrateurs qui jusqu'alors formaient un peuple unique, auquel l'agriculture était encore étrangère, se sont heurtés à un peuple déjà familiarisé avec elle, qu'ils ont vaincu ce peuple et l'ont réduit sous leur dépendance, et ce au moyen d'un rapport que le peuplepère ne connaissait point, mais qui désormais se conserva chez tous les peuples européens après leur séparation : la vassalité. Je place le siège de ce peuple dans les régions de la Russie méridionale, entre le Dniéper, le Dniester et le Danube. Ici le peuple migrateur s'est arrêté pendant des siècles, jusqu'à ce que, par l'imperfection de l'agriculture, et en particulier par le manque d'engrais, le pays se fût de nouveau montré incapable de nourrir plus longtemps la population fortement accrue et qu'ainsi la même nécessité s'imposât à la population qu'autrefois dans la patrie originaire, celle de l'émigration d'une fraction. Mais le soulagement n'était que passager: après quelque temps la même situation critique se représenta, et ainsi se succédèrent périodiquement ces saignées. Maintes masses de peuple qui se mettaient en route ont sans doute péri; d'autres ont réussi à se frayer un chemin et à gagner une patrie définitive. Nous nous trouvons ici devant le fait de la séparation des Indo-Européens en peuples différents. „

Von Jhering a raison de le dire: "Une très grande partie de son étude est consacrée à un problème auquel la recherche scientifique ne s'est presque pas encore appliquée : combler la lacune béante entre l'abandon de la patrie originaire de la part des Indo-Européens et leur apparition sur le sol de l'Europe comme peuples distincts, bref la période de migration... La préhistoire de l'Europe ne doit pas se contenter de ce fait que les Indo-Européens descendent des Aryas, et qu'ils ont emporté dans leur nouvelle patrie mainte institution du peuple-père; elle doit mettre en lumière un second élément infiniment plus important au point de vue historique, la période migratoire avec ce qu'elle a fait d'eux, c'est-à-dire l'origine réelle des peuples civilisés de l'Europe. „

Enfin un troisième caractère propre aux recherches de von Jhering, c'est la grande part faite aux institutions romaines, je dirais presque la part unique. On avait jusqu'à ce jour interrogé surtout les peuples asiatiques, la civilisation védique et éranienne, pour refaire l'histoire des Aryas. D'autres, suivant leurs études

lle SERIE. T. VIII.

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spéciales, avaient attaché grande importance aux antiquités grecques et germaniques; mais c'est la première fois que l'on se sert, dans de telles proportions, des données que peut fournir la civilisation de Rome ancienne. Une objection se pose tout de suite. Cette part n'est-elle pas trop considérable, et von Jhering ne s'est-il pas laissé abuser par l'importance qu'on est tenté d'ac corder à des études de prédilection? A notre sens, cet écueil n'a pas toujours été évité, et l'on trouvera un peu forcée la conclu sion tirée de l'usage du tablier de cuir dans les visites domici liaires. Von Jhering conclut de cette institution que le tablier de cuir était le costume habituel de l'Arya, et que par conséquent celui-ci vivait sous une latitude très chaude.

Voilà le but et l'idée fondamentale du livre de von Jhering; voyons comment ils ont été réalisés. Disons tout de suite qu'ils ne l'ont été que partiellement : l'ouvrage devait avoir sept livres. et l'auteur n'a pu en écrire que cinq; encore le quatrième et le cinquième sont incomplets. Mais ce que nous avons suffit à caractériser la méthode de l'auteur et à saisir l'ensemble du plan qu'il s'était tracé.

Dans un premier livre, von Jhering étudie le peuple-père aryen; il essaie de déterminer quels étaient les conditions climatériques du sol qu'il habitait et le degré de civilisation auquel il était parvenu. Sur ce dernier point le jugement est sévère. "Bien loin d'être élevé, comme on veut le faire croire, dit von Jhering, son degré de culture était étonnamment bas pour un peuple existant depuis des milliers d'années. Ignorance de l'art agricole, absence de villes, ignorance du travail des métaux pour des buts techniques et pour la monnaie, développement misérable des institutions du droit; même la notion du droit n'existait pas encore dans le langage et n'était pas distinguée des usages et de la religion; - que faut-il de plus pour justifier ce jugement? „

Le livre II, qui est de beaucoup le plus développé de l'ouvrage, est intitulé: Aryas et Sémites. Voici, d'après von Jhering lui-même, la raison d'être de cette étude et de l'importance qu'il lui a donnée: "Il fallait montrer ce qu'était le Sémite, ce qu'il a fait pour l'humanité avant que l'Arya vint le relayer; il fallait faire le compte de ce qui dans la civilisation de l'Arya revient au Sémite et de ce qui est sa part personnelle, déterminer ce qu'il doit au Sémite et ce qu'il se doit à lui-même. „

En général, les traits de ce tableau sont exactement tracés: de ci de là pourtant, on pourra contester l'emprunt fait aux

Sémites par les Aryas de tel ou tel détail de civilisation. En tout cas, l'auteur aurait dû prouver, plus péremptoirement qu'il ne l'a fait parfois, que cet emprunt a eu lieu en réalité. Il est tel progrès que le développement de la civilisation amène naturellement, sans qu'il ait fallu le demander à autrui.

Nous arrivons, avec le livre troisième, à la partie neuve et personnelle des recherches sur les Aryas, à l'étude de leurs migrations et de l'influence que celles-ci ont exercée sur la race indo-européenne, Mais ici, il faut bien le dire, le lecteur est singulièrement déçu. Au lieu de ce qu'il attendait, il trouve une dissertation, très érudite sans doute, sur le ver sacrum des Romains, mais dont les applications à la migration des Aryas sont absolument inadmissibles. Croirait-on que von Jhering a été jusqu'à trouver dans cette institution du Latium la date précise à laquelle les Romains quittèrent leur première patrie, savoir le 1er mars?

Dans le livre IV, on trouve d'intéressantes remarques sur les migrations des peuples en général, mais qui ne s'appliquent pas plus aux Aryas qu'à d'autres peuples. Il est vrai que les antiquités romaines fournissent ici encore, à en croire l'auteur, des données spéciales à la marche en avant des Aryas vers les différentes régions qu'ils occupèrent dans la suite de leur histoire. C'est, croyons-nous, illusion pure de la part de von Jhering.

S'il fallait entrer dans le détail, nous aurions encore à contester un certain nombre d'assertions théologiques erronées, d'interprétations trop rationalistes de la Bible et d'appréciations inexactes sur le rôle du christianisme. En outre, la science philologique de von Jhering est par trop incomplète, et, pour suppléer à ce qui lui manquait, il n'a pas toujours été heureusement inspiré dans le choix de ses maîtres.

Nous ne voudrions pas clore le compte rendu sur cette appréciation peu favorable. Si l'ouvrage posthume de R. von Jhering n'atteint pas complètement le but de l'auteur et en particulier ne résout guère les problèmes nombreux et variés que soulève l'histoire des Aryas, il serait injuste de méconnaître qu'il y a dans son livre des parties fort réussies et absolument originales. Telles sont surtout celles où il étudie la question de l'origine de la race, où il trace le portrait du Sémite et de l'Arya, et où il décrit la condition de la femme dans la race aryenne.

En terminant, n'oublions pas d'adresser nos remerciements à M. le conseiller de Meulenaere, l'infatigable traducteur des œuvres complètes de von Jhering.

J. V. D. G.

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